que de vérités il a mises en lumière ! Que d’entraves il a brisées, et que de sages lois, que de bienfaits, que de jouissances viennent de lui !
Arrivons maintenant aux conclusions de M. Lallemand. Comme il ne procède pas avec la méthode rigoureuse des logiciens, ces conclusions ne sont pas énoncées au com
mencement ou à la fin de son livre; mais elles en forment la trame, et il ne s’agit que de les dégager des faits auxquels elles sont mêlées.
Que ceux qui souffrent aient l’âme ouverte à l’espérance ! Rien n’a été construit pour durer toujours. Telle est la thèse première et fondamentale de M. Lallemand. Il prouve en
suite, et prouve bien, que si tous les vœux légitimes doivent être nécessairement satisfaits, il n’est pas sage derecourir à la violence pour hâter, s’il se peut, l’heure de cette satisfac
tion. La violence a bien rarement eu dès résultats heureux. Quand un peuple se soulève pour défendre des libertés ac
quises et qu’on prétend lui ravir, il défend son bien ; c’est son droit et son devoir. Mais quand une classe de citoyens, aspirant après un sort meilleur, court aux armes et menace
de foudroyer les établissements des intérêts légaux, des intérêts conservateurs, elle s’engage dans une entreprise souvent inique, presque toujours désastreuse. Les réformes sociales doivent être la conquête, le prix mérité du travail pacifique. C’est la seconde thèse de M. Lallemand.
B. HaurÉau.
Voyage du Président de la République.


PREMIÈRE SEMAINE.




De Paris à Lyon, par Bourges, Nevers, Moulins,


Roanne et Saint-Etienne.
C’est le 14 septembre, à midi, que M. le Président de la République est parti de Paris pour le long voyage qu’il doit accomplir au centre et au midi de la France. M. le Président s’était rendu de Saint-Cloud à la gare du chemin de fer d’Orléans, escorté des corps d’officiers de carabiniers
et de cuirassiers en garnison à Versailles. Il était accompagné de plusieurs des officiers de sa maison, de son mé
decin, M. Conneau, de M. Moquart, chef de son cabinet, et il avait auprès de lui M. le ministre de la guerre, qui sera de tout le voyage. A la gare d’Orléans, parée de bandero
les, de mâts, de Chiffres et emblèmes, et qu occupait un bataillon de la gendarmerie mobile , M. le Président a été reçu avec tous les honneurs dus à son rang par les admi
nistrateurs du chemin, et au milieu d’un grand concours de fonctionnaires, les uns désignés pour l’accompagner, les autres accourus pour lui offrir leurs vœux et leurs hommages à l’occasion de ce départ.
Le train présidentiel n’a fait que toucher à Etampes, Orléans et Vierzon, ou quelques minutes ont suffi à la réception des autorités locales. Entre six et sept heures, il entrait à la gare de Bourges, au bruit des salves d’artillerie,
des fanfares et de toutes les cloches de la ville sonnées à pleine volée. Dès le matin, la vieille cité de Jacques Cœur et de Charles Vil avait été comme envahie par les détachements de garde nationale et de sapeurs-pompiers de tout


Départ du Président de la République du château de Saint-Cloud.


le département, mandés pour la solennité, auxquels s’était adjointe une foule énorme d’habitants des campagnes envi
ronnantes. La gare était magnifiquement éclairée, ornée d’arbustes et pavoisée aux trois couleurs nationales. M. le Président y a été reçu par le maire, les adjoints, le conseil municipal de la ville et les principaux fonctionnaires tlu dé
partement. Il est monté à cheval et à traversé Bourges, suivi d’un cortège nombreux, pour se rendre à la cathédrale. Parmi les décorations officielles ou privées de l’iti
néraire parcouru, on a surtout remarqué celles des place et porte Saint-Sulpiçe, et de l’Hôtel-Dieu. Toutes les rues étaient encombrées, au point que le cortège présidentiel avait peine à s’y faire jour, et les acclamations paraissent avoir été fort enthousiastes ; mais une grande partie des vieux hôtels et autres aristocratiques logis qui abondent surtout dans la haute ville et dans le quartier de la cathédrale, étaient silencieux et nus, et ils sont demeurés hermétiquement fermés au moment même du passage.
Sur le seuil delà cathédrale, l’un des plus corrects chefsd’œuvre de l’art gothique non fleuri, M. le cardinal Dupont,
archevêque de Bourges, â la tête de tout son clergé , est venu recevoir M. le Président, lui a offert l’encens et l’eau
bénite, et l’a conduit dans la vieille basilique où le Domine sali uni fac Lud wicum-Napoleonem a été entonné par d’imposantes masses chorales. Le prélat a ensuite récité YOremtts, et, après la cérémonie, a conduit le prince au palais archiépiscopal, presque adjacent â l’église et dominant une belle promenade publique dessinée par Le Nôtre, et l’un des ornements de la capitale du Berry; la cathédrale,
la place, l’archevêché étaient somptueusement décorés et illuminés. C’est au palais de S. E. que les appartements du Prince avaient été disposés. Là aussi un banquet de cin
quante couverts a été offert par M. le Président, au nom duquel se font les invitations, êt qui a déclaré vouloir sup
porter les frais de ses réceptions durant tout le cours du voyage.
C’est également en vertu de ses intentions, et selon les ordres émanés du ministère de l’intérieur, qu’aucun discours officiel n’est et ne sera prononcé.
Après le dîner, M. le Président s’est rendu, à pied et sans escorte, au milieu des flots pressés d’une population formi
dable, du palais archiépiscopal à l’hôtel de la Préfecture, où l’attendait un grand bal. Une immense salle, l’ancienne vénerie du duc Jean, avait été, en moins de cinq jours, appropriée avec splendeur et goût pour cette fête. M. le Pré
sident y a ouvert le bal avec M “* Pastoureau , femme du préfet, ayant pour vis-à-vis ce magistrat et M“° Planchât, femme du maire de Bourges. Il s’est rendu ensuite dans les jardins de la préfecture, où, d’une tribune préparée pour le recevoir, il a contemplé les illuminations de l’immense place Séraucourt, ainsi que le feu d’artifice tiré peu d’instants après. A onze heures, le Prince a regagné à pied l’ar
chevêché. Le lendemain, sur cette même place Séraucourt, plantée de magnifiques arbres, il a passé en revue les gar