Histoire de la Semaine.
Le Journal des Débats a donné le résumé suivant (les votes des conseils généraux. Nous le reproduisons, avec les redressements que ce journal a lui-même signalés :
Quarante ont exprimé le vœu que le pouvoir fut perpétué dans les mains du prince Louis-Napoléon.
Ce sont les conseils de l’Aisne, des Basses-Alpes, de 1 A- riége de l’Aube, de l’Aveyron, des Bouches-du-Rhône, du Calvados, de la Charente, de la Côte-d Or, de la Cieuse, de la Dordogne, d’Eure-et-Loir, de la Haute-Garonne, du Geis, de la Gironde, de l’IIérault, de l’Indre, du Jura, de Loir-et- Cher du Loiret, du Lot, de Lot-et-Garonne, de la Manche, de la Marne, de la Meuse, de la Moselle, de l’Oise, du Pasde-Calais, des Basses-Pyrénées, des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Orientales, du Rhône, de la Haute-Saône, de Saône-et-Loire, de la Seine-Inférieure, de la Somme, de Vaucluse, de la Vendée, de la Haute-Vienne. — Total, 40.
Sur ces quarante conseils généraux, neuf, donnant une forme plus explicite à leurs voix, ont formellement demandé le rétablissement de l’empire héréditaire.
Ce sont les conseils des Basses-Alpes, des Hautes-Alpes, de l’Ariége, de la Charente-Inférieure, de la Creuse, de l’Indre, de Loir-et-Cher, des Hautes-Pyrénées, de Vaucluse.
Parmi ces neuf, nous ferons remarquer que le conseil des Hautes-Pyrénées, présidé par M. Achille Fould, minis
tre d’Etat, spécifiant davantage encore la portée de ses vœux, a demandé que l’empire héréditaire fût rétabli dans la personne du prince Louis-Napoléon et dans sa descendance directe, légitime ou adoptive.
Le Moniteur ajoute que cette délibération a été prise par le. conseil au complet; et à l’unanimité.
Dix-huit conseils se sont bornés à faire des vœux généraux pour la consolidation et la stabilité du pouvoir. Ce sont ceux de l’Ardèche, des Ardennes, de l’Aude, de la Cor
rèze, de la Corse, du Doubs, de la Drôme, de. l’Isère, des Landes, de la Loire, de la Mayenne, du Nord, de l’Orne, du
Puy-de-Dôme, du Bas-Rhin, de Seine-et-Oise, de Tarn-et- Garonne, des Vosges. —Total, 18. ...
Cinq conseils généraux ont exprimé leur satisfaction par l’éloge du gouvernement, sans demander d’ailleurs aucun changement. . .
Ce sont les conseils de l’Ain, des Côtes-du-Nord, du Fi
nistère, du Gard, d’Ille-et-Vilaine. — Total, 5.
Vingt et un enfin ont présenté simplement des félicitations et assuré le gouvernement de leur concours.
Ce sont les conseils de l’Ailier, de la Charente-Inférieure, du Cher, de l’Eure, d’Indre-et-Loire, de la Haute-Loire, de la Loire-Inférieure, de la Lozère, de Maine-et-Loire, de la Haute-Marne, de la Meurthe, du Morbihan, de la Nièvre, du Haut-Rhin, de la Marthe, de Seine-et-Marne. des Deux- Sèvres, du Tarn, du Var, de la Vienne, de l’Yonne. — Total, 21.
Tous les ministres qui étaient allés présider des conseils généraux sont aujourd’hui rentrés à leur poste et ont re
pris la direction de leurs départements. M. de Persigny est également de retour d’un voyage qu’il a fait récemment en Angleterre, et qui a donné lieu à toutes sortes de supposi
tions, dont la plus vraisemblable, au dire de la Patrie, est que M. de Persigny voyageait pour son plaisir et pour se reposer.
La grande affaire aujourd’hui est le prochain départ de M. le Président de la République pour son voyage dans le Midi, départ qui aura lieu le 14, et non plus le 15 , ainsi qu’on 1 avait annoncé, M. le Président ayant consenti à s’arrêter vingt-quatre heures à Bourges.
Le Moniteur a publié, le 5 de ce mois, une décision du ministre des finances, qui abaisse l’intérêt des bons du tré
sor à un et demi pour cent pour les bons de quatre à cinq mois, à deux pour cent pour les bons de cinq à onze mois, et à trois pour cent pour les bons à un an. Cette mesure,
appuyée du remboursement de 25 millions à la banque, a été accueillie comme le signe d’une grande prospérité financière.
« Le 26 juillet dernier, dit le Moniteur du 7 septembre, le ministre des finances a remboursé à la Banque de France 25 millions à compte sur lf prêt de 50 millions que la Banque a fait au Trésor au mois de mars 1848.
« Un second remboursement de pareille somme a eu lieu aujourd’hui 6 septembre, et a complété la libération du Trésor. »
Le courrier des Antilles, arrivé mardi à Paris, a apporté des dépêches de la Guyane française, jusqu’à la date du 24 juillet. La situation de la nouvelle colonie pénitentiaire est des plus satisfaisantes , ainsi qu’on en peut juger par un
rapport du commissaire général adressé au ministre de la marine, et publié dans le Moniteur du 8.
La commission municipale et départementale, exerçant les fonctions de conseil général dans le département de la Seine, est convoquée en session ordinaire pour le 3 novembre prochain.
Les conseils d’arrondissement du département de la Seine se réuniront le 23 novembre pour la seconde partie de leur session, qui ne pourra durer plus de cinq jours.
— On avait annoncé, d’après des journaux étrangers, une nouvelle d’ailleurs conforme à l’esprit du vote qui a autorisé l’expédition de Rome en 1849. Les troupes fran
çaises qui tiennent garnison à Rome et à Civita-Vecchia, devaient, disait-on, être rappelées. Nous avons fait connaî
ments en Ualie; ce n’est pas pour eux que le mot a élé dit \ C ttalia far à da se. Les nombreuses arrestations qu’on signale sur presque tous les points de celte péninsule at
testent que la protection des baïonnettes étrangères sera encore longtemps le seul moyen de salut de ces gouverne
core les plaies du malheureux pays qu’elle devait ramener à l’ordre. Les recrues faites à Pontarlier par les recruteurs
du pape ne sont presque toutes que de détestables sujets. A Civita-Vecchia, ils ont déserté; ils dévalisent maintenant les diligences entre Civita-Vecchia et Rome, Il y a entre Castel di Guido et la Maglianella un défilé très-propice à ces coups de main. Les prétendus soutiens du gouvernement papal enlèvent le peu de fonds que les impôts produisent dans la délégation de Civita-Vecchia et Corneto.
Des détachements de. soldats français ont été échelonnés sur les principales routes pour poursuivre et intimider les bandes de brigands qui les infestent.
On écrit de Rome, le 31 août, que la consulte d’Etat est convoquée pour le 31 oclobre.
Des arrestations politiques ont été faites à Pérouse; elles semblent se rattacher à d’autres arrestations faites en Toscane, à Sienne, et dans d’autres villes.
« Dans la Silésie autrichienne, la police a reçu l’ordre de rechercher une espèce particulière de mouchoirs de poche qui sont inlroduits par contrebande, et qui, après le premier lavage, perdent leur couleur et sur lesquels apparaissent alors des manifestes et des proclamations révolutionnaires. »
•— La discussion du procès de lèse-majesté a été reprise le 26 à Florence, devant la cour royale. Le président a or
donné la lecture des deux actes d’accusation, en commençant par celui qui concerne Guerrazzi et autres, lequel a occupé presque toute l’audience.
L’audience du 27 a été consacrée à la discussion sur l’incompétence de la cour royale à connaître du délit de trahison imputé à Guerrazzi, lequel, se fondant, sur le statut fon
damental, demande à être traduit devant le sénat, comme seul tribunal compétent pour juger les ministres constitutionnels.
Le ministère public a rejeté l’exception.
Guerrazzi a pris ensuite la parole et a signalé une lettre non mentionnée par l’accusation, et qui l’avertissait que des émissaires partis pour Florence devaient lui infliger le sort de Pellegrino Rossi, et cela parce qu’il était un obstacle à la fusion de la Toscane à la république romaine.
Le président Nervini a trouvé cette explication étrangère à la question, et l’a engagé à y rentrer. Après line légère discussion sur ce point avec le président, M. Guerrazzi a repris son discours et est entré dans l’examen des faits qui lui sont imputés. Tl a toujours été clair, logique, et a dé
duit du fait les raisons d’incompétence. Il a démontré qu’on ne pouvait procéder à son égard comme à l’égard des pré
venus de délits communs, et que le retenir devant la cour royale, c’était, lui enlever ses moyens de défense.
Le lendemain, 28, la cour n’est entrée qu’assez tard en séance, parce qu’elle est restée longtemps à délibérer sur la question d’incompétence, soulevée par Guerrazzi.
Ainsi qu’on devait s’y atlendre, elle s’est déclarée compétente, et s’est fondée sur divers motifs, entre autres que le tribunal désigné par le statut pour juger les ministres responsables n’existait plus.
« Il se peut, a dit la cour à Guerrazzi, que vous ayez raison en soutenant que voire juge naturel était le sénat; mais puisque ce tribunal n’existe plus aujourd’hui, et que la jus
tice doit avoir son cours, il faut que vous soyez jugé par nous, qui sommes le seul tribunal compétent en matière criminelle. »
Le défenseur de Guerrazzi a présenté un recours en cassation contre le décret de la cour royale, et a demandé la suspension, en ce qui regarde son client, jusqu’à décision de la cour de cassation.
Le ministère public s’est opposé à cette demande, et ses conclusions ont été adoptées par le tribunal, qui a déclaré qu’il n’y avait lien à suspendre ; puis l’audience a été close.
Comme incident qui se rapporte à ce procès, écrit-on de Florence, le bruit court que M. Cecilia aurait fait imprimer en Suisse une brochure en réponse aux récriminations de Guerrazzi. Cet ouvrage ne circule point ici, et l’on dit que le, gouvernement en a interdit la vente, à cause de la violence excessive avec laquelle il attaque l’illustre accusé.
L’acteur Gustave Modena, treizième accusé dans le procès de Guerrazzi, a paru, le 2 septembre, sur le théâtre Carignan, à Turin, sous le nom et le costume du Dante. Il a lu plusieurs passages de la Divine Comédie, aux applau’ dissements universels.
— Les nouvelles de la Havane sont toujours assez menaçantes. Il paraît certain que le gouvernement a découvert parmi les créoles de race blanche des conspirations et des sociétés secrètes qui se proposent pour but d’indépendance de l’île de Cuba, et son annexion aux Etats-Unis. Il est résulté de ces découvertes des arrestation très-nombreuses.
— Les journaux ont reproduit les débats d’un procès grotesque intenté par la société royale d’Angleterre pour la répression des actes de cruauté envers les animaux. Ce procès met en cause le directeur d’un jardin public, et M. Poitevin ainsi que Mm0 Poitevin, à l’occasion de deux as
censions de cette intrépide aéronaute, une première fois sur un poney, une autre fois sur un taureau, M ,e Poitevin figu
rant l’enlèvement d’Europe par Jupiter. On n’a pu entendre les victimes, qui eussent été pourtant des témoins nécessai
res pour éclaircir le fait de cruauté; les plaignants ont appris toutefois que les intéressants quadrupèdes ne paraissaient pas moins bien portants qu’avant leur promenade aérienne.
On assure qu’un pauvre diable d Irlandais s’est proposé pour remplacer le poney dans une nouvelle expérience;
mais il a été répondu que la loi en question ne protégeait que les animaux et non pas les Irlandais, de manière que l’aéronaute ne pourrait être poursuivie pour le fait de s’être
enlevée à cheval sur un Irlandais, celui-ci dùt-il en crever. · Paulin.
ERRATUM. Dans l’article de notre dernier numéro sur l’exposition d’Anvers, deux fautes ont changé le sens d’une phrase, et fait d’une autre phrase uu non-sens. — 2e colonne, ligne 15, au lieu
de l’école belge n’aura pas à y gagner, lisez : « L’école belge n’aura qu’à y gagner. »
A la page suivante, 2e colonne, ligne 4d , au heu de l autre de ses ailes, lisez : « L’ombre de ses ailes. »
Courrier de Paris.
Voici une automne qui s’annonce mal, il a plu sur la fête de Saint-Cloud, et pour les intéressés le présage est des plus tristes. Il leur annonce la fin des beaux jours et le commencement des vilaines nuits. Hélas ! qu’est devenue notre automne des anciens temps, avec sa couronne de pampres verts et d’arbres dorés? C’était la saison des joies pures, des plaisirs candides et de tous les bonheurs tempérés; c’é
tait l’heure des vacances pour les écoliers petits et grands, et l’heure du berger pour les amants ; mais le moyen de s ébattre dans les vergers par une pluie battante et d’y cueillir la grappe encore verdelette , le moyen surtout d’aller à Saint-Cloud et d’en revenir les chausses nettes? A ces regrets qu’exhale la foule des bonnes gens qui se contentent de peu, quelques mondains, qui croient faire de l’é
légance avec du dédain, ont déjà répondu : « Le clair de lune, les vendanges, la fête du village voisin, quoi ! vous avez le front de trouver cela beau ! » Pour eux, cette pâle automne ne l’est jamais assez; tout ce qu’ils lui demandent, c’est de ressembler le plus possible à l’hiver. Le fait est que pour ces beaux en disponibilité, la position est peu suppor
table, et ce n’est pas sans raison qu’ils accusent l’automne, qui les prive de leur physionomie, de n’avoir aucune phy
sionomie. On ne peut pas toujours promener le boulet de son oisiveté dans un club, ni se déguiser perpétuellement en chasseur, et encore moins se donner en toute rencontre pour un revenant des eaux, quand on n’y est pas allé.
Ceci nous rappelle assez à propos que la plus grande vogue du moment, c’est encore les eaux. Tous les établissements aquatiques du monde connu sont peuplés de Pari
siens; il faut croire que la grande danse de l’hiver dernier aura causé un ébranlement nerveux qu’il s agissait de gué
rir; ces dames surtout avaient besoin d’un remontement général, comme disait Bordeu. Il n’y a pas de névroses ni
de vapeurs à l’épreuve de la vertu du Mont-d’Or ou des Pyrénées. Les eaux d’Enghien et de Passy jouissent de. pro
priétés à peu près semblables, mais on n’y croit pas. La santé est un bien si précieux qu’on ne saurait l’aller cherche]- trop loin, ce n’est pas l’affaire d’une course en omni
bus. D’ailleurs comptez-vous pour rien l’agitation du voyage et son imprévu, la beauté du site, les incidents de
la route et même ses dangers ? On assure qu’autrefois le chemin qui conduit aux Eaux-Bonnes était si périlleux que
le malade, avant de s’y hasarder, faisait son testament, mais il était radicalement guéri au retour. Aujourd’hui que la route est large, sûre et commode, on ne parle plus de guérisons aussi radicales.
Ailleurs, d’autres malades qui se portent à merveille, hésitent entre Néris et Vichy. Néris a de magnifiques ombrages,
mais Vichy a de .beaux concerts. Il n’y a pas de violoniste ambitieux ou de pianiste prodige qui un jour ou l’autre n’ait passé par Vichy avec son instrument en sautoir. Cha
que année M. Strauss et ses pareils s’y font réclamer, parla réclame, comme indispensables à l’agrément de la société.
Dans son excellent Guide aux eaux minérales de la France et de l’étranger, M, Consta-nlin James observe que plusieurs de nos sources thermales, très-fréquentées dans l’ancien temps, ne le sont plus guère aujourd’hui. Par exemple, les naïades de Bourhon-l’Archamliault et de Bourbon· Lancy versent dans la solitude leurs ondes bienfaisan
tes, auxquelles la France dut deux races de ses rois. En 1545, Fernel y avait envoyé Catherine de Médicis, et, un siècle plus tard, Daquin y conduisait Anne d’Autriche. Les deux reines étaient stériles, et, quelques mois plus lard, leur stérilité avait cessé.
A Paris, où nous rentrons par le plus court chemin, les plus grands événements de la semaine sont encore des piè
ces de théâtre, mais, avant d’y arriver, dépêchons-nous de recueillir quelques informations sous forme de on dit.
On disait donc à l’Opéra, au foyer de ta danse et ailleurs, que M. le docteur Véron, touché de la grâce comme autre
fois le fameux de Rancé, qui fonda la Trappe, s’en allait, criant: « L’heure est venue de se convertir! » Convertir à quoi, comment, par quels moyens ? Quel nouveau froc M. Véron allait-il endosser? Serait-il capucin noir ou carme déchaussé? Trois jours durant, grande fut la perplexité de ses familiers, jusqu’au moment où le Constitutionnel (celui de lundi) est venu donner le mot de l’énigme. L’heure est venue de se convertir / Tel est le titre d’un nouvel article politique de M. Véron. La conversion ne va pas plus loin, et le. corps de ballet peut se rassurer. MM. les pharmaciens, qui songeaient peut-être à mettre ce bienheureux dans leur liturgie, qui en manque, n’ont plus qu’à se tourner ou retourner vers un autre saint, saint Gervais (autrefois Giraudeau).
Un fait encore plus avéré et non moins futile, c’est une nouvelle découverte de la statistique à l’endroit des fumeurs. Elle a calculé que chacun d’eux, en moyenne, con
sommait, par jour et par tête, 348 grammes de tabac. Le ministre Necker, qui, en 1789, s’était livré à la même opé
ration, ne put constater qu’un chiffre insignifiant. Qu’en conclure, sinon qu’en France, depuis soixante ans, on a
prodigieusement fumé ? — Croiriez-vous, disait à ce sujet Mme d’Abrantès, que je viens de rencontrer dans la rue M. le duc de G..., un homme du plus grand monde, et il n’a pas quitté son cigare, pour me parler. Où allons-nous, grand Dieu ! » On allait à la pipe. L’éternelle loi du progrès
Le Journal des Débats a donné le résumé suivant (les votes des conseils généraux. Nous le reproduisons, avec les redressements que ce journal a lui-même signalés :
Quarante ont exprimé le vœu que le pouvoir fut perpétué dans les mains du prince Louis-Napoléon.
Ce sont les conseils de l’Aisne, des Basses-Alpes, de 1 A- riége de l’Aube, de l’Aveyron, des Bouches-du-Rhône, du Calvados, de la Charente, de la Côte-d Or, de la Cieuse, de la Dordogne, d’Eure-et-Loir, de la Haute-Garonne, du Geis, de la Gironde, de l’IIérault, de l’Indre, du Jura, de Loir-et- Cher du Loiret, du Lot, de Lot-et-Garonne, de la Manche, de la Marne, de la Meuse, de la Moselle, de l’Oise, du Pasde-Calais, des Basses-Pyrénées, des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Orientales, du Rhône, de la Haute-Saône, de Saône-et-Loire, de la Seine-Inférieure, de la Somme, de Vaucluse, de la Vendée, de la Haute-Vienne. — Total, 40.
Sur ces quarante conseils généraux, neuf, donnant une forme plus explicite à leurs voix, ont formellement demandé le rétablissement de l’empire héréditaire.
Ce sont les conseils des Basses-Alpes, des Hautes-Alpes, de l’Ariége, de la Charente-Inférieure, de la Creuse, de l’Indre, de Loir-et-Cher, des Hautes-Pyrénées, de Vaucluse.
Parmi ces neuf, nous ferons remarquer que le conseil des Hautes-Pyrénées, présidé par M. Achille Fould, minis
tre d’Etat, spécifiant davantage encore la portée de ses vœux, a demandé que l’empire héréditaire fût rétabli dans la personne du prince Louis-Napoléon et dans sa descendance directe, légitime ou adoptive.
Le Moniteur ajoute que cette délibération a été prise par le. conseil au complet; et à l’unanimité.
Dix-huit conseils se sont bornés à faire des vœux généraux pour la consolidation et la stabilité du pouvoir. Ce sont ceux de l’Ardèche, des Ardennes, de l’Aude, de la Cor
rèze, de la Corse, du Doubs, de la Drôme, de. l’Isère, des Landes, de la Loire, de la Mayenne, du Nord, de l’Orne, du
Puy-de-Dôme, du Bas-Rhin, de Seine-et-Oise, de Tarn-et- Garonne, des Vosges. —Total, 18. ...
Cinq conseils généraux ont exprimé leur satisfaction par l’éloge du gouvernement, sans demander d’ailleurs aucun changement. . .
Ce sont les conseils de l’Ain, des Côtes-du-Nord, du Fi
nistère, du Gard, d’Ille-et-Vilaine. — Total, 5.
Vingt et un enfin ont présenté simplement des félicitations et assuré le gouvernement de leur concours.
Ce sont les conseils de l’Ailier, de la Charente-Inférieure, du Cher, de l’Eure, d’Indre-et-Loire, de la Haute-Loire, de la Loire-Inférieure, de la Lozère, de Maine-et-Loire, de la Haute-Marne, de la Meurthe, du Morbihan, de la Nièvre, du Haut-Rhin, de la Marthe, de Seine-et-Marne. des Deux- Sèvres, du Tarn, du Var, de la Vienne, de l’Yonne. — Total, 21.
Tous les ministres qui étaient allés présider des conseils généraux sont aujourd’hui rentrés à leur poste et ont re
pris la direction de leurs départements. M. de Persigny est également de retour d’un voyage qu’il a fait récemment en Angleterre, et qui a donné lieu à toutes sortes de supposi
tions, dont la plus vraisemblable, au dire de la Patrie, est que M. de Persigny voyageait pour son plaisir et pour se reposer.
La grande affaire aujourd’hui est le prochain départ de M. le Président de la République pour son voyage dans le Midi, départ qui aura lieu le 14, et non plus le 15 , ainsi qu’on 1 avait annoncé, M. le Président ayant consenti à s’arrêter vingt-quatre heures à Bourges.
Le Moniteur a publié, le 5 de ce mois, une décision du ministre des finances, qui abaisse l’intérêt des bons du tré
sor à un et demi pour cent pour les bons de quatre à cinq mois, à deux pour cent pour les bons de cinq à onze mois, et à trois pour cent pour les bons à un an. Cette mesure,
appuyée du remboursement de 25 millions à la banque, a été accueillie comme le signe d’une grande prospérité financière.
« Le 26 juillet dernier, dit le Moniteur du 7 septembre, le ministre des finances a remboursé à la Banque de France 25 millions à compte sur lf prêt de 50 millions que la Banque a fait au Trésor au mois de mars 1848.
« Un second remboursement de pareille somme a eu lieu aujourd’hui 6 septembre, et a complété la libération du Trésor. »
Le courrier des Antilles, arrivé mardi à Paris, a apporté des dépêches de la Guyane française, jusqu’à la date du 24 juillet. La situation de la nouvelle colonie pénitentiaire est des plus satisfaisantes , ainsi qu’on en peut juger par un
rapport du commissaire général adressé au ministre de la marine, et publié dans le Moniteur du 8.
La commission municipale et départementale, exerçant les fonctions de conseil général dans le département de la Seine, est convoquée en session ordinaire pour le 3 novembre prochain.
Cette session sera close le 17 novembre.
Les conseils d’arrondissement du département de la Seine se réuniront le 23 novembre pour la seconde partie de leur session, qui ne pourra durer plus de cinq jours.
— On avait annoncé, d’après des journaux étrangers, une nouvelle d’ailleurs conforme à l’esprit du vote qui a autorisé l’expédition de Rome en 1849. Les troupes fran
çaises qui tiennent garnison à Rome et à Civita-Vecchia, devaient, disait-on, être rappelées. Nous avons fait connaî
tre la réponse du Moniteur. Il semble, en effet, que c’est moins que jamais le moment d’abandonner les gouverne
ments en Ualie; ce n’est pas pour eux que le mot a élé dit \ C ttalia far à da se. Les nombreuses arrestations qu’on signale sur presque tous les points de celte péninsule at
testent que la protection des baïonnettes étrangères sera encore longtemps le seul moyen de salut de ces gouverne
ments dont les sujets ont le malheur de ne pas comprendre la bienfaisance paternelle. .
La nouvelle armée pontificale paraît devoir aggraver en
core les plaies du malheureux pays qu’elle devait ramener à l’ordre. Les recrues faites à Pontarlier par les recruteurs
du pape ne sont presque toutes que de détestables sujets. A Civita-Vecchia, ils ont déserté; ils dévalisent maintenant les diligences entre Civita-Vecchia et Rome, Il y a entre Castel di Guido et la Maglianella un défilé très-propice à ces coups de main. Les prétendus soutiens du gouvernement papal enlèvent le peu de fonds que les impôts produisent dans la délégation de Civita-Vecchia et Corneto.
Des détachements de. soldats français ont été échelonnés sur les principales routes pour poursuivre et intimider les bandes de brigands qui les infestent.
On écrit de Rome, le 31 août, que la consulte d’Etat est convoquée pour le 31 oclobre.
Des arrestations politiques ont été faites à Pérouse; elles semblent se rattacher à d’autres arrestations faites en Toscane, à Sienne, et dans d’autres villes.
Quelque chose d’analogue se passe en Allemagne :
« Dans la Silésie autrichienne, la police a reçu l’ordre de rechercher une espèce particulière de mouchoirs de poche qui sont inlroduits par contrebande, et qui, après le premier lavage, perdent leur couleur et sur lesquels apparaissent alors des manifestes et des proclamations révolutionnaires. »
•— La discussion du procès de lèse-majesté a été reprise le 26 à Florence, devant la cour royale. Le président a or
donné la lecture des deux actes d’accusation, en commençant par celui qui concerne Guerrazzi et autres, lequel a occupé presque toute l’audience.
L’audience du 27 a été consacrée à la discussion sur l’incompétence de la cour royale à connaître du délit de trahison imputé à Guerrazzi, lequel, se fondant, sur le statut fon
damental, demande à être traduit devant le sénat, comme seul tribunal compétent pour juger les ministres constitutionnels.
Le ministère public a rejeté l’exception.
Guerrazzi a pris ensuite la parole et a signalé une lettre non mentionnée par l’accusation, et qui l’avertissait que des émissaires partis pour Florence devaient lui infliger le sort de Pellegrino Rossi, et cela parce qu’il était un obstacle à la fusion de la Toscane à la république romaine.
Le président Nervini a trouvé cette explication étrangère à la question, et l’a engagé à y rentrer. Après line légère discussion sur ce point avec le président, M. Guerrazzi a repris son discours et est entré dans l’examen des faits qui lui sont imputés. Tl a toujours été clair, logique, et a dé
duit du fait les raisons d’incompétence. Il a démontré qu’on ne pouvait procéder à son égard comme à l’égard des pré
venus de délits communs, et que le retenir devant la cour royale, c’était, lui enlever ses moyens de défense.
Le lendemain, 28, la cour n’est entrée qu’assez tard en séance, parce qu’elle est restée longtemps à délibérer sur la question d’incompétence, soulevée par Guerrazzi.
Ainsi qu’on devait s’y atlendre, elle s’est déclarée compétente, et s’est fondée sur divers motifs, entre autres que le tribunal désigné par le statut pour juger les ministres responsables n’existait plus.
« Il se peut, a dit la cour à Guerrazzi, que vous ayez raison en soutenant que voire juge naturel était le sénat; mais puisque ce tribunal n’existe plus aujourd’hui, et que la jus
tice doit avoir son cours, il faut que vous soyez jugé par nous, qui sommes le seul tribunal compétent en matière criminelle. »
Le défenseur de Guerrazzi a présenté un recours en cassation contre le décret de la cour royale, et a demandé la suspension, en ce qui regarde son client, jusqu’à décision de la cour de cassation.
Le ministère public s’est opposé à cette demande, et ses conclusions ont été adoptées par le tribunal, qui a déclaré qu’il n’y avait lien à suspendre ; puis l’audience a été close.
Comme incident qui se rapporte à ce procès, écrit-on de Florence, le bruit court que M. Cecilia aurait fait imprimer en Suisse une brochure en réponse aux récriminations de Guerrazzi. Cet ouvrage ne circule point ici, et l’on dit que le, gouvernement en a interdit la vente, à cause de la violence excessive avec laquelle il attaque l’illustre accusé.
L’acteur Gustave Modena, treizième accusé dans le procès de Guerrazzi, a paru, le 2 septembre, sur le théâtre Carignan, à Turin, sous le nom et le costume du Dante. Il a lu plusieurs passages de la Divine Comédie, aux applau’ dissements universels.
— Les nouvelles de la Havane sont toujours assez menaçantes. Il paraît certain que le gouvernement a découvert parmi les créoles de race blanche des conspirations et des sociétés secrètes qui se proposent pour but d’indépendance de l’île de Cuba, et son annexion aux Etats-Unis. Il est résulté de ces découvertes des arrestation très-nombreuses.
— Les journaux ont reproduit les débats d’un procès grotesque intenté par la société royale d’Angleterre pour la répression des actes de cruauté envers les animaux. Ce procès met en cause le directeur d’un jardin public, et M. Poitevin ainsi que Mm0 Poitevin, à l’occasion de deux as
censions de cette intrépide aéronaute, une première fois sur un poney, une autre fois sur un taureau, M ,e Poitevin figu
rant l’enlèvement d’Europe par Jupiter. On n’a pu entendre les victimes, qui eussent été pourtant des témoins nécessai
res pour éclaircir le fait de cruauté; les plaignants ont appris toutefois que les intéressants quadrupèdes ne paraissaient pas moins bien portants qu’avant leur promenade aérienne.
On assure qu’un pauvre diable d Irlandais s’est proposé pour remplacer le poney dans une nouvelle expérience;
mais il a été répondu que la loi en question ne protégeait que les animaux et non pas les Irlandais, de manière que l’aéronaute ne pourrait être poursuivie pour le fait de s’être
enlevée à cheval sur un Irlandais, celui-ci dùt-il en crever. · Paulin.
ERRATUM. Dans l’article de notre dernier numéro sur l’exposition d’Anvers, deux fautes ont changé le sens d’une phrase, et fait d’une autre phrase uu non-sens. — 2e colonne, ligne 15, au lieu
de l’école belge n’aura pas à y gagner, lisez : « L’école belge n’aura qu’à y gagner. »
A la page suivante, 2e colonne, ligne 4d , au heu de l autre de ses ailes, lisez : « L’ombre de ses ailes. »
Courrier de Paris.
Voici une automne qui s’annonce mal, il a plu sur la fête de Saint-Cloud, et pour les intéressés le présage est des plus tristes. Il leur annonce la fin des beaux jours et le commencement des vilaines nuits. Hélas ! qu’est devenue notre automne des anciens temps, avec sa couronne de pampres verts et d’arbres dorés? C’était la saison des joies pures, des plaisirs candides et de tous les bonheurs tempérés; c’é
tait l’heure des vacances pour les écoliers petits et grands, et l’heure du berger pour les amants ; mais le moyen de s ébattre dans les vergers par une pluie battante et d’y cueillir la grappe encore verdelette , le moyen surtout d’aller à Saint-Cloud et d’en revenir les chausses nettes? A ces regrets qu’exhale la foule des bonnes gens qui se contentent de peu, quelques mondains, qui croient faire de l’é
légance avec du dédain, ont déjà répondu : « Le clair de lune, les vendanges, la fête du village voisin, quoi ! vous avez le front de trouver cela beau ! » Pour eux, cette pâle automne ne l’est jamais assez; tout ce qu’ils lui demandent, c’est de ressembler le plus possible à l’hiver. Le fait est que pour ces beaux en disponibilité, la position est peu suppor
table, et ce n’est pas sans raison qu’ils accusent l’automne, qui les prive de leur physionomie, de n’avoir aucune phy
sionomie. On ne peut pas toujours promener le boulet de son oisiveté dans un club, ni se déguiser perpétuellement en chasseur, et encore moins se donner en toute rencontre pour un revenant des eaux, quand on n’y est pas allé.
Ceci nous rappelle assez à propos que la plus grande vogue du moment, c’est encore les eaux. Tous les établissements aquatiques du monde connu sont peuplés de Pari
siens; il faut croire que la grande danse de l’hiver dernier aura causé un ébranlement nerveux qu’il s agissait de gué
rir; ces dames surtout avaient besoin d’un remontement général, comme disait Bordeu. Il n’y a pas de névroses ni
de vapeurs à l’épreuve de la vertu du Mont-d’Or ou des Pyrénées. Les eaux d’Enghien et de Passy jouissent de. pro
priétés à peu près semblables, mais on n’y croit pas. La santé est un bien si précieux qu’on ne saurait l’aller cherche]- trop loin, ce n’est pas l’affaire d’une course en omni
bus. D’ailleurs comptez-vous pour rien l’agitation du voyage et son imprévu, la beauté du site, les incidents de
la route et même ses dangers ? On assure qu’autrefois le chemin qui conduit aux Eaux-Bonnes était si périlleux que
le malade, avant de s’y hasarder, faisait son testament, mais il était radicalement guéri au retour. Aujourd’hui que la route est large, sûre et commode, on ne parle plus de guérisons aussi radicales.
Ailleurs, d’autres malades qui se portent à merveille, hésitent entre Néris et Vichy. Néris a de magnifiques ombrages,
mais Vichy a de .beaux concerts. Il n’y a pas de violoniste ambitieux ou de pianiste prodige qui un jour ou l’autre n’ait passé par Vichy avec son instrument en sautoir. Cha
que année M. Strauss et ses pareils s’y font réclamer, parla réclame, comme indispensables à l’agrément de la société.
Dans son excellent Guide aux eaux minérales de la France et de l’étranger, M, Consta-nlin James observe que plusieurs de nos sources thermales, très-fréquentées dans l’ancien temps, ne le sont plus guère aujourd’hui. Par exemple, les naïades de Bourhon-l’Archamliault et de Bourbon· Lancy versent dans la solitude leurs ondes bienfaisan
tes, auxquelles la France dut deux races de ses rois. En 1545, Fernel y avait envoyé Catherine de Médicis, et, un siècle plus tard, Daquin y conduisait Anne d’Autriche. Les deux reines étaient stériles, et, quelques mois plus lard, leur stérilité avait cessé.
A Paris, où nous rentrons par le plus court chemin, les plus grands événements de la semaine sont encore des piè
ces de théâtre, mais, avant d’y arriver, dépêchons-nous de recueillir quelques informations sous forme de on dit.
On disait donc à l’Opéra, au foyer de ta danse et ailleurs, que M. le docteur Véron, touché de la grâce comme autre
fois le fameux de Rancé, qui fonda la Trappe, s’en allait, criant: « L’heure est venue de se convertir! » Convertir à quoi, comment, par quels moyens ? Quel nouveau froc M. Véron allait-il endosser? Serait-il capucin noir ou carme déchaussé? Trois jours durant, grande fut la perplexité de ses familiers, jusqu’au moment où le Constitutionnel (celui de lundi) est venu donner le mot de l’énigme. L’heure est venue de se convertir / Tel est le titre d’un nouvel article politique de M. Véron. La conversion ne va pas plus loin, et le. corps de ballet peut se rassurer. MM. les pharmaciens, qui songeaient peut-être à mettre ce bienheureux dans leur liturgie, qui en manque, n’ont plus qu’à se tourner ou retourner vers un autre saint, saint Gervais (autrefois Giraudeau).
Un fait encore plus avéré et non moins futile, c’est une nouvelle découverte de la statistique à l’endroit des fumeurs. Elle a calculé que chacun d’eux, en moyenne, con
sommait, par jour et par tête, 348 grammes de tabac. Le ministre Necker, qui, en 1789, s’était livré à la même opé
ration, ne put constater qu’un chiffre insignifiant. Qu’en conclure, sinon qu’en France, depuis soixante ans, on a
prodigieusement fumé ? — Croiriez-vous, disait à ce sujet Mme d’Abrantès, que je viens de rencontrer dans la rue M. le duc de G..., un homme du plus grand monde, et il n’a pas quitté son cigare, pour me parler. Où allons-nous, grand Dieu ! » On allait à la pipe. L’éternelle loi du progrès