Lord Wellington.
L’Angleterre est en deuil du plus glorieux de ses fils, du plus modéré de ses hommes d’Etat. Lord Wellington est mort le 14 septembre. I.es journaux anglais, depuis cette date funeste, sont rem
plis de l’expression des regrets publics. On lit partout l’éloge funèbre du mérite militaire et du caractère politique de l’illustre défunt,
auquel, de son vivant, la reconnaissance nationale avait prodigué des statues, avec des témoignages d’estime plus matériels.
Il n’en coûte pas à notre orgueil national de reconnaître, après un historien célèbre, dont la sentence patriotique ne peut être suspecte en jugeant un adversaire de nos armes dans la guerre d’Espagne, — il ne nous eu coûte pas de reconnaître, avec M. Thiers,
Saïb et celle des Mahrattes, le duc de Wellington, alors connu sous le nom de sir Arthur Wellesley, était devenu, en 1807, le général le plus distingué de l’Angleterre. Bentré en Furope, et placé, en 1808, à la tète de l’armée que le gouvernement britannique avait envoyée en Fortugal pour défendre ce pays contre la France, sir Arthur Wellesley conquit ses plus beaux titres militaires dans la péninsule espagnole, et par une série de campagnes qui vinrent se terminer sous les murs de Toulouse en 1814. Enfin, en 1815, il commandait en chef l’armée anglaise à la bataille de Waterloo.
Depuis cette époque, le duc de Wellington n’a plus participé à aucune opération militaire active, mais il a, pendant de longues an
nées, exercé les fonctions de général en chef, commander in chieff, des armées anglaises, et il était encore revêtu de ce titre le jour de sa mort. Il a aussi, comme on sait, fait partie de plusieurs minis
lington occuperait plusieurs pages; nous nous bornerons à dire qu’en 1808 il n’était encore que le chevalier de Wellesley; en I809> il fut nommé baron de Eouro et vicomte de Wellington; en 1812,
comte de Wellington au mois de février, et marquis de Wellington en août; en 1814, enfin marquis de Douro et duc de Wellington. Il était en Espagne duc de Ciudad Rodrigo et grand d’Espagne de pre
mière classe, en Fortugal duc de Vittoria, marquis de Torres Vedras et comte de Vimieira; en Hollande prince de Waterloo.
De plus, le duc de Wellington était encore feld-maréchal, colonel des grenadiers de la garde, colonel en chef de la brigade des chas
seurs à pied, chevalier de l’ordre de la Jarretière, chevalier grandcroix de l’ordre du Bain, et de tous les ordres de l’Europe, lordgardien des cinq ports, constable de la Tour de Londres, lordlieutenant du comté de liants, chaucelier de l’université d’Oxford,
que lord Wellington , sans a- voir le génie qui est sujet à s’éga
rer, eut toutes les qualités solides qui en tien
nent lieu, et prin
cipalement le bon sens, qui pèse le
génie lui-même et qui ne s’en
laisse pas é- blouir.
Lord Wellington peut avoir été surfait dans son pays comme homme de guerre; il y a des re
nommées qui se fondent ainsi, à de certaines heures, pour le besoin d’une situa
tion. Nous avons dans notre his
toire plus d’un exemple de ces conventions du sentiment public qui ajourne son jugement défini
tif, pour opposer un grand souve
nir à des prétentions condam
nées. Cet accord intime de toutun peuple n’est pas, toutefois, une affaire de fantai
sie; il y faut un motif plausible,
et quand ce n’est pas la grandeur du héros, c’est le bonheur de ses
entreprises.L’enthousiasine de l’Angleterre ne pouvait créer un grand homme
plus digne de sa fortune que celui qu’elle vient de perdre. — Lord
Wellington a fait profiter son pays
del’autorité qu’il tirait de son il
lustration H fut un arbitre res
pecté entre les partis, sans avoir jamais sacrifié le progrès raisonnable des institutions et les in
térêts légitimes qu’elles doivent
protéger. « Si le duc de Wellington, dit un jour
nal vvhig, fut tory par naissance, par éducation, par conviction,
toujours est-il qu’il était un homme essentiellement honorable et de l’es
prit le plus élevé. Il soutenait scs opinons comme il aurait défendu une forteresse , tant que la place était tenable, jamais plus long
temps, et il ne songeait alors qu’à faire une re
traite honorable. »
Issu d’une an
feld-maréchal en Prusse et en Autriche, etc.
Les divers traitements dont jouissait le duc de Wellington, à
raison des hautes charges dont il était revêtu, et
les pensions dont il avait été gratifié pour les ser
vices rendus à son pays, ne s é
levaient pas à moins de 48,OCO livres sterling, soit 1 million 200,000 francs.
Le peuple anglais ne croyait pas les services de son héros as
sez payés par cette munificence Malgré quel
ques exceptions mémorables, ja
mais personnage public n’a été l’objet d’un respect plus univer
sel. Ceux qui ont eu occasion, en visitant Londres, de rencontrer le duc de Welling
ton traversant les rues ou les parcs de cette grande ville, ont pu constater les témoignages de cette adoratù n populaire. —le duc! disait-on, et tout le monde de s’arrêter dans une attitude res
pectueuse. Pour les Anglais, un duc est un peisonnage qui joint un titre au nom
de sa famille. — C’est un duc ; mais Wellington était le Duc.
Il est mort à Walmer-Castle,
où il résidait momentanémi nt en qualité de lord gardien des cinq ports. Une dépêche a été aussitôt expédiée , pour annoncer l’événe
ment à la reine et au prince Albert, qui se trouvent actuelle
ment en Ecosse. La dépêché demandait les or
dres de la reine relativement à la question de savoir si les funérailles du ducse
raient publiques
ou privées. La réponseest qu’elles doivent être célébrées publi
quement — On pense que le programme des fu
nérailles de Nel
son à Saint-Paul, le 9 janvier 1806, sera adopté pour ces obsèques. — Le prince Albert doit venir d’É
Le duc de Wellington, décédé à Londres, le 14 septembre 1852.
cienne famille établie en Irlande dès le temps de Henri VIII, mais qui n’a commencé à jeter d’éclat qu’à la fin du siècle dernier, le duc de Wellington, né le 1er mai 1709, était âgé, au jour de sa mort, de plus de quatre-vingt-trois ans. Elevé pour la profession des ar
mes, ayant suivi les cours de l’école militaire qui existait à Angers avant la révolution française, il parut pour la premièfe fois sur les
champs de bataille en 1794, à la tète d’une brigade attachée à l’expédition que le duc d’York, fils du roi Georges lit, conduisit celte année en Hollande. De là il passa dans l’Inde, oii l’un de ses frères alliés, le marquis de Wellesley, la première illustration de
la famille, était gouverneur général. Investi du commandement des armées qui renversèrent successivement la puissance de Tippoo
tères, et notamment de celui qui, en 1827, fit voter par le Parlement l’acte d’émancipation politique des catholiques irlandais.
Le duc de Wellington avait épousé, le 6 avril 1806, miss Catherine Packenham, troisième fille de lord Longford, morte le 23 avril 1831, et de laquelle il a eu deux fils ; le marquis de Douro, en ce moment membre de la Chambre des communes, et qui devient au
jourd’hui duc de Wellington et pair du Royaume-Uni, mais qui n’a pas d’enfants, et M. Charles Wellesley, lieutenant-colonel dans l’armée, né en 1808, et marié en 1844 à la fille unique de l’hono
rable H. Mamers Pierrepoint, qui lui a donné cinq enfants, dont quatre sont encore vivants.
La liste des titres honorifiques et des dignités du duc de Wel
cosse pour y assister en personne. Dans les docks, les navires russes, prussiens, suédois, nonvégiens, hollandais, espagnols et portugais ont amené leurs pavillons en signe de deuil.
L’acte de décès d’Arthur Wellesley , feld-maréchal, duc de Wellington, porte qu’il est mort à l’àge de quatre-vingt-trois ans, et que la cause de sa mort a été l’épilepsie. Son acte de baptême porte : 1769, 30 avril; Arthur, fils du très-honorable comte et de la com
tesse de Mornington. Il est signé par J. S. M’Sorley, curé de Saint- Pierre, à Dublin.
Le duc de Wellington ne laisse qu’un survivant des commissaires du fameux traité de vienne : le prince de Mettemich.
Paulin.
L’Angleterre est en deuil du plus glorieux de ses fils, du plus modéré de ses hommes d’Etat. Lord Wellington est mort le 14 septembre. I.es journaux anglais, depuis cette date funeste, sont rem
plis de l’expression des regrets publics. On lit partout l’éloge funèbre du mérite militaire et du caractère politique de l’illustre défunt,
auquel, de son vivant, la reconnaissance nationale avait prodigué des statues, avec des témoignages d’estime plus matériels.
Il n’en coûte pas à notre orgueil national de reconnaître, après un historien célèbre, dont la sentence patriotique ne peut être suspecte en jugeant un adversaire de nos armes dans la guerre d’Espagne, — il ne nous eu coûte pas de reconnaître, avec M. Thiers,
Saïb et celle des Mahrattes, le duc de Wellington, alors connu sous le nom de sir Arthur Wellesley, était devenu, en 1807, le général le plus distingué de l’Angleterre. Bentré en Furope, et placé, en 1808, à la tète de l’armée que le gouvernement britannique avait envoyée en Fortugal pour défendre ce pays contre la France, sir Arthur Wellesley conquit ses plus beaux titres militaires dans la péninsule espagnole, et par une série de campagnes qui vinrent se terminer sous les murs de Toulouse en 1814. Enfin, en 1815, il commandait en chef l’armée anglaise à la bataille de Waterloo.
Depuis cette époque, le duc de Wellington n’a plus participé à aucune opération militaire active, mais il a, pendant de longues an
nées, exercé les fonctions de général en chef, commander in chieff, des armées anglaises, et il était encore revêtu de ce titre le jour de sa mort. Il a aussi, comme on sait, fait partie de plusieurs minis
lington occuperait plusieurs pages; nous nous bornerons à dire qu’en 1808 il n’était encore que le chevalier de Wellesley; en I809> il fut nommé baron de Eouro et vicomte de Wellington; en 1812,
comte de Wellington au mois de février, et marquis de Wellington en août; en 1814, enfin marquis de Douro et duc de Wellington. Il était en Espagne duc de Ciudad Rodrigo et grand d’Espagne de pre
mière classe, en Fortugal duc de Vittoria, marquis de Torres Vedras et comte de Vimieira; en Hollande prince de Waterloo.
De plus, le duc de Wellington était encore feld-maréchal, colonel des grenadiers de la garde, colonel en chef de la brigade des chas
seurs à pied, chevalier de l’ordre de la Jarretière, chevalier grandcroix de l’ordre du Bain, et de tous les ordres de l’Europe, lordgardien des cinq ports, constable de la Tour de Londres, lordlieutenant du comté de liants, chaucelier de l’université d’Oxford,
que lord Wellington , sans a- voir le génie qui est sujet à s’éga
rer, eut toutes les qualités solides qui en tien
nent lieu, et prin
cipalement le bon sens, qui pèse le
génie lui-même et qui ne s’en
laisse pas é- blouir.
Lord Wellington peut avoir été surfait dans son pays comme homme de guerre; il y a des re
nommées qui se fondent ainsi, à de certaines heures, pour le besoin d’une situa
tion. Nous avons dans notre his
toire plus d’un exemple de ces conventions du sentiment public qui ajourne son jugement défini
tif, pour opposer un grand souve
nir à des prétentions condam
nées. Cet accord intime de toutun peuple n’est pas, toutefois, une affaire de fantai
sie; il y faut un motif plausible,
et quand ce n’est pas la grandeur du héros, c’est le bonheur de ses
entreprises.L’enthousiasine de l’Angleterre ne pouvait créer un grand homme
plus digne de sa fortune que celui qu’elle vient de perdre. — Lord
Wellington a fait profiter son pays
del’autorité qu’il tirait de son il
lustration H fut un arbitre res
pecté entre les partis, sans avoir jamais sacrifié le progrès raisonnable des institutions et les in
térêts légitimes qu’elles doivent
protéger. « Si le duc de Wellington, dit un jour
nal vvhig, fut tory par naissance, par éducation, par conviction,
toujours est-il qu’il était un homme essentiellement honorable et de l’es
prit le plus élevé. Il soutenait scs opinons comme il aurait défendu une forteresse , tant que la place était tenable, jamais plus long
temps, et il ne songeait alors qu’à faire une re
traite honorable. »
Issu d’une an
feld-maréchal en Prusse et en Autriche, etc.
Les divers traitements dont jouissait le duc de Wellington, à
raison des hautes charges dont il était revêtu, et
les pensions dont il avait été gratifié pour les ser
vices rendus à son pays, ne s é
levaient pas à moins de 48,OCO livres sterling, soit 1 million 200,000 francs.
Le peuple anglais ne croyait pas les services de son héros as
sez payés par cette munificence Malgré quel
ques exceptions mémorables, ja
mais personnage public n’a été l’objet d’un respect plus univer
sel. Ceux qui ont eu occasion, en visitant Londres, de rencontrer le duc de Welling
ton traversant les rues ou les parcs de cette grande ville, ont pu constater les témoignages de cette adoratù n populaire. —le duc! disait-on, et tout le monde de s’arrêter dans une attitude res
pectueuse. Pour les Anglais, un duc est un peisonnage qui joint un titre au nom
de sa famille. — C’est un duc ; mais Wellington était le Duc.
Il est mort à Walmer-Castle,
où il résidait momentanémi nt en qualité de lord gardien des cinq ports. Une dépêche a été aussitôt expédiée , pour annoncer l’événe
ment à la reine et au prince Albert, qui se trouvent actuelle
ment en Ecosse. La dépêché demandait les or
dres de la reine relativement à la question de savoir si les funérailles du ducse
raient publiques
ou privées. La réponseest qu’elles doivent être célébrées publi
quement — On pense que le programme des fu
nérailles de Nel
son à Saint-Paul, le 9 janvier 1806, sera adopté pour ces obsèques. — Le prince Albert doit venir d’É
Le duc de Wellington, décédé à Londres, le 14 septembre 1852.
cienne famille établie en Irlande dès le temps de Henri VIII, mais qui n’a commencé à jeter d’éclat qu’à la fin du siècle dernier, le duc de Wellington, né le 1er mai 1709, était âgé, au jour de sa mort, de plus de quatre-vingt-trois ans. Elevé pour la profession des ar
mes, ayant suivi les cours de l’école militaire qui existait à Angers avant la révolution française, il parut pour la premièfe fois sur les
champs de bataille en 1794, à la tète d’une brigade attachée à l’expédition que le duc d’York, fils du roi Georges lit, conduisit celte année en Hollande. De là il passa dans l’Inde, oii l’un de ses frères alliés, le marquis de Wellesley, la première illustration de
la famille, était gouverneur général. Investi du commandement des armées qui renversèrent successivement la puissance de Tippoo
tères, et notamment de celui qui, en 1827, fit voter par le Parlement l’acte d’émancipation politique des catholiques irlandais.
Le duc de Wellington avait épousé, le 6 avril 1806, miss Catherine Packenham, troisième fille de lord Longford, morte le 23 avril 1831, et de laquelle il a eu deux fils ; le marquis de Douro, en ce moment membre de la Chambre des communes, et qui devient au
jourd’hui duc de Wellington et pair du Royaume-Uni, mais qui n’a pas d’enfants, et M. Charles Wellesley, lieutenant-colonel dans l’armée, né en 1808, et marié en 1844 à la fille unique de l’hono
rable H. Mamers Pierrepoint, qui lui a donné cinq enfants, dont quatre sont encore vivants.
La liste des titres honorifiques et des dignités du duc de Wel
cosse pour y assister en personne. Dans les docks, les navires russes, prussiens, suédois, nonvégiens, hollandais, espagnols et portugais ont amené leurs pavillons en signe de deuil.
L’acte de décès d’Arthur Wellesley , feld-maréchal, duc de Wellington, porte qu’il est mort à l’àge de quatre-vingt-trois ans, et que la cause de sa mort a été l’épilepsie. Son acte de baptême porte : 1769, 30 avril; Arthur, fils du très-honorable comte et de la com
tesse de Mornington. Il est signé par J. S. M’Sorley, curé de Saint- Pierre, à Dublin.
Le duc de Wellington ne laisse qu’un survivant des commissaires du fameux traité de vienne : le prince de Mettemich.
Paulin.