Statues décoratives du palais de la Bourse.


L’Industrie, par Pradier.


Dessins de Marc; gravure de Best et Hotelin.L’Agriculture, par Seurre.


posé que nous allons examiner en détail cha
cune des nouvelles sculptures.
La première statue à gauche, faisant face à la place de la Bourse,
représente la Justice; elle est due au ciseau de M. Duret. Statuaire fin et élégant, M. Duret s’est trouvé mal à l’aise avec la figure sérieuse de la Justice consulaire : la tète, sans ex
pression, reçoit un ca
ractère de lourdeur de la coiffure qui la surmonte; les cheveux, re
tenus sur le front par un diadème, et sur la nuque par une espèce de résille sans grâce,
sont assez massivement traités pour donner au col une apparence de maigreur et de roideur, tandis que les longs ti
re-bouchons en forme de repentirs, descen
dant de chaque côté sur les épaules et la poi
trine, affectent d’une manière trop pronon
cée la forme d’un câble ou d’un cordage; les draperies seules ont de l’ampleur ; la dénomi
nation delà figure était, ce nous semble, suffi
samment justifiée par la main de justice et les
tables du Code de commerce, pour que l’artiste pût se dispenser d’y ajouter encore une balance dont les plateaux, évidemment inégaux, pourraient faire supposer , contre la justice commerciale, une intention d’épigrainme à coup sûr imméritée.
La tête et les extrémités de la statue du Commerce, par AL Dumont, sont grassement traitées ; mais le manteau,
dont la draperie ajustée avec une certaine roideur recouvre sans raison la main gauche de la figure, relève d’une ma
nière désagréable, et par des plis cassés et disgracieux, la manche de la tunique ; le ballot traditionnel de marchandi
ses sert de siège et d’attribut à cette figure, accompagnée en outre d’une cassette bien petite et à demi entr’ouverte,
de laquelle s’échappent des pièces d’or. Si M. Dumont s’est trompé sur la grandeur de la caisse, qui servirait à peine de coffret à bijoux à la femme d’un banquier; s’il a oublié que le commerce a en général l’habitude de tenir cette caisse mieux fermée, il a du moins donné à la tète de sa statue un mouvement et une animation auxquels ne con
tribue pas peu la couronne de branches d’olivier dont il
l’a élégamment coiffée.
Passant à la façade qui donne sur la rue Notre-Dame des Victoi
res, la première statue que nous trouvons à gaucheestcelle de CIndustrie , par Pradier.
Celte figure, dont les parties nues, les épau
les surtout et l’attache des bras offrent cette suavité de lignes qui caractérisait le talent de notre célèbre et si
regretté sculpteur, est en outre, comme tou
jours, adroitement, a- gréablement drapée ; mais la coiffure, com
posée d’un diadème d’orfèvrerie délicatement ouvragé, qui re
tient les nombreuses boucles de cheveux dont la tête est enca
drée, la coupe ciselée d’oùs’échappent desbi
joux et des colliers, et enfin la ruche, em
blème du travail actif et prévoyant, feraient prendre cette statue pour la représentation de Yartide-Paris, n’é­ taient les roues à engrenage qui la flan
quent sur le côté, le pied dont elle domine la sphère terrestre, et surtout le lourd mar
teau dont elle surchar
Le Commerce, par Dumont.
ge ses épaules trop délicates. Les bras seuls ont l’aspect de vigueurqui convient à la grande et robuste industrie; mais ils ne sont pas en harmonie avec les formes arrondies dont l’artiste a enrichi le buste tout féminin de sa statue.
Quant à la dernière des statues du palais de la Bourse, /’ Agriculture, tout en félicitant M. Seurre de l’ampleur qu’il a voulu donner à cette nourrice du monde, nous lui adres
serons le reproche d’avoir exagéré cette ampleur jusqu’à la lourdeur, par l’emploi de l’immense draperie qui, sans motif apparent, recouvre, sur le côté droit de la statue, la tunique en laine rayée où l’artiste avait eu l’heureuse idée de rappeler la forme du sayon ou blouse gauloise par une ceinture bouclée à la taille ; la gerbe de blé, le soc de char
rue, servent d’attributs ordinaires à cette figure, dont la tète un peu massive est coiffée d’une couronne de pampres et de grappes de raisin, caractéristiques de la production vinicole ; mais nous avouons avoir vainement cherché l’ex
plication symbolique de l’étoile dorée qui brille sur son front.
G. Falampin.
La Justice, par Duret.
Lafquatrième des statues destinées à l’ornementation sculpturale des deux façades du palais de la Bourse vient enfin d’être posée sur le piédestal vacant qui la réclamait depuis assez longtemps, et ainsi se trouve aujourd’hui complétée la décoration de ce monument.
Ces quatre statues, représentations allégoriques de la Justice, du Commerce, de l Industrie et de l’Agriculture, forment, en général, une décoration en harmonie avec le style antique du temple, mais les places qu’elles occupent ne paraissent pas logiquement motivées. L Industrie et Y Agriculture, reléguées au second plan sur la façade pos
térieure du palais, ne sont-elles pas les causes dont le Commerce et la Justice spéciale sont Y effet et Yapplication? L’honneur de la façade antérieure, réservé aux deux personnifications de la Justice et du Commerce, ne paraîtrait donc dû qu’à l’obligation d’accompagner et de justi
fier l’inscription placée en lettres d’or sur le fronton du monument :


BOURSE ET TRIBUNAL DE COMMERCE.


Quoi qu’il en soit, c’est dans l’ordre ainsi choisi ou im