ait su écrire et parler sa langue n’a rien d’exagéré d’ailleurs, si l’on réfléchit à l’étrange abus qu’on a fait de cette distinction à l’égard des hommes de notre siècle. Il serait temps enfin de laisser les héros de la biographie des contemporains pour ceux de l’histoire, et de ne point encombrer de grands hommes imaginaires les musées de la postérité.
J’arrive au thécàire et à ceux qui en vivent, au moyen d’une anecdote qui, pour être, vieille de plusieurs jours, n’en mérite pas moins cette mention posthume : Une ac
trice, la perle des soubrettes, qui s’apprête à jouer les jeunes mères au naturel, passant l’autre soir devant le spec
tacle de Séraphin, eût l’envie (une envie de femme grosse) d’y entrer. ·— Comment, s’écria l’amie qui l’accompagnait,
tu veux aller là ? — Ah ! ce n’est pas pour niai, réponditelle, c’est pour le petit.
Au Théâtre-Français, Mllc Rachel a fait une rentrée triomphante. Monime de Mithridate, Pauline dePoiyeucte et l’Emilie de Ciriiia, on ne popvaitpas mieux choisir. Sans faire chorus avec ces panégyristes outrés qui à tous propos et même hors de propos crient à la tragédienne : Vous vous êtes surpassée, il est évident que Mlle Rachel est toujours... Mlle Rachel, et il y a là de quoi contenter les plus difficiles.
Racine et Corneille lui ont toujours porté bonheur, et elle fera bien de s’y tenir, en sacrifiant le moins possible aux faux dieux.
Autre théâtre, même nouveauté : la rentrée d’Arnal avec tous ses agréments ; l’excellent comédien et même quel co
médien nouveau après trente ans d’exercice et de succès ! Au rebours de tant d’autres conquérants que leurs conquêtes ont affaibli, Arnal a grandi par les siennes. C’est le co
mique le plus réfléchi et à la fois le plus expansif qui nous reste. Le jour de la retraite d’Arnal (quel sot présage fai
sons-nous là!), Paris aura perdu la meilleure pinte de sa gaieté. Comme Potier, Vernet, Bouffé et deux ou trois autres, Arnal appartient à une grande race éteinte, race essentiellement comique, dont il est peut-être le dernier re


présentant. A supposer que la graine n’en soit pas entière


ment perdue, toujours est-il que, depuis vingt ans et plus,
cette grande production s’est arrêtée. Sous ce rapport, la décadence du talent dramatique en France n’est pas moins manifeste que les autres décadences ; et, nonobstant la ma
gnifique exception de Mlle Rachel, nous arrivons aussi au bas empire du théâtre. C’est ce que notre public comprend
confusément et ce que témoigne l’accueil enthousiaste qu’il réserve à ses favoris. Ce pauvre public, il jouit de son reste. L’absence d Arnal aura duré trois mois, c’est une redevance qu’il paye chaque année à la province.
A la Montansier, on vous promet la rentrée de Ravel, dont la santé donnait des inquiétudes, mais dé qui le talent ne s’est jamais mieux porté. Havel, qui est un enfant du Midi, était allé respirer l’air natal, lorsqu’à Lyon il a trouvé sous les armes toutes les troupes dramatiques de la ville;
les autorités théâtrales ont voulu le complimenter. C’est en vain qu’il avait essayé de garder l’incognito ; son organe l’a trahi. On lui a demandé des représentations, et il a ré
pondu : Je ne vous en ferai qu’une (représentation) : je ne voyage pas pour mon agrément personnel. Grand Dieu! non ! Je vais prendre les eaux de Savoie pour rattraper un
filet de la mienne. Seulement, laissez-moi répéter ici ce que l’empereur vous a dit eu 1815 : « Lyonnais, je vous aime ! »
Mlle Cerito et Carlotta Grisi sont aussi de retour, et on a pu les voir vendredi à l’Opéra... dans la salle, d’où elles regardaient danser Mlles Plumkett et Marque! dans la Péri.
• Le théâtre de la Bourse nous ramène à l’histoire ancienne avec la Pemière maîtresse, qui est celle de M. Chantilly.
Aux environs de la quarantaine, ce ci-devant jeune homme trouve qu’une affection qui date depuis vingt ans n’est plus respectable du moment que son objet l’est trop. Laure étant plus âgée que son adorateur, la chaîne doit sembler d’autant plus illégitime à cet homme raisonnable qu’il la porte comme un boulet. D’ailleurs il a donné sa parole à une veuve qui a vingt ans de moins et dix mille francs de rente de plus qug la première maîtresse, deux arguments auxquels M. Chantilly et ses pareils n’ont jamais résisté. Chantilly hésite cependant, comme on hésite devant une mau
vaise action, et il faut que la veuve en personne vienne trancher la difficulté. Que ditez-vous de ce procédé ? n’estil pas un peu trop neuf pour une histoire aussi ancienne? Cette jeune veuve, arrivant chez sa vieille rivale, cravache en main, la parole brève et le geste impérieux, pour lui
dire... tout ce qu’il est inutile de répéter; assurément la scène était imprévue, et le dénouement l’a paru bien da
vantage. Bref, l’infortunée Laure trouve excellentes les mauvaisons raisons de la veuve, et lui abandonne le cœur de Chantilly. La morale est sauvée , mais on n’en saurait dire autant de la pièce. Les acteurs ont fait de leur mieux,
ce qui n’est pas beaucoup dire. On parle à ce théâtre de la Dame aux Camélias qui serait reprise comme dédomma
gement de la Dame aux Perles, dont le rôle sort de l’écnn de Mmc Doche pour passer dans celui de M e Rose-Chéri.
Tallemant des Réaux raconte quelque part l’aventure d’un de ses contemporains qui, ayant eu le malheur de s’endormir dans l’ivresse, se réveilla marié, il a plu à un homme d’esprit, VI. Ferdinand Dugué, de faire endosser
l’historiette au duc de Roquelaure, qui passe, à tort ou à raison, pour avoir amusé la cour de Louis XIV de ses bouf
fonneries. M110 de Montpensier a dit du personnage qu’il aimait à discourir sur les petites affaires, et, selon Dangeau, on le consultait dans les grandes. Mais, dans sa pièce, jouée avec succès à ΓAmbigu, VI. Dugué a préféré adopter le sen
timent populaire, qui est un peu celui de Saint-Simon, di
sant du vrai Roquelaure, qu’il ne connaissait, du reste, que par ouï dire : « C’était un plaisant dé profession. » Il est vrai que la biographie militaire de Roquelaure est plus sérieuse que le caractère qu’on lui attribue. Il sc distingua dans les guerres de Flandre ; il fil la campagne de Hollande,
et mourut duc et pair et gouverneur de la Guyenne. Mais on pouvait négliger cette biographie dans un drame, et l’au
teur était libre de passer outre. Son seul tort peut-être, c’est de ne pas avoir fait un choix assez décidé entre la co
médie et le drame. A défaut d’un intérêt vif et soutenu, la pièce éveille la curiosité d’un bout à l’autre, ét son exécu
tion littéraire la rendait digne d’une autre scène que la scène de ΓAmbigu .
Philippe Busoni.


Grand prix de gravure en taille-douce.


En l’absence de M. Du Pays, chargé de la critique en matière de beaux-arts dans !’ Illustrai mn, nous ne pouvons mieux faire, pour approcher le plus près possible du sentiment de noire collaborateur,
que d emprunter au Journal des Débals, si riche en fait de talent et de goût, le jugement rendu par son excellent critique, le savant M. lîejécluze :
« Le nombre des graveurs concurrents est plus considérable qu’à l’ordinaire; ils sont sept cette année, et ce sont MM. Soumis, Bellay,
Danguiri, Rousseau, Viriot, Budichoski et Gaillard. Selon l’usage, les sept jeunes graveurs avaient à faire une étude dessinée d’après l’an
tique, puis une autre étude de ligure d’après nature, qu’ils doivent reproduire fidèlement avec leur burin.
« En général, les dessins que ces élèves ont fait d’après le modèle vivant sont supérieurs en mérite à leurs études d’après l’antique. On s’aperçoit que la langue de la statuaire de l’antiquité ne leur est pas familière; aussi les traductions qu’ils en ont faites manquent-elles de caractère. Lès élèves graveurs sont comme des gens qui ont étudié un idiome dans les livres, mais auxquels il manque l’accent pour le bien parler. Leurs dessins d’après nature sont préférables sans doute ; mais cette lois, s’ils ont l’accent de la langue, la science de ce qui en fait le fonds leur manque, et à force de vouloir n’être que naturels en copiant, il leur arrive de tomber dans le vulgaire, et même dans le laid. Le modèle qu’ils avaient à copier a la télé dé
mesurément grosse relativement aux autres parties du corps, et il y a dans les articulations et les formes des membres inferieurs de petites difformités locales que tous les concurrents ont exprimées avec une fidélité qui rivalise avec celle du daguerréotype, efi sorte que l’aspect de chacune de ces sept figures n’est rien moins qu’a­ gréable.
« Il est tout naturel que, les graveurs étant destinés à traduire bien plus qu’à inventer, on exige d’eux des copies fidèles ; mais alors je m’étonne qu’imitant avec tant dc ponchialité jusqu’aux défauts de conformation du modèle vivant mis devant leurs yeux, ils ne co
pient pas plus fidèlement leur propre dessin quand ils ont le burin à la main.
« M. Soumis, par exemple, a fait un fort bon dessin d’après le modèle vivant, et la tête en particulier, dessinée et modelée avec beau
coup de vérité,est exempte du reproche de vulgarité. Cependant, soit qu’il ait mal reporté son dessin sur la planche, on que la difficulté île se rendre maître de son burin l’ait rendu involontairement infi
dèle) toujours est-il qu’il a très-im parfaitement rendu en gravure la tête qu’il avait si habilement dessinée.
« Lé dessin dé la figure de M Bellay est vrai et ferme; niais la nature y est reproduite smon en laid, au moins d’une majiière com


mune. Quant a’ïa gravure, c’est dans la partie supérieure du corps,


le cou, le bras et les épaules, que le jeune artiste l’a traitée avec le pins de (aient, considérée dans son ensemble;· cette planche mérite toutefois d’être particulièrement mentionnée.
« Il y a des parties faites avec soin dans la gravure de M. Pangain, et ses études dessinées ne sont pas sans mérite; mais ees qualités ne sont pas suffisamment prononcées.
« Ainsi que la plupart de ses Compétiteurs, M. Rousseau dessine avec exactitude, mais dans un style par trop vulgaire. Sa gravure, correctement travaillée, manque, il est vrai, de vie et d’originalité ; mais ce sont des qualités qu’il est bien rare que l’on montre en en


trant dans la carrière, quand on se sert, pour les manifester, d’un outil aussi rebelle à la volonté que le burin.


« L’étude dessinée d’après nature par M. Viriot n’a rien qui la recommande particulièrement ; mais sa planche est peut-être celle où l’on aperçoive le plus l’instinct du graveur. Dans cet art, ainsique dans tous les autres, c’est par l’habileté des transitions que le talent se fait surtout reconnaître, et ce n’est pas une petite difficulté pour celui qui tient le burin que de combiner assez heureusement ses tailles pour que leur entrelacement se marie toujours avec la direc
tion si variée des formes. Cette qualité précieuse est en genne dans la gravure de M. Viriot.
« Le modèle dessiné par M. Budichoski a été exactement reproduit par lui sur le cuivre. Dans la gravure, la tête, quoiqu’un peu noire, est assez bien, et l’épaule, ainsi que le bras, mérite des éloges.
« Enfin la figure dessinée par M. Gaillard est traitée un peu plus chaleureusement que les autres, et le jeune concurrent a fait passer cette qualité, dans sa gravure. Certes on peut reprocher au travail du burin de cet élève un peu, de confusion, résultat inévitable de l’in
expérience ; mais on voit qu’il cherche à rendre ses intentions, et qu’il pense aussi à cet art des transitions dont je parlais plus haut.
« L’ensemble de ce concours est sserçs doute satisfaisant, puisqu’il s’y est présenté des élèves qui, avçc lé temps, pourront faire hon
neur à notre école de gravure ; mais la difficulté aujourd’hui est de décider si, parmi les sept concurrents, il en est un dont le mérite surpasse assez celui des autres pour qu’oq lui décerne uil prix. La chose paraissait douteuse aux personnes qui se trouvaient â l’ou
verture de l’Exposition, et ce ne sera pas trop de tons tes membres de l’Institut chargés de prononcer un jugement, pour trancher cette question. »
E-J. DELÉCLUZE.
— L’Acadépiie des beaux-arts de l Institut, dans sa séance du 11, a tranché la question :


Lçs prix deç.ernés sont :


l‘ r grand prix à M. faut-Alphonse Bellay, de Paris, âgé de vingtsix ans, élève de MM. fleurique! Dupont et Picot.
T grain! prix à M. claude-Perdinand Gaillard, de Paris, âgé de dix-huit ans, élève de Si . Leçouturier.
Congrès de troubadours provençaux


DANS LA VILLE D’ARLES.


Il y a si longtemps qu’il est de mode de rire des troubadours, que nous n’avons pas résisté à l’envie d’en parier une fois sérieusement. Nous avons donc accueilli avec plaisir la relation que nous adresse M. Laureps, et qu’il ac
compagne d’ailleurs de dessins qui rendent son récil encore plus aimable :
« Lorsque le sol du monde antique était ravagé par les bar
bares; lorsque tous les monuments étaient brisés et renversés; lorsque toute rimnianité souffrait, la nature restait toujours calme et sereine dans sa splendeur. La sombre fo
rêt verdissait ; la rose et la violette s’épanouissaient ; le ruisseau murmurait; l’oiseau chantait dans les bosquets; les beaux yeux des jeunes filles devaient charmer et faire doucement rêver ; mais aucune voix de poète ne chantait la beauté de la nature, ne rimait aux battements de son cœur ému d’amour. « A une époque où la barbarie cou« vrait encore le monde, entre les pâles lueurs de la déca
ti dence antique et la naissance des nations modernes, il y « avait, dit tin sayant critique, M. Saint-Réné Taillandier,
« un coin de terre privilégié, où la culture intellectuelle « avait trouvé un refuge et produit des merveilles. G’est « sous le soleil de la France du Midi que s’est épanouie la « fleur de la civilisation chrétienne ; c’est 1 imagination
« provençale qui a délié la langue des peuples nouvelle« ment constitués, et frayé la route où s’est élancé leur gé« nie) Dante et Pétrarque sans doute n’avaient pas besoin « de la langue d’oc pour être des intelligences supérieures.


« Auraient-ils été de grands poêles sans cette bienfaisante « influencé ? ». Lorsqu’on sait l’admiration du Dante pour


les troubadours qu’il connaissait, on ne peut éviter de se demander si les Arnaud Daniel, si les Bertrand Born, si les
Giraud de Borneil n’ont pas eu de successeurs, si le beau ciel de la Provence n a plus vu naître aucun poète? La poé
sie n’a jamais manqué, au cœur des enfants de cette terre du Midi ; mais, depuis longtemps, sa langue nationale ne produisait aucun monument digne d’attention. Cependant,
à une époque où tant de souvenirs et de nationalités ont voulu se réveiller, où une justice impartiale a su apprécier les œuvres de tous les temps et de tous les hommes ; à une époque où le sentiment des choses passées, le culte des vieilles mœurs et du vieux langage réclament pacifiquement leurs droits, la poésie provençale ne pouvait rester endor
mie avec un passé si glorieux; le signe du réveil a été donné par le fils d’un jardinier de Saint-Reroy. J. Roumanille,
après avoir vécu quelque temps comme professeur dans une maison d’éducàliqh, est passé à un emploi modeste dans l’imprimerie de M. Seguin, à Avignon ; et c’est de là que, grâces aux matériaux qu’un intelligent patron mettait à sa disposition, est sorti le charmant volume de ses pre
mières poésies : Li Margaridetto , qui attira l’attention et les éloges des premiers hommes de la littérature française,
de Lamartine, de Sainte-Beuve, d’Emile Deschamps, qui en traduisirent plusieurs morceaux. Encouragé par ses succès,
Roumanille , aimant plus la gloire pour son pays que pour lui-même, voulut les faire partager à ceux que des échanges
poétiques purement intimes lui avaient désignés comme les plus dignes. H leur fit un appel dans le feuilleton d’un journal, et i! y fut noblement répondu. Pendant plus d’un
an, le journal avignonnais, la Commune, mit en lumière une variété inouïe de poésies provençales ; et, lorsqu’elles furent ramassées en quantité suffisante, Roumanille les réimprima en un gros volume qui parut sous le titre de : Li Proiivençalo.
« Voici le jugement de M. Saint-Réné Taillandier sur les auteurs de ce recueil. Laissons-le parler :
« M. Camille Reybaud est une intelligence méditative. « Son épîlre à M. Requien atteste une imagination noble,


« accoutumée à errer sur les cimes. M. Grotizillal. a un sen


ti timent vrai des scènes de la nature, et quelque chose « d’Horace et d’André Chénier revit çà et là dans ses ins« pirations. Ils sont tous deux, avec M. Roumanille, les deux « chefs de la pléiade.......Parmi les disciples qui suivent de
« près leurs maîtres, il en est trois dont la verve originale « mérite une mention à part. La poésie de M. Aubanel est « fraîche et robuste. Ce qu’on a loué çà et là dans quelques « pièces de M. Pierre Dupont me semble bien plus remar« quable dans certaines pièces de M. Aubanel... Un autre « écrivain du même genre est M. Glaup, esprit original et « hardi, qui semble un Téniers provençal... M. Mistral en« fin est un coloriste à qui ne manquent ni l’audace ni la « puissance... » (Suivent des appréciations étendues d’au
tres poètes.) Bref, plus de trente noms répondirent à l’appel de Roumanille, et la renaissance de la poésie provençale put
être proclamée. Par la publication des Prorençalçs, les nouveaux troubadours de la langue d’oc avaient pu se con
naître et s’apprécier individuellement. Roumanille a voulu qu’ils lussent une phalange d’amis, et, pour qu’ils le de
vinssent, il les a convoqués à un congrès, à un banquet, à une cour d’amour qui a eu lieu dans la ville d’Arles le 29 août dernier. H faut convenir que le siège de la réunion ne pou
vait être ni mieux choisi, ni plus attrayant sous tous les rapports. Quel est le poète, quel est l’artiste qui ta connu cette antique cité et qui ne lui a pas voué un culte? Quel est l’homme qui résisterait à la séduction de ces tant belles et tant brillantes jeunes filles ? Ce ne pouvaient être ni les poètes qui les ont chantées, ni l’artiste qui les a si souvent dessinées. Aussi nous étions près de trente réunis au joyeux banquet, réunis au congrès poétique.
« Une, salle de f ancien archevêché, tendue de riches tapisseries du dix-septième siècle, avait été mise à notre disposition ; des cristaux en écusson portaient les noms des an
ciens troubadours de là Provence, et le vénérable docteur J.-J.-L. d’Astros était au fauteuil, ayant à ses côtés Roumanilie et J.-B. Gaut. La séance a commencé par la lecture des lettres (t excuses de ceux qui n’avaient pu se rendre ; la prose patoise de ·τ· Rebord de Aimes et celle plus patoise encore de Castil-BÎàze furent vivement applaudies. M. Saint- Réné Taillandier, qui ne sait ni écrire ni parler le patois, mais qui sait si bien le comprendre, exprima en très-bon
français ses regrets de ne pouvoir se rendre au milieu de ceux dont il estimait tant les œuvres. La personne de ces absents eût mieux sans doute été accueillie que leurs paroles écrites ; mais on accepta de bon cœur ce que le sort voulut accorder de ce côté.
«Après ces communications préliminaires, la parole fut à