Au Conservatoire, où la comédie est parfois aussi bien jouée qu’au Théâtre- Français, on a beaucoup applaudi une soubrette de dix-liuit ans, Mlle Valérie, et une ingénue dans le rôle d’Agnès, MUe Dubois : deux jeunes talents en espérance, qui grandissent à bonne
école, l’école de MM. Sarnson et Beauvalet. Mais si la comédie prospère, la tragédie périclite, son masque ou sa grimace fait peur à tout le monde. Ces demoiselles surtout l’ont prise en aver
sion; de sorte que l’on peut prévoir le moment où la grande race des Iphigénie et des Aménaïde sera complètement éteinte. Il serait temps cependant de remédier à un déficit qui expose MUe Rachel à jouer toute seule.
Je quitte le Conservatoire pour la gymnastique, et nous arrivons tout
droit en Suisse à dos de vignette. La cérémonie qui figure ci-contre a eu lieu dans les derniers jours de juillet à Genève, où cinq cents jeunes gens des cantons se sont disputé les prix de la for
cené l’adresse et du courage.Cette fête de la jeunesse et de l’émulation, qui se renouvelle annuellement à chaque réunion fédérale, elle est chantée par la grosse voix du canon, et les concur
rents la terminent par un banquet où t on boit en l’honneur des triomphateurs. Une autre fois notre correspondant n’oubliera pas de nous transmettre leurs noms.
Tout le monde sait que dimanche dernier a été pour le Havre un jour mémorable. La cité industrieuse et commerçante inaugurait dans ses murs l’image de deux poètes, ses .plus glo
rieux enfants : Bernardin de Saint- Pierre et Casimir Delavigne. C’est un hommage payé à beaux deniers comp
tants par le corps municipal de la ville avec un empressement et une largesse qui l’honorent. L’Académie française lui avait dépêché deux membres de. son bureau, MM. Ancelotet Alfred de Musset; nous en dirions davantage si
les récits officiels ne simplifiaient pas notre tâche. ÜIllustration a consacré d’ailleurs une notice à ces deux célé
brités. Constatons seulement, au sujet de l’auteur de Paul et Virginie, que ses compatriotes négligèrent un peu pendant sa vie l’écrivain qu’ilsdevaient si bien glorifier.
Il n est pas moins certain que Bernardin, retiré dans sa petite maison d’Essonne, où il mourut, ne leur par
donna pas cet oubli; aussi, vers 1812, un Havrais, écrivain lui-même, ayant visité le vieillard, en reçut un accueil
très-froid qui le surprit; c’est en vain qu’il se confondait en protestations d’admiration et de respect au nom de ses compatriotes, dont il se disait 1 interprète; son éloquence, loin de per
suader cette âme aigrie, lui arracha celte explosion : « Vous aurez beau vanter les sentiments de mes compa
triotes à mon égard, il n’en est pas moins vrai que j’ai reçu de toutes les parties du monde les témoignages d’intérêt que voici (et il montrait au visi
teur un volumineux paquet), et pas une seule de ces lettres n’est datée du Havre et ne porte la signature de quelqu’un de ses habitants.
Les journaux ont annoncé que M. Camille Lndvocat, admis auprès du Prince Président de la République , lui avait présenté un divan-jardinière
dont le modèle, exposé l’hiver dernier dans les magasins de Thomire, fit l’ad
miration des artistes et des gens du monde.
Ce magnifique meuble, dont nous offrons le dessin à nos lecteurs, figure maintenant au palais de Saint-Cloud, dans le salon de Mars, Au moyen d’in
génieuses combinaisons, il forme à la fois un divan, une table d’ébène et marqueterie, line double jardinière et un candélabre à douze branches, le tout exécuté en bronze, d’après les dessins de l’inventeur, dans les ate
liers de Thomire ; c’est M. Sallandrouze qui a composé les tapisseries.
Cette même jardinière, exécutée pour le palais de Madrid, avait été présentée par l’auteur à la reine d’Espagne, et c’est après avoir vu l’exem
plaire destiné à S. M. Catholique que le Prince-Président a fait une semblable commande à M. Ladvocat.
Aux félicitations si bien méritées que l’habile inventeur a reçues des illustres acquéreurs, il faut ajouter l’écla
tant suffrage que lui a donné M. Char
les Dupin, parlant au nom de la Société française à l’exposition de Londres. « Une pareille œuvre, a-t-il dit, qu’on eût vainement cherchée à l’exposition universelle, figurant au milieu des plus beaux palais de France et d’Espagne, y soutiendra dignement la renommée et la prééminence de notre industrie


ationale. »


Dans la prévision d’un succès que tout légitime jusqu’à présent, M. Ca
mille Ladvocat, convaincu d’ailleurs qu’il existe encore plus de voleurs d’i­
dées que de voleurs de mouchoirs, vient de prendre un brevet d’invention. Philippe Busoni.
Divan-jardinière composé par M Camille Ladvocat, exécuté par M. Thomire pour les bronzes, et par M. Sallandrouze pour la tapisserie, pour le Prince Président de la République, au palais de Saint-Cloud. — Dessin de Renard; gravure de Lavieille.