Souvenirs d’Égypte, par Alex. Bida et E. Barbot.
Album in-folio, composé de 25 planches, costumes et paysages lithographiés à deux teintes par A. Bida et Eugène Ciceri. Paris, 1852; Gihaut et Hauser.
L’Orient est devenu aujourd’hui la terre de prédilection des artis
tes. C’est là qu’ils vont chercher la lumière, la couleur, les costumes majestueux ou pitto
resques, les paysages grandioses, les souve
nirs historiques où se mêlent les traditions religieuses communes à tous les peuples méditerranéens, les rui
nes dont on suppute avec peine l’àge et aux
quelles ce climat béni
a conservé toute la splendide grandeur de leur jeunesse. Chaque année, des artistes se mettent en campagne et explorent une partie de ce vaste domaine.
Ils reviennent lesmains pleines, et soumettent au public les dépouilles opimes rapportées de leurs lointaines pérégrinations.
L’album que nous annonçons est le ré
sultat d’une récente excursion de deux ar
tistes français sur les rives du Mil. L’un, M. Barbot, paysagiste dis
tingué, a dessiné les sites et iesmonuments;
l’autre, M. Bida, dont on a admiré les beaux dessins à l’exposition


qui vient de finir, a re-Assouan, première cataracte. — Dessin de Laroche, d’après M. Barbot; gravure de Best, Hotelin et Cie.


l’ancienne Syène, ville jadis importante et qui a servi aux géographes de l’antiquité de point de départ pour déter
miner la position des lieux de la terre. Au dire de Strabon, on y avait construitun puits dont l’intérieur , au moment du solstice d’été, devait être tout illuminé par les rayons du soleil. Les anciens croyaient que Syène était sous le tropique, et cette opinion , qui a eu cours jusqu’après Ptolémée, a donné à cette ville une grande célébrité.
La vue que nous reproduisons est prise de la jetée d’Assouan. Là commence un bois de dattiers qui se continue à gauche derrière les ruines d’un medreech ou collège ; ces arbres élégants croissent sur le sol de l’antique Syène et lient la ville mo
derne à l’ancienne Assouan des Arabes, au
jourd’hui abandonnée. Le monticule de dé
combres qui marque son emplacement, est surmonté d’une mos
quée révérée et d’un
petit fort bâti par les Français ; il se détache en silhouette sur le
Joueuse de tarabouka.
produit des types et des costumes.
Mous donnerons une analyse succincte des planches que ren
ferme ce bel album, dont nous offrons comme spécimen à nos lecteurs un paysage et deux costumes.
Une vue de la Mosquée d-’A- bou-Leila, à Baulak, donne l’aspect des rues si pittoresques du
Kaire ; — la planche suivante représente une des portes les plus remarquables de celte ville, /Pib el-nasr, ou la porte de la Victoire. -— Les tombeaux îles sultans, dits des kalifs, repro
duisent bien la physionomie de cette plaine aride et désolée où l’on admire les plus beaux mo
numents de l’art arabe, entre autres le tombeau du sultan Bar/wuk, sujet d’une autre planche. — Dans la mosquée d Ibrahim Agha et la rue de la Citadelle, on retrouve tout entier l’aspect ruiné de celte portion du Kaire où habite une population fanatique. — Le quartier de la Mosquée de Tayloûn, le plus ancien de la ville, donne l’idée de cette partie dé
serte de la cité. On ne peut que regretter de n’avoir pas un plus grand nombre de planches pour mieux saisir l’ensemble de cette vieille capitale des kalifs et des sultans, où chaque rue présente un nouveau sujet digne de fixer l’attention d’un artiste.
Du Kaire, M. Barbot nous transporte à Minie/i, petite ville de la haute Egypte ; — de là dans la capitale du sayd, à Bi/oiit, où il a dessiné un des plusjolis points de vue; —puis aGiiyeli, dont les minarets sont autant de monuments d’archi
tecture.-—Enfin, sans s’arrête!
aux gigantesques et splendides constructions de la capitale des Pharaons, le paysagiste nous conduit aux limites de l’Egypte,
à Assouan et à Philoe, les deux extrémités de la première cataracte.


Arrêtons - nous à Assouan,


Dessin de Bida; gravure de FessartDanseuse (almée).