Blanche, ont, dil-ou, donné la preuve que les conjurés avaient pour but de préparer une nouvelle levée de boucliers de la démagogie, et que cette nouvelle tentative d’in
surrection avait pour instigateurs les réfugiés de Londres et de Bruxelles.
« Un grand nombre de nouvelles arrestations ont été opérées dans la nuit, et des papiers importants ont été saisis.
« nous croyons savoir que le préfet de police, qui s’occupe activement de cette affaire, a délivré de nouveaux mandats d’amener. »
Le Constitutionnel, qui souffre de n’avoir plus la primeur de ces sortes de communications, s’est empressé d’atténuer l’importance de la découverte, et, en effet, le Cons
titutionnel se trouvait, ce jour-là, d’accord avec le sentiment public, qui ne pouvait guère prendre au sérieux cette ar
tillerie souterraine, et avec le Moniteur, qui s’est prévalu de sa qualité de journal bien informé pour garder le silence
pendant 48 heures sur le complot de la rue delà Reine- Blanche. C’est pendant ce temps que nous cherchions à dé
couvrir cet affreux repaire, à quoi nous ne sommes point parvenus sans peine, les gens du quartier paraissant euxmêmes ignorer le numéro de la maison où la scène s’était
passée. Nous y sommes parvenus enfin, grâce à un portier complaisant. La maison est d’assez bonne apparence, et semble peu faite pour servir de caverne à des malfaiteurs.
Nous la donnons telle qu’elle se présente aux regards des curieux qui voudront la visiter, et nous ajoutons au récit de la Patrie la note attardée du Moniteur, qui répond en même temps à d’autres bruits de complot qui, sans lui, ne seraient point parvenus jusqu’à nous :
« Avant-hier, à cinq heures et demie du soir, MM. Balestrino et Nusse, commissaires délégués par le préfet de po
lice, ont procédé à l’arrestation de treize individus saisis en flagrant délit de fabrication clandestine d’armes de guerre.
D’autres arrestations ont eu lieu hier, et les inculpés, au nombre de trente-deux, ont été remis entre les mains de la justice.
« Les faits qui ont été recueillis jusqu’ici n’ont point la gravité que quelques journaux y ont attachée.
« On a parlé plus vaguement d’un complot militaire qui aurait éclaté à Saint-Omer. Ce bruit ne repose sur aucun fondement. »
Notre image justifiée, nous passons aux choses sérieuses : Le sénat a continué à enregistrer les lois votées par le corps législatif en les consacrant de la formule constitutionnelle : « Le sénat ne s’oppose pas. » U est entré en vacances depuis lundi, emportant les félicitations de son président exprimées dans cet adieu officiel :


« Messieurs les sénateurs,


« Notre ordre du jour est épuisé, il va vous être donné lecture d’un décret du Prince-Président de la République, qui ajourne nos travaux.
«Pendant le temps où il a été réuni, le sénat a dignement accompli sa mission, tl a répondu, comme on devait s’y at
tendre, à la confiance du chef de 1 Etat et aux espérances du pays. Après un travail consciencieux et de lumineuses discussions, il a adopté deux des sénatus-consultes organi
ques dont le vote lui est attribué par la constitution. La sanction qu’il a donnée aux lois votées par le corps législa
tif a toujours été précédée d’un examen qui ajoutera à l’autorité morale de ces lois et à leur influence sur les populations.
« Avant que nous nous séparions, permettez-moi, messieurs les sénateurs, de vous remercier du concours que vous m’avez prêté et sur lequel j’avais compté; car, entre votre président et vous, il y a un lien indissoluble, celui de la sympathie et du dévouement qui nous unissent au pays et au Prince-Président de la République (Vif et unanime assentiment), au Prince-Président delà République qui n’a, comme nous, en vue que le bonheur, l’honneur et l’indépendance de notre patrie. »
(Ce discours est suivi de marques générales d’adhésion.) — Pendant les trois mois qu’a duré la session du corps législatif, le gouvernement a présenté au corps législatif 84 projets de loi, dont 2 seulement n’ont pu être discutés ; 82 ont été votés.
Parmi ces projets, 25 sont d’intérêt général, 56 d’intérêt local (départemental ou communal) ; un seul concerne l’intérêt privé.
Cette quantité de lois, destinées à satisfaire les intérêts locaux, prouve l’importance que le gouvernement attache aux besoins des départements et des communes, et son empressement à leur donner les moyens d’y pourvoir.
Dans les lois d’intérêt général, plusieurs méritent d’être signalées ; telles sont les lois sur
La refonte des monnaies de cuivre ; La réhabilitation des condamnés ;


Le règlement des comptes des années I8/18 et 18Ù9 ;


Le contingent de 80,000 hommes pour le recrutement de l’armée ;


La prorogation du monopole des tabacs ;


Le renouvellement intégral des conseils généraux, communaux et d’arrondissement;
La modification de trois articles du Code d’instruction criminelle, relatifs aux crimes commis en pays étranger ;
L’intei’diciion à certains individus de séjourner dans le département de la Seine et dans l’agglomération lyonnaise;)
La concession des chemins de fer de Paris à Cherbourg et de Bordeaux à Cette : l’un, qui doit rattacher à Paris notre principal port de mer sur l’Océan ; l’autre, destiné à relier l’Océan à la Méditerranée ;
L’autorisation de la fusion des compagnies des chemins de fer du Midi, qui doivent conduire de Paris à Toulon par Lyon et Marseille;
Enfin, la grande loi du budget des recettes et dépenses pour l’exercice 1853.
Quelques-unes de ces lois n’ont été adoptées qu’après avoir subi des modifications, concertées, comme le veut la constitution, entre le corps législatif et le conseil d’Etat.
Toutes ont été votées à une immense majorité. La loi du budget, qui a donné lieu, comme de raison, aux discussions les plus nombreuses et les plus approfondies, a obtenu l unanimité moins une voix.
La chambre ne pouvait prouver d’une manière plus éclatante sa confiance clans le gouvernement.
Les lois d’intérêt local ont pour objet de satisfaire à des besoins réels. Quinze de ces lois portent autorisation du surimpositions pour les départements de la Charente, de la Corse, des Côtes-du-Nord, de la Creuse, de la Haute- Garonne, des Landes, de la Mayenne, de la Meuse, du Morbihan, du Pas-de-Calais, du Bas-Rhin.
Quatorze autorisent des emprunts pour les départements des Côtes-du-Nord, du Doubs, de la Gironde, de Lot-et-Garonne, des Hautes-Pyrénées.
Et pour les villes de Beauvais, de Besançon, de Bordeaux, de Dunkerque, de Montauban, de Sainl-Omer, de Verdun.
Vingt-quatre établissent un changement dans les délimitations ou la position administrative de certaines communes.
A ces lois il faut ajouter celle qui autorise la cession du bois de Boulogne à la ville de Paris et la loi qui a pour objet l’amélioration de la Sologne,
Les intérêts locaux ont donc été satisfaits dans trentetrois départements, dans cinq chefs-lieux de départements et dans vingt-trois chefs-lieux d’arrondissement.


[Moniteur.)


— M. le ministre de la marine, dans un rapport à M. le président de la République , a rendu compte de l’exéculion du décret relatif à l’évacuation des bagnes :
Un premier convoi, parti suri Allier, le 31 mars, est arrivé aux lies du Salut le 12 mai. 11 se composait de 311 for
çats, choisis dans les bagnes deRochefort et de Brest parmi les hommes exerçant des professions utiles aux travaux pré
paratoires de la* colonie pénitentiaire. Un mois après, la frégate la Forte emportait 399 déportés, savoir : 386 for
çats ou repris de justice, et treiz-e condamnés politiques.
Elle était en vue de Cayenne le 20 mai. La frégate X Eriç/one, trente-quatre jours plus tard, emportait également 1399 déportés, dont 255 forçats ou repris de justice et cent quarante-quatre condamnés politiques. Enfin le vaisseau le Dugvesdin vient de recevoir l’ordre de prendre la mer avec 500 déportés. « Ce quatrième convoi, dit le ministre, « comprendra, dans la même proportion que les précédents,
« des forçats, des repris de justice el des condamnés par « les conseils guerre. »
Ainsi, parmi les 1,609 déportés à la Guyane, se trouveraient déjà, si l’on établit un calcul proportionnel d’après les indications de M. le ministre de la marine, près de deux cents condamnés politiques.
— La grande querelle des auteurs païens et des pères de l’Eglise a eu celle semaine un commencement de dénoûment. Il paraît que les chefs du clergé de France ont compris ce qu’il y a d’excessif et d’imprudent à vouloir présenter le moyen âge comme l’idéal de la société politique et religieuse. Sans méconnaître la grandeur des monu
ments qu’il a laissés dans la morale et dans les arts, il serait difficile en effet, même en l’expliquant par la science des symboles, de faire de toutes les naïvetés sculpturales de l architecture gothique des objets de vénération chrétienne, il paraît plus raisonnable d’admirer l’ensemble de ces gran
des conceptions, et d’abandonner aux curieux l’étude des petits détails dans l’intérêt de l’histoire et des mœurs au moyen âge, connue il est plus prudent de choisir, même dans les écrivains catholiques, que de tout accepter sans choix. Après cela qu’on étudie les anciens, et qu’on en fasse, autant que de besoin, des éditions expurgatas pour les écoliers, et surtout qu’en leur montrant dans les arts la litté
rature et les sciences morales, ces grands modèles du passé, on n’oublie pas de leur apprendre que le présent et l’ave
nir ont d’autres devoirs auxquels les règles éternelles sont applicables. Le mandement de Mgr l’évêque d’Orléans, qui a été la proclamation du parti religieux en voie de résister à des provocations ultra-rétrogrades, a obtenu l’adhésion d’un grand nombre d’évêques. On en comptait quarantequatre à la fin de la semaine dernière, et ce qui donne un sens décisif à ces adhésions, c’est la suppression, à Rome,
par le gouvernement pontifical, d’un journal français, la Correspondance de Rome, qui n’était autre chose que la correspondance des ultra-catholiques de France.
—Voici un autre événement : c’est la Suisse qui fournit aujourd’hui les beaux modèles de l hospitalité civique. Après avoir cherché en Belgique, en Angleterre, en Italie, un séjour paisible où il pût se reposer dans le calme de. ses tra
vaux littéraires, l’illustre auteur de XHistoire du Consulat et de l Empire, réduit, comme il le dit lui-même en sou
riant, à l’état de Polonais, avait fini par choisir la petite ville de yeyéy, dans le canton de Vaud, comme sa résidence définitive, et y avait été rejoint par sa famille, emportant tout ce. qui était nécessaire à l’achèvement d’un livre dont la suite est attendue, à l’heure qu’il est, de cent mille sous
cripteurs à des éditions publiées dans toutes les langues de l’Europe. Un grand citoyen, qui exerce une des premières magistratures du canton de Vaud, a pris sur lui, dit-on, de transmettre, par l’entremise du conseil cantonal, l’injonc
tion au conseil fédéral d’appliquer à M. Thiers la loi sur l internement des réfugiés. Les journaux de la Suisse ont soutenu que la loi lie pouvait concerner M. Thiers à raison des circonstances qui l’obligent temporairement à vivre hors de France ; mais cette distinction fut-elle forcée, nous disons que le Chef de la police du canton de Vaud avait des raisons qu’un peu d’esprit et de goût laissent deviner, pour interpréter, à l’égard d’un adversaire politique, le sens douteux de la loi dans l’esprit le plus favorable. A l’égard de
M. Thiers, que tout le inonde connaît comme l’homme d’Etat le plus incapable d’user de représailles envers des vaincus, il fallait savoir oublier les coups portés dans les luttes légitimes des partis. Cependant M. Druey, c’est le nom du magistrat vaudois, triomphe dans cette œuvre de rancune. Sans attendre la décision du conseil fédéral, et ne voulant pas demeurer plus longtemps, même avec son au
torisation, dans un canton dont les chefs comprennent ainsi les devoirs de l’hospitalité, M. Thiers préfère quitter la Suisse et aller chercher ailleurs une retraite indiscutable, s’il s’en trouve encore en Europe.
Autres nouvelles de la Suisse : — l’approche de la session de l’assemblée fédérale, qui va s’ouvrir dans quelques jours à Berne et durera trois mois, est signalée dansce can
ton par une espèce de crise. On devine qu’il s’agit de la question du retour de Neufchâtel sous la domination prussienne.
Les élections qui eurent lieu en mars dernier pour le renouvellement intégral du grand conseil (chambre des députés) de ce canton ne furent pas, on se le rappelle, favorables aux partisans de ce retour. Sur 88 députés qui com
posent ce grand conseil, les républicains firent élire 7Zi des leurs, et les royalistes 1 Ix seulement. Ces derniers ne perdirent pourtant pas courage, et, le protocole qui a été récemment signé à Londres par les grandes puissances ayant ranimé vivement leurs espérances, ils se disposèrent à profi
ter de cet incident. Déjà, dans les élections qui ont eu lieu, il y a quelques jours, pour le renouvellement du con
seil d’Etat ou pouvoir exécutif du canton, ils ont obtenu 11 nominations sur 28, ce qui les laisse toujours en mino
rité, mais en minorité respectable. Maintenant, mettant à profit la réunion générale annuelle d’une des quatre gran
des corporations du-pays, la bourgeoisie de Valengin, qui doit avoir lieu le 6 juillet, ils ont convoqué à cette réunion tous leurs adhérents, dans le but de faire une grande démonstration royaliste.
Le parti républicain neufcliàtelois n’est pas resté inactif en présence de cette activité de ses adversaires. Il a accepté la lutte sur le terrain où ces derniers l’ont portée, et, à son tour, il vient de faire appel à tous les citoyens du canton partisans du maintien de l’incorporation à la Suisse, pour une contre-manifestation en faveur de la république. Les signataires de cet appel engagent les adversaires de la domination prussienne à se porter eux aussi à Valengin, le 6 juillet, pour qu’on puisse voir de quel côté est la majorité.
Ce sont les bourgs de la Chaux-de-Fonds et du Socle qui ont pris l’initiative de cette contre-manifestation ; la vallée de Travers, la ville même de Neufchâtel et la partie vinicole riveraine du lac ont suivi. Ce sont les portions les plus ri
ches, les plus populeuses et les plus éclairées du canton. Les localités qui forment le centre du parti qui demande le retour à la domination prussienne sont la Sagne, la Chauxdu-Milieu, les Planchettes et la Brévîne.
La grande assemblée qui a lieu en ce moment, à Valengin, le 6 juillet, offre donc un grand intérêt. S’il faut juger du résultat de cette réunion par celui des élections qui ont eu lieu cette année dans le canton, les probabilités sont toutes que la majorité sera du côté des adversaires du retour à la domination prussienne. Sur cette question spé
ciale, la fraction la plus nombreuse du parti conservateur suisse fait cause commune avec le parti radical.
— L’insurrection du cercle de Guelina, qui avait causé line assez grande inquiétude pour nos affaires d’Afrique, a été presque entièrement réprimée, et il n’est plus question,
connue on l’avait annoncé, du projet attribué au Prince- Président d’aller, de sa personne, diriger une campagne
dont le dénoûment est hors de doute aujourd’hui, il est toujours question du voyage du Prince dans le Midi ; une note publiée dans le Moniteur confirme ce projet en çes termes :
« Nous apprenons que, depuis la nouvelle du prochain voyage du Prince-Président, on se propose déjà, dans certaines villes, de lui offrir des banquets. Le Prince-Président, nous sommes autorisés à le déclarer, a pris la résolution de n’en accepter aucun, quelque touché qu’il soit d’ailleurs de ces prévenances empressées. »
— La reine d’Angleterre a prononcé, jeudi 1er juillet, en personne son discours de clôture du parlement.
Après avoir parlé des relations amicales qui existent entre son gouvernement et ceux des puissances étrangères,
elle annonce la solution définitive des questions danoise et égyptienne et la prise de Rangoun.
S. M. a exprimé ensuite sa satisfaction de l’adoption du bill sur la milice, qui ne peut donner aucun motif d’inquiétude à ses alliés.
Elle a annoncé son intention de dissoudre immédiatement le parlement actuel, et terminé son discours en ma
nifestant l’espoir que le nouveau parlement soutiendra les institutions protestantes et les libertés civiles et religieuses qui en sont la conséquence naturelle.
Les shériffs de la cité de Londres ont reçu dans la soirée de jeudi les rescrits pour les élections. Elles ont commencé mardi dernier ;. celles du comté de Middlesex sont remises jusqu’au 16 ou au 17 de ce mois.
Les passions religieuses sont très-fort excitées à l’occasion des nouvelles élections, et les journaux anglais ont raconté une véritable bataille livrée par les catholiques irlan
dais aux protestants de Stockport, ville du comté de Chesler, à la suile d’une discussion engagée dans un cabaret à propos de la dernière proclamation contre les processions catholiques.
Ces troubles, dont les conséquences ont été très-graves, avaient fait l’objet d’une interpellation adressée au gouver


nement avant que la chambre des communes fût appe


lée dans le local de la chambre des lords pour y entendre le discours de clôture de la session. Mais ces interpellations n’ont rien appris de nouveau, M. Walpole, ministre de l’intérieur, ayant répondu qu’en l’absence de rapports ofïî