SOMMAIRE.


Histoire de la semaine. — Homère, par M. Ponsard. — Courrier de Paris. — Les Nuits d’octobre ; Paris, Pantin et Meaux, par Gérard de Nerval (suite). —Voyage du Prince-Président de la République, cinquième semaine (suite et fin). —Le Mari qu’on cherche ; nouvelle par Madame Adam-Boisgontier. — L?s Visions de la nuit dans les campagnes, par George Sand — Revue algérienne. — Abd-el-Kader et la ville de Brousse. — Los grands inventeurs : Denis Papin.
Gravures ; Décoration de la locomotive ramenant le train du prince Louis- Napoléon. — Breton-Double, femme-hussard décorée à Eylau, faisant partie des vieux^oldats présentés au Prince à Angoulême, ^ Décoration de la salle du bai offert au Prince à la Rochelle, composée par M Thiolet, du musée d’artillerie de Paris. —Frontispice du Tableau de Paris, grande composition par Marc, Entrée du prince Louis-Napoléon à Paris par l arc de triomphe dressé en tête du pont d’Austerlitz — Arcs de triomphe de l Hippodrome et des Arènes ; du cirque Dejean ; des petits théâtres réunis ; de la Porte-Saint-Martin ; de 1 Opéra et de l Opéra-Copiique ; de la grille du Pont-Tournant aux Tuileries; du premier bataillon de la garde nationale rue de la Paix. — Les Visions de la nuit; dessins de M. Maurice Sand : la cocadrille; le lièvre sorcier , les follets; la le
vrette blanche; les meneurs de nuées, —Statue de Denis Papin. — Rébus,


Histoire de la semaine.


Deux actes considérables publiés depuis le retour du Prince Président de la République doivent prendre place ici, comme épisode et comme conclusion d’un récit auquel nous avons accordé, dans ce recueil, des développements justifiés par l’importance historique de l’événement. Nous
conservons leur date à chacun de ces actes dont le premier a paru, le 18, dans le Moniteur que nous copions ;
« Le Prince a marqué la fin de son voyage par un grand acte de justice et de générosité nationale : il a rendu la liberté à l’exémir Abd-el-Kader. De
puis longtemps cet acte était arrêlé dans sa pen
sée; il a voulu l’accomplir aussitôt que les circons
tances lui ont permis de suivre, sans aucun danger pour le pays, les inspira


tions de son cœur. Aujour


d’hui, la France a dans sa force et ses d roits une trop légitime confiance pour ne pas se montrer grande envers un ennemi vaincu.
« Auretoui deson voyage, le prince s’est arrêté au château d’Amboise. Tl s’y est fait présenter Abdel-Kader, et lui a appris
en ces termes la fin de sa captivité :.


« Abd-el-Kader,


« Je viens vous annon«cer votre mise en liberté.
«Vous serez conduit à «Brousse, dans les Etats «du sultan, dès que les « préparatifs nécessaires «seront faits, et vous y
«recevrez du gouverne«ment français un traite«ment digne de votre an« rien rang.
« Depuis longtemps , « vous le savez, votre cap«tivité mecausaitunepei«!),e véritable, car elle me
«rappelait sans cesse que le gouvernementqui m’a pré« cédé n’avait pas tenu les engagements pris envers un en« nemi malheurèux, et rien à mes yeux de plus humiliant « pour le gouvernement d’une grande nation que de mé« connaître sa force au point de manquer à sa promesse.
« La générosité est toujours la meilleure conseillère, et je « suis convaincu que votre séjour en Turquie ne nuira pas « à la tranquillité de nos possessions d’Afrique.
« Votre religion, comme la nôtre, apprend à se soumet«tre aux décrets de la Providence. Or, si la France est « maîtresse de l’Algérie, c’est que Dieu l’a voulu, et la na« tion ne renoncera jamais à celte conquête.
« Vous avez été l’ennemi de la France, mais je n’en rends « pas moins justice à votre courage, à votre caractère, à « votre résignation dans le malheur : c’est pourquoi je tiens « à honneur défaire cesser votre captivité, ayant pleine foi « dans votre parole. »
« Ces nobles paroles ont vivement ému l’ex-émir. Après avoir exprimé à Son Altesse sa respectueuse et éternelle reconnaissance, il a juré, sur le livre sacré du Koran, qu’il ne tenterait jamais de troubler notre domination en Afrique et qu’il se soumettrait sans arrière-pensée, aux volon
tés de la France. Abd-el Kader a ajouté que ce serait bien mal connaître l’esprit et la lettre de la loi du Prophète que de penser qu’elle permet de violer les engagements pris envers les chrétiens, et il a montré au Prince un verset du Koran qui condamne formellement, sans exception ni
réserve aucune, quiconque viole la foi jurée, même aux infidèles.
« Aux yeux de tous les Arabes intelligents, la conquête de l’Afrique est aujourd’hui un fait accompli ; ils voient, dans la constante supériorité de nos armes, l’éclatante manifestation de la volonté de Dieu.
« La politique loyale et généreuse est la seule qui con
vienne à une grande nation : la France saura gré au Prince de l’avoir suivie.
« Abd-el-Kader restera au château d’Amboise jusqu’à ce que toutes les mesures soient prises pour assurer sa translation et sa résidence à Brousse. »
La délivrance d’Abd-el-Kader est, sans contredit, un des actes les plus considérables du gouvernement actuel. Ce n’est pas seulement une question d’humanité, c’est aussi, et par dessus tout, une question de politique que cet acte
soulève. Néanmoins la presse presque entière s’est bornée à l’enregistrement de l’article du Moniteur. Le journal de M. de de Girardin, le Siècle et C Assemblée nationale ont seuls fait exception.
« Voilà, s’écrie M. E. de Girardin, voilà un acte que nous «louons hautement; il nous reporte en décembre 18/i8. « C’est un grand acte! Conséquemment un acte essentiellement politique. »
De son côté, l Assemblée nationale, voyant apparemment dans la délivrance de l’ex-émir une condamnation du gouvernement de Louis-Philippe, s’attache à justifier cette précédente administration, sans critiquer du reste la réso
lution prise par le Président de la République :
« Nous n’avons besoin, dit-elle, de rappeler ni les raisons qui ont déterminé la conduite du dernier gouvernement à l’égard d Abd-el-Kader; ni les cir
constances dans lesquelles il avait cru pouvoir ajour
ner l’effet de promesses que ses instructions n’a­
vaient sans doute pas au
torisées, et qu’il n’a jamais ratifiées.
« Le gouvernement actuel a suivi assez longtemps aussi la même poli
tique. Il croit pouvoir, sans danger, en adopter une autre aujourd’hui. Ce n’est ni le lieu ni le moment d’engager une discussion à cet égard. »
Enfin, le Siècle, tout en louant l’acte de clémence du Président, fait des vœux pour que la présen
ce de l’ancien chef arabe dans les Etats du sultan ne devienne pas quelque jour prejudiciable à la
France ; après quoi, il a- joute :
« Dans les paroles que M. le Président a bien
voulu adresser à Abd-el- Kader, nous avons remarqué cette pensée si fécon
de et si vraie : « La géné« rosité est toujours la
« meilleure conseillère, »Décoration de la locomotive ramenant le train du prince Louis-Napoléon, à la gare du chemin de fer d’Orléans.
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L’ILLUSTRATION,




JOURNAL UNIVERSEL.


23 OCTOB. 1852.