Cliché du Photo-Studio.MmeROUSSET


(Mme Thérèse Kolb)


ÉLTSE


(Mlle Piérat)


ROUSSET


(M. de Féraudy)


Décor de M. Menessier.
COMÉDIE-FRANÇAISE. — BLANCHETTE. — Agte Ier
répertoire de la petite scène, sans enrichir celui de la grande? L’expérience a prouvé, en effet, que les exigences des deux scènes étaient très différentes, et l’aventure d’Elise Rousset, dite Blanchette, a paru plus banale et moins intéressante ici que là-bas. Cela devait être, c’est question d’ambiance. L’action de la comédie de M. Brieux est des plus simples, et son plus grand charme est dans la recherche du détail, et l’exactitude ultra consciencieuse du dessin : Elise Rousset, dite Blanchette, parce qu’en son enfance elle était chétive et pâle, est la fille de paysans, de fortune plus que modeste, simple cabaretiers de village. Or, Blanchette, élevée dans un pensionnat, en contact avec des jeunes bourgeoises riches qui sont ses camarades et ses amies, a reçu une éducation fort au-dessus de sa fortune. Elle s’est promue « demoiselle » et a même conquis ce fameux о brevet supérieur », puis, congestionnée de vanité, est rentrée chez ses cabaretiers de parents, qui s’imaginent que leur fille doit arriver à tout, et tout d’abord pénétrer dans ce « fonctionnarisme », objet de leurs rêves d’ambition. Le réveil arrive bien vite. Blanchette se sent mal à l’aise dans le milieu grossier, où elle n’arrive à rien qu’au mépris des siens, tandis que le père Rousset, déçu, positif et brutal, s’irrite en s’apercevant qu’il a fait fausse route. Puisque sa fille a reçu une éducation coûteuse et inutile, il veut, faute de mieux,


qu’elle redevienne ce qu’elle eût dû être, sansla sottisefaite, c’està-dire une sorte de servante de cabaret, qui aidera Madame Rousset dans les plus infimes besognes. La fille est orgueilleuse et refuse de se plier aux exigences paternelles. Le père est violent et impérieux, les deux volontés entrent en lutte, c’est alors l’orage intime avec tous ses éclats. Blanchette, affolée, quittelamaison paternelle, chargée des malédictions du bonhomme, qui jure que la porte de celle-ci lui sera à jamais fermée; alors que de son




côté, Blanchette jure qu’elle aimera mieux mourir de faim, plutôt que d’y venir frapper et de demander qu’on lui ouvre... Puis, après un entr’acte, qui représente une année d’intervalle, Blanchette, vaincue parla misère, revient implorer lâchement le gîte et le morceau de pain, et bien humble verser le petit verre de tord-boyaux aux clients de M. son père, qui lui pardonne aisément ses frasques, considérant, avec raison peut-être, son serment comme un « serment d’ivrogne ».




Ce dénouement édulcoré est nouveau, paraît-il, il a été adapté à l’usage du public du Théâtre-Français, —ad usum Del




phinia — il est simpliste, et donne à Blanchette les allures d’une anecdote de la Morale en action dialoguée, c’est-à-dire le faux air d’une fille de Scribe, affublée de hardes naturalistes. Le dénouement de chez Antoine était plus osé, c’était au temps où la pièce appartenait au répertoire rosse. Depuis, on lui a coupé les ongles et on les a polis. Le manucure a fait son travail. Blan


chette est aussi bien jouée à la Comédie qu’elle l’était chez Antoine. Ceci est plus un compliment qu’un blâme à l’adresse de Féraudy, Siblot, Fenoux, Truffier, tous excellents dans leur emploi. Marie Kolb donne bon aspect réaliste à la silhouette de la mère Rousset, et Mademoiselle Piérat est charmante dans le personnage de Blanchette.


Ne quittons pas la Comédie sans rappeler qu’on vient d’y faire quelques débuts importants. Nous avons parlé dans notre dernière chronique de ceux de M. Brunot et de Mademoiselle Dussane, les deux lauréats du dernier concours du Conserva




toire. Nous donnons, aujourd’hui, les portraits des jeunes débutants, celui de Mademoiselle Dùssane dans la Toinette du Malade imaginaire ; celui de M. Brunot, dans le Mascarille des Précieuses ridicules. Nous donnons également le portrait, en