fleurs et de rubans. Ils ont eu soin de rattacher fortement, par des liens qu’on ne voit pas, à un pi
quet enfoncé dans la terre. Le restant du blé étant éten
du sur l aire, tout le inonde se rassemble et se rend so
lennellement vers les maî
tres de la ferme, ou, s’ils sont absents, vers le mé
tayer et la métayère. On réclame d’eux assistance pour une gerbe qu’on n’a pas, dit-on, le pouvoir de soulever de place sans leur aide. Ceux-ci alors se ren
dent dans la grange, et, après plusieurs efforts, les liens qui retiennent la yerbe sont arrachés. Onia soulève, on se forme en cortège, et l’on prend en triom
phe le chemin de l aire en chantant à pleine voix une chanson consacrée à cette circonstance.
« En voici les paroles, charmantes dans leur naïveté et leur simple éloquence
La dime en Basse-Normandie. — Dessin de Valentin ; gravure de Best, Hotelin et Cie.
Et dans ce jardin-là, j’entre, Par une porte d’argent. — Ho ! batteux, etc.
Vl’à des bouquets qu’on apporte, Chacun va se fleurissant ;
A mon chapeau je n attache
Que la simple fleur des champs. — Ho ! batteux, etc.
Mais je vois la giroflée,
Qqi fleurit et rouge et blanc ;
J’en veux choisir une bran die, Pour ma mi’ c’est un présent— Ho! batteux, etc.
Dans la peine, dans l’ouvrage, Dans les divertissements,
Je n’oublie jamais ma mie,
C est ma pensée en tout temps. — Ho! batteux, etc.
Ma mi’ reçoit de mes lettres Par l alouette des champs ; Elle m’envoie les siennes
Par le rossignol chantant. — Ho! batteux, etc.
Sans savoir lir’ ni é-rire,
« La marche est ouverte par deux hommes armés de balais, qui se plaisent à faire voler un nuage dépoussiéré, sous prétexte de nettoyer la route par où l’on va passer.
Après eux vient la gerbe, portée en pompe par le mé
tayer et sa femme. Leurs enfants suivent, tenant dans leurs mains des poignées d’épis. Si quelques étrangers sont présents, les jeu
nes filles leur offrent, sur un plat d’étain rempli de blé, un bouquet de fleurs des champs ; puis, qu’ils le veuillent ou non, on les place sur un brancard dé
coré de guirlandes, et on les porte en triomphe autour de Vaire. Le vanneur le plus habile marche à la suite, ayant son van rempli de grains qu’il fait voler en l’air. La troupe entière des batteurs ferme la marche ; armés de leurs fléaux, ils en frappent la terre en ca
dence précipitée. Le tour de l’aire étant fait avec cette pompe solennelle, la gerbe est alors déliée et étendue; et l’on tire quelques coups de fusil, complément nécessaire de toutes les fêtes de nos pay
sans. On apporte alors sur une chaise recouverte d’un linge blanc une miche de pure fleur de f roment, unepelotte de beurre et quelques bouteilles de vin, pour que chacun en boive et en mange à sa suffisance et sa volonté. Le battage se termine ensuite. »
La fête de la Gerbe dans le Bas-Maine. — Dessin de Valentin, d’après M, H. Beauvais; gravure de Best, Hotelin et Cie.
Nous lisons c’ qui est dedans ; Il y a dedans ces lettres :
« Aime-moi, je t’aime tant ! » — Ho ! batteux, etc.
Viendra le jour de la noce ; Travaillons en attendant ;
Devers la Toussaint prochaine, J aurai tout contentement. — Ho ! batteux, etc.
Voilà la Saint-Jean passée ;
Le mois d’août est approchant, Où tous garçons des villages S en vont la gerbe battant,
— Ho ! batteux, battons la gerbe, Compagnons, joyeusement.
Par un matin, je me lève, Avec le soleil levant,
Et j’entre dans une aire,
Tous les batteux sont dedans. — Ho ! batteux, etc.
Je salue la compagnie,
Les maîtres et les suivants ;
Ils étaient bien vingt ou trente, N est-c pas un beau régiment — Ho 1 batteux, etc.
Je salue la joli’ dame
Et tous les petits enfants,