Délibération sur le projet de loi relatif au chemin de fer de Lyon à la Méditerranée.
Observations de M. Desmaroux sur l’article 1er du projet de loi. Réponse de M. Frémy, commissaire du gouvernement. Adoption du projet de loi.
Délibération sur le projet de loi relatif au chemin de fer de Bordeaux à Cette.
Discours de MM. le marquis de Sainte-Croix, Darblay jeune, Bouhier de l’Ecluse, Garnier, Curnier, rapporteur, et Frémy, commissaire du gouvernement.
Adoption au scrutin de l’article unique du projet de loi. Vote de dix-huit projets de loi d’intérêt local.
Observations de M. Bouhier de l’Ecluse sur le projet de loi concernant un crédit relatif à l’appropriation du Muséejimpénal et royal. Adoption du projet de loi.
Lettre de M. Desjobert, qui donne sa démission des fonctions de député.
Autorisation donnée à M. Duclos de publier le discours qu’il a prononcé dans la discussion sur le projet relatif aux employés de la dernière liste civile.
Sommaire de la séance du 28 juin. Ouverture de la séance à une heure.
Autorisation accordée il MM. Calvet-Rogniat et Bouhier de l’Ecluse de faire imprimer à leurs frais les discours par eux prononcés dans la séance d’hier.
Adoption des projets de loi suivants :
1» A la réunion au palais de l’Elysée dés hôtels Castellane et Sébastiani, situés rue du Fauhourg-Saint-Honôré, 51 et 53 ;
Votede trois projets de loi d’intérêt local.
Reprise de la délibération sur le projet de budget de l’exercice 1853.
V ote des articles réservés. — Scrutin sur l’ensemble du projet de budget de l exercice 1853.— Votants, 215; majorité absolue, 103; pour, 214; contre, 1. Le corps législatif a adopté.
Introduction de M. le colonel Edgard Ney, qui remet à M. le président un message dn Prince-Président de la Républipue au corps législatif.
M. le président donne communication de ce message, dont la lecture, fréquemment interrompue par de nombreuses marques d’approbation, se termine au milieu des acclamations unanimes de l’assemblée.
La séance est levée, et, aux termes de l’article 41 de la constitution, la clôture de la session est prononcée par M. le président.
MM. les députés se séparent aux cris de : Vive le prince Napoléon.
Courrier de Paris.
La plus intéressante question du montent, celle dont tout le monde s’occupe et que personne ne résout, qui trouble les âmes et les t ent suspendues entre la crainte et l’espérance, c’est encore la pluie et le beau temps. Viendrat-il ou ne viendra-t-il pas? La perplexité est grande, les impatients murmurent, les sages se résignent. Ce malicieux génie, cet intrus, cet usurpateur qui bouleverse l’ordre ac
coutumé des choses et qui secoue si étrangement tous nos baromètres, il fautbien qu’il s’use; laissez-le faire, disent-ils,
maintenant ça ne sera pas long, car enfin les jours et les mois précipitent leur course, et saint Médard aura bientôt purgé sa quarantaine. D’ailleurs , examinez bien l’état de notre ciel, il n’est pas si noir qu’il en a l’air : çà et là l’horizon s’épure, et même l’autre jour on a vu un rayon de so
leil très-authentique descendre du ciel entre deux averses. Nos Parisiens l’ont salué avec enthousiasme, et ils se sont précipités à sa rencontre sur toutes ces routes qui les con
duisent à leurs grands et petits bonheurs de terre ferme : l Hippodrome, les Arènes, le Itanelagh et autres lieux champêtres si chers à la flânerie parisienne.
Au surplus, il est certain que ces incartades de l’été n’ont rien changé à la physionomie des Champs-Elysées , autant et plus que jamais encombrés de boutiques, de tréteaux, de balançoires, de cafés chantants et de consommateurs enchantés. Ces kiosques lyriques ne négligent rien pour s’assurer la vogue : diminution du prix des objets en consom
mation , agrandissement du local el du répertoire. La romance d usage n’est plus seulement un soupir d’amour, elle mêle un peu de comédie à ses ritournelles. Le trouba
dour en bottes jaunes se permet des espiègleries à la Lindor, et ce n’est qu’au bout d’une bonne demi-heure que Gusman ne connaît plus d’obstacles, et qu’il épouse sa Léonora avec l’aide de Figaro. On ne saurait aller plus résolument sur les brisées de l’Opéra-Comique. Quant à la danse, elle l ait relâche, sous prétexte que la pluie éteint les lampions.
Mabille a fermé sa porte, et le Jardin des Fleurs lient sous clef ses pensionnaires ; il avait engagé un certain nombre de sylphides pour figurer dans ses tableaux vivants, mais l’autorité fait la frileuse et s’oppose à cette exhibition de naïades. Ainsi du martyr chrétien de l’Hippodrome, qui aurait, dil-on, éveillé sa sollicitude, attendu que le public, tout de feu pour ses exercices, est plus exposé aux bêtes que le martyr lui-même. Daniel, obligé de sortir de sa fosse aux lions, se ferait, dit-on toujours, dompteur de taureaux pour le plus grand avantage de l’établissement, et cette fois la tauromachie serait une vérité. Ce grand art de prendre l’animal par les cornes est encore si peu avancé à Paris, qtfe beaucoup de personnes goûtent ce projet. Figurez-vous aussi qu’un homme influent, ami passionné des bêtes, réclame une tauromachie, par ce motif, plutôt anglais qu’espagnol, à savoir que ce jeu-là amuse extrêmement le taureau.
Comment faire pour entrer maintenant au Capitole en sortant de la ménagerie ? C’est là une des grosses épines de notre métier : la transition, et je la brusque. Les belles réunions ont continué en haut lieu, avec cette variante que les bals intimes avaient fait place à des dîners où les membres du corps législatif étaient admis par ordre alphabé
tique. Ne croyez pas d’ailleurs à ces prétendues lacunes dont on a trop parlé, chaque convive était présent à l’appel et l’exclusion n’a frappé personne. Samedi encore avait lieu un de ces repas dit des élus, après quoi, la séance, je
veux dire la nappe, a été levée jusqu’à l’autre session. M. le Président de la République devant passer la belle saison à
Saint-Cloud, pour le recevoir, on embellit cette demeure impériale, royale et historique, et même il est question de l’agrandir au moyen de l’acquisition de domaines voisins, celui de Villeneuve-l’Etang, par exemple. Ainsi du palais de l’Elysée, qui s’accroît de l’hôtel Sébastiani et de l’hôtel Castellâne.
Une nouvelle venue d’ailleurs, c’est qu’une assemblée de muets aurait tout à coup retrouvé la parole. Quelques pra
ticiens attribuent ce miracle à la vertu du procédé Baudelocque; selon d’autres, la chirurgie n’y serait pour rien, et le véritable opérateur aurait gardé l’anonyme. Délier les lan
gues cômnie par enchantement, à la bonne heure, c’est un beau début, mais je sais quelque chose de plus miraculeux et sans lequel la susdite découverte ne servira de rien, ce serait de rendre l ouïe aux sourds et la lumière aux aveugles.
Les journaux quotidiens, las de voyager en Californie et de numéroter les moellons qui s’édifient dans la ville,
n’ayant d’ailleurs ni crimes ni serpents de mer sous la main, s’en prennent au canard somnambulique, si bien que la presse a l’air de couver les inventions du charlata
nisme. D’autres, cultivant plus volontiers le myrte et la fleur d’oranger, se mettent à discourir d’unions au moins problématiques. On parle d’une reine de Saba qui viendrait de quelqu’un des points cardinaux pour offrir sa main et ses Etats à un Salomon célibataire, ce qui ressemble beau
coup jusqu’à présent au mariage du doge vénitien avec la mer Adriatique. D’un autre côté, on. s’obstine à marier des actrices, qui, en dépit de l’information, restent demoiselles comme devant. Le plus sûr et le plus certain, c’est que dans ce mois de juin, si troublé par les orages, une foule d’inconriüs de tous les rangs se sont juré fidélité devant l’écharpe municipale, fl en est jusqu’à trois... mille que l’on pourrait nommer. « Hommes, s’écriait M. de Montesquieu, qui faisait aussi l’article mariage, vous êtes nécessaires aux femmes comme leur vêtement. »
On peut vous donner comme un fait à peu près accompli la transformation du Moniteur universel en journal à àO francs, dont 1’abonnement deviendrait obligatoire poulies trente-six mille communes. Cette mesure gouvernementale, qui est, dit-on, une excellente opération financière,
condamne au désabonnement, et, partant, conduit à sa ruine, le fretin du semi-officiel qui pullulait depuis les évé
nements de décembre. Le vieux Constitutionnel, déjà si éclopé, en a frémi dans tous ses rhumatismes. Le nouveau journal aura une rédaction littéraire, on plutôt un feuille
ton, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Cependant j’ai lu certainement quelque part qu’un certain nombre d’é
crivains de talent, étrangers aux partis, ou s’en isolant pour se vouer exclusivement aux lettres, devaient fournir à ce journal une suite de.travaux dont l’ensemble constituerait, pour ces trente-six mille communes abonnées, une espèce de bibliothèque encyclopédique. Ce serait comme le caté
chisme politique et littéraire de celle1 France nouvelle, que M. Véron, de son côté, s’apprête à catéchiser dans une suite d’articles que le Constitutionnel ne se lassé pas de promettre à notre impatience.
La misère des lettres est malheureusement assez grande pour justifier tout à fait ces encouragements qui leur sont donnés sous forme de salaires. Il serait bon aussi d’aller au-devant de leur détresse et de leur épargner la rougeur des sollicitations. Est-ce à cette circonstance qu’il faudrait attribuer la démarche récente de la Société des gens de lettres auprès de M. le ministre de l’instruction publique ? Elle lui a dépêche son bureau avec la mission de réclamer des secours eu faveur de quelques-uns de ses membres, et, ajoute la note officielle ou officieuse, le ministre se serait empressé de mettre à la disposition de la Société le reste des fonds disponibles dans son département. Rien de plus louable assurément que cette munificence, à la condition cependant qu’elle parviendra à son adresse, c’est-à-dire à des écrivains; et, au fait, il n’est pas encore absolument impossible d’en trouver, même dans le sein de la Société des gens de lettres. Mais enfin, — il faut bien le dire, — cette société fraternelle, mutuelle, tout ce que l’on vou
dra, est regardée, à tort ou à raison, comme prêchant pour d’autres saints que ceux qu’elle a mis sur son enseigne : Gens de lettres. C’est là un pavillon qui couvre bien d’autres... professions, parfaitement honorables du reste.
spirituel ouvrage, orné de notes historiques sur Balzac par M. Champfleury, et dont je citerai ce court extrait, pour lè besoin de ma cause : « En mai 1848, le ministre de l’inté
rieur, AL Lèdm-Rollin, ayant invité les gens de lettres à sè réunir dans une salle de l’institut, afin de s’entendre sur ce que l’Etat pouvait faire pour les « livres d’art, » Balzac s’y rendit au milieu d’une foule de littérateurs, qui se regar
daient, cherchant à se reconnaître, et ne se reconnaissant pas. Au bureau étaient assis M. César Daly, architecte fouriériste, M. Achille ’Comle, naturaliste, et d’autres ; Balzac fiait beaucoup du tumulte : — Quels singuliers gens de lettres, nie dit-il; si j’en connais pas un......D’où sortent
ils? » Pourriez-vous m’en nommer? Bref, Balzac ne reconnut que M. de fa Landelle, un ancien marin, qui fait des romans. » Al. Chainplleury n’ajoute pas, mais on comprend
que la Société des gens de lettres se trouvait à la fête, et au grand complet.
Voùlez-voüs encore, d’autres nouvelles? rien de plus facile ; on va vous donner d’autres citations. M. Guizot publie un nouvel écrit, qui a bien quarante années d’exis
tence, sauf le passage suivant : « Le pouvoir absolu n’est pas l ennemi nécessaire des lettres; mais, pour que les lettres prospèrent sous Un pareil régime, il faut que le pouvoir ab
solu soit accueilli par les croyances morales du public, et non pas seulement accepté comme un expédient de circonstance, au nom de la nécessité. Il faut aussi que le possesseur de ce pouvoir sache respecter la dignité des esprits
qui cultivent les lettres, et leur laisse assez de liberté pour qu’ils déploient leurs ailes avec confiance. La France croyait sincèrement, avec Bossuet, au droit souverain de Louis XIV ; Molière et la Fontaine frondaient librement ses courtisans,
et Racine, par la bouche de Joad, adressait au petit roi Joas des préceptes dont le grand roi n’était pas choqué ; et, lorsque Louis XIV, dans sa colère contre les jansénistes, disait à Boileau : « Je fais chercher partout M. Arnaull, » Boileau lui répondait : « Votre majesté a toujours été heureuse, elle ne le trouvera pas, » et le roi souriait au spirituel courage du poète. Mais l’Empire n’offrait rien de sem
blable : Napoléon, qui avait sauvé la France de l anarchie, et qui la couvrait de gloire en Europe, n’était pourtant dans la pensée des hommes clairvoyants que le souverain maître d’un régime temporaire peu en harmonie avec les tendan
ces réelles et durables de la société, et commandé par la nécessité plutôt qu’établi dans la foi publique. »
La nouvelle tragédie de AL Ponsard a paru chez Michel Levy, et la lecture d Ulysse ajoute encore, s’il est possible, à l’éclatant succès des représentations. A. ce public insouciant et ricaneur du premier jour, qui semblait n’avoir d’o
reilles que pour la musique, a succédé le vrai public, celui qui choisit bien son plaisir, parce qu’il le paye. Ce n’est pas celui-là qui ferait le dégoûté aux prétendues naïvetés du traducteur, qui ne sont après tout que les naïvetés du grand Homère,
Dont la muse divine ouvrit le front d’airain, etc.
Qu’importe qu’une critique banCrocbe plaide la cause de nos béoiiens du premier jour avec des arguments de vaude
villiste, l’affaire est jugée et les béotiens ont eu tort, sufficït et à tout péché miséricorde; Ulysse vivra, c’est l’essentiel.
Il est Certain qu’Homère a trouvé désormais des auditeurs dignes de le comprendre et de l’admirer, et dès le second jour il ne s’est trouvé personne pour accueillir par des ri
canements la nourrice Euryclée parlant de laver les pieds poudreux du grand Ulysse, pasteur d’un peuple de porchers.
disaient d’abord nos précieuses en parlant comme Tartuffe. Alais enfin tous ces détails de mœurs n’effarouchent plus : la mort du chien Argos,. Antinous percé d’une flèche, la tuerie des prétendants, et même la pendaison des servantes infi
dèles, on s’en arrange et l’on se dit qu’il est bien permis de regarder ce que XOdyssée nous montre, sans recourir aux précautions recommandées par feu Bitaubé. Ensuite que la pièce de AL Ponsard ne soit pas irréprochable comme pièce de théâtre, la question n’est plus là. On doit au poète quelque chose cle mieux, une admirable étude, composée
avec beaucoup de dévouement et d’habileté, où il a mis tout son art, tout son style et tout son cœur. Je n’oserais déci
der si Al. Geffroy, comédien d’un goût très-fin, est à la hau
teur cle la belle simplicité homérique; mais quel dommage pour tout le monde et surtout pour M 1” Rachel, que le rôle de Pénélope n’ait pas été joué par MUc Rachel ! On a beaucoup vanté la mise en scène, d’un effet pompeux. Ces gran
des pastorales n’exigent peut-être pas autant de fracas ; à quoi bon les enjoliver comme des fantaisies modernes? Les
grandes lignes harmonieuses et la pureté sévère du basrelief, voilà tout ce qu’il leur faut.
Un joli conte de HenrfSchooke nous montre certain maître d’école que les beaux yeux de sa femme mettent sur. le chemin des honneurs les plus lucratifs. Un bel officier fait du bonhomme un percepteur, puis se présente un baron qui change la perception en intendance jusqu’à l’arrivée d’un prince qui fait du maître d’école son chambellan et tout ce qui s’ensuit. Telle est l’origine des Echelons du mari mais, dans celte pièce du Gymnase, M, Plismann le
magister est assez heureux pour dégringoler du haut de son échelle, et redevenir Plismann comme devant, sans que la, vertu de madame ait éprouvé le moindre accroc. L’esprit de Al. Bayard, le talent de M. Geoffroy, la grâce de MUe Luther et les bouffonneries de M. Lesueur, un pareil assemblage ne pouvait manquer de réussir.
Au théâtre de la Bourse, il s’agit d’un trumeau mythologique, Néréides et Cyclopés, très-gracieusement décoré par MAL Caiubon et Thierry. Les amours qui voltigent dans ce dessus de porte en trois tableaux, sont les amours d’Acis et de Galatée , que. Polyphème le cyclope voit de son
mauvais œil, lorsque l’amour vient protéger les amants et leur assurer une destinée couleur de rose. Les pipeaux de M. Clairvilfe sont peut-être trop rustiques pour accompa
gner celle chanson un peu longuette; mais Mllc Cico et M“c Marthe, en costume mythologique, la jupe courte et le maillot éclatant, voilà un fort joli venez-y voir.
On annonce la réouverture très-prochaine de l’Ambigu, sous la direction de M. Charles Desnoyers, et à la Gaieté un nouveau drame qui ne saurait manquer d’intérêt, la Chambre rouge. Philippe Busoni.
Le jour de l’Ascension à Jérusalem.
Beyrouth, le 5 juin 1852.
Mon cher Paulin, vous vous souviendrez sans doute que le jour de mon départ vous me fîtes promettre de vous en
voyer toutes les actualités qui me passeraient sous les yeux dans le cours de mon voyage; j’ai déjà fidèlement tenu ma promesse pour ce qui regarde l’Egypte ; seulement nous ne nous sommes pas bien entendus sur la plus ou moins grande extension à donner à ce mot — actualité; — celle que je vous envoie est déjà un peu vieille, même à Beyrouth ; niais les communications sont rares entre Jérusalem et l’Europe, et j’ai la conscience qu’aucune nouvelle de Palestine n’a pu arriver à Paris depuis le jour de l’Ascension. Je vous mets au défi d’en avoir de plus fraîches.
Il vous semblera étrange que le premier acte d’une chose,
Observations de M. Desmaroux sur l’article 1er du projet de loi. Réponse de M. Frémy, commissaire du gouvernement. Adoption du projet de loi.
Délibération sur le projet de loi relatif au chemin de fer de Bordeaux à Cette.
Discours de MM. le marquis de Sainte-Croix, Darblay jeune, Bouhier de l’Ecluse, Garnier, Curnier, rapporteur, et Frémy, commissaire du gouvernement.
Adoption au scrutin de l’article unique du projet de loi. Vote de dix-huit projets de loi d’intérêt local.
Observations de M. Bouhier de l’Ecluse sur le projet de loi concernant un crédit relatif à l’appropriation du Muséejimpénal et royal. Adoption du projet de loi.
Lettre de M. Desjobert, qui donne sa démission des fonctions de député.
Autorisation donnée à M. Duclos de publier le discours qu’il a prononcé dans la discussion sur le projet relatif aux employés de la dernière liste civile.
Sommaire de la séance du 28 juin. Ouverture de la séance à une heure.
Lecture et adoption du procès-verbal de la séance du 27 juin;
Autorisation accordée il MM. Calvet-Rogniat et Bouhier de l’Ecluse de faire imprimer à leurs frais les discours par eux prononcés dans la séance d’hier.
Adoption des projets de loi suivants :
1» A la réunion au palais de l’Elysée dés hôtels Castellane et Sébastiani, situés rue du Fauhourg-Saint-Honôré, 51 et 53 ;
2° Au majorât de M. le duc de B ellune; 3° Au canal d’irrigation de Oarpentras.
Votede trois projets de loi d’intérêt local.
Reprise de la délibération sur le projet de budget de l’exercice 1853.
V ote des articles réservés. — Scrutin sur l’ensemble du projet de budget de l exercice 1853.— Votants, 215; majorité absolue, 103; pour, 214; contre, 1. Le corps législatif a adopté.
Introduction de M. le colonel Edgard Ney, qui remet à M. le président un message dn Prince-Président de la Républipue au corps législatif.
M. le président donne communication de ce message, dont la lecture, fréquemment interrompue par de nombreuses marques d’approbation, se termine au milieu des acclamations unanimes de l’assemblée.
La séance est levée, et, aux termes de l’article 41 de la constitution, la clôture de la session est prononcée par M. le président.
MM. les députés se séparent aux cris de : Vive le prince Napoléon.
Courrier de Paris.
La plus intéressante question du montent, celle dont tout le monde s’occupe et que personne ne résout, qui trouble les âmes et les t ent suspendues entre la crainte et l’espérance, c’est encore la pluie et le beau temps. Viendrat-il ou ne viendra-t-il pas? La perplexité est grande, les impatients murmurent, les sages se résignent. Ce malicieux génie, cet intrus, cet usurpateur qui bouleverse l’ordre ac
coutumé des choses et qui secoue si étrangement tous nos baromètres, il fautbien qu’il s’use; laissez-le faire, disent-ils,
maintenant ça ne sera pas long, car enfin les jours et les mois précipitent leur course, et saint Médard aura bientôt purgé sa quarantaine. D’ailleurs , examinez bien l’état de notre ciel, il n’est pas si noir qu’il en a l’air : çà et là l’horizon s’épure, et même l’autre jour on a vu un rayon de so
leil très-authentique descendre du ciel entre deux averses. Nos Parisiens l’ont salué avec enthousiasme, et ils se sont précipités à sa rencontre sur toutes ces routes qui les con
duisent à leurs grands et petits bonheurs de terre ferme : l Hippodrome, les Arènes, le Itanelagh et autres lieux champêtres si chers à la flânerie parisienne.
Au surplus, il est certain que ces incartades de l’été n’ont rien changé à la physionomie des Champs-Elysées , autant et plus que jamais encombrés de boutiques, de tréteaux, de balançoires, de cafés chantants et de consommateurs enchantés. Ces kiosques lyriques ne négligent rien pour s’assurer la vogue : diminution du prix des objets en consom
mation , agrandissement du local el du répertoire. La romance d usage n’est plus seulement un soupir d’amour, elle mêle un peu de comédie à ses ritournelles. Le trouba
dour en bottes jaunes se permet des espiègleries à la Lindor, et ce n’est qu’au bout d’une bonne demi-heure que Gusman ne connaît plus d’obstacles, et qu’il épouse sa Léonora avec l’aide de Figaro. On ne saurait aller plus résolument sur les brisées de l’Opéra-Comique. Quant à la danse, elle l ait relâche, sous prétexte que la pluie éteint les lampions.
Mabille a fermé sa porte, et le Jardin des Fleurs lient sous clef ses pensionnaires ; il avait engagé un certain nombre de sylphides pour figurer dans ses tableaux vivants, mais l’autorité fait la frileuse et s’oppose à cette exhibition de naïades. Ainsi du martyr chrétien de l’Hippodrome, qui aurait, dil-on, éveillé sa sollicitude, attendu que le public, tout de feu pour ses exercices, est plus exposé aux bêtes que le martyr lui-même. Daniel, obligé de sortir de sa fosse aux lions, se ferait, dit-on toujours, dompteur de taureaux pour le plus grand avantage de l’établissement, et cette fois la tauromachie serait une vérité. Ce grand art de prendre l’animal par les cornes est encore si peu avancé à Paris, qtfe beaucoup de personnes goûtent ce projet. Figurez-vous aussi qu’un homme influent, ami passionné des bêtes, réclame une tauromachie, par ce motif, plutôt anglais qu’espagnol, à savoir que ce jeu-là amuse extrêmement le taureau.
Comment faire pour entrer maintenant au Capitole en sortant de la ménagerie ? C’est là une des grosses épines de notre métier : la transition, et je la brusque. Les belles réunions ont continué en haut lieu, avec cette variante que les bals intimes avaient fait place à des dîners où les membres du corps législatif étaient admis par ordre alphabé
tique. Ne croyez pas d’ailleurs à ces prétendues lacunes dont on a trop parlé, chaque convive était présent à l’appel et l’exclusion n’a frappé personne. Samedi encore avait lieu un de ces repas dit des élus, après quoi, la séance, je
veux dire la nappe, a été levée jusqu’à l’autre session. M. le Président de la République devant passer la belle saison à
Saint-Cloud, pour le recevoir, on embellit cette demeure impériale, royale et historique, et même il est question de l’agrandir au moyen de l’acquisition de domaines voisins, celui de Villeneuve-l’Etang, par exemple. Ainsi du palais de l’Elysée, qui s’accroît de l’hôtel Sébastiani et de l’hôtel Castellâne.
Une nouvelle venue d’ailleurs, c’est qu’une assemblée de muets aurait tout à coup retrouvé la parole. Quelques pra
ticiens attribuent ce miracle à la vertu du procédé Baudelocque; selon d’autres, la chirurgie n’y serait pour rien, et le véritable opérateur aurait gardé l’anonyme. Délier les lan
gues cômnie par enchantement, à la bonne heure, c’est un beau début, mais je sais quelque chose de plus miraculeux et sans lequel la susdite découverte ne servira de rien, ce serait de rendre l ouïe aux sourds et la lumière aux aveugles.
Les journaux quotidiens, las de voyager en Californie et de numéroter les moellons qui s’édifient dans la ville,
n’ayant d’ailleurs ni crimes ni serpents de mer sous la main, s’en prennent au canard somnambulique, si bien que la presse a l’air de couver les inventions du charlata
nisme. D’autres, cultivant plus volontiers le myrte et la fleur d’oranger, se mettent à discourir d’unions au moins problématiques. On parle d’une reine de Saba qui viendrait de quelqu’un des points cardinaux pour offrir sa main et ses Etats à un Salomon célibataire, ce qui ressemble beau
coup jusqu’à présent au mariage du doge vénitien avec la mer Adriatique. D’un autre côté, on. s’obstine à marier des actrices, qui, en dépit de l’information, restent demoiselles comme devant. Le plus sûr et le plus certain, c’est que dans ce mois de juin, si troublé par les orages, une foule d’inconriüs de tous les rangs se sont juré fidélité devant l’écharpe municipale, fl en est jusqu’à trois... mille que l’on pourrait nommer. « Hommes, s’écriait M. de Montesquieu, qui faisait aussi l’article mariage, vous êtes nécessaires aux femmes comme leur vêtement. »
On peut vous donner comme un fait à peu près accompli la transformation du Moniteur universel en journal à àO francs, dont 1’abonnement deviendrait obligatoire poulies trente-six mille communes. Cette mesure gouvernementale, qui est, dit-on, une excellente opération financière,
condamne au désabonnement, et, partant, conduit à sa ruine, le fretin du semi-officiel qui pullulait depuis les évé
nements de décembre. Le vieux Constitutionnel, déjà si éclopé, en a frémi dans tous ses rhumatismes. Le nouveau journal aura une rédaction littéraire, on plutôt un feuille
ton, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Cependant j’ai lu certainement quelque part qu’un certain nombre d’é
crivains de talent, étrangers aux partis, ou s’en isolant pour se vouer exclusivement aux lettres, devaient fournir à ce journal une suite de.travaux dont l’ensemble constituerait, pour ces trente-six mille communes abonnées, une espèce de bibliothèque encyclopédique. Ce serait comme le caté
chisme politique et littéraire de celle1 France nouvelle, que M. Véron, de son côté, s’apprête à catéchiser dans une suite d’articles que le Constitutionnel ne se lassé pas de promettre à notre impatience.
La misère des lettres est malheureusement assez grande pour justifier tout à fait ces encouragements qui leur sont donnés sous forme de salaires. Il serait bon aussi d’aller au-devant de leur détresse et de leur épargner la rougeur des sollicitations. Est-ce à cette circonstance qu’il faudrait attribuer la démarche récente de la Société des gens de lettres auprès de M. le ministre de l’instruction publique ? Elle lui a dépêche son bureau avec la mission de réclamer des secours eu faveur de quelques-uns de ses membres, et, ajoute la note officielle ou officieuse, le ministre se serait empressé de mettre à la disposition de la Société le reste des fonds disponibles dans son département. Rien de plus louable assurément que cette munificence, à la condition cependant qu’elle parviendra à son adresse, c’est-à-dire à des écrivains; et, au fait, il n’est pas encore absolument impossible d’en trouver, même dans le sein de la Société des gens de lettres. Mais enfin, — il faut bien le dire, — cette société fraternelle, mutuelle, tout ce que l’on vou
dra, est regardée, à tort ou à raison, comme prêchant pour d’autres saints que ceux qu’elle a mis sur son enseigne : Gens de lettres. C’est là un pavillon qui couvre bien d’autres... professions, parfaitement honorables du reste.
Et, à ce sujet, il nous est venu un petit livre (les Physionomies littéraires du temps), par Al. Armand Bascbet,
spirituel ouvrage, orné de notes historiques sur Balzac par M. Champfleury, et dont je citerai ce court extrait, pour lè besoin de ma cause : « En mai 1848, le ministre de l’inté
rieur, AL Lèdm-Rollin, ayant invité les gens de lettres à sè réunir dans une salle de l’institut, afin de s’entendre sur ce que l’Etat pouvait faire pour les « livres d’art, » Balzac s’y rendit au milieu d’une foule de littérateurs, qui se regar
daient, cherchant à se reconnaître, et ne se reconnaissant pas. Au bureau étaient assis M. César Daly, architecte fouriériste, M. Achille ’Comle, naturaliste, et d’autres ; Balzac fiait beaucoup du tumulte : — Quels singuliers gens de lettres, nie dit-il; si j’en connais pas un......D’où sortent
ils? » Pourriez-vous m’en nommer? Bref, Balzac ne reconnut que M. de fa Landelle, un ancien marin, qui fait des romans. » Al. Chainplleury n’ajoute pas, mais on comprend
que la Société des gens de lettres se trouvait à la fête, et au grand complet.
Voùlez-voüs encore, d’autres nouvelles? rien de plus facile ; on va vous donner d’autres citations. M. Guizot publie un nouvel écrit, qui a bien quarante années d’exis
tence, sauf le passage suivant : « Le pouvoir absolu n’est pas l ennemi nécessaire des lettres; mais, pour que les lettres prospèrent sous Un pareil régime, il faut que le pouvoir ab
solu soit accueilli par les croyances morales du public, et non pas seulement accepté comme un expédient de circonstance, au nom de la nécessité. Il faut aussi que le possesseur de ce pouvoir sache respecter la dignité des esprits
qui cultivent les lettres, et leur laisse assez de liberté pour qu’ils déploient leurs ailes avec confiance. La France croyait sincèrement, avec Bossuet, au droit souverain de Louis XIV ; Molière et la Fontaine frondaient librement ses courtisans,
et Racine, par la bouche de Joad, adressait au petit roi Joas des préceptes dont le grand roi n’était pas choqué ; et, lorsque Louis XIV, dans sa colère contre les jansénistes, disait à Boileau : « Je fais chercher partout M. Arnaull, » Boileau lui répondait : « Votre majesté a toujours été heureuse, elle ne le trouvera pas, » et le roi souriait au spirituel courage du poète. Mais l’Empire n’offrait rien de sem
blable : Napoléon, qui avait sauvé la France de l anarchie, et qui la couvrait de gloire en Europe, n’était pourtant dans la pensée des hommes clairvoyants que le souverain maître d’un régime temporaire peu en harmonie avec les tendan
ces réelles et durables de la société, et commandé par la nécessité plutôt qu’établi dans la foi publique. »
La nouvelle tragédie de AL Ponsard a paru chez Michel Levy, et la lecture d Ulysse ajoute encore, s’il est possible, à l’éclatant succès des représentations. A. ce public insouciant et ricaneur du premier jour, qui semblait n’avoir d’o
reilles que pour la musique, a succédé le vrai public, celui qui choisit bien son plaisir, parce qu’il le paye. Ce n’est pas celui-là qui ferait le dégoûté aux prétendues naïvetés du traducteur, qui ne sont après tout que les naïvetés du grand Homère,
Chantre de nos destins, cygne de Méonie,
Vieillard à l’archet d’or, père de l harmonie,
Dont la muse divine ouvrit le front d’airain, etc.
Qu’importe qu’une critique banCrocbe plaide la cause de nos béoiiens du premier jour avec des arguments de vaude
villiste, l’affaire est jugée et les béotiens ont eu tort, sufficït et à tout péché miséricorde; Ulysse vivra, c’est l’essentiel.
Il est Certain qu’Homère a trouvé désormais des auditeurs dignes de le comprendre et de l’admirer, et dès le second jour il ne s’est trouvé personne pour accueillir par des ri
canements la nourrice Euryclée parlant de laver les pieds poudreux du grand Ulysse, pasteur d’un peuple de porchers.
O ciel ! cachez ces pieds que je ne saurais voir,
disaient d’abord nos précieuses en parlant comme Tartuffe. Alais enfin tous ces détails de mœurs n’effarouchent plus : la mort du chien Argos,. Antinous percé d’une flèche, la tuerie des prétendants, et même la pendaison des servantes infi
dèles, on s’en arrange et l’on se dit qu’il est bien permis de regarder ce que XOdyssée nous montre, sans recourir aux précautions recommandées par feu Bitaubé. Ensuite que la pièce de AL Ponsard ne soit pas irréprochable comme pièce de théâtre, la question n’est plus là. On doit au poète quelque chose cle mieux, une admirable étude, composée
avec beaucoup de dévouement et d’habileté, où il a mis tout son art, tout son style et tout son cœur. Je n’oserais déci
der si Al. Geffroy, comédien d’un goût très-fin, est à la hau
teur cle la belle simplicité homérique; mais quel dommage pour tout le monde et surtout pour M 1” Rachel, que le rôle de Pénélope n’ait pas été joué par MUc Rachel ! On a beaucoup vanté la mise en scène, d’un effet pompeux. Ces gran
des pastorales n’exigent peut-être pas autant de fracas ; à quoi bon les enjoliver comme des fantaisies modernes? Les
grandes lignes harmonieuses et la pureté sévère du basrelief, voilà tout ce qu’il leur faut.
Un joli conte de HenrfSchooke nous montre certain maître d’école que les beaux yeux de sa femme mettent sur. le chemin des honneurs les plus lucratifs. Un bel officier fait du bonhomme un percepteur, puis se présente un baron qui change la perception en intendance jusqu’à l’arrivée d’un prince qui fait du maître d’école son chambellan et tout ce qui s’ensuit. Telle est l’origine des Echelons du mari mais, dans celte pièce du Gymnase, M, Plismann le
magister est assez heureux pour dégringoler du haut de son échelle, et redevenir Plismann comme devant, sans que la, vertu de madame ait éprouvé le moindre accroc. L’esprit de Al. Bayard, le talent de M. Geoffroy, la grâce de MUe Luther et les bouffonneries de M. Lesueur, un pareil assemblage ne pouvait manquer de réussir.
Au théâtre de la Bourse, il s’agit d’un trumeau mythologique, Néréides et Cyclopés, très-gracieusement décoré par MAL Caiubon et Thierry. Les amours qui voltigent dans ce dessus de porte en trois tableaux, sont les amours d’Acis et de Galatée , que. Polyphème le cyclope voit de son
mauvais œil, lorsque l’amour vient protéger les amants et leur assurer une destinée couleur de rose. Les pipeaux de M. Clairvilfe sont peut-être trop rustiques pour accompa
gner celle chanson un peu longuette; mais Mllc Cico et M“c Marthe, en costume mythologique, la jupe courte et le maillot éclatant, voilà un fort joli venez-y voir.
On annonce la réouverture très-prochaine de l’Ambigu, sous la direction de M. Charles Desnoyers, et à la Gaieté un nouveau drame qui ne saurait manquer d’intérêt, la Chambre rouge. Philippe Busoni.
Le jour de l’Ascension à Jérusalem.
Beyrouth, le 5 juin 1852.
Mon cher Paulin, vous vous souviendrez sans doute que le jour de mon départ vous me fîtes promettre de vous en
voyer toutes les actualités qui me passeraient sous les yeux dans le cours de mon voyage; j’ai déjà fidèlement tenu ma promesse pour ce qui regarde l’Egypte ; seulement nous ne nous sommes pas bien entendus sur la plus ou moins grande extension à donner à ce mot — actualité; — celle que je vous envoie est déjà un peu vieille, même à Beyrouth ; niais les communications sont rares entre Jérusalem et l’Europe, et j’ai la conscience qu’aucune nouvelle de Palestine n’a pu arriver à Paris depuis le jour de l’Ascension. Je vous mets au défi d’en avoir de plus fraîches.
Il vous semblera étrange que le premier acte d’une chose,