En même temps et dans le même but, le gouvernement décrétera le mode de terminer les procès déjà instruits, et de les terminer aussi promptement que possible. On com
prend que le crédit des propriétaires s’accroîtra dès ce jour. La colonisation de la Hongrie deviendra possible, et les terres fertiles y seront recherchées de tout le monde.
—Les nouvelles d’Espagne sont assez nulles depuis quelques jours sous le rapport politique. Il est évident qu’il y a tout au moins un temps d’arrêt dans les projets prêtés au
cabinet actuel ; mais les avis reçus de ce pays annoncent la continuation du mouvement qui se manifeste vers le dé


veloppement des intérêts matériels et promet un si bel avenir à ce riche pays.


Nous avons par la voie d’Espagne des nouvelles de Lisbonne sous la date du 31 juillet. La veille, le vapeur Isa
belle II, ayant à son bord le duc et la duchesse de Montpensier, était entré dans le port de Lisbonne. LL) AA. RU. ont été reçues par la reine dona Maria au palais des Necessidades.
La Remlvçao de setiembre publie, au sujet de la dissolution des cortès, un manifeste adressé aux électeurs par les membres de la minorité, et qui expose les motifs qui ont engagé le gouvernement à recourir à cette mesure.
Paulin.


L’Angleterre et les États-Unis


d’Amérique.
LA QUESTION DES PÊCHERIES.
Les journaux de New-York apportés par les derniers courriers sont remplis des débats soulevés par ta dépêche de M. Webster,
premier ministre des Etats-Unis, prévenant les armateurs qui se rendent tous les ans sur les côtes des possessions anglaises pour la pèche de la morue, que le gouvernement anglais a donné l’ordre de saisir tout bâtiment pêcheur américain trouvé dans les baies, ports et criques de ces côtes, et qu’une (lotte de petits vaisseaux de guerre et de steamers est réunie pour l’exécution de ces ordres. Le L oral, bâtiment américain, a déjà été saisi, et le propriétaire va être poursuivi devant la cour de l’amirauté de New-Brunswick. C’est dans le courant du mois d’août que les bâtiments partent pour la pêche, et M. Webster a voulu avertir les pêcheurs du danger qui les menace. U termine ainsi ce document : « L’effet immédiat de l’acte du gouvernement anglais sera de faire perdre aux pêcheurs
américains leur pêche de cet automne. Les affaires considérables qui se font dans les pêches du New-Ingland seront interrompues; il arrivera des conflits multipliés, pouvant entraîner mort d homme et susciter des complications sérieuse,?, capables même de compro
mettre la, paix entre les deux pays. » Ces circonstances donnent ira intérêt particulier à l’historique de la législation des pêcheries des Etats-Unis.
Avant la guerre de l’indépendance, les colons qui habitèrent les Etats de Massachusets, du Connecticut et du Maine axaient l’habi
tude de pêcher sur les côtes de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Ecosse et autres, dépendant aujourd’hui des possessions anglaises, consi
dérant cette faculté comme une espèce de droit naturel, et, en 1775, ils protestèrent contre les lois qui leur furent imposées par le parle
ment anglais. Cette résistance fut même une des causes de la guerre. Aussi, lors du traité de 1783, qui mit fin à cette guerre après avoir, par l’art. 1er, reconnu l’indépendance des Etats-Unis, et déterminé, par le second, les limites de leur territoire, on consacra te troisième article au règlement de la pêche sur les côtes, reconnaissant assez d importance à celte question pour lui faire prendre rang dans le
traité fondamental, immédiatement après la question de nationalité et celle des frontières. Voici le texte de cet article : « Il est convenu
que le peuple des Etats-Unis continuera, comme par le passé, à jouir, sans être inquiété, du droit de prendre des poissons de toute espèce sur le grand banc et sur tous les bancs de Terre-Neuve, ainsi que dans le golfe de Saint-Laurent et aux autres endroits de la mer oii les habitants des deux pays ont coutume de pêcher, et aussi que les habitants des deux pays auront la liberté de pêcher sur toutes les parties de la côte de Terre-Neuve où les pêcheurs anglais ont le droit de venir ; mais ils ne pourront pas faire sécher et préparer leur poisson dans cette île, ni sur les côtes de toute autre posses
sion de Sa Majesté Britannique. « Le reste de l’article a rapport à la permission accordée aux pêcheurs américains de faire sécher le poisson sur les points inhabités de la Nouvelle-Ecosse, du Labrador et autres lieux.
Pendant les vingt-neuf années qui suivirent ce traité, les pêcheurs américains et anglais se firent une concurrence paisible,
comme avant la guerre de l’indépendance. En 1813, une nouvelle guerre entre les deux pays interrompit nécessairement la pèche. En 1814, les commissaires anglais envoyés à Gand pour traiter déclarèrent que « le gouvernement anglais n’avait pas l’intention d’ac
corder aux Etats-Unis les privilèges qui leur avaient été accordés par le traité do 1783, » se fondant sur ce que les traités sont abro
gés par la guerre. Les commissaires américains répondirent que te traité d’indépendance n’était pas de ceux que la guerre pouvait changer, et qu’ils ne prétendaient discuter ni la question de leur na
tionalité, ni celle de leurs limites, ni celles de leurs pêcheries ; dans les instructions données à ces commissaires par lé président Madison, il leur est expressément défendu de laisser discuter le droit des Américains à ces pêcheries ; et, si on insistait pour ouvrir cette dis
cussion, les commissaires devaient rompre leurs négociations. En effet, dans le traité de Gand, il n’apparait aucune convention nou
velle sur ce sujet. Cependant les gouvernements coloniaux anglais prétendaient quo les Américains avaient perdu la faculté de pêcher dans les baies, et, en 1815, ils défendirent aux bâtiments pêcheurs d’approcher à plus de 60 milles de leurs côtes. Pendant trois ans, les vaisseaux de la marine anglaise saisirent les bâtiments trouvés
en dedans de cette limite. U devint alors nécessaire de définir les (trois des Etats-Unis, et on crut y pourvoir suffisamment parla convention de 1818.
- Aujourd’hui l’on reconnaît que ie premier article de ce traité a été mal rédigé, et M. Webster, dans son manifeste récent, signale l’inadvertance des commissaires rédacteurs, et prétend que l’interprétation rigoureuse de cet article ne s’accorde pas avec les inten
tions des parties contractantes. La première partie est claire, elle
fixe les limites dans lesquelles les citoyens des Etats-Unis pourront pêcher en concurrence avec les sujets anglais, et leur concède le droit de faire sécher et de préparer leur poisson sur les rives inhabitées, droit quo ne leur donnait pas le traité de 1783. La conserva
tion du droit de pêcher très-près des côtes du Labrador était une
question d’une grande importance, car dans ces parages on pêche dans de petits canots le long des rives, cè qui n’a pas lieu sur lès autres pêcheries où le poisson se tient le plus éloigné de la terre.
Le Labrador étant à une plus grande distancé des ports des Etats-Unis que les autres pêcheries, il était aussi important de con
server le droit de sécher le poisson sur ses rives. Ces droits, ainsi énoncés, ne sont pas contestés aujourd’hui. Mais les renonciations faites par les Etats-Unis dans la seconde partie de l’art 1« du traité de 1818 ne sont point aussi clairement définies. En voici le texte :
‹‹Les Etats-Unis renoncent, pour toujours, a toute faculté dont leurs habitants ontpu jouir jusqu’à ce jour, ou a laquelle ils auraient élevé leurs prétentions, de prendre, de sécher et de préparer je poisson aune distance de 3 milles des côtes, baies, criques ou ports des possessions de Sa Majesté Britannique, uou compris dans une désignation spéciale. »
Cette limite de trois milles doit-elle partir de la côte même des haies, ports, etc. ? Cela a toujours été l’opinion du gouvernement des Etats-Unis et des pêcheurs américains,_ qui, depuis 1818, c’està-dire pendant trente-quatre ans, ont jeté l’ancre dans l’intérieur des baies Sans être inquiétés, pourvu qu’fis ne se trouvassent pas à une distance de moins de trois milles de la côte même. En 1841, les colons anglais de la Nouvelle-Ecosse se montraient peu satisfaits de cette interprétation du traité, et le législateur de cette colonie demanda l’avis du procureur général et de l’avocat général d’Angle
terre. Les conclusions de ces magistrats de la couronne furent qu’il fallait tirer une ligne des points extrêmes des côtes ou de l’entrée des haies et des ports, et faire partir dé cette délimitation tes trois milles dont l’accès était interdit aux pêcheurs américains. Cette interprétation des termes du traité équivalait à l’expiilsion des bâti
ments de toutes les baies, et comme fi y en a de très-vastes sur les côtes en question, cette exclusion constituait, pour les Etats-Unis, la perte absolue des pêcheries qu’ils avaient si énergiquement défen
dues. Tel était le point délicat qui divisait les deux nations, et, jusqu’à ce jour, l Angleterre n’avait rien fait pour soutenir sérieusement les prétentions de sés colons contre les pêcheurs américains.
Aujourd’hui le gouvernement de lord Derby parait disposé à se montrer plus favorable à leurs vœux, et la circulaire adressée lé 26 mai dernier aux gouverneurs de l’Amérique du Nord par le se
crétaire d’Etat pour les colonies anglaises leur promet l’appui qu’ils sollicitent depuis si longtemps.
D’un autre côté, M. Webster, par sa circulaire, prévient les pêcheurs du danger qui les menace, elles assure que le gouvernement s’occupera de cette affaire sans aucun délai.— On comprendra toute l importance de ce conflit, quand nous aurons ajouté que plus de deux mille vaisseaux sont équipés en ce moment pour la pêche de la morne, et que trente mille jeunes matelots, formant la pépinière de la marine des Etats-Unis, sont prêts à s’ëmbarquer pour la campagne d’automne, dans laquelle un capital de 80 millions de francs est engagé. Aussi, dans la séance du sénat île Washington, le 23 juillet, le président de la commission des affaires étrangères,
en exprimant le vœu que toutes les pièces relatives aux négociations avec l’Angleterre, au sujet des pêcheries sur les côtes des posses
sions britanniques, fussent communiqués au sériât, a-t-il demandé que le président des Etats-Unis envoyât immédiatement toutes les forces disponibles de la marine pour protéger les pêcheurs américains. — Les forces expédiées d’Angleterre pour surveiller les bâti
ments des pêcheurs américains se composent de dix-neuf vaisseaux de guerre, armés de cent trente canons.
U est à remarquer que le gouvernement anglais n’a donné aucun ordre pour imposer des limites au parcours des bâtiments de pêche français qui se trouvent sur les passages des Etats-Unis. Tels sont les faits qui causent eu ce moment une vive émotion dans toute l’A­ mérique du Nord.


Courrier de Paris.


Vous allez dire que poire principale nouvelle est encore une annonce : il faut bien cependant courir au plus pressé,
la fête du 15 août. Le programme en est magnifique, et l’on vous promet du neuf e.n fait de pyrotechnie. Je vous jure,
disent les inities, que l’art de jeter de la poudre aux yeux n’aura jamais été plus loin. Mais Paris est absent, Paris court les champs et bat la campagne : la belle objection ! eh bien, Paris reviendra tout exprès des eaux pour voir le feu d’artifice; il y a plus, les étrangers ont pris les devants pour montrer lé bon exemple à la foule des absents, et le Constitutionnel, qui dans ces grandes circonstances se fait volontiers le moniteur des hôtels garnis, parle avec bonheur de leur encombrement ; vous verrez qu’on aura refusé du monde. La revue, le banquet, le concert, les mâts de coca
gne et les illuminations, c’est peut-être un peu trop de plaisirs pour un seul jour, et déjeà les difficiles et les délicats s’en effarouchent. La remise des aigles à la garde nationale, voilà l’épisode le plus imposant de la fête, de même que le bal des daines de la Halle en sera l’intermède le plus curieux. Ces dames veulent rivaliser de luxe et de magnifi
cence, et l’on aura lieu de s’étonner, dit-on, de l’incroyable quantité de diamants que contient le carré des Innocents.
Au Palais-Royal, les commerçants de l’endroit ont eu l’intention d inaugurer à leur tour le buste du Prince-Pre
sident, sous cette enseigne qui a paru singulière (par son orthographe) : Fête naiionnale. « Bah! s’écriait un de ces honorables industriels que l’on chicanait sur le détail, une lettre de plus ou de moins, peu importe, et d’ailleurs on ne saurait trop prodiguer les N clans ce beau jour. »
On conte trois historiettes ministérielles qui n’ont rien de politicjue, comme vous allez voir. La première, c’est que
le directeur du Théâtre-Français ayant fait connaître au ministre de l’intérieur l’existencë d’un descendant direct de Pierre Corneille, M. de Persigny aurait sollicité et obtenu pour ce rejeton septuagénaire du poète une pension de deux mille francs. Sans suspecter la notoriété du fait, re
marquons cependant que voilà bien le dixième descendant du grand Corneille qui se fait connaître au public. D’un autre côté on nous signale l’existence d’une petite-fille de Racine, Mlle d’illiers des Radrels, et nous croyons savoir pertinemment que la propre fille de Sedaine vit encore,
toutes les deux également dignes de l’intérêt public, à ce point que ni l’une ni l’autre n’est assez riche pour aller voir jouer quelque chef-d’œuvre de leur aïeul.
L’Académie française avait mis au concours VEloge de l éloquence parlementaire, lorsque le veto du ministre de l’instruction publique est survenu. C’était au moment où le Moniteur publiait les noms des rappelés, si bien que plu
sieurs des quarante ne purent s’empêcher de dire : « Il paraît que les revenants lui font peur. »
Chez un autre ministre on a signalé la présence d’un phénomène : il s’agit d’un brave Picard que l’excellence a fait
venir d’Amiens pour être suisse... de son hôtel. Ce géant, d’une hauteur de sept pieds sur six de circonférence, pèse cinq cenls livres. On l’a planté à l’une des portes du Trésor comme l’emblème vivant de tous les budgets.
Cartouche n’est pas mort, puisqu on l’a rencontré cette, semaine sur la route de Strasbourg en sacripant et aux por
tes de Paris sous le costume d’un marchand forain, c’est-à- dire que les voleurs de grands chemins ont reparu. Cepen
dant, à Paris même, en plein jour, un misérable vient de jouer Othello avec une audace incroyable. Ceci est une al
lusion très-transparente au meurtre de la rue Vivienne. Au lieu de s’être fait justice, le coupable a pris la fuite et cour) encore, poursuivi par la police au pied boiteux.
Ailleurs, c’est-à-dire au Bourget, près Paris, on croit être sur la voie d un crime commis jadis clans une auberge de l’endroit, et dont un épisode encore mal éclairci rappelle certaines combinaisons diaboliques de mélodrame. En démolissant la muraille de cette auberge, abandonnée main
tenant, on aurait trouvé lin squelette humain parfaitement conservé. C’est encore pour distraire un peu ses lecteurs désœuvrés que la presse quotidienne a enjolivé, un incendie sans conséquence de la mise en scène que voici : Imaginez le feu éclatant dans une chambre quelconque, et au même instant des figures apparaissent à des vitrines du voisinage. Ici une soubrette en son déshabillé galant; ià-bas une ingé
nue encore plus légèrement vêtue ; puis un cyclope ouvrant son gros œil effaré à côté d’une néréide qui semble s’échapper des flots, tout cela couvert de rouge et de mouches, les sourcils peints, la chevelure poudrée et invraisemblable. Cependant un pompier a pénétré résolument dans la chambre incendiée où le l eu s’est éteint, et alors retentit un violent coup de sonnette qui a fait disparaître ces étranges vi
sages comme des ombres chinoises dans l’obscurité d’une lanterne magique. Qui n’a reconnu là les Néréides et les Çydopes du Vaudeville que la cloche du théâtre- avertit d’entrer en scène?
A cette fantasmagorie puérile on peut opposer, en matière de contraste, l’incendie de Monréal. Huit cents mai
sons dévorées en un ciin d’œil et une ville tout entière, flambant comme paille, quelle catastrophe ! et quelle pitié de songer à la peine infructueuse qu’on se donne si souvent pour faire prendre une allumette.
Au Théâtre-Français, voici une nouvelle comédie en forme d’antithèse, très-vertement rimée, par M.*Méry. La pièce est intitulée : le Sage et le Fou, c’est-à-dire que c’est le, sage qui est le fou, et vice versa. L’auteur a donné
trop de preuves brillantes de son humeur paradoxale pour qu’il soit possible de s’y tromper. A vrai dire, de la folie,
de Léon et de la sagesse de Maurice on donnerait peu de chose : l’une et l’autre se valent. Pendant que Maurice se donnait volontairement une chaîne impossible à rompre, comme dans la pièce de ce nom, Léon vivait au souffle de sa fantaisie, courant les aventures et les maîtresses, de sorte que si vous demandez à celte sagesse à l’envers ce qu’elle fait en ce monde, elle vous répondra ;
........................Je ne fais rien, j’existe.
Moi seul je reste gai dans ce siècle si triste ; Je cultive les jours, j’effeuille les instants;
Je suisjeune depuis... que je n’ai plus vingt ans,
Pas de charmants secrets que ma pudeur doit taire. Je chasse de chez moi l’ennui célibataire.
.Te m instruis au métier du mariage, mais


Pour m’instruire longtemps je n’épouse jamais.


Enfin, si vous voulez lire au fond de mon âme,
.Je suis né trop jaloux pour n aimer qu’une femme. Dans Paris, mon amour éparpille un sérail ;
Les sultans l’ont en·gros, je les cueille en détail. Sous la sérénité de l’azur qui m’abrite J’ai tissé l’édredon soyeux au sybarite ;


Et si mes voluptés trouvent une douleur,


C’est le pli d’une gaze ou le pli d’une fleur.
De cette étrange sagesse, qui ressemble, tant à l’égoïsme du libertin, la conséquence est facile à tirer. Ce vaste cœur,
ouvert à tous les caprices, est resté fermé à un seul amour véritable. N’en déplaise à M. Léon l’enjôleur, il est destiné à vieillir dans les bas-fonds de l’indifférence. La folie de ce sage à la façon de M. Mëry, c,’est qu’il se persuade qu’en
amour vouloir c’est pouvoir, lorsqu’au contraire l’amour est un don du bienfaiteur invisible, et qu’on le subit comme, une destinée. La folie de Maurice est peut-être plus excu
sable, bien qu’il n’en fasse pas autant d’étalage, à beaucoup près. Son âme faible a compté sans son hôte, l’ambition. Il a contracté un lien qu’il regardait comme aléatoire en ai
mant une femme mariée et incomprise, Au bout de cinq ans d’un bonheur orageux, Maurice voudrait terminer brusquement le roman au profit de l’histoire et chercher sa réhabilitation (quel blasphème 1) dans un mariage de convenancè. M “ Clémence est riche ; les temps sont venus de la demander en mariage, en considération de sa dot, voilà tout. « Ah ! les hommes ! » s’écrie la Didon abandonnée,
Les femmes ont leur cœur, les hommes leur carrière.
Mais Didon n’en démord pas, elle tient à l’amant qui lui est cher en proportion de ce qu’il lui a coûté, et, à force de beaux raisonnements, elle finit par sortir victorieuse d’un combat dont la conquête, de Maurice est une seconde, fois le prix. D’ailleurs il devient un peu moins clair que le
jour que si Léon a jusqu à présent soupiré au hasard comme Joconde, c’est l’effet de l’amour sincère qu’il éprouve pour
Clémence. C’est ainsi qu’en voulant jouer avec le paradoxe, on arrive parfois à l’absurde. En deux mots, la moralité de tout, ceci est que le fou épouse la jeune fille qui lui plaît,
tandis que le sage gardera la maîtresse dont il ne se soucie guère. Maintenant supposez qu’à cette invention tirée par les cheveux Fauteur ou les auteurs aient rattaché tant bien que mal un semblant d’intrigues, un à peu près d’ac
tion, et imaginez le sort de la comédie, —· puisque comédie il y a,— si, par bonheur, elle n’eûtété écrite parM. Méry. Quel homme pour exprimer avec esprit, avec grâce, et même avec éloquence, ce qui ne vaut guère la peine d’être dit!