ti’ftüraiënt de danger que s’ils étaient le privilège d une feteule opinion ou d’un parti usant du crédit de l’Etat, ou du gouvernement lui-même, comme cela s’est vu :


« En France, dit M. .lohn Lemoinne, le vote se fait par


tout le même jour ; tous les scrutins sont ouverts et fermés à la même heure, et le soir ou le lendemain tout est connu.
Ici, les élections se. succèdent pendant huit ou dix jours sur les différents points du royaume; elles se font d’abord dans les villes, ensuite dans les campagnes. C’est Londres qui donne habituellement le signal, ou du moins c’est la Cité, car il y a des arrondissements qui font leur élection le second ou le troisième jour. Il y a différents mo
des de votation, tl y a d’abord la nomination, qui se fait ëii publié» ëous la présidence, soit d’un schérif, soit d’un greffier. Les électeurs sont convoqués, soit dans une salle, SOil en plein air; les candidats viennent faire une exhi
bition d’eux-mêmes sur une plate-forme, entourés de leurs amis, et sollicitent les suffrages de leurs concitoyens. Le vote se fait alors par acclamation, c’est-à-dire par la levée des mains, et les shérifs déclarent que le choix des élec
teurs est tombé sur tel ou tel candidat. Quand l’élection n’est pas contestée, celte manière de vot èi suffit ; le bureau déclare la nomination valable, et le tout est fait en quelques heures. Mais, quand il y a plusieurs concurrents, la nomi
nation n’est qu’une cérémonie préparaloire, sans caractère légal. Elle ne. prouve même et ne préjuge rien; car, comme on sait qu’il y aura un vote au scrutin, lés gens paisibles ne se dérangent pas pour aller vociférer et boxer sur la place publique. Dans ces cas-là, quand le bureau a déclaré que la levée des mains était en faveur de tel ou tel candidat, son concurrent réclame, le poïl, ou scrutin, qui se fait le len
demain, Alors, le lendemain, on établit, sur differents points de la ville ou de l’arrondissement, des baraques en bois, Oit des secrétaires reçoivent les votes. Vous savez que, con
trairement à ce qui se pratique en France, le vote ici est public; l’électeur déclare ses noms et qualités, prête ser
ment d’identité, et donne son vote autant de fois qu’il y a de représentants à nommer. Chaque, boûih, ou bureau d’inscription, coûte. 1,000 francs ; les frais sont à la chargé des candidats. Mais ce ne sont là que les menus frais ; ce qui coûte le plus cher, ce sont les comités, les affiches, les bannières, les agents électoraux, les avocats Chargés d’al
ler remuer et endoctriner les électeurs, les porteurs d’affi
ches, qui se promènent toute la journée dans la ville avec de grands placards sur les épaules, les omnibus et les voitures qui vont chercher les électeurs à domicile, les chariots qui colportent des orchestres, les tavernes et les caba
rets qui l’estent ouverts en permanence pour rafraîchir ou réchauffer les partisans. Il y a des élections qui reviennent ft 100,000 et 50,000 fr. ; il n’est pas donné, à tout le monde d’aller à Corinthe.
« Et encore! ce n’est rien que les élections de nos jours; elles sont bien dégénérées d’autrefois. Jadis, dans le bon temps, auquel le bill de réforme a mis un terme, il y avait des élections qui duraient quinze jours. Pendant quinze, jours, il fallait parader dans les rues en calèche à quatre chevaux, faire je ne sais combien de discours, pendant que
les amis, hommes et femmes, couraient les boutiques pour recruter des voix. En France, un candidat peut avoir autant d’anxiétés morales, mais pas autant de fatigues physiques qu’en Angleterre. On ne peut pas se faire une idée de ce rude métier. Passe encore quand l’élection n’est pas contestée; alors la besogne est comparativement facile.
Ainsi j’ai été. voir la nruination de Mary-le-Bone ; j’ai trouvé au fond de Portland-place une 1»raque en planches, entourée de quelques centaines d’individus qui ne parais
saient pas être la crème des électeurs, et qui attendaient patiemment en plein soleil. Les deux candidats sont arrivés en voiture découverte, à quatre chevaux, et avec des roset


tes au chapeau et à la boutonnière. Ils ont adressé des re


mercîments à leurs électeurs, et comme ils n’avaient pas de concurrents, ils ont été déclarés élus, et la cérémonie a fini là.
« Je me suis trouvé demeurer en face de la maison où était établi le comité central de lord Maidslone, et qui était du haut en lias couverte d’affiches avec le nom du candi
dat. C’était le quartier général d’où partaient toutes les directions. Tous les matins il arrivait une centaine d’individus en guenilles et en chapeau, que l’on divisait en es
couades pour les envoyer promener des affiches dans les rues. Ils se rangeaient sur le trottoir, répondaient à leur nom, endossaient comme une chappe un double grand placard portant le nom de Maidslone, et commençaient grave
ment leur pèlerinage. Ils rentraient au bercail vers six heures, se débarrassaient de leurs placards, se rangeaient encore sur le trottoir, et recevaient leur paye en présence


des impassibles policemen. Cette petite cuisine en plein air recommençait tous les jours. Pendant les deux jours d’é­


lection, il y avait de plus une quant té de voilures, omni
bus et fiacres, pour aller chercher les électeurs, et qui naturellement étaient aussi couvertes du haut en bas avec les affiches de lord Maidstone. Joignez à cela les grands chariots en planches, couverts aussi du nom du candidat, et des bandes de musiciens poussant dans des instruments de cuivre ces cris sauvages qu’on appelle en Angleterre de l’harmonie. Le matin, le soir, en sortant, en rentrant, en passant, encourant, on tombe sur des affiches, toujours la même affiche, toujours la même note. Ce qu’on nomme en langage d’atelier une scie n’a jamais été mieux réalisé. Je conçois bien qu’on finisse par voter ! Supposez un orgue jouant pendant huit jours sous vos fenêtres, sans s’arrêter, et toujours le même air!
« Enfin, tout ce mouvement paraît ici la chose du monde la plus simple. C’est une fièvre qui ne revient qu’à de lon
gues intermittences; le lendemain, ce peuple reprend bien tranquillement ses affaires, et il n’y a plus que les candidats qui s’occupent du quart d’heure de Rabelais. »


Nous annoncions, il y a huit jours, la double assem


blée qui devait se réunir à Valengin, au sujet de Neuchâtel ; cotte démonstration a eu lieu le 7 juillet.
Les journaux et les -correspondances confirment le fait que l’assemblée républicaine a été de beaucoup plus nom
breuse que celle des royalistes, l.e WeiickàMoix, organe de ces derniers, évalué leur nombre de quatre à cinq mille, l.e HéimbUcaiii lui oppose le démenti le plus formel. Du reste,
les deux assemblées ont gardé une altitude convenable; il n’y a eu ni provocation ni le moindre conflit.
Voici le texte des deux propositions qui, après avoir été développées par MM. Auguste Lambelet et Philippin, major, ont été adoptées :
«Le peuple neuchâtelois, réuni aujourd’hui en assemblée populaire àValerg n, déclare à la face du cidel devant Dieu :
« Qu’il veut î-cster Suisse et rien que Suisse; qu’il veut la république neuchfttelpise ; qu’il proteste de la manière la plus énergique contre les menées, quelles qu’elles soient,
qui auraient pour but de répudier la révolution du 1er mars et ses conséquences, et qu il considère ces menées comme criminelles et anti-nationales.
« Le. peuple neuchâtelois demande au gouvernement de prendre, les mesures nécessaires pour faire cesser l’agita


tion contre la république, et pour faire punir les agilaleurs.


Il demande à cît effet la convocation immédiate du grand conseil. »
Nous trouvons, dit là Si/ie.se, journal de Berne, que cette seconde proposition est moins heureuse que la pre
mière; elle, dépasse le but, qui a été pleinement atteint par la constatation de la majorité, l.e Jiémblicu n affirme qu’il y avait à Valengin dix mille républicains, dont u moins
huit mille Neuchâtelois. Or, en admettant même le chiffre avancé par l’organe des royalistes, la majorité n’est pas dou
teuse. Toute la question est là ; elle ne devrait pas sortir de là.
Le ministère belge a offert, il y a huit jours, sa démission, et la crise ministérielle dure encore, le roi Léopold se, trouvant à YVeisbaden au moment où cette résolution lui a été transmise.
On en est réduit aux conjectures sur le parti que prendra le roi; cependant on peut être assuré que. deux des démis
sions au moins, celles du ministre des financés, M. Frèré- Orban, et du ministre de la justice, M. Victor Tesch, seront acceptées.
L’état de santé de M. Tesch, son dégoût des affaires, par suite, de quelques afflictions de famille, lui ont fait saisir l’occasion de se retirer du ministère.
Quant à M. Frère-Orbao, comme il ne désire pas le pouvoir pour le pouvoir, mais pour réaliser ses idées, et que la faiblesse numérique de la nouvelle, majorité depuis le 8 juin ne. pouvait lui inspirer assez de confiance ; qu’au surplus c’est surtout contre lui personnellement que le mouvement électoral a été dirigé par l’opposition catholique, il croit devoir quitter le ministère et l entrer momentanément, si nous sommes bien informés, dans la vie privée, en attendant une occasion favorable, pour reparaître dans la vie po
litique avec tout l’éclat que lui assurent ses rares talents d’homme de. tribune et d administrateur.
Par suite de cette crise, les négociations commerciales ouvertes entre la France et la Belgique, pour le renouvel
lement de la convention du 13 décembre 18i5, seraient ajournées.
M. Brett a proposé au gouvernement piémontais la construction du télégraphe sous marin qui, de la Spezzia,
se dirigerait vers la Corse et la Sardaigne, et serait mis en communication avec l’Afrique et la France.
Le 10 juillet, l’empereur de Russie et le roi de Prusse sont arrivés à Berlin à une heure un quart, venant de Slettin. LL. MM. se sont rendues à Potsdam. 11 n’est pas cer
tain que S. A. li. le prince de Prusse accompagnera l’empereur et l’impératrice à Saint-Pétersbourg.
Le prince régent de Bade se rend à Berlin pour faire visite à l’empereur de Russie.
L’article du journal ministériel YOrden donnant à entendre qu’il se prépare un coup d’Elat contre le régime constitutionnel en Espagne, est l’objet de toutes les con
versations. Le bruit courait le 8, à Madrid, que le général Pavia deviendrait président du conseil des ministres.
— Par le paquebot à vapeur Em-opti on a reçu les correspondances ordinaires de New-York jusqu’à la date du mercredi 30 juin.
iNous apprenons par cet arrivage la mort de l’illustre chef du parti whig aux Etats-Unis, Henri Clay, mort à Washing
ton, le mardi 29 juin, dans sa soixante-seizième année. Ce cruel événement était prévu depuis longtemps; néanmoins, lorsque la nouvelle s’en est répandue, la douleur publique
s’est aussitôt manifestée avec une vivacité qui fait honneur aux sentiments de reconnaissance des Américains. Les tri
bunaux et les bourses fermés, les affaires suspendues, les jo irnaux en deuil, les bâtiments dans les ports amenant leurs pavillons en berne, tous les témoignages du deuil pu
blie ont été aussitôt et spontanément rendus à la mémoire du grand citoyen qui, dans sa longue carrière; a rendu lie si éminents services à son pays.
Nous publierons dans notre prochain numéro une notice sur Henri Clay, avec son portrait.
Le paquebot anglais de Eouibampton nous a aussi apporté des nouvelles de nos olonies des Antibes qui vont jusqu’au 13 juin. Sous le rapport politique et industriel, ces nou
velles sont bonnes : le calme continue, à régner dans nos îles, et le chiffre de leurs exportations prouve une augmenlation croissante dans le travail de la population. D’un
autre côté, après avoir souffert cette année d’une sécheresse extraordinaire, la Guadeloupe, et la Martinique encore plus particulièrement, ont été visitées, dans les premiers jours du mois de juin, par des ouragans de piüie qui ont causé de grands dégâts dans les villes et dans les campagnes. Les correspondances des journaux anglais annoncent qu’à la suite de la sécheresse la fièvre jqune aurait reparu et aurait
fait déjà plusieurs victimes à la Martinique. Nous rapportons leur dire, mais nous ajouterons que rien dans les jour


naux que nous avons reçus de cette île ne tend à confirmer cette fâcheuse nouvelle.


— Le sénat a adopté, avant de se séparer, deux sénalusconsultes, l’un sur l’organisation de la haute-cour de jus
tice, l’autre interprétant le sénatus consulte du 1 avril 1852, relatif aux forèls et étangs dont le droit de chasse est conféré au Président de la République.
-—Plusieurs décrets ont été rendus, 1“ pour le renouvellement des conseils municipaux, dont les éleclions auront lieu le 24 de ce mois; 2 pour les élections des con
seils généraux el des conseils d’arrondissement, fixées au 31 juillet el au 1er août ; 3 . pour la nomination, aux termes de la loi du 31 mars 1851, des maires et adjoints dans toutes les communes de la République.
— Le conseil supérieur de l’instruction publique s’est réuni le 12, sous la présidence de 11. Fortoul, pour com
mencer la session de ses travaux. Les évêques, présents étaient: l’archevêque de Üeims, l’archevêque dé Paris, l’archevêque de Tours, l’évêque d’Arras. Parmi les princi
pales matières qui doivent fixer l’examen du conseil se trouvent l’application du décret sur la séparation dés étu
des littéraires et scientifiques, les bases d’un nouveau projet de loi sur l’enseignement public et privé, un remanie
ment du programme des examens pour les baccalauréats ès lettres et ès sciences.
— Lé directeur de là police fédérale suisse, M. Druey, n’a pas été approuvé par le gouvernement, non plus que par l’opinion, dans les rigueurs qu’il avait provoquées contre M. Piliers. L’illustré exilé a donc pris le parti de se fixer définitivement à Yevey, où il va achever d’écrire 17//*- io re (tu Consulat et (ie I Em ire.
— Les correspondances des départements nous apportent la nouvelle de nombreux sinistres causés par des orages furieux qui ont éclaté notamment dans le midi, déjà éprouvé par les inondations du mois de juin. Le. temps est fertile eu désastres de plus d’une sorte, dont le récit excéderait la me
sure de ce bulletin. Nous préférons enregistrer une plainte qui ne donne qu’une faible idée des embarras de Paris à l’heure qu’il est :
« Jamais la communication entre les deux rives de la Seine n’a élé plus difficile qu’en ce moment; il est peu de points dans Paris où la circulation soit plus active que sur
le Pont-Neuf, le pont des Arts et celui des Saints-Pères et les rues qui les avoisinent ; or les abords de toutes ces voies de communication sont simultanément entravés par toutes sortes d’obstacles sur la rive droite. Les rues qui conduisent au Pont-Neuf sont toutes traversées par les démoli
tions de la rue de Rivoli; on ne peut plus aborder le pont des AiTs par le Louvre, fermé momentanément; on ne peut plus pénétrer sur la place du Carrousel que par les quatre guichets insuffisants pour les besoins de la circulation qui reflue sur ce point.
« Enfin, comme si ce n’était point assez de toutes ces entraves, les travaux entrepris pour creuser un égout dans la rue de Rivoli onl nécessité le barrage d’une partie de cette rue, ce qui force les voitures à passer par la rue Saint-Ho
noré, où règne, entre les rues Saint-Nicaise et Casliglione, un encombrement perpétuel el inextricable, tl ne se passe, pas de jour et presque pas d’heure que des voitures ne
s’accrochent, que des timons ne se cassent par suite de cette affluence inusitée. Enfin, comme pour multiplier à plaisir les chances d’accidents, on a choisi ce moment pour exécuter dans la rue Saint-Honoré, en face du passage De
lorme, des travaux de pavage qui réduisent de moitié la largeur de la rue, déjà étroite eu cel endroit.
« Il nous semble que cette coïncidence de travaux sur ûn même point, que ces entraves apportées à la circulation, et les accidents multipliés qui en résultent, méritent d’attirer l’attention d’une municipalité vigilante et soucieuse des intérêts de ses administrés. »
— Comme dernière nouvelle , celle-ci ne manque pas d’importance : Bou-Vlaza, qui était interné à fin ni, a qu tlé
cetle ville samedi soir à neuf heures, et paraît s’être dirigé vers la Belgique. La dépêche annonce qu’il emportait lin bagage assez lourd; ce départ, coïncidant avec.l’agitation qui règne aujourd’hui en Afrique, aurait du èlre prévu en
vers un prisonnier qui avait déjà tenté plus d’une évasion, et qui ne parait pas très-scrupuleux en fait de serment.
Paulin.


Inauguration


DE LA DERNIÈRE SECTION DO CHEMIN DE FER DE PARIS A STRASBOURG, LE 18 JUILLET 1852.
Nous publions dans en numéro une carte de ta ligne et des stations entre iàrls et Strasbourg, et une description que nous em
pruntons à upe source officielle. Nous empruntons également il un journal de Strasbourg, le Courrier du Itns-lilim, les détails suivants sur les préparatifs de la fête que là ville de Strasbourg consacre à la célébration de cet événement :
Chacun des piliers en pierre qui forment l’enceinte de la place de Eroglie sera surmonté d’une hampe supportant des trophées et des banderoles, avec uii écusson marqué alternativement au chiffre du Président et aux arines de la ville (le Strasbourg, Ces hampes seront reliées entre elles par des guirlandes de fleurs et de verdure, aux
quelles on suspendra des verres de couleur destinés à t’iliuminalion dés soirées du dimanche et du lundi.
A i extrébi té du Brogtie, vers la place de là Comédie, sera élevé le grand mât aux couleurs nationales qui figure à toutes les fêtes pu


bliques ; à Rentrée de la place, vers la rue de la Mésange, figurera,


sur un piédestal, l a statue de la ville de Strasbourg, le front ceint de là couronne murale et entouré des emblèmes de la guerre, de l’in
dustrie et du commerce. La statue sera surmontée d’un dôme de verdure onié d’arcades et de frontons. Le piéxlestal et le dôme se
ront cclaTés le soir par d innombrables jets de gaz, qui formeront grimpe dans l illumination générale de la place.
L’hôtel de r Ille .sera pavoisé de trophées et orné de tentures ; les lignes architecturales de l’édifice seront dessinées le soir par une splendide illumination,