le protectorat. U multitude de statues trouvées dans ce seul monument enfoui au-dessous dePorticiadonnélieu de penser qu’il s’y faisait une exposition d’objets d’art quand arriva son ensevelissement. Loin de Y.Aristide, du Faune dansant, de YHerade l·amène, de la Flore et de la enu.s
Cal i/iyge elle-même, on a formé à l’écart un menée érotique. En 1850, les scellés étaient encore sur la porle où ils avaient été apposés lors du voyage du pape à Naples. Quant à la Dci iaê du Titien, c est moins par pudeur qu’on l’a re
léguée dans un cabinet isolé que pour fournir aux gardiens des salles une occasion fructueuse d’ouvrir une porte mal défendue. /V la vérité, il n’en coûte pas une pluie d’or
comme à Jupiter pour exercer ici la séduction; on en est quitte pour un ou deux carlini. La galerie des tableaux est si mal rangée que la notice détaillée que Al. A iardot lui con
sacre est un véritable fil d’Ariane pour se reconnaître dans
ce labyrinthe. Il complète sa tournée d’art par la visite de quelques églises, et particulièrement par celle du couvent de San-AIartino, riche des peintures de Uibera, Giordano, etc.
A Venise, les églises sont nombreuses et riches en objets d’art. Saint-Alarc, avec ses mosaïques byzantines et des frères Zuccati, mérite une mention à part . Saint-Jean et Saint-Paul est une sorte de petit musée, dont le morceau capital est un chef-d’œuvre du Titien : le meurtre de saint Pierre, dominicain. La confrérie de Saint lioch se recommande par les peintures de Tintoret. Seize églises sont suc
cessivement visitées par M. Viardot, ainsi que le Palais ducal, ou brillent principalement t intoret et Veronôse. Viennent ensuite les galeries particulières des palais Alanfrin, Barbarigo, Capovilla. On est déjà familiarisé avec la plupart des peintres de l’école vénitienne quand on aborde le musée public : l’Académie des beaux-arts. Au milieu des œuvres des Bellini, des Giorgion, des A eronôse, etc..., deux chefsd oeuvre hors ligne sont placés en regard d’un bouta l’autre de la galerie : Γ tssomntion de Titien et le Mira cl· de saint Marc de Tintoret, que Al. Viardot appelle spirituel
lement « Le miracle de Tintoret. » L’auteur des Mimées conteste à VAssomption le titre du chef-d’œuvre du Titien qu’on lui donne, en Italie surtout; il croit devoir placer avant la grande Cène de Madrid.
Tel est le vaste tableau tracé par M. Viardot dans ses Musées d’Italie. Malgré les répétitions inévitables des des
criptions, ce volume se lit avec intérêt, et l’on regrette les quelques lacunes qu’il a été forcé d’y laisser. On voudrait encore l’avoir pour guide pour étudier Ciotto à Assise, Pinturicchlo et Sodoma à Sienne, Orgagna et Benozzo- Gozzoli au Campo-Santo de Dise, Jules Romain à Man loue, et pour se diriger dans les galeries particulières de Gênes et dans la Heale-Galleria de Turin, musée d’une impor
tance secondaire et mal tenu, où le mystagogue, le savant démonstrateur du lieu, nous présentait, il y a deux ans, un Demarne sous le nom emphatiquement prononcé de Der- Marner. Alalgré ces lacunes, les Musées (FItalie restent le livre le plus complet, le plus commode et le plus utile, publié en France sur le sujet.
Les AIusées d’Espagxe ne sont pas seulement, comme les AIesées d’Italie, un livre utile , c’est en même temps un livre nouveau. AI. Viardot est ici pour la France un véritable initiateur. Depuis longtemps l’Italie est visitée, étu
diée et décrite, tandis que l’Espagne, attenante à la France, nous restait inconnue. Elle est loin cependant d’être indif
férente au point de vue de l’art. « Le musée de Madrid est le plus riche du monde. » fi est moderne d’ailleurs. Il s’ouvrit le 1 février, en 1819, et ne contenait que 311 ta
bleaux ; il en compte aujourd’hui plus de 2,000. Si l’on s’étonnait de cette richesse, qu’on se rappelle que, pendant tout le temps qui s’écoule « depuis les débuts de Raphaël et d’Albert Durer jusqu’aux derniers disciples des Carrachés et de Rubens, l’Espagne fut maîtresse des Flandres et presque de l’Italie enlière. Sous Charles-Quint et sous Phi
lippe 11, il ne se faisait pas une grande œuvre dans l’ftalie ou dans les Flandres qu’elle ne fût offerte, avant tout autre, au roi d’Espagne. » Le musée de Madrid est formé des peintures dispersées jusque-là dans les diverses résidences royales, et surtout par celles du monastère de l’Escuriai, qui y ont été réunies en 1841. « Depuis trois siècles, il cachait au fond de ses cloîtres déserts, qu’entoure une profonde solitude, de merveilleux ouvrages, des toiles fameu
ses de Léonard, de Raphaël, de Corrige, de Titien. » Du reste, on chercherait vainement dans le musée de Madrid les peintres primitifs de l’Italie, de l’Allemagne et de la Flandre. « Inférieur sous le point de vue purement historique à la galerie du Louvre ou à celle «//’ UJ /izi de Florence, le musée de Madrid n’est, en définitive, dit M. Viar
dot, qu’un cabinet d’amateur. Seulement c’est un cabinet d’amateur formé par deux races de rois. »
Malgré l’intérêt du sujet, nous ne pouvons ici donner une analyse étendue, comme nous l’avons fait pour l’Italie,
mieux connue. Tous ne résistons cependant pas à la tertation de citer quelques chefs-d’œuvre choisis parmi les au
tres : de L. de Vinci : un portrait de Joconde, beau comme celui du Louvre et mieux conservé, et, en pendant, un ad
mirable portrait par Andrea del Sarto de, son infidèle Lu’crezia Fede, type de servierges; de Raphaël : la / ierçje à la perte, la / ierge au poisson, que M. Viardot pro


clame la première des vierges glorieuses; enfin le porte


ment de croix, le spasimo, qui, suivant lui, peut disputer à la Transfiguration le trône de l’art. « Titien semble avoir légué à ΓEspagne ses plus nombreuses et la meil
leure part de ses œuvres immenses. « Nous ne suivrons pas M. Viardot dans son examen des écoles étrangères et des écoles nationales de Tolède, de. Valence, de Séville, de Ma


drid; nous signalerons toutefois une bonne appréciation


de Velasquez et de son tableau des Buveurs. Le peintre Wilkie, venu de Londres tout exprès pour étudier Velas
quez, se borna à cette peinture : chaque jour il venait au Musée, s’établissait devant son cadre chéri, et passait trois heures dans une silencieuse extase. Murillo a 45 tableaux au Al usée de Madrid. Ce n’est pas là toutefois que sont ses grands chefs-d’œuvre : ils sont dispersés à Γ Académie de Madrid, à Séville et en Angleterre. Tous ceux qui les ont vus savent très-bien que la Conception de ta t i rge, que nous avons consenti à payer six cent mille francs à la vente du maréchal Soult, n’avait pas le droit de figurer dans ce nombre, même si c’était une pe nture bien conservée, au lieu d’être un tableau désaccordé, usé et repeint, comme il l’est malheureusement.
C’est à la petite galerie de l’Académie de Madrid, qui compte à peine vingt tableaux, qu’il faut aller admirer les chefs-d’œuvre de Murillo, et celui qu’on s’accorde à pro
clamer le premier de tous : Sainte Elisabeth de Hong de lavant des teigneux dans un hôpital. — Enfin M. Viardot
décrit le Musée national, le musée de la nation, tandis que le grand musée de Madrid est la propriété de. la couronne. Ce musée, plus important par le nombre que par la qua
lité des tableaux, et qui n a de valeur que. par les peintures provenant de la galerie confisquée de l’infant don Sébas
tien, a été ouvert le 2 mai 1842. — Un dernier chapitre est consacré à V Alunirà de Grenade. — Le volume, est terminé par les Notices biographiques sur les principaux peintres de F Espagne. Celte addition importante à la nouvelle édi
tion vient utilement compléter les notions réunies dans ce volume sur Fart espagnol, et particulièrement celles con
tenues dans l’introduction historique en tête de l’ouvrage, et qui est également une addition nouvelle. Dans la pre
mière édition, les musées d’Espagne étaient confondus en un même volume avec ceux d’Angleterre et de Belgique ; dans celle-ci, ils forment seuls un volume à part.
Dans un second article, nous rendrons compte des deux derniers volumes que publie en ce moment Al. Viardot.
A.-J. Du Pays.


Chronique musicale.


L’Opéra-Comique a donné, la semaine dernière, une nouvelle pièce en un acte, dont les paroles sont de M. de Planard, et la musique de AI. J. Cadaux. Elle est intitulée les Deux Jaket.
Ces deux Jaket étaient, avant de s’embarquer pour un long voyage, les amoureux de Marguerite et d’une autre jeune fille qui est devenue M“° Plimann. Elle est devenue M™ Plimann, en toute sincérité, en tout bien tout hon
neur, parce que son Jaket à elle est. mort en pays lointain :
c’est la gazette qui l’a dit. Et comme il n’est guère plus question du Jaket de Marguerite, pas plus que s’il n’élait plus de ce monde, celle-ci va faire comme a fait son amie, se marier, non pas à un brave et honnête garçon pareil à Plimann, mais à un vieux veuf, nommé Vanderscheniok, per
sonnage grotesque, esprit fort à l’endroit des inconvénients du mariage, qu’il connaît par expérience et qu’il ne craint pas d’affronter de nouveau, tant, il est épris fie Marguerite. Survient un bonhomme en cheveux gris et lunettes vertes ;
allures desavant; il dit qu’il est botaniste et magicien. Al. et AI *· Plimann lui font bon accueil, et, tandis que Forage gronde au dehors, lui offrent un bon souper «etsurtout» un bon lit. Profitant d’un moment favorable le voyageur re
lève ses lunettes. Ah ! ciel ! s’écrie M“* Plimann : elle Vient de découvrir que c’est lui. Lui! qui?... Ah ! voilà la malice.
Vraisemblablement sous cette perruque mal peignée et celle longue lévite peu élégante il y a un bel et bon Jaket. L’in
vention de M. de Planard consiste à laisser croire à tout le monde que c’est le Jaket à AP1 Plimann ; ce qui donne lieu à 1 expansion des théories philosophiques de Vandérschenick, et aussi à un éclat de jalousie terrible, mais pleine de délicatesse, du brave Plimann. Après quoi, il se trouve que C’était le Jaket à Marguerite, et non pas l’autre; son en
tretien mystérieux avec M”0 Plimann n’était que pour hâter son mariage avec sa bien-aimée, près de lui être enlevée par Vandersclienick, et qu’il lui enlève à son tour, à l’instant même de la célébration de I’hyinénée. Tout l’imbroglio vient de ce que la gazette avait donné un faux renseigne
ment, imprimé un prénom pour un autre. La scène se passe en Hollande. C’est donc la gazette de Hollande qui est cou
pable de tout cela. C’est cette même gazette de Hollande que Rameau se vantait de mettre en musique pour peu qu’on le pressât. M. Justin Cadaux, n’ayant pas le choix, a pensé sans doute comme Rameau, qu’on pouvait mettre en musique n’importe quoi ; el en effet, il a composé de la mu
sique, qui n’est pas sans mérite, tant s’en faut, sur un sujet le moins musical du monde : il y a dans cela une sorte de tour de force, habilement exécuté, qui a droit à nos éloges, et qui prouve d’ailleurs que, plus heureusement servi par son poète, AI. J. Cadaux est fort en état d’écrire d’excel
lentes partitions pour le théâtre. Partout où il a trouvé moyen de montrer qu’il avait outre le talent, tout l’esprit
nécessaire, il ne s’en est pas fait faute, et il a réussi : par exemple dans l air d’entrée du prétendu savant : Je ne veux poim a mon hôtesse donner de peine et d’embarras ; il y
a dans ce morceau une pointe de fine gaieté tout à fait française, comme nos bons anciens maîtres en avaient fré
quemment, comme nos bons compositeurs actuels en savent trouver encore ; car, modestie à part, des différentes écoles de musique qu’on distinguait autrefois, et qui par malheur tendent de plus en plus à s’effacer, l’école française est celle qui conserve le mieux sa physionomie. C’est peut-être à cette cause qu’il faut attribuer le succès qui accueille partout pays les bons ouvrages de notre répertoire, lesquels sont, au demeurant, en assez grand nombre. Et par Peffet d’un amour-propre national que nous ne cherchons pas à dissi
muler, au contraire, nous nous sentons naturellement portés à dire du bien de tout ouvrage lyrique où nous rencontrons quelques-unes des qualités caractéristiques de notre école.
De même nous applaudirions avec transport s’il nous venait un nouveau Ereyschû/z d’Allemagne, èt d’Italie un autre Harbïere di Sii ig/ia. Pour en revenir à la nouvelle opé
rette de M. J. Cadaux, à l’exception de l’air que nous avons cité et d’un chœur de charivari fait avec talent, il n’y a que des romances, couplets, chansonnettes, toutes petites choses très-gentilles assurémènt, mais que le compo
siteur a dû écrire, en se disant : Le moindre duo ou trio se
rait bien mieux mon affaire. Aussi, dès qu’il a pu mettre trois voix ensemble, ne fût-ce qu’un instant, à la fin des couplets chantés par Plimann : Le flot el le virage, comme il s’est hâté d’en profiter ! et comme il a du trouver cela court! Dans la romance que chante Plimann lorsqu’il se croit obligé de se séparer de sa femme, il y a un sentiment mélodique d’une délicieuse expression. Enfin dans les Deux Jaket ainsi que dans le; Deux Gentilshommfs, M. J. Cadaux a réellement prouvé qu’il était un compositeur d’o­
péra comique distingué.. 11 est bien regrettable pour lui et pour le public que ces deux ouvrages ne soient venus qu’à huit ans de distance l’un de. l autre. Deux actes en huit années ! Il y a pourtant des gens qui disent : la carrière de com
positeur. Est-ce bien là une carrière? ·— /es Deux Jaket sont très-gentiment joués par AL Ricquier, l’excellent comique, Al. et M”· Meillet, Al1 Dêcroix et Af. Carvalho.
Nous inscrivons comme souvenir de la grande fête du 15 août les représentations gratis qui ont été données samedi,
par ordre, au Grand-Opéra et à l’Opéra-Comique. Depuis 1836, semblables divertissements n’avaient pas été offerts à la multitude; car les représentations que le gouvernement provisoire avait voulu organiser, après la révolution de fé
vrier, au Théâtre-Français el à l’Opéra, n’étaient pas tout à fait pareilles à celles-ci : on y était bien admis sans payer, mais par invitation ; selon l’esprit d’alors, on avait voulu mettre un peu d’ordre dans le désordre qui d’ordinaire régnait en ces réjouissances. L idée pouvait être bonne, mais elle fut mal appliquée et ne réussit pas. On en est revenu à l’ancien système, qui est peut-être, en définitive, le meil
leur, malgré les omelettes fantastiques qu’on a vu quelque
fois voltiger en l’air et retomber sur quelque patient de la queue, à la grande hilarité de tous les autres. Ce ne sont là, après tout, que les bagatelles de la porte; et une fois dedans, cette fouie, deux fois plus nombreuse, sinon da
vantage, que le vaisseau ne la peut contenir, s’y lient tout aussi respectueusement que les meilleurs dilettantes, avec toutes leurs aises; souvent même ses jugements sont plus justement portés, et donnent fort bonne opinion de. son
goût. Le menu de la représentation du Grand-Opéra, cette fois, était : ta Favorite et le ballet du Diable à g notre ; à l’Opéra-Comique, on a donné Giralda et Bonsoir, monsieur Pantalon. Ces plaisirs n’étaient en quelque sorte que le prélude de la journée du lendemain. La musique figurait éga
lement dans celle-ci. Sa place d honneur était à l’église de la Madeleine, où l’on a exécuté, à la cérémonie de la béné
diction des drapeaux de la garde nationale, un Kyrie, un Sanctus, un Agnws Dei, un Je Deum et un Domine salvumfac, de la composition de AL Dietsch, maître, de cha
pelle de la Madeleine et chef des chœurs du Grand-Opéra. Les exécutants étaient très-nombreux : tout le personnel, ou à peu près, des chœurs et de l’orchestre du Grand- Opéra et de l’Opéra-Comique en faisait partie. On avait élevé, pour les contenir, un double amphithéâtre à l’en
trée de l’église, à droite el à gauche de la grande porte. Le Te Deum était !e morceau capital. Autant que nous en avons pu juger d’après une seule audition (à la répétition générale), celle œuvre est écrite avec une Imbile entente des voix et des instruments; Fon n’y peut rien trouver à reprendre sous ce rapport, à ce qu’il nous semble. Quant à son degré de mérite sous le rapport de la pensée, il la faudrait mieux connaître, l’avoir plus entendue, pour en décider.
Georges Bousquet.
Fête du l5 août.
A neuf heures, un service divin a été célébré à la Madeleine. L’intérieur de l’église avait été décoré avec pompe et disposé pour recevoir le Prince et les grands corps de l’Etat.
A l’extérieur, des guirlandes de fleurs et des tentures or et violet parsemées d’abeilles ornaient le fronton de 1 église et les colonnes principales.
A neutlieures et demie, le Prince Président de la République est arrivé, accompagné de sa maison militaire, des ministres, des généraux commandant les divisions et subdivisions de l’armée de Paris.
Son arrivée a été saluée par les cris de Cive Napoléon ! qui ont retenti jusque sous les voûtes de l’église.
La messe en musique et le Te Deum, qui ont été exécutés par les artistes de. l’Opéra, sont l’œuvre de Al. Louis Dietsch, élève de Lesueur et maître de chapelle de la Madeleine.
La cérémonie religieuse a commencé par la bénédiction des aigles. Les porte-aigle sous la conduite d’un officier d’état-major, se sont retirés après la bénédiction et sont retournés à leurs bataillons respectifs.
A onze heures moins un quart, le Prince est sorti avec le même cérémonial qu’à son entrée dans l’église; un batail
lon de gardes républicains formait la haie. Derrière étaient rangés en ligne les vieux soldats de l’Empire qu’on retrouve à toutes les solennités, et dont les vieux uniformes produisent toujours une vive impression.
La garde nationale, convoquée pour la grande revue du Président, avait été divisée en trois corps formant trois di
visions sous les ordres d’officiers supérieurs appartenant à 1’état-major général.


Des escadrons de cavalerie,intra et extra muros, étaient