racliie a du linge fin et porte des gants. Démocrite, au contraire, ou Paris qui rit, niche dans la mansarde, est vêtu le moins possible, et pratique la vie de Bohême et d’aven
ture. Il s’affuble d’ailleurs des noms les plus drolatiques : Goquéron, Macarol et Breloque. Raconter l’action, qui est un roman semblable aux autres, n’y comptez pas, on s’y perdrait; mais prenez-moi vite ce vieux fil conducteur : le crime à punir, l’innocence à sauver, et il vous conduira au dénoûment par toutes sortes de chemins pittoresques, qui sont la Maison-d’Or, le cimetière, le tripot, la mairie, la guinguette, le salon, le galetas, la prison, l’hospice et la Courtille. En résumé, ce pêle-mêle forme un spectacle on ne peut plus original, et tous ces messieurs les acteurs, qui ont fort bien joué, verront longtemps Paris qui pleure et Paris qui rit dans leur salle.
quence. Cette meunière, dont le cœur fait tic-tac pour un brigadier, a été calomniée par un nigaud. Pour une meu
nière qui n’a pas de meunier, la réparation est le mariage;
la chose ainsi poussée à l’extrême, le nigaud, qui n’est pas si bête, retire son expression, et la vertu épouse son dra
gon. La chanson a beau être gentille, ce n’est pas celle-là qui fera aller longtemps l’aile du moulin.
La Nuit orageuse, c’est une nuit de M. Grandin au bal de l Opéra. Ce bonhomme, tranquille comme un passementier,
s’est avisé de refuser la main de sa fdle à l’amant qui ferait son bonheur. — Vous, mon gendre, jeune présomptueux,
un faiseur de dettes, qui a connu une danseuse et qui s’est battu pour elle ! Sur ces entrefaites arrive la danseuse incri
minée, dont le plan aussitôt conçu est suivi d’une prompte exécution. Voilà donc ce vieux rigoriste en bonnes fortunes, et dans sa nuit orageuse on le grise à la Maison-d’Or, on le
jette au bal de l’Opéra, où il per-d mille écus et attrape un duel ; et quand la danseuse lui fait son compte, je vous de
mande si son jeune homme n’est pas suffisamment vengé.
Et puis que dira Mme Grandin? Mais HT* Grandin n’a rien à dire, parce que Georges veut bien endosser les fredaines du vieillard; la carte du souper, les mille écus, le duel, Geor
ges se charge de tout. — Dans mes bras, mon gendre ! et l’on ira à la noce, car la pièce très-agréable est de la bonne faiseuse, la compagnie Dartois frères.
VIllustration consacre un nouveau dessin à l’exnosition de l’horticulture, qui aura duré cinq jours. On sait que chaque année, à la même époque, la flore d’automne vient offrir sa corbeille aux curieux, aux amateurs, aux gens du monde, dans sa jolie salle faite de toile et de feuillages, sous les grands arbres des Champs-Elysées, carré Ledoyen.
Exposition delà Société d’horticulture, aux Champs-Elysées. — Dessin de Freeman.
L’espace est loin d’être vaste, et l’exposition est toujours de plus en plus considérable ; mais une disposition ingé
nieuse a permis de régulariser cet entassement : l’ordre est partout, la confusion nulle part. Des jets d’eau artistement dirigés y entretiennent sans cesse la fraîcheur, si nécessaire aux productions délicates du règne végétal, dont la multi
tude alignée sous vos yeux leur offre de toutes parts le plus charmant front de bandière, pendant une promenade de deux cents pas. Le plus difficile, c’est défaire un choix dans cette élite, et nous l’éprouvons en ce moment. La Société d’horticulture distribue annuellement une trentaine de prix, et, devant le merveilleux tableau qu’elle étale, on regrette un peu qu’elle n’en ait pas pour tout le monde. Lauréats ou non, il nous semble que tous et chacun a mé
rité d’être couronné de ses produits. Je citerai, — puisqu’aussi bien il faut citer quelque chose, — les collections
de dalhias de MM. Rendatler de Nancy et Dufoy de Paris, les reines Marguerite deM. Trufaut, les magnifiques hélio
tropes de MM. Barel et Lauzeseur (médaille d’or), et tous les produits, si nombreux et si variés, de M. Pescatore, qui a obtenu la même distinction. )
Pomone fut toujours la compagne de Flore,
pour parler comme M. de Saint-Lambert, et leur alliance éclate ici dans toute sa magnificence. Devant ces rejetons d’un si beau grain et d’une si belle venue, cerises, fraises, pommes et pêches, l’érudit applique à notreFrance la qualification virgilienne ; Alma pareps fniqurn ; l’amateur est
dans l’admiration, et le gourmet prend une attitude de Tantale; les plus sages détournent les yeux, car cela fait venir de coupables pensées. Voici un détail assez grotesque : un culti
vateur de poires a gravé, in aile, sur chacun de ses fruits toutes sortes de devises en l’honneur du chef de l’Etat : « A toi, Louis-Napoléon, qui a sauvé la France ; » ou bien : « Je désirerais te serrer la main, ô mon prince ! » et en
core : « Souviens-toi de l’amitié d’un horticulteur; c’est un bienfait des dieux. »
Laissons les légumes et les plantureuses collections dans la hotte du maraîcher, pour finir par une dernière mention :
celle des roses artificielles exposées par M1Ie Guersant et des fruits imités de M. Ledun.
Philippe Busoni.
ture. Il s’affuble d’ailleurs des noms les plus drolatiques : Goquéron, Macarol et Breloque. Raconter l’action, qui est un roman semblable aux autres, n’y comptez pas, on s’y perdrait; mais prenez-moi vite ce vieux fil conducteur : le crime à punir, l’innocence à sauver, et il vous conduira au dénoûment par toutes sortes de chemins pittoresques, qui sont la Maison-d’Or, le cimetière, le tripot, la mairie, la guinguette, le salon, le galetas, la prison, l’hospice et la Courtille. En résumé, ce pêle-mêle forme un spectacle on ne peut plus original, et tous ces messieurs les acteurs, qui ont fort bien joué, verront longtemps Paris qui pleure et Paris qui rit dans leur salle.
Au Vaudeville, Jolie meunière· et joli succès sans consé
quence. Cette meunière, dont le cœur fait tic-tac pour un brigadier, a été calomniée par un nigaud. Pour une meu
nière qui n’a pas de meunier, la réparation est le mariage;
la chose ainsi poussée à l’extrême, le nigaud, qui n’est pas si bête, retire son expression, et la vertu épouse son dra
gon. La chanson a beau être gentille, ce n’est pas celle-là qui fera aller longtemps l’aile du moulin.
La Nuit orageuse, c’est une nuit de M. Grandin au bal de l Opéra. Ce bonhomme, tranquille comme un passementier,
s’est avisé de refuser la main de sa fdle à l’amant qui ferait son bonheur. — Vous, mon gendre, jeune présomptueux,
un faiseur de dettes, qui a connu une danseuse et qui s’est battu pour elle ! Sur ces entrefaites arrive la danseuse incri
minée, dont le plan aussitôt conçu est suivi d’une prompte exécution. Voilà donc ce vieux rigoriste en bonnes fortunes, et dans sa nuit orageuse on le grise à la Maison-d’Or, on le
jette au bal de l’Opéra, où il per-d mille écus et attrape un duel ; et quand la danseuse lui fait son compte, je vous de
mande si son jeune homme n’est pas suffisamment vengé.
Et puis que dira Mme Grandin? Mais HT* Grandin n’a rien à dire, parce que Georges veut bien endosser les fredaines du vieillard; la carte du souper, les mille écus, le duel, Geor
ges se charge de tout. — Dans mes bras, mon gendre ! et l’on ira à la noce, car la pièce très-agréable est de la bonne faiseuse, la compagnie Dartois frères.
VIllustration consacre un nouveau dessin à l’exnosition de l’horticulture, qui aura duré cinq jours. On sait que chaque année, à la même époque, la flore d’automne vient offrir sa corbeille aux curieux, aux amateurs, aux gens du monde, dans sa jolie salle faite de toile et de feuillages, sous les grands arbres des Champs-Elysées, carré Ledoyen.
Exposition delà Société d’horticulture, aux Champs-Elysées. — Dessin de Freeman.
L’espace est loin d’être vaste, et l’exposition est toujours de plus en plus considérable ; mais une disposition ingé
nieuse a permis de régulariser cet entassement : l’ordre est partout, la confusion nulle part. Des jets d’eau artistement dirigés y entretiennent sans cesse la fraîcheur, si nécessaire aux productions délicates du règne végétal, dont la multi
tude alignée sous vos yeux leur offre de toutes parts le plus charmant front de bandière, pendant une promenade de deux cents pas. Le plus difficile, c’est défaire un choix dans cette élite, et nous l’éprouvons en ce moment. La Société d’horticulture distribue annuellement une trentaine de prix, et, devant le merveilleux tableau qu’elle étale, on regrette un peu qu’elle n’en ait pas pour tout le monde. Lauréats ou non, il nous semble que tous et chacun a mé
rité d’être couronné de ses produits. Je citerai, — puisqu’aussi bien il faut citer quelque chose, — les collections
de dalhias de MM. Rendatler de Nancy et Dufoy de Paris, les reines Marguerite deM. Trufaut, les magnifiques hélio
tropes de MM. Barel et Lauzeseur (médaille d’or), et tous les produits, si nombreux et si variés, de M. Pescatore, qui a obtenu la même distinction. )
Pomone fut toujours la compagne de Flore,
pour parler comme M. de Saint-Lambert, et leur alliance éclate ici dans toute sa magnificence. Devant ces rejetons d’un si beau grain et d’une si belle venue, cerises, fraises, pommes et pêches, l’érudit applique à notreFrance la qualification virgilienne ; Alma pareps fniqurn ; l’amateur est
dans l’admiration, et le gourmet prend une attitude de Tantale; les plus sages détournent les yeux, car cela fait venir de coupables pensées. Voici un détail assez grotesque : un culti
vateur de poires a gravé, in aile, sur chacun de ses fruits toutes sortes de devises en l’honneur du chef de l’Etat : « A toi, Louis-Napoléon, qui a sauvé la France ; » ou bien : « Je désirerais te serrer la main, ô mon prince ! » et en
core : « Souviens-toi de l’amitié d’un horticulteur; c’est un bienfait des dieux. »
Laissons les légumes et les plantureuses collections dans la hotte du maraîcher, pour finir par une dernière mention :
celle des roses artificielles exposées par M1Ie Guersant et des fruits imités de M. Ledun.
Philippe Busoni.