« hésions.) C’est qu’il connaît, à cette heure, et les trom« peuses espérances dont on le berçait, et les dangers dont « il était menacé.
« Il sait qu’en 1852 la société courait à sa perte, parce « que chaque parti se consolait d’avance du naufrage gè
le néral par l’espoir de planter son drapeau sur les débris « qui pourraient surnager. (Bravos prolongés.) Il me sait « gré d’avoir sauvé le vaisseau en arborant seulement le « drapeau de la France. (Sensation. —- rive f Empereur!)
« Désabusé des absurdes théories, le peuple a acquis la « conviction que ces réformateurs prétendus n’étaient que « des rêveurs, car il y avait toujours disproportion, incon« séquence, entre leurs moyens et les résultats promis? « (Vifs applaudissements. — C’est vrai ! c’est vrai !)
« Aujourd’hui, la nation m’entoure de ses sympathies, « parce que je ne suis pas de la famille des idéologues.
« Pour faire le bien du pays, il n’est pas besoin d’appliquer « de nouveaux systèmes, mais de donner, avant tout, con« fiance dans le présent, sécurité dans l’avenir.
«Voilà pourquoi la France semble revenir à l’Empire. « (Oui ! oui ! — Bravos prolongés. — J ive l Empereur !)
« Il est néanmoins une crainte à laquelle je doisrépon« dre. Par esprit de défiance, certaines personnes se di« sent : l’Empire, c’est la guerre. Moi je dis : l’Empire,
« c’est la paix! (Sensation.) C’est la paix, car la France le « désire; et, lorsque la France est satisfaite, le monde est « tranquille.
Dans la soirée, le Prince recevra au palais des Tuileries les ministres, les grands corps de l’Etat, les autorités constituées, les officiers généraux, etc.
Indépendamment de l’arc de triomphe dressé par ordre de la commission municipale de Paris sur la place Walhubert, à l’entrée du pont d’Austerlitz, plusieurs autres arcs de triomphe seront dressés par dés particuliers ou des cor
porations sur la ligne des boulevards. Le premier sera construit par MM. Poulain, entrepreneur, et Dejean, proprié
taire du Cirque, sur le boulevard des Filles-du Calvaire, à la hauteur de la rue de ce nom; entre ce point et le fau
bourg du Temple, deux autres seront dressés par les soins des directeurs des théâtres qui sont de ce côté. On annonce qu’un quatrième arc sera dressé aussi par les soins d’autres directeurs de théâtres, vers la porte Saint-Martin. En outre de ces arcs de triomphe, des tribunes seront élevées devant plusieurs des théâtres qui se trouvent sur la ligne de
puis le boulevard du Temple jusqu’à la porte Saint-Martin,
et elles seront occupées par des orchestres nombreux qui exécuteront des symphonies pendant le passage du cortège.
Le dernier arc de triomphe sera construit dans la rue lloyale-Saint-Honoré, entre la rue Saint-Honoré et la place de la Concorde; ce sera un arc monumental dressé par les soins de MM. Chotard et d’Olincourt, comme délégués des ouvriers de Paris.
Un grand nombre de corporations ouvrières, toutes portant des bannières spéciales, seront échelonnées sur la ligne ou suivront le cortège.
Les bureaux des diverses administrations publiques et les lycées et collèges seront fermés samedi ; on annonce que la Bourse sera aussi fermée ce jour-là.
—L’Allemagne est vivement agitée depuis quelques mois par les questions d’union douanière, et cette marche pacifique des intérêts tend à changer l’équilibre des Etats allemands, comme le feraient les vicissitudes de la guerre.
La Prusse, qui devait au zollverein une prépondérance réelle, la Prusse, dont le roi avait eu besoin de résister aux instances de la diète de Francfort pour ne pas ceindre la couronne impériale, semble menacée aujourd’hui de perdre cette prépondérance.
D’autres alliances commerciales vont remplacer celle que la Prusse avait si habilement formée, s’il est vrai qu’elle soit définitivement rompue.
Le roi de Hanovre va visiter les rois de Bavière et de Wurtemberg, et le Moniteur de ce dernier royaume, dans un article qui a fait quelque sensation en Allemagne, a voulu prôuver que la coalition qui se forme aujourd’hui entre ces trois royaumes, la Saxe, les deux liesses et Nassau, n’a l ien à craindre des représailles douanières de la Prusse,
puisque la navigation du Rhin est réglée, et que d’ailleurs l’Autriche a promis aux Etats coalisés de leur garantir le revenu actuel de leurs douanes.
Ces événements semblent mettre l’industrie prussienne dans une situation difficile. De quel côté cherchera-t-elle
ses débouchés? Sera-ce vers le Nord? Mais les provinces méridionales y trouveraient peu d’avantages, à cause des distances à traverser. Les habitudes contractées et les relations de voisinage ne se rompent pas en un jour.
Le Siècle donne à la défaite du zollverein une portée politique et morale qui prime la question matérielle.
« Si la Prusse l’emporte, dit-il, la cause du progrès régulier et successif est gagnée de l’autre côté du Rhin, où l établissement de la liberté constitutionnelle n’est désor
mais qu’une affaire de temps, de formes et de réformes. Si, au contraire, l’Autriche a le dessus, le progrès commercial et politique n’aura plus de chances que dans les révolutions violentes. »
A Berlin cependant, on semble toujours compter sur le Hanovre. Quoi qu’il en soit, on doit reconnaître que, jus
qu ici, le gouvernement prussien ne paraît pas s’émouvoir beaucoup de cet isolement dont on le dit menacé. Il est vrai que cette question est très-populaire en Prusse, et que, sur le terrain de la résistance à l’Autriche, le cabinet ren
contre l’appui des partis mêmes qui le combattaient d’habitude, l’extrême droite et les libéraux.
C’est le 10 novembre qu’ont eu lieu les élections pour la première chambre. Le 25 octobre auront lieu les élections du premier degré, et le 3 novembre, les élections du second degré pour la seconde chambre. Le mouvement élec
toral est peu sensible, et l’on prévoit de très-nombreuses abstentions, surtout dans le parti démocratique. Il est donc à prévoir que le gouvernement obtiendra un succès com
plet. Pourtant on ajoute que le clergé se remue beaucoup dans les provinces du Rhin, où le parti ultramontain pour
rait obtenir d’assez nombreuses nominations, grâce à l’a­ pathie du parti libéral.
Les deux chambres se réuniront, assure-t-on, le 28 novembre.
— ,’Emancipation, de Bruxelles, a publié, le 10, la liste suivante d’un nouveau ministère, dont la nomination n’était pas encore notifiée officiellement au moment où nous mettons sous presse.
Voici la composition du cabinet du 8 octobre : « Affaires étrangères, M. Henri de Brouckere;
« Intérieur, M. Piercot, bourgmestre de Liège; « Finances, M. Liedts ; « Justice, IM. Faider.
« Le général Anoul reste chargé du ministère de la guerre, et M. Van Iloorebeke conserve le portefeuille des travaux publics.
« M. Liedts a accepté, à titre provisoire, le ministère des finances. »
M. Henri de Brouckere est un ancien membre du congrès national, et a fait partie de la chambre des représentants jusqu’en 1845. Après avoir été conseiller de la cour d’appel de Bruxelles, il fut successivement gouverneur de la pro
vince d’Anvers en 1841, et de la province de Liège en 1845. M. Henri de Brouckere appartient au parti libéral modéré.
et a toujours été porté en tête de la liste libérale des représentants de l’arrondissement de Bruxelles.
En 1846, au second avènement de M. deTheux au ministère, M. Henri de Brouckere a demandé sa retraite et a quitté le gouvernement de la province de Liège, il est ren
tré dans la vie privée jusqu’en 1850 ; il accepta alors du ministère qui vient de se retirer la mission de négocier un traité de commerce avec le Piémont, et il réussit parfaite
ment dans ces négociations laborieuses. Après la conclusion du traité, M. de Brouckere a donné sa démission de ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire, malgré les ins
tances du gouvernement, qui l’avait d’abord refusée. Celle démission n’avait pas pour but de se séparer du gouverne
ment, avec lequel M. de Brouckere était dans les meilleurs termes; mais sa santé étant délicate et exigeant des ménagements, il voulait cesser de prendre part aux affaires.
— On a fait courir le bruit à Londres que le parlement serait convoqué, pour l’expédition des affaires, une semaine ou deux avant le jour projeté, c’est-à-dire le 11 novembre. Il n’y a rien de certain à cet égard, dit le Times, ce n’est qu’une simple conjecture ; ce sera l’objet d’une discussion à la première réunion du cabinet, qui aura lieu le 15 de ce mois, et le résultat sera communiqué au conseil privé qui doit se tenir le lundi suivant au château de Windsor. Quoi qu’il en soit, nous pensons qu’il n’y aura rien de changé, et qu’on s’en tiendra aux premiers arrangements.
Les whigs paraissent être convaincus que le ministère Derby n’existera plus le jour de Noël ; mais ils ne peuvent pas venir à bout d’organiser un ministère. On pensait que le marquis de.Lansdowne pouvait être l’homme le plus ca
pable de concilier et réunir tous les éléments divers du parti libéral. Il paraît qu’aujourd’hui encore, c’est la combinaison qui offre le plus de chances.
Le marquis de Lansdowne serait de nom premier lord de la Trésorerie; mais, à cause de son âge, un autre membre de l’administration gérerait pour lui. Lord John Russell se
rait secrétaire d’Etat des affaires étrangères, et sir James Graham chancelier de l’Echiquier. Que ces combinaisons réussissent ou non, toujours est-il qu’une entente cordiale existe entre lord John Russell et sir James Graham, dans leurs efforts pour renverser le cabinet actuel. Dans la première séance du parlement, le noble lord et le très-honorable baronnet doivent siéger près l’un de l’autre.
L’attention du gouvernement anglais a été appelée sur le fait que depuis quelque temps il circule, surtout dans les villes et les cantons ruraux, des écrits tendant à contrarier les opérations de l’engagement des volontaires pour la milice, Certains placards ont été affichés, dit-on, par la So
ciété de la Paix, intitulée : Flagellation dans la milice. Le gouvernement a consulté ses hommes de loi, et il a résolu de poursuivre les auteurs de ces menées antigouvernementales.
— Par le paquebot à vapeur le Niagara, entré le 11 octobre à Liverpool, on a reçu les correspondances ordinaires de New-York jusqu’à la date du 28, et de Boston jusqu’au 29 septembre.
On annonce un nouveau tremblement de terre à Santiago de Cuba, le 28 août. Les négociations entamées pour la construction d’un chemin de fer qui, venant s’embrancher sur les chemins de fer des Etats-Unis à la fron
tière de l’Etat du Maine, traverserait une partie du Canada,
aboutirait à la côte de la Nouvelle-Ecosse, et permettrait d’accélérer dans une proportion notable le transport des
dépêches entre l’Europe et l’Amérique, se sont terminées par l’adjudication de l’entreprise à la compagnie fondée par M. Jackson.
On s’occupe activement des préparatifs de l’expédition projetée contre le Japon.
— Une tentative d’assassinat, dirigée contre le schah de Perse, a appelé l’attention sur la secte des Babis, à laquelle appartiennent les assassins. Les Babis croient à la mé
tempsycose, et ne reconnaissent pas l’autorité du Coran. On prétend qu’ils professent une espèce de communisme, et pratiquent même la communauté des femmes. Par suite de leur théorie de la transmigration des âmes, ils se croient immortels, et, par conséquent, méprisent la vie. On porte le nombre des Babis jusqu’à 50,000, et l’on dit qu’il s’en trouve parmi eux trois cents qui ont juré la mort du souverain. Paulin.
Production du tabac en Europe.
Quel est fauteur de ce badinage paradoxal qui prétendait prouver que les casques, les bonnets à poil et toutes ces lourdes coiffu
res imaginées sous prétexte d’ornement militaire, n’avaient été en réalité que des moyens combinés par la politique pour enle
ver au soldat la libre disposition de ses facultés rélléchissantes, et, autant que possible, pour en faire une machine ? — I.e plaisant di
sait quoique chose de plus. — Son observation, en tout cas, ne peut s’appliquer au régime actuel, qui a simplifié au contraire et allégé la coiffure militaire de manière à ne nuire en rien à la liberté d’esprit du soldat et à ménager le jeu de son cerveau. Mais il y a quelque chose de plus funeste à l’esprit, — nous sommes toujours dans l’hypothèse du paradoxe, — que la compression du cerveau par la coiffure, c’est l’usage, qui s’est de plus eu plus généralisé, du tabac.
Il serait digne de l’Académie des sciences morales et politiques de faire une enquête sur les effets de ce narcotique, et de rechercher,
selon l’abus qu’on en fait dans chaque pays, les ravages qu’il exerce sur l’énergie de ses facultés naturelles <4 intellectuelles. En atten
dant, nous enregistrons un document statistique qui pourra mettre sur la voie du problème à résoudre :
< Suivant des données réunies par un savant allemand, M. de Redon, il se consomme annuellement en Europe trois millions de quintaux de tabac, dont la moitié est importée d’Amérique, et l’au
tre moitié est récoltée en Europe. L’Autriche en produit 490,000 quintaux; le reste de l’Allemagne, 400,000; la France, d’après ces mêmes calculs, 260,000; la Russie, 200,000; la Hollande, 60,000;
la Belgique, le royaume de Naples, les Etats pontificaux, la Pologne et la Valachie produisent d’un à deux millions de livres. La production autrichienne formerait donc à peu près un sixième de la con
(Ces paroles, prononcées d’une voix ferme et accentuée, produisent un effet magique ; des bravos enthousiastes éclatent de toutes parts.)
« La gloire se lègue bien à titre d’héritage, mais non la « guerre. Est-ce que les princes qui s’honoraient justement « d’être les petits-fils de Louis XIV ont recommencé ses « luttes ?
« La guerre ne se fait pas par plaisir, elle se fait par né« cessité. Et, à ces époques de transition où partout, à côté « de tant d’éléments de prospérité, germent tant de cau« ses de mort, on peut dire avec vérité : Malheur à celui « qui, le premier, donnerait en Europe ce signal d’une «collision dont les conséquences seraient incalculables. « (Longue et profonde sensation.)
« J’en conviens, et cependant j’ai, comme l’Empereur, « bien des conqnêles à faire. Je veux, comme lui, conqué« rir la conciliation des partis dissidents, et ramener dans
« le courant du grand fleuve populaire les dérivations hos« tiles qui vont se perdre sans profit pour personne. (Ap« piaudissements.)
« Je veux conquérir à la religion, à la morale, à l’aisan« ce, cette partie encore si nombreuse de la population,
« qui, au milieu d’un pays de foi et de croyance, connaît à « peine les préceptes du Christ ; qui, au sein de la terre la « plus fertile du monde, peut à peine jouir de ses produits « de première nécessité. (Sensation.)
« Nous avons d’immenses territoires incultes à défricher, « des routes à ouvrir, des ports à creuser, des rivières à « rendre navigables, des canaux à terminer, notre réseau « de chemins de fer à compléter ; nous avons, en face de « Marseille, un vaste royaume à assimiler à la France. Nous « avons tous nos grands ports de l’Ouest à rapprocher du « continent américain par la rapidité de ces connnunica« lions qui nous manquent encore. Nous avons enfin par« tout des ruines à relever, de faux dieux à abattre, des « vérités à faire triompher. ( Applaudissements prolongés. )
« Voilà comment je comprendrais l’Empire, si l’Empire « doit s’établir. (Sensation. — r ive l Empereur ! )
« Telles sont les conquêtes que je médite, et vous tous « qui m’entourez, qui voulez, comme moi, le bien de notre « patrie, vous êtes mes soldats. » (Oui ! oui ! Longs applaudissements.)
Ajoutons à ce programme de la politique nouvelle, inaugurée par des mesures déjà connues et glorifiées dans le discours de Bordeaux, le programme des dispositions arrê
tées pour la rentrée à Paris du Prince Louis-Napoléon. Cette rentrée aura lieu le jour même où ce numéro sera distribué.
Le Prince-Président doit arriver à Paris, de retour de son voyage dans le Midi, samedi prochain 16 octobre, à trois heures de l’après-midi, par un convoi spécial du chemin de fer d’Orléans.
Son arrivée sera annoncée par des salves d’artillerie tirées de l’hôtel des Invalides. Un orchestre de cent musiciens, dirigé par M. Dufresne, à l’intérieur de l’embarcadère, exécutera des symphonies à la descente de voiture.
Le Prince sera reçu parles ministres, par Ai. l archevêque de Paris à la têle de son clergé, par des députations des grands corps de l’Etat et des corps constitués.
Le Prince montera à cheval ensuite et se dirigera vers le palais des Tuileries ; il sera précédé de seize escadrons de cavalerie et suivi de vingt escadrons de la même arme ; les troupes d’infanterie formeront la haie sur toute la ligne du cortège.
L’escorte sera formée par les ministres, les députations des grands corps de l’Etat, les maréchaux, les officiers généraux, etc., etc. En quittant l’embarcadère, le Prince suivra le boulevard de l’Hôpital, la place v\ alhubert et il s’ar
rêtera devant un arc de triomphe dressé sur cette place, en face du pont d’Austerlitz, conformément au vote et aux instructions du conseil municipal de Paris. Il sera reçu à l’entrée de cet arc par les préfets de la Seine et de police,
les maires des arrondissements et les membres du conseil général.
Le cortège continuera ensuite sa route en passant par le pont d’Austerlitz, le boulevard Bourdon, la place de la Bas
tille, le boulevard Beaumarchais et toute la ligne des boule
vards jusqu’à la Madeleine ; là il tournera à gauche, passera par la rue Royale, puis la place de la Concorde, et enfin le Prince fera son entrée aux Tuileries par la grande grille du Pont-Tournant,