l’harmonieuse galerie de Henri II. Louis XIV fait prolonger par Levau, au nord, l’œuvre de Philibert Delorme, par des constructions symétriques avec celles déjà exécutées au
midi, et complète ainsi l’ensemble de ce palais. A partir de cette époque, aucun ouvrage n’esl entrepris aux Tuileries pendant près d’un siècle et demi. Des projets sans nombre et sans suite, relatifs à la question de réunion, suffisent pour occuper l’attention publique. Mais à la période révolution
naire avait succédé l’ère réparatrice, qui, en réorganisant tant dechoses, devait imprimer la trace puissante augrandœuvre.
Pendant le règne de l’empereur Napoléon, l’espace connu depuis Louis XIV sous le nom de place du Carrousel, presque entièrement débarrassé des constructions qui, après cette dernière époque, l’avaient peu à peu obstrué, avait vu s’ouvrir la cour du palais des Tuileries, puis s’élever, en 1806, sur les dessins de Percieret Fontaine, Tare qui en est l’entrée principale, et enfin l’aile nord, qui la ferme du côté de la rue de Rivoli, parallèlement à la galerie sud du Lou


vre continuée par Dupeyrac et Metezau sous le règne de Henri IV, et dont elle reproduit exactement le style.


Ces travaux, poussés avec activité suivant les intentions de l’Empereur, se rattachaient à un plan d’ensemble conçu par les deux habiles architectes que nous venons de nommer,
pour la réunion complète du palais des Tuileries avec le Louvre, alors entièrement restauré par ces artistes, qui achevaient en même temps le grand escalier du Musée.
La donnée du plan de Percier et Fontaine se compliquait de construclions assez multipliées, commandées et par les
exigences des services auxquels il s’agissait de pourvoir, et par le système adopté par ces arcbitectes pour le raccordement du Louvre et des Tuileries.
L’expérience et le talent des auteurs de ce plan, élaboré d’ailleurs et étudié à un point de vue tout à fait pratique, avait mérité à ce plan la préférence sur tous ceux qui avaient été présentés au grand concours ouvert dès les premières années de l’Empire. Ce projet est trop connu du public pour que nous en fassions ici la description. 11 suffit de rappeler qu’il était basé sur une aile transversale, partageant en deux l’espace compris entre le Louvre et les Tuileries, et destinée à masquer le défaut de parallélisme des deux édi
fices. Les autres dispositions consistaient en une cour à peu près égale à celle du Louvre, et formée par des constructions reliant l’aile transversale à ce palais. Dans ces bâti
ments, il s’agissait de placer les archives de la couronne, la bibliothèque particulière, des écuries pour deux cents chevaux et des remises pour soixante voitures. L’aile transver
sale était destinée aux fêtes publiques et aux solennités; une salle d’Opéra et une chapelle s’élevaient du côté du Palais-Royal.
Pendant la Restauration, comme sous le roi Louis-Philippe, à l’exception de quelques travaux partiels et de dé
tail, il ne fut rien entrepris de sérieux en vue delà réunion des deux palais. Sous le dernier règne seulement, quelques assises ajoutées au pavillon dit de Beauvais, qui fait face à celui de l’entrée du Musée, témoignent, sinon de l’inten
tion de reprendre l’œuvre avec suite, tout au moins de la volonté de faire disparaître l’aspect de ruine d’une construction à peine commencée à la fin de l’Empire.
Tel était l’état des choses au 24 février 1848. Dès le 24 mars de cette même année, un décret du gouvernement provisoire frappait d’expropriation les immeubles qui avaient, depuis le siècle dernier, obstrué de nouveau le Carrousel, et préparait le terrain pour une époque où le crédit raf
fermi permettrait de mettre la main à l’œuvre. Un projet de loi soumis à cet effet à l’Assemblée constituante, l’année suivante, longtemps discuté, fut comme nul et non avenu, par suite du défaut d’accord sur la destination à don
ner aux constructions. La question du raccordement des bâtiments du Louvre et des Tuileries restait donc entière,
État actuel de la place du Carrousel; vue générale des travaux pour l’achèvement du Louvre. — Dessin de Marc, d’après une épreuve photographique de M. Millet.
l’intervalle qui sépare les deux édifices était libre; la disposition de l’aile sur la rue de Rivoli, commencée sous l’Empire, commune à la plupart des projets présentés, n’impliquait pas nécessairement l’adoption d’un système cà l’exclusion de tous autres. Le champ restait donc ouvert.
Après le 2 décembre 1851, l’une des premières pensées du prince Louis-Napoléon a été de reprendre l’œuvre de la réunion du Louvre et des Tuileries au point où son oncle 1 avait laissée. Mais, cette fois, il s’agissait d’arriver à la solu
tion définilive d’une question éternellement pendante, de donner enfin satisfaction au vœu général, nous dirions presque national, dont tant d’obstacles de tous les genres avaient sans cesse ajourné la réalisation. Un décret, en date du 12 mars 1852, consacre une somme de 25 millions à l’ensemble des construclions qui doivent s’élever dans un délai (le cinq années, pourjenceindre entièrement l’espace compris entre les deux édifices et les réunir l’un à l’autre d’une manière complète.
M. Visconti, auquel, en 1849, avaient été confiées les éludes préliminaires d’un projet dans une prévision trèséventuelle, est chargé, en février 1852, de préparer des
plans définitifs clans le délai le plus rapproché. Dès les premiers jours de mai, les plans étaient déjà prêts, examinés et approuvés, l’adjudication des travaux de terrassement et de maçonnerie relatifs aux fondations avait lieu le 24 du même mois; on mettait aussitôt la main à l’œuvre, et le 25 juillet 1852 la première pierre de ce grand travail était solennellement posée. On ne saurait conduire plus rapidement un ouvrage de cette importance.
La gravure ci-contre, qui représente l’état actuel des fouilles, peut donner une idée du degré d’avancement des travaux de l’aile sur la rue de Rivoli et en retour sur la place de l’Oratoire, et fait pressentir le moment où l’éléva
tion hors de terre des premières assises de pierres va enfin clore, non plus seulement sur le papier, ce vaste périmètre, et opérer définitivement la réunion tant souhaitée des deux édifices.
La donnée du plan que nous reproduisons nous paraît remplir les principales condilions, satisfaire aux disposi
tions étaux convenances à peu près reconnues aujourd’hui, et après tant de controverses, comme les bases essentielles de tout projet.
Le défaut de parallélisme, question qui a exercé depuis le siècle dernier l’imagination d’une foule d’architectes et même d’amateurs, donné naissance à on ne sait combien de projets plus ou moins ingénieux, semble heureusement sauvé dans le système adopté. Entre les deux édifices éle
vés en l’absence de toute intention de rapport avenir, dont l’un fut construit en dedans et l’autre en dehors de l’en
ceinte de Paris, qui les séparait à peu près tà égale distance, il existe une divergence d’axe par hasard assez peu sensi
ble pour ne se trahir, au milieu de l’immensité de l’espace, qu’autant que l’œil rencontre un jalon intermédiaire. Il s’a­
gissait donc de masquer la direction des deux axes vers leur point d’inlersection, et en égarant, autant que possible, l’attention à droite et à gauche de cette direction, d’in
tercepter complètement, jusqu’à une certaine hauteur, la vue de l’entrée de la cour du Louvre et de celle des Tuileries ou de l’arc du Carrousel.
L’idée d’interposer entre les deux palais une aile transversale, dont les façades en rapport avec les deux axes au
raient rétabli une régularité relative avec chacun des deux palais, se trouve reproduite dans plusieurs projets, entre