sionomie de ce rôle doublement féminin, mais ce n en esl pas toujours l’esprit. A celte première épreuve, MUc Deiaunay tremblait un peu ; on a peur du public, et c’est des difficultés du rôle qu’on devrait surtout s’effrayer, car ce Marivaux le sub
til touche les cordes les plus secrètes du cœur féminin, et, pour filer cette gamme, il faut un,fameux doigté.
Sous l’influence de ce beau ciel, on dirait que la chute des feuilles s’est arrê
tée, et la mort a l’air de s’humaniser comme la saison, du moins les personnes notables ne meurent plus ; il y a pourtant une exception : Scbneitzhoeffer. Artiste et exéculant distingué, et l un de nos plus charmants composiieurs, son nom, célè
bre parmi les musiciens, réussissait peu
dans le public, qui ne l’articulait qu’a la dernière extrémité; quant à ses amis, ils ne l’appelaient que M. Chennecerf. Successivement ou à la fois pianiste et flû
tiste , les singularités de son exécution l’avaient fait descendre aux fonctions de timbalier à l’Opéra, espèce de disgrâce qui tourna à sa gloire, puisqu’il n’avait pas d’égal dans son emploi, et qu’il n’y a pas laissé de successeur. On sait que l’o­
péra lui doit la musique de. ses ballets le plus goûtés et les plus poétiques, depuis
Zémire et Azor jusqu’à la Sylphide; mais l’œuvre capitale pour Schneitzhoeffer, c’était un opéra-spria qu’il rêva toute sa vie e t qu’il n’a jamais fait. On le trouvait capricieux, bizarre, fantastique com
me un conte d’IIoffmann, au demeurant le meilleur des hommes, il avait la naïveté spirituelle des. organisations d’élite. Quelqu’un le raillait un jour de ses aspi
rations au génie; Ilérold interrompit le railleur en disant : « Chennecer f & raison, et il nous effacerait tous, s’il le vou
lait. «Mais il n’a pas voulu. L’inspiration lui venait par bouffée, et il était pares


seux avec délices, comme Figaro ; il fal


lait le mettre sous clef pour. en tirer quelque chose. La parodie en tout et par
Breton-Double, femme-hussard décorée à Eylau, et faisant partie des vieux soldats présentés au Prince à Angoulême.
tout, c’était son firt ou son faible, et il laisse en ce genre le souvenir d’excellentes bouffonneries, dont le récit se re
trouve aujourd’hui dans beaucoup de bouches.
Il fuyait tout apparat et les succès de salon avec autant de soin que le commun des exécutants met à les rechercher. Quand par hasard il s’était laissé prendre au piège, il s’en vengeait bientôt par quelque mystification. Invité à dîner par Sakoski, le botlier de l’Empereur, et sollicité de se mettre au piano pour le des
sert, il s’avisa sur-le-champ de représail
les en engageant à son tour l’amphitryon pour le jour suivant. Le repas fini, il se fit apporter une vieille paire de boites, qu’il présenta à Sakoski. « Que voulezvous que j’en fasse? objecta le botlier.— Ne m’avez-vous pas prié, mon cher mon
sieur, de faire de la musique, cliez vous après dîner? Eh bien, à mon tour, je vous prie de raccommoder mes bottes. Chacun son métier. «
Quelque chose de moins connu peutêtre, est le mot suivant, qui. lui appar
tient tout à fait. Sclineitzhoeffer eut jadis un singe qu’il aimait beaucoup, lin beau jour, voici la maison en alarme : la pro
priétaire a perdu son alliance, et l’on se met à la recherche du voleur. Plusieurs semaines s’écoulent dans ces,explorations inutiles, jusqu’à ce qu’enfin la bague est retrouvée au doigt du macaque. « Eli quoi! dit alors la bonne dame au musi
cien, votre singe porte mon alliance, et vous ne vous en apercevez pas?—Si fait, si fait; je m’en suis bien aperçu, mais j’ai cru qu’elle lui appartenait, et qu’on l’avait marié dans son pays. «
En finissant, il est bon.d’avertir les intéressés que le premier volume du Ta
bleau de Paris, par Edmond Texier, est terminé; la gravure ci-jointe lui sert de frontispice. Dans ce long voyagea travers Paris, la verve de l’auteur n’a pas fléchi un instant; il semble même qu’en appro
Décoration de ta salle du bal donné par la ville de la Rochelle, au prince Louis-Napoléon.