à quatre chevaux, et escorté par un détachement de lanciers. Un pavillon en velours rouge, sur la terrasse du mi
nistère, avait été préparé pour lui. C’est de là qu’à neuf heures précises il a donné le signal du feu d’artifice, en présence de la foule immense qui remplissait la place de la Concorde. »
Disons maintenant que l’autorité avait arrêté les dispositions les plus louables afin de prévenir les accidents : cela
Consiste surtout à mettre son monde entre deux feux d’artifices, à tenter une diversion qui prévienne l’encombrement,
in brûlant simultanément de la poudre aux deux extrémités le la ville, à la barrière du trône en même temps qu’aux Champs-Elysées ; mais, pour le Parisien, il n’y a qu’un feu d’arfifice, c’est celui de la place de la Concorde ; le Parisien n’en ;onnaît pas d’autre. De là le concours immense que vous savez. Au jour de ces solennités, et nous y sommes, une véri
table marée humaine monte de tous les quartiers jusqu’à l’Obélisque, un spectateur rive 1 autre, et l’on ne bouge plus, jusqu’au moment où, le spectacle tirant à sa lin, il s’agit,, pour cette multitude, d’effectuer sa retraite, qui se change bientôt en débâcle ; mais c’est la fête et non pas ses accidents qu’il s’agit ici de raconter. Suivant des cal
culs peut-être exagérés, le feu d’artifice du 15 août a été tiré devant un million de curieux. Le bulletin en restera
comme celui d’une bataille, et par conséquent d’une victoire. L’action s’annonce par un roulement de tambour au pied du Saint-Bernard, que l’armée française s’apprête à franchir. Accueillie dans sa marche impétueuse par le feu d’un fort occupé par les Autrichiens, et qui protège une sortie de l’ennemi, elle se lance à sa rencontre, et le ra
mène dans la place, l’épée dans les reins (applaudissements universels). Le fort envahi, les Autrichiens y mettent le
feu (profond silence) ; une immense pluie de feu couvre ia monlagne, tandis que les Français, enfin victorieux, se dirigent, musique en tête, vers l’hospice (mouvement d’at
tention). Tout à coup Bonaparte, premier consul, apparaît dans son costume historique, calme sur un cheval fougueux,
comme dans le tableau de David, et caracolant sur la boule du monde, au milieu d’un déluge de’feux de Bengale. La décoration du fort de Bar, au pied du mont Saint-Bernard,
a été illuminée en to
talité, et les soldats ont pu simuler le pas
sage au pied de ce fort ; mais le simulacre du passage du mont Saint- Bernard au milieu de la neige n’a pu être effectué. On a pu seulement apercevoir la statue équestre de l’empe
reur au-dessus de la charpente et se déta
chant au milieu de nuages de fumée. Ce mimodrame pyrotecli ni
que a duré une demiheure, et coûté, dit-on, deux cent mille francs ; il a obtenu un succès d’enthousiasme. — M.
Buggieri est un homme de génie, qui s’entend à brûler de la poudre aussi bien que Napoléon.
Une remarque peutêtre futile, c’est qu’en considération de cette pyrotechnie, des étrangers du voisinage au
raient non pas loué des fenêtres, mais loué
leurs fenêtres, — ce qui est bien différent, — à des Parisiens qui se sont empressés de les payer comme de vrais Anglais.
Cilons maintenant un trait d’humanité qui honore notre temps et que nous empruntons à M. Communi
qué. Si le baldumarché des Innocents a été a- journé, c’est que l’ou


ragan avait arraché la


grande toile qui tient lieu de toiture à la salle, et qu’il eût été impos
sible de replacer sans exposer la vie des ou
vriers. Eh quoi! disait à l’un de ces braves gens un dignitaire de sacristie, vous travaillez aujourd’hui diman
che, au lieu de vous a- muser? « Pardon, monsieur, répondit le pauvre homme, je m’amuse... à gagner ma vie. »
A propos de ce fameux bal, la police aurait fait saisir des bil
lets d’entrée qui se vendaient publiquement
chez un boutiquier delà rue Montorgueil, sous cette étiquette : « Prix : cent francs ; on fournira le costume. »
Le fait est que le bal n’a pas tenu tout ce
qu’il promettait ; il faut peut-être encore s’en prendre à l’orage qui
a éclaté mardi soir entre neuf et dix heu
res. Le tonnerre et la pluie ont dû retenir une partie du beau monde ; sans cela, on
se fût étouffé dans la salle. On n’est jamais complètement heureux.
Enfin les chercheurs de trouvailles inutiles ont constaté que dans cette semaine deux mille couples et plus avaient reçu la bénédiction nuptiale·; la plupart étaient des soumissionnaires de la dot de trois mille francs dont l’Etat a gratifié vingt-huit de ces conjoints. Parmi les aspirants, on constate un centenaire qui s’engageait à faire le bonheur d’une femme de son âge; seulement, les Philémon de nos jours n’épousent plus Baucis uniquement pour ses beaux yeux, et il paraît qu’il leur faut une dot.
Philippe Busoni.
F ê t e d u
1 5 a o û t
18 5 2 .

Le p a s s a g e d u
m o n t
S a i n t -
B e r n a r d .

D é c o r a t i o n p y r o t e c h n i q u e .

D e s s i n d e
P r o v o s t ;
g r a v u r e
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B e st , H o t e l i n
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C
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