qui offre un intérêt tout spécial à un grand nombre de nos lecteurs.
On lit dans le Courrier suisse du 19 septembre :
« Oroii, le 17 septembre.
« Un triste accident Tient d’avoir lieu cette après-midi même, sur la route d’ici à Promasens, canton de Fribourg. La duchesse d’Or
léans accompagnée de ses deux fils et de quelques personnes de sa suite’se rendait à Berne, lorsqu’en arrivant à Mouilon elle apprit que le pont de Courtiltes avait été emporté par les eaux la nuit pré
cédente Force lui lut donc de rétrograder avec ses deux voitures de voyage, et de prendre la route de Romont, Fribourg, etc.
« Elle avait passé à Oron à environ midi, lorsqu’à deux heures on voit revenir à Oron une des voitures contenant la duchesse, les deux princes ses fils, sa dame d’honneur, etc., tous trempés jusqu’aux os, et la duchesse elle-même blessée.
„ sa voiture, par l’imprudence du cocher, à ce qu il parait, avait versé dans un grand fossé plein d’eau, à l’entrée du village de Profnasens et s’était entièrement culbutée. La duchesse a eu, dit on, la clavicule rompue, et les autres voyageurs en ont été quittes pour quelques contusions. ..
« ivime la duchesse d’Orléans est revenue à Lausanne pour recevoir les soins que réclame son état. » ,, .... ,
Les docteurs Peliis (de Lausanne) et Guisan (de Mézières), arrivés immédiatement, ont constaté une fracture simple de la clavicule droite. La nuit avait été bonne, et l’état de la princesse ne leur donnait point d’inquiétude.
Quant aux jeunes princes, ils n’avaient reçu aucune contusion. — Le tribunal de police correctionnelle a rendu, le 17, son jugement dans l’affaire dite de la rue de la Reine-Blanche. Tous les prévenus ont été condamnés à un emprisonnement dont la durée varie de quinze mois à trois ans ; chacun d’eux, en outre, à 500 francs d’amende, et à la surveillance de la haute police pendant un temps plus ou moins long.
— Voici une nouvelle phase de la question douanière en Allemagne : . ,
Une séance du congrès de Berlin, indiquée inopinément par le gouvernement prussien, a eu lieu le 17 septembre. Les envoyés du royaume de Hanovre, du grand-duché d’Ol
denbourg, du duché de Brunswick et des Etats de la Thuringe étaient seuls présents; les représentants de la coali
tion n’avaient pas été invités. Le plénipotentiaire de la Prusse a dit à l’assemblée qu’on avait espéré recevoir, le 15, une réponse des Etats alliés à la note prussienne en date du 30 août ; que cette réponse n’avait pas été donnée; que le cabinet de Berlin ne pouvait plus, en conséquence,
négocier qu’avec les gouvernements qui avaient adhéré à sa dernière déclaration, et que désormais il n’appellerait plus aux conférences que ceux qui feraient de même acte d’a dhésion et de consentement.
Cette version, avec quelques différences dans les termes pourtant, est celle de la Gazette des Postes et de la Ga
zette nationale allemande. On voit tout de suite en quoi elle diffère du récit publié par la Nouvelle Gazette de Prusse. Ce n’est plus une rupture ouverte, définitive. Le cabinet de Berlin maintient sans doute sa déclaration tout entière, et cela est très-grave assurément; mais, quoique le délai qu’il avait fixé lui-même aux Etats de la coalition soit passé, loin de repousser les adhésions, il les provoque au contraire. Il promet d’avance de les accepter, c’est-à-dire de négocier ; car la noie du 30 août n’est, à le bien prendre, qu’un préliminaire de négociations.
—.Les journaux anglais annoncent comme un fait certain que le nouveau parlement sera convoqué pour le 11 no
vembre prochain. Le parlement ne se rassemble pas ordi
nairement de si bonne heure : mais on doit se rappeler que le ministère de lord Derby a pris l’engagement de ne pas laisser finir l’année sans que la chambre des communes, produit des élections du mois de juillet, n’ait été appelée à discuter la politique du gouvernement et à prononcer sur son sort. C’est là ce qui doit faire croire que la nouvelle donnée par les journaux anglais est exacte au fond. Lors même que des circonstances imprévues feraient avancer ou retarder de quelques jours l’ouverture de la session, il est certain que le parlement sera réuni vers l’époque indiquée.
Paulin.
L’Académie des beaux-arts de l’Institut a jugé, dans sa séance du 18 septembre, le concours des grands prix d’architecture.
l«r grand prix : M. Paul-René-Léon Ginain, de Paris, Agé de vingt-sept ans, élève de M. Lebas;
1« second grand prix : M. Louis-François Douillard, de Nantes (Loire-Inférieure), âgé de vingt-neuf ans;
2e second grand prix : M. Mâriê-Juliètl-Mîehel Douillard, de Nantes, âgé de vingt-trois ans.
MM. Louis Douillard et Marie Douillard sont élèves de M. Blouet. Géographie du fond de la mer.
Numquid egressus es profunde, maris, et in novhsimis abijssi deambukisti ?
(Job, chap. xxxvm, v. 16.)
Il est une question que bien des enfants se sont adressée ou ont adressée à d’autres personnes, surtout lorsque ces enfants ont navigué sur l’Océan ; celte question est celle-ci :
—- Qu’est-ce qu’il y a au fond de la mer? — La répeese à celle question a du souvent se faire attendre, a dû satisfaire médiocrement.
C’est ce qui nous est arrivé à neus-même. Plus tard, en isant les poètes, nous nous sentîmes possédé de nouveau par la même idée. Homère, les tragiques grecs, surtout Eschyle dans son Prométhêe, et notamment dans ses chœurs des nymphes de l’Océan, ont des expressions propres à raviver le goût d’une exploration maritime inté
rieure. Que dire de Thompson, de Crabbe. de Southey, de Byron, dont l’enthousiasme lyrique s’élève jusqu’au merveilleux?
Malheureusement, tous ces grands peintres se sont arrêtés à la surface de la mer, n’en ont décrit que les beautés visibles, que les mouvements apparents. C’est par hasard,
c’est à leur insu, qu’ils font surgir dans l’âme humaine l’idée j
des profondeurs qu’ils n’ont pas osé visiter, la ravissante idée de l’inconnu pressenti. Chose étrange, dans les fabliaux du moyen âge, recueillis par Legrand d’Aussy, on décou
vre, à cet égard, quelque chose de moins vague, de plus complet.
Un chevalier s’est endormi au bord d’un lac. La fée du lac, prototype d’Armide, aperçoit ce chevalier, en devient amoureuse, et l’entraîne au fond des eaux, dans des de
meures secrètes. Suit la description de ces demeures. Palais de mica, colonnes de nacre, voûtes de corail, bancs de co
quillages, jardins ornés de plantes fantastiques, etc., etc.
C’est un roman, mais un roman qui touche, comme on le verra bientôt, de. tout près à la réalité.
Néanmoins, après le fabliau du moyen âge, comme après Byron, Southey, Crabbe, Thompson, Eschyle, Homère, et même le livre de Job, à qui nous avons emprunté notre épigraphe, il resle encore à répondre à cette question éternelle : — Qu’est-ce qu’il y a au fond de la mer?
La science seule peut répondre à cette question ; il s’agit de forcer la science à parler.
Avant tout, que le lecteur se souvienne que la science, pour pénétrer dans les abîmes de l’Océan, n’a que trois moyens d’exploration : la marée, qui laisse à découvert des plages immenses; la cloche du plongeur, qui ne peut des
cendre qu’à la profondeur de quarante mètres; et la sonde, qui ne fait qu effleurer les corps solides cachés sous les eaux. Ce sont trois moyens insuffisants, mais analytiques, auxquels la science en ajoute un quatrième tout à fait synthétique et beaucoup plus sûr, Y analogie.
H n’y a eu, il n’y a qu’une mer. Celte mer a couvertîle globe, comme le témoignent hautement la paléontologie et la géologie. En se retirant, cette mer abandonna les cimes des plus hautes montagnes, lesquelles cimes devinrent les premières îles. A mesure que s’effectuait la retraite des eaux, ces îles se multiplièrent, se rapprochèrent et formè
rent des archipels. Le même phénomène se continuant, ces archipels, dont les canaux s’étaient desséchés, se soudèrent et apparurent comme des continents. Quoi que ce soit que l’on donne pour cause principale à cette transformation, que ce soit l’eau, que ce soit le feu, on est forcé de se rendre à l’évidence du fait.
Sauf quelques exceptions d’origine madréporique, et dont nous parlerons plus tard, tout ce qui est écueil, rocher, ile ou continent, en un mot tout ce qui est terre, doit être regardé connue aiguille, arête, sommet, plateau, d’un
vaste système de montagnes qui enceint le globe entier, et qui disparaît par intervalles dans l’Océan. En prenant pour guide la situation des îles, des vigies, des récifs, des bancs de sable, et les résultats des tâtonnements de la sonde, il est facile de reconnaître et de suivre à la trace ces monta
gnes invisibles. Tantôt sur la terre et tantôt dans l’eau, partant d’un pôle et se dirigeant vers l’autre, s’écartant jusqu’à l’équateur pour se rapprocher à cet endroit du globe, se dessinent plusieurs grandes chaînes. La première comprend les lies Kerguelen, Saint-Paul, Amsterdam, Bourbon, les Chatte*, les Indou-Khouch, les monts (du
rais, la Nouvelle-Zemble·; la deuxième, Fan-Diémen, la Nouvelle-Hollande, l’archipel de Sumbnva-Timor, Java,
Sumatra, Walacca, l’empire d’Jn-nam, les montsSayantk et le cap Siévéro-Fostotchnii; la troisième, Sandwich,
Tristan d’Acunha, Sainte-Hélène, Y Ascension, le Cap- Fert, les Canaries, les Açores, Y Islande, Jean Mayen, et le Spitzberg.
Entre le cap du Finistère et le banc de Terre-Neuve, il est sûr que la sonde trouverait constamment le fond. Non loin des côtes, combien d’îles doivent se rattacher entre elles par des communications sous-marines! suite des grandes lignes de faite, elles descendent au-dessous du ni
veau de la mer, se relèvent, redescendent, se remontrent encore, ondulant ainsi jusqu’à leur entière disparition! La Grande-Bretagne, les Or rades, les Shetland, les Fœrœr ; la baie d Hudson, Baffin-Parry, le Groenland,
Y Islande, Jean Mayen, le Spitzberg ! La destination de l’archipel grec n’est- elle pas évidemment de rallier Y Asie à Y Europe?
Dans l’océan Pacifique, on remarque longitudinalement une chaîne d’îles qui le partagent en deux régions, et que l’on pourrait prendre, si l on admettait certaines cosmogonies, pour les débris d’un monde submergé.
Le niveau de l’Océan est la surface normale du globe : au-dessus, tout est hauteur ; au-dessous, tout est profondeur. La mer ne louche point au centre de la terre. A dé
faut de la sonde, qui n’a pu descendre au delà de 1,800 mètres, en supposant même qu’elle ait résisté à l’entraînement des courants, par un calcul astronomique, Laplace a dé
montré que la profondeur moyenne de l’Océan n’est qu’une fraction de la différence qui existe entre les deux axes du globe, et ne dépasse jamais 8,000 mètres, environ la hau
teur du DhaouaJar/hiri, c’est-à-dire de la plus haute montagne du monde. Comme l’analogie est ici d’accord avec lé calcul de Laplacè! D’autres savants ont démontré qu’il y a environ autant de masse solide au-dessus de la surface normale de la terre que de masse liquide àü-desseus de cette surface.
Comment s’y prendre pour tracer la carte géographique du fond de la mer? Il faudrait, il nous semble, étudier :
1 Les couronti:. Les eaux de la mer doivent être divisées en trois régions : la région des venls, qui remue jus
qu’à quinze brasses de profondeur; la région des courants,où des distancés immenses sont parcourues, où se fait 1 équi
libre de la température générale de l’Océan ; enfin la région dense, immobile. La première et la dernière de ces régions ne peuvent donner lieu à aucun genre d observations, lun
dis que la direction des courants, ·— abstraction faile de la direction imprimée par le mouvement de rotation de la terre, ·— est due soit à la pente du terrain, soit au heurtement d’une montagne, soit à un banc de sable, soit à une île, etc. Cependant on pourrait être induit en erreur par cer
tains courants accidentels produits par les variations de l’atmosphère. Il y a aussi des courants périodiques qu’il faudrait examiner avec attention.
2° La disposition des continents et les ondulations des rivages. Pourquoi tant de symétrie entre les deux mondes? Comppsé chacun d’une péninsule méridionale terminée en pointe, et d’un plateau septentrional plus spacieux que la péninsule, ils ont encore chacun, pour réunir leurs parties, un isthme étroit. Pourquoi, dans l’ancien monde, est-ce, la côle occidentale qui est la plus découpée, tandis que, dans le nouveau, c’est, au contraire, la côte orientale qui se trouve dans cette situation ? Quelle différence entre les bords déchiquetés de l’Atlantique et les rivages moins tourmentés de l’océan Pacifique!
3” La couleur de l eau. Que cette couleur provienne des minéraux du fond, d’insecles et de végétaux, elle devient plus claire à l’approche d’un terrain quelconque.
h’ l.e niveau d’une certaine portion de la mer. Depuis les temps historiques, le niveau sphéroïde de la mer a, diton, baissé; mais il reste le même partout, sauf dans quelques golfes et dans quelques méditerranées. La mer Baltique, au contraire, a perdu considérablement de sa masse liquide, surtout depuis un siècle ou deux.
5° Cea tension ou ta diminution de certains virages. D’où proviennent cés phénomènes? De la forme des côles,
de la composition des terrains, des couranls, etc. Sur la côte orientale de l’Amérique, ail cap Mox, à l embouchure de la Delaware, la mer a gagné progressivement, en seize ans, cinquante mèlres. Pendant une seule génération, au bourg d’Auch, en Picardie, la mer s’est avancée dans les terres de près de quarante mètres. Au contraire, l’Océan, en beau
coup d endroits, tend à s’éloigner des côtes de France, d’Angleterre, de Hollande et d’Allemagne.
Il résulte de ce qui précède que, sous le rapport topographique, le fond de la mer est aussi inégal, aussi varié, que la surface de la terre. Nous verrons bientôt que celte va
riété existe aussi sous les rapports géologique, ichthyologique et botanique.
Au piecl des montagnes delà mer, on trouverait de vastes vallées, des plaines fertiles, dés déserls de sable, dés forêts immenses, des cratères ardents, des trombes d’eau douce, des jels d’eau brûlante, des cataclysmes éternels. Ici, une ligne de rochers montre à vif des arêtes de jaspe ou de granit ; là, des cristallisations métalliques, resplendissan
tes comme des pierreries, se superposent en arceaux, en ogives, en grottes enchantées. A côté d’une plaine de nacre, apparaît un champ de corail ; des prairies de fougères gi
gantesques se mêlent à des bois d’arbustes pétrifiés; des végétaux hardis se cramponnent avec force à des rocs où brise la vague, se plaisent dans sa tourmente, et s’abandon
nent aux courants, tandis que des floridées, plus paisibles, traversant les eaux transparentes de l’océan Pacifique ou de la Méditerranée, ayant leurs racines à deux cents mètres de profondeur, s’en vont fleurir à la surface.
Le sable du fond de la mer n’est pas métallique, siliceux, quartzeux, etc., comme celui de la terre; il provient des débris du règne animal, des coquilles, des coraux, des enve
loppes des zoophites, détriments sans cesse froissés, broyés, roulés, triturés par l’action des eaux ; quelquefois, pourtant, ce sable contient du mica, du schorl, des gangues métalliques. Les sables des côtes de la Bretagne renfer
ment du fer; on trouve de l étain dans ceux de Lorient et de Blavet.
Le fond de la mer a ses accidents : bancs, écueils, récifs, bas-fonds, tremblements de terre, volcans. Espèces d’îles à fleur d’eau ou à cent brasses de profondeur, plus pu moins, qui ne tiennent à rien en apparence, puisqu’on trouve le fond à peu de distance de leurs açores, les bancs sont composés de sable, de coquillages, de corail ; variables et iné
gaux, ils sont une cause de danger pour le navigateur. 11 y a des bancs immobiles. Les bancs déglacé, ou plutôt les banquises, qui s’élèvent au-dessus des flots, sont encore plus dangereux ; ils barrent toute une côle, un bras de mer, un détroit, l’embouchure d’un fleuve; ils forment des masses considérables, menaçantes pour les bâtiments; ils pro
mènent, ils entraînent à de grandes distances des ours blancs.
Tout le monde sait ce que c’est qu’un écueil, un récif, un raffat, etc.
De tous les volcans sous-marins, celui qui se trouve près de Saint-Michel, l’une des Açores, est peut-être le mieux connu; l’éruption de 1720 fit apparaître une île nouvelle
d’environ huit lieues de tour, qui s’évanouit en 1723 ; après cette disparition, la sonde offrit âOO pieds d’eau. Le roi de Danemark donna le nom de Nioe à une île volcanique ana
logue à la précédente. On se souvient encore de Jutia Nècita, qui se montra, de 1830 à 1831, dans les eaux de Na
ples. 11 est inutile d’ajouter que les éruptions sous-marines sont accompagnées de convulsions, de tremblements de terre, de bouleversements, de catastrophes.
Les pluies, les torrents, les avalanches, arrachant à nos mentagnes des fragments de rochers, les brisent, les rédui
sent en morceaux, les transportent, lès roulent de rivières en rivières, et, les broyant encore par un frottement continu, les font passer, sous forme de graviers, du lit des fleuves aux abîmes de l’Océan. Les terres, détrempées par l’hu
midité, suivent un chemin semblable, et quittent la cascade de la ravine pour aller s’engloutir dans de tumultueux cou
rants. Mais, élaborés par une nalure pleine d’harmonie et de magnificence, ces débris descendent, chacun suivant sa pesanleur spécifique, son degré de solubilité, ses affinités chimiques, dans des cavités plus ou moins profondes, ou bien sont absorbés par des mollusques, par des végétaux sous-marins. Simultanément, avec un ordre admirable, se forme le banc de pierre que le temps durcira de plus en plus, el l’élégante construction de la méandrine et de l’astrée. Ainsi donc, tandis que le sommet des montagnes de la terre tend chaque jour à s’abaisser, chaque jour exhausse