L’ILLUSTRATION,
JOURNAL UNIVERSEL.
28 aout 1852.
Ab, pour Paris, 5 mois, 9 fr. — 6 mois, 18 fr. — Un an, 36 fr. Prix de chaque N°, 78 c. — La collection mensuelle, br., 5 fr.
N° 490 — Vol. XX. — Bureaux : rue Richelieu, no.
Ab. pour les dép. — 3 mois, 9 fr. — 6 mois, 18 fr. — Un an, 3Sfr. Ab. pour l’étranger, — 10 fr. — 20 fr. —-- 40 fr.
SOMMAIRE.
Funérailles de Henry Clay. —· Histoire de la semaine. — Chronique musicale. — Courrier de Paris. — Pose de la première pierre de l’aile orien
tale du palais des Etats , à Dijon. — Les musées d’Europe, par Louis Viardot. — Achèvement du Louvre. — Revue scientifique. — Le jubilé séculaire de Notre-Dame de Grâce, à Cambrai. — Les Fratelli de Garfagnana (suite). — Revue littéraire —De la télégraphie d Afrique.— Correspondance.
Gravures .· Cortège aux funérailles de Henry Clay, à New-York. — Courses d amateurs à Trouville. ·— Statue du maréchal Bugcaud, par Dumont. — Cérémonie de la pose de la première pierre du palais des Etats, à Dijon. — Etat actuel des travaux du Louvre. — Plan des nouvelles constructions. — Vue générale, à vol d oiseau, des deux palais réunis. —Bé
nédiction de la Vierge replacée sur la porte Notre-Dame, à Cambrai. — Bénédiction du haut du reposoir militaire ; dessins de Blanchard. — Un télégraphe en Algérie. — Rébus.
mairie de la grande ville impériale, et le lendemain, à trois heures, tout ce qui marque dans cette capitale, géné
raux, officiers, maires, membres du conseil municipal,
avocats, journalistes, banquiers, négociants, rentiers, tous le bras ceint d’un crêpe noir, s’assemblaient clans le Park, après avoir formé dans la ville une procession qui s’éten
dait,-dans ses nombreux méandres, sur un espace de sept
milles anglais. Cette assemblée gigantesque, composée d’environ vingt mille hommes, dont la plupart portaient des drapeaux, des bannières et des écussons, où se lisaient des inscriptions écrites en l’honneur du grand homme, marchait avec ordre, et observait un silence profond, qui n’é
tait interrompu que par le piétinement des chevaux et les sons d’une musique funèbre. Partout sur le passage de cette religieuse cérémonie, les maisons, les hôtels, les ma
gasins, les édifices publics avaient recouvert leurs murailles de vêtements de deuil, crêpes noirs qui faisaient res
sembler la ville à une veuve éplorée, belle encore malgré sa pâleur et ses larmes. La chronique américaine à laquelle nous empruntons ces détails nous assure que les mar
chands de New-York avaient vendu pour plus de 60,000 dollars (300,500 francs) de crêpe blanc et noir.
Tous les soldats du) gouvernement américain, toutes les gardes nationales, toutes ries loges des francs-maçons, les corporations, les corps constitués, avaient pris les armes ou arboré les insignes de leurs professions. Tous avaient à cœur
Funnérailles de Henry Clay.
Le dessin que nous publions ici, quoique l’envoi en ait été un peu tardif, est un hommage que nous aimons à rendre à la mémoire d’un mort illustre qui fut lin grand citoyen et le modèle des hommes d’État.
A peine le célèbre orateur dont nous avons der
nièrement esquissé la vie venait il de rendre le der
nier soupir, que le sénat et la chambre des représentants de Washington ajour
naient leurs séances, pour fendre hommage à la mé
moire de celui dont les États- Unis pleuraient la perte.
Deux jours après, son corps, embaumé, prenait la route d’Ashland, dans le Kentucky, cette habitation que Henry Clay avait ache
tée de. ses deniers, embellie avec goût, et sur laquelle, à l’avance, il avait fait tailler la pierre tumulaire qui de
vait recevoir l’enveloppe mortelle de son câme. Par
tout sur le passage de cette
dépouille illustre, suivie par le fils aîné de l’ami du peu
ple américain, à Baltimore,
à Philadelphie, dans tous les villages intermédiaires,
les habitants accouraient au devant des restes de Henry Clay, désireux de rendre une fois encore leurs de
voirs à celui qui, pendant sa vie, avait été leur père et leur bienfaiteur poliiique.
C’est à New-York, dernière étape du convoi funè
bre, que l’ovation faite au cerceuil de Henry Clay a été vraiment caractéristique. — Arrivés le 20 juillet au soir à New-York, les restes du grand homme avaient été déposés au City-Hall, la
Obsèques (le M, Henry Clay, à New-York. — Dessin de Forest, d’après M. Yan Dargent.