Inondation de l’Alsace. Brèche faite par le Rhin à landigue de Rhinau, le 19 septembre 1852.
en finissant, broyer un peu de noir. D’abord, chacun de ses jours a été attristé par différents suicides pour la même cause, le manque de travail. Ensuite, et pour abréger, il y a le lamentable chapitre des inondations.
Au nord, à l’est et ailleurs encore, les fleuves irrités sortent de leurs lits, et donnent aux populations riveraines le spectacle d’un nouveau déluge. Ces deux vignettes reprodui
sent un de ces épisodes désastreux. C’est la brèche ouverte par le Rhin dans la plaine de Rliinau, et l’inondation des villages qui s’ensuivit. Les journaux ont rapporté comment,
dans la nuit du 18 au 19 septembre, le désastre s’annonça par la rupture des digues. Le fleuve, s’avançant alors comme une mer, détruisit tout ce qui faisait obstacle à ses
eaux. Les arbres, les habitations, les moulins, en un clin d’œil, le torrent eut tout emporté, ne laissant derrière lui que des ruines et des naufragés. On cite plus d’une com
mune où quelques maisons seulement sont restées à peu près debout. Les habitants, échappés au désastre on ne sait trop comment, avaient gagné les hauteurs, où ils ont bi
vouaqué pendant plusieurs jours. Dans le village de Rhinau, l’un des plus maltraités, il ne restait qu’un espace de cent mètres carrés pour recueillir les quinze cents habi
tants qui forment sa population. A la confusion inséparable d’une scène de sauvetage précipité se mêlaient les cris des malheureux qui, réfugiés dans les étages supérieurs de leur maison, s’obstinaient à né pas l’abandonner, au point qu’il fallut recourir à la violence pour les en arracher. Ceci n’é tait que le commencement du désastre, qui s’étendit bien
tôt sur les deux rives du Rhin et de FUI, depuis Strasbourg jusqu’au delà de Mulhouse. La plupart des villages qui bordent ce long parcours onî’b èaucoùp souffert, et nous épar
gnerons au lecteur une nomenclature trop lamentable. Qu’on se figure un lac immense,-çà et là parsemé de petits ilôts qui laissent voir un bout de clocher ou quelque ruban de muraille : voilà le spectacle.
Ces douloureuses catastrophes ont leur beau côté qu’il ne faut pas omettre : c’est le dévouement des uns, le courage des autres et la pitié de tous. De toutes parts on voyait
accourir, au son du tocsin, les populations des environs, leurs maires en tête, et tous s’empressaient de courir aux digues ou aux embarcations. On raconte qu’à Ensisheim, une diligence surprise sur la route par l’inondation, ayant été renversée avec les voyageurs qu’elle contenait, un bri
gadier de gendarmerie (son nom est Baumgarten) n’hésita pas à se jeter au milieu des eaux, et tout le monde fut sauvé par ce brave.
A Malzenheim, les habitants avaient recueilli les femmes el les enfants de Rhinau; ailleurs, les habitants s’étaient co
tisés pour envoyer des vivres et des vêtements aux inondés de leur voisinage, en attendant les secours du gouverne
ment. Aujourd’hui le danger a disparu, mais les dégâts et les pertes sont considérables, et la charité publique voudra les effacer. Voulez-vous cependant prévenir le retour du fléau ? le moyen est simple, et les victimes Font trouvé tout de suite : ce serait d’augmenter la somme allouée aux travaux d’endiguement du Rhin.
Philippe Busoni.
Flotille de sauvetage, organisée par les corps de pontonniers, d’artilleurs et d’infanterie. — D’après M. Schuler, de Strasbourg.
en finissant, broyer un peu de noir. D’abord, chacun de ses jours a été attristé par différents suicides pour la même cause, le manque de travail. Ensuite, et pour abréger, il y a le lamentable chapitre des inondations.
Au nord, à l’est et ailleurs encore, les fleuves irrités sortent de leurs lits, et donnent aux populations riveraines le spectacle d’un nouveau déluge. Ces deux vignettes reprodui
sent un de ces épisodes désastreux. C’est la brèche ouverte par le Rhin dans la plaine de Rliinau, et l’inondation des villages qui s’ensuivit. Les journaux ont rapporté comment,
dans la nuit du 18 au 19 septembre, le désastre s’annonça par la rupture des digues. Le fleuve, s’avançant alors comme une mer, détruisit tout ce qui faisait obstacle à ses
eaux. Les arbres, les habitations, les moulins, en un clin d’œil, le torrent eut tout emporté, ne laissant derrière lui que des ruines et des naufragés. On cite plus d’une com
mune où quelques maisons seulement sont restées à peu près debout. Les habitants, échappés au désastre on ne sait trop comment, avaient gagné les hauteurs, où ils ont bi
vouaqué pendant plusieurs jours. Dans le village de Rhinau, l’un des plus maltraités, il ne restait qu’un espace de cent mètres carrés pour recueillir les quinze cents habi
tants qui forment sa population. A la confusion inséparable d’une scène de sauvetage précipité se mêlaient les cris des malheureux qui, réfugiés dans les étages supérieurs de leur maison, s’obstinaient à né pas l’abandonner, au point qu’il fallut recourir à la violence pour les en arracher. Ceci n’é tait que le commencement du désastre, qui s’étendit bien
tôt sur les deux rives du Rhin et de FUI, depuis Strasbourg jusqu’au delà de Mulhouse. La plupart des villages qui bordent ce long parcours onî’b èaucoùp souffert, et nous épar
gnerons au lecteur une nomenclature trop lamentable. Qu’on se figure un lac immense,-çà et là parsemé de petits ilôts qui laissent voir un bout de clocher ou quelque ruban de muraille : voilà le spectacle.
Ces douloureuses catastrophes ont leur beau côté qu’il ne faut pas omettre : c’est le dévouement des uns, le courage des autres et la pitié de tous. De toutes parts on voyait
accourir, au son du tocsin, les populations des environs, leurs maires en tête, et tous s’empressaient de courir aux digues ou aux embarcations. On raconte qu’à Ensisheim, une diligence surprise sur la route par l’inondation, ayant été renversée avec les voyageurs qu’elle contenait, un bri
gadier de gendarmerie (son nom est Baumgarten) n’hésita pas à se jeter au milieu des eaux, et tout le monde fut sauvé par ce brave.
A Malzenheim, les habitants avaient recueilli les femmes el les enfants de Rhinau; ailleurs, les habitants s’étaient co
tisés pour envoyer des vivres et des vêtements aux inondés de leur voisinage, en attendant les secours du gouverne
ment. Aujourd’hui le danger a disparu, mais les dégâts et les pertes sont considérables, et la charité publique voudra les effacer. Voulez-vous cependant prévenir le retour du fléau ? le moyen est simple, et les victimes Font trouvé tout de suite : ce serait d’augmenter la somme allouée aux travaux d’endiguement du Rhin.
Philippe Busoni.
Flotille de sauvetage, organisée par les corps de pontonniers, d’artilleurs et d’infanterie. — D’après M. Schuler, de Strasbourg.