Nertchinsk et de Petrovsk et dans celles d’Irkoutsk. Allonger le récit, ne serait-ce pas sortir du cadre de notre programme et devenir conteur de nos propres souvenirs? Les «Mémoires de la princesse M. Wolkonsky» forment une suite naturelle aux mémoires de son mari qu’ils complètent. Ceux-ci s’arrêtent à
son arrestation en 1825, ceux-là comprennent la période de leur existence commune principalement pendant l’exil et jusqu’à leur retour après un séjour de trente et un ans en Sibérie.
Devant le désir de l’auteur que ces «Mémoires» ne sortent pas du cercle de la famille, mon hésitation à les publier sera facilement comprise: d’un côté, le souci de me con
former à une volonté sacrée pour moi, d’un autre, le désir
de ne pas laisser dans l’ombre un récit qui, d’après moi, a du prix non seulement pour la famille, mais pour la société, voire même pour l’histoire de l’époque. Il fut un temps, où l’on ne parlait des choses et des hommes de cette époque qu’à mi-voix, chaque ligne les concernant ou appartenant à
l’un d’eux était comme un secret jalousement gardé et frappé d’interdiction. C’est bien cela que la princesse Wolkonsky
avait en vue lorsqu’elle formulait son désir. Mais loin est ce temps, à l’heure qu’il est ce passé est discuté en toute liberté. De son vivant, ma mère ne m’avait pas lu ses «Mémoires», mais souvent elle me disait être troublée à l’idée .d’avoir parlé trop franchement des mesures prises par son père et son frère afin de l’empêcher de suivre son mari en Sibérie. Elle avait adoré son père et aimé son frère jusqu’à la fin de ses jours: son trouble est tout naturel. Mais tout aussi naturel, d’un autre côté, est le sentiment qui faisait agir sa famille.