à qui l’on arrache, par une violence impie, jusqu’aux sentiments que la nature et Dieu ont mis clans l’âme de tous les humains; lorsqu’on lit leurs intéressantes aventures, racontées avec une chaleur de récit, une force d’im iges, un accent de vérité, un élan de cœur, une éloquence enfin que George Sancl elle-même n’a jamais dépassée ; lorsqu’on est remué jusqu’aux entrailles, et que les yeux, trempés de larmes, s’arrêtent sur une page qu’ils ne voient plus, on s’a
vise bien, vraiment, de se demander si l auteur ne pèche point, par-ci par-lit, contre la poétique d’Aristote ! 6h! madame Stowe, soyez bénie ! vous avez fait une belle œuvre, parce que vous avez fait une bonne action. Votre nom mé
des Grégoire, parmi les vengeurs et les bienfaiteurs d’une pauvre race iniquement dégradée et misérable.
Si vous faites baisser les yeux à ses oppresseurs, si vous ouvrez leurs âmes â la clémence, que dis je ? à la justice et à la fraternité; si vous avancez d’un seul jour l’heure heu
reuse et solennelle où disparaîtra pour jamais d’une terre libre l infâme esclavage qui la déshonore, vous aurez bien mérité de votre patrie et de l’humanité tout entière; vous aurez, en écrivant, et malgré tant de douloureuses excep
tions qui semblent contredire la règle, justifié saint Augustin d’avoir délini le beau : \a splendeur du bon.
Louis VIARDOT.
Courrier de Paris.
Avez-vous vu Abd-el-Kader V telle est la grande question du moment, la convocation du sénat et l’emprunt turc ne viennent qu’après. A la Bourse meme, les temps de l’A rabie seraient enfin venus, s’il est vrai que dans ces der
niers jours la prime ët le report aient été un peu négligés en vue des actions de l’illustré émir. Dans cette foule obstinément attachée partout à ses pas, c’était d’abord une ad
miration silencieuse, qui maintenant se manifeste par de? vivat et autres acclamations énergiques ; mais, vous diront les gens raisonnables, c’est là peut-être un peu trop d’en
thousiasme prodigué à un ennemi, à un vaincu, et, pour trancher le mot, à un barbare ! è’esl-à-dire que les esprits froids ne comprennent pas du tout la cause suprême de ce succès prodigieux; ils n’ont pas compris qu’à notre vie parisienne si prosaïque l’émir apportait un peu de poésie.
Depuis cette belle soirée de f Opéra, où sa présence effaça, dit-on, le spectacle, Abd-el-Kader a continué son orien
tale dans tous les quartiers de Paris. L’aspect de la ville, du haut des tours Notre-Dame, lui arracha cette exclamation biblique : « C’est une cité de géants. » Ailleufs, il a dit, avec un à-propos très-lieureux : «tin grand empire doit s’ap
puyer également sur la justice et sur l’arriléë. » Arrivé aux portes de la Madeleine, il s’est écrié dans sa naïveté mu
sulmane : « J’avais cru jusqu’à présent que les Français n’avaient point de religion. » Ge qui fait songer au mot injuste de Voltaire à l’adresse d’un étranger qui avait témoi
gné la même surprise : « U prend donc, nos églises pour des monuments de notre piété. » Cette visite méritait d être illustrée, entre plusieurs autres, en ce qu’elle a offert le touchant snectacle d’un descendant du Prophète entrant dans une basilique chrétienne, bras dessus liras dessous, avec le souverain pontife de l endroit. Ce n’est pas du reste le premier exemple de tolérance que l’on doit à ce respec
table curé de la Madeleine, M. Deguerry, et l’on se souvient de l’avoir vu donner l’accolade au pasteur protestant Coquerel, à la tribune de je ne sais plus quel club éclos dans les tempêtes de 18A8.
Le portrait d’Abd-el-Kader a été trop souvent ébauché, au crayon et à la plume, soit dans F Illustration, soit ailleurs, pour que les traits de sa radieuse et mélancolique fi
gure ne soient pas présents au souvenir de tout le monde, sans compter qu’il donne lieu en ce moment à des peintures de fantaisie on ne peut plus flatteuses pour lé talent de ceux qui s’en avisent. C’est un de ces rares modèles qui n’ont rien à attendre des complaisances du peintre ; l’ensemble de sa personne a dû déranger beaucoup d’admira
tions préconçues ; elle est bien Loin de répondre au type de la beauté guerrière telle que nous aimons à nous la figurer en France, C’est un idéal où vous chercheriez en vain ces dehors
fectionne le vulgaire. Il n’a pas davantage ces grâces plus délicates du dandysme militaire qui réussissent si fort dans les salons. Abd-el-Kader, en un mol, serait un officier de hussards assez mal réussi. Il est tout simplement ce. qu’il faut être pour produire l’effet d’un homme extraordinaire : son teint a cette pâleur lumineuse du génie que les artistes admiraient sur la face de Bonaparte général ; sa bouche, fi
nement dessinée, semble ne s ouvrirquepour l’extase, comme ses grands yeux rêveurs pour la contemplation. L’attitude générale est celle d’une résignation digne et assez dédai
gneuse. Abd-el Kader parle peu, et s’exprime par sentences d’une extrême brièveté, en homme empressé de. rompre la conversation pour retourner à celle de ses pensées. Saufles visites officielles, il n’en a fait aucune, et il n’a guère accordé qu une audience, celle que les journaux ont racon
tée, et où figurait d’une manière si touchante M, Dupnch, l’ancien évêque d’Alger. Il n’y a rien de si difficile à ap
privoiser qu’un lion qui ne veut pas l’être ; mais l’ardeur des postulants et. surtout des postulantes n’en est que plus vive. Aux indicalions que la petite chronique s’est déjà per
mises à ce sujet, on peut ajouter la suivante. On conte donc qu’une comédienne à la mode un peu partout, excepte au théâtre, après avoir essayé en vain de tous les travestisse
ments pour forcer la consigne, aurait pris le parti d’écrire directement à l’émir pour s’excuser de la liberté grande,
mais il s’agissait d’un pari, « et vos rigueurs, ajoutait la belle évincée, me coûtent cinquante louis qu’il vous serait bien
facile de me faire gagner. » La même aventure arriva jadis à Ibrahim-Pacha, qui fit remettre à Μllle X. la somme de
mandée, dans l’enveloppe d’un bonbon orné de cette devise : « La beauté sans pudeur est une viande sans sel. »
La bienvenue d’Ibrabim-Pacba avait été fêtée aux Tuileries, et dernièrement encore TfloLel de ville s’est illuminé pour la réception du lord-maire, pourquoi ne ferait-on pas à l’émir les mêmes honneurs .1 Tel est le vœu d une foule de belles curieuses de tous.les rangs qui, n’ayant pii l’aper
cevoir qu’au bout de leurs lorgnettes, sont en instance pour le contempler de plus près. Malheureusement les instants de l’illustre voyageur sont comptés, et il va reprendre le chemin d’Anihoise, où l’attend sa famille. La représentation de l’Opéra, celle de T Hi ppodrome où il assistait dimanche, et la revuç militaire qui a dû avoir lieu hier à Versailles,
voilà tout ce que le séjour de Paris aura ajouté à l’épopée çlu héros. On sait dans quelles dispositions il quittera la France, puisqu’il s’est engagé par un serment solennel à ne jamais remettre les pieds en Algérie; et ne croyez pas aux insinuations de la malveillance (jui a fait de ce prince des
croyants une espèce de tartuffe oriental, dissimulé dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, vindicatif jusqu’à la cruauté, et assez peu soucieux de toute parole donnée aux infidèles. 11 parait certain, au contraire, qu’Abd-el-Kader a dépouillé sa vieille inimitié, et qu’un homme de ce carac
tère. et de celte grandeur ne pouvait être définitivement soumis que le jour de sa délivrance. C’est à Brousse ou Prusse, ville de l’antique empire de Prusias, fondée, dit-on, par Annibal, l’ennemi dés Romains jusqu’à son dernier sou
pir, que ΓAnnibal moderne emporte son serment qui n’a rien de punique, et, si vous lisez le fragment suivant, vous allez comprendre l’incurable mélancolie dé fit enfant du désert, exilé pour toujours de ces horizons sans limites si poétiquement chantés par lui dans ces strophes éblouissantes :
« O toi qui liantes les villes ei leurs habitants, et qui condamnes l’amour du ïïédom pour ses horizons sans li
mites, est-ce la légèreté que tu reproches à nos tentes V n’as-tu d’éloges que pouf des biaisons de pierrè ëi de boue ? Ab ! si tu savais les secrets du désert, tu penserais comme
moi; si, te réveillant au seih ;du Sabaraii, les pieds avaient fouie, ce tapis dé fleurs semblables à dés perlés, tu aurais admiré nos plantes dans l’étrange variété de leurs teintes,
et respiré uti soude embaume qui donne la vie, car il n’a pas passé sur l impureté des villes. Que si sortant des voi
les d’une nuit splendide, rafraîchie par l abondante rosée, tu avais pu voir des troupeaux d’animaux sauvages brou
tant les broussailles parfumées, qqelle joie abondante clans ton âme, et quel charme dans nos chasses au lever du soleil ! Te dirai-je aussi les jours de la migration ? quand, les rouges litières sanglées sur les chameaux, on croirait voir un champ d’anémones, s’animant sous la pluie des plus ri
ches couleurs ; des vierges reposant sur 110s litières, dont les ouvertures sont fermées par des yeux de houris. Les guides des montures font entendre leurs chants aigus, le timbre de leur voix trouve la porte de l ame. Nous, rapides comme l’air sur nos coursiers généreux, nous atteignons ta gazelle qui se croit loin de nous, jusq-u’à l’heure du soir où s’arrête la caravane sur un sol intact et toujours nouveau.
La terre exhale le musc, elle se couvre de nos lentes aux groupes arrondis, comme te firmament se pare de ses étoi
les... Au Sabaraii, celui que le fer n’a pas moissonné voit des jours sans limites; Nos vieillards sont les aînés de tous les hommes. »
Ainsi a parlé Abd-el-Kader dans son cantique des cantiques, une poésie grande et neuve comme son génie, et c’est le même qui vient de jurer par les prophètes et les envoyés de Dieu qu’il ne remettrait plus les pieds au désert ! On chercherait en vain dans l’histoire, tant ancienne que moderne, l’exemple de quelque sacrifice plus héroïque.
Il s’agit maintenant de se reconnaître, au milieu des on dit de cette semaine. Le plus grave de tous après la création de nouveaux sénateurs, c’est, ou plutôt ce serait, l instilulion d’un nouvel ordre de chevalerie, dont l’empereur Napoléon avait eu l’idée. Nonobstant la haute estime, qu’il témoignait pour les services de l’ordre civil, ou sait qu’il ré
servait plus volontiers son étoile des braves pour ceux de ses années. Jusqu’au dernier moment il rêvait la création d’un ordre du mérite civil dont le projet disparut avec lui.
Les temps sont venus de le reprendre, et les chevaliers de l’empire, ·— c’est le nom futur qu’on attribue aux membres de cet ordre à venir, — se recruteraient dans l’administration et dans les professions libérales. Cette innovation, purement honorifique, a un but louable, celui de relever, autant que possible, Tordre de la Légion d’honneur un peu trop pro
digué peut-être depuis trente ans et plus. Ne serait-ce pas aussi un excellent moyen d’en finir avec ces confusions lâ
cheuses qui exposent, par exemple, lotit étranger à prendre un caporal pour un savant, et vire rersa Ί En vertu de la nuance du ruban! ces quiproquos deviendraient impossibles, et Ton saurait désormais à qui l’on parle.
Quant au costume, on sait bien qu’il a toujours quelque crise à traverser au moment de la chute des feuilles, et les plus intéressés au changement, c’est-à-dire les tailleurs et les marchandés à la toilette, sont à la recherche de tout ce qu’il y a de plus neuf en fait de vieux. Noire élégance fran
çaise est un ppu caduque; pour la rajeunir il s’agit de la l aire reculer d’un demi-siècle. La mode a des rigueurs à nulle autre pareilles, et s’il lui prend fantaisie, madame, d’imposer à vos vingt ans les tail les courtes, la robe, de bal en crêpe noir, la coiffure à la Titus et le turban à la sultane (voir le portrait de M de Staël, par Gérard), il faudra bien obéir à la mode. Quant à ces messieurs, on veut les arracher, ·— et nous ne demandons pas mieux, ·— à la tyran
nie du frac et du paletot; à la cour ils porteront l’habit de cour avec l’épée en verrouil, et pour la ville on leur ren
dra les bas de soie, la culotte à boucle et le spencer qu’on a défini un habit qui a perdu ses basques, sans oublier le carridé, ce manteau qui a une cascade de collets et dont Odry nous a fait voir lé dernier spécimen dans le Cocher
de fiacre. Mais ceci n’est qu’un rêve, passons à des réalités.
il y a quelque part dans Paris un digne homme, curé de sa paroisse et propriétaire d une vaste maison, dans le quartier le plus pauvre de la capitale. Tout autre à sa place au
rait mis Timmeubleen location moyennant le plus gros loyer possible : le bon pasteur a mieux fait, il en abandonne la jouissance à ses brebis. Du haut en bas il a distribué l’habi
tation en plusieurs logements, chacun suffisant pour une famille, à la charge parles occupants, — suivant l’expression
d’un homme d’esprit, son premier historien, —dégarnir les lieux de vertus modestes, conformes à leur état, à commen
cer par la propreté. Tous les mois, ce propriétaire d’un nouveau genre va s’assurer si l’on a bien rempli les condi
tions dû bail, si 1e, mari est un bon mari et si la femme est une mère tendre et vigilante ; et connue ces braves gens lui ont épargné jusqu’à présent la douleur de signifier un congé,
rien ne. trouble le bon curé dans le spectacle du bien qu’il a fait; il appelle, cela toucher ses revenus; Bien plus, vienne quelque accident, maladie ou chômage forcé, et qu’un de ces ménages se. trouve dans la gêne, cette ingénieuse cha
rité lui vient en aide à litre de réparations locatives. Plus généreux que ce grand saint Martin qui partageait son man
teau avec l’indigence, il abandonne à l’indigence le manteau tout entier, car bolex que ce grand homme de bien n’a même pas voulu se réserver une chambrette sous son propre toit, et il est allé loger dans le voisinage à ses frais. Et pour que rien ne manque à la beauté suprême de cette morale en action, son auteur veut absolument garder l’anonyme.
Voici le revers de la médaille, et aujourd’hui il ne tiendrait qu’à nous de vous faire le chapitre du vice beaucoup plus long qiiô celui de la veftu. On vient d’arrêter dans ses
opérations un bande de voleurs dont le chef et le doyen n’a pas quinze mis. Ces petits bandits avaient leur cour des Mi
racles où le capitaine distribuait à son monde le résultat plus ou moins monnayé de leurs expéditions ; l’étalage des marchands, la. poche des badauds, l’épargne de l’ouvrier,
le c.ofTi ë-foi t du riche, l’audace de la troupe imberbe ne respectait rien. Elle opéirait ses razzias au grand jour avec 11 n ensemble, ùué sûreté de main .et autres procédés d’exécution dignes des plus vieux routiers. O temps 1 υ mœurs! la filouterie est le partage de l enfance, et le crime tombe en quenouille. On se perdrait dans le dénombre
ment des femmes qui, dans ces derniers temps, se sont complues hesyorgilfer leurs maris. Quant au sexe fort, il ne sé signalé plus que par des escroqueries plus ou moins criminelles. Telle est la fraude imputée à ce réfugié italien qui aurait dévalisé sa bienfaitrice sur la terre étrangère où elle avait eu Tiuiprùdence de le suivre. L’histoire de ce comte Dandini, puisqu’il faut l’appeler par son nom, qui,
dit-on, n’est pas ie sien, a l’air d’un anachronisme, ; i! serait: fâcheux que la présomption de son crime, si crime il y a, pût rejaillir sur une classe assez nombreuse aujourd’hui dans lotis les pays, celle des exilés politiques. Car enfin nous ne sommes plus au temps où une fouie de vaga
bonds s’était fait de l’émigration une espèce d’industrie, et accourait en France pour y recevoir la solde d’une persécution supposée.
Deux étrangers de la plus haute distinction, qui ont laissé des souvenirs durables dans la société parisienne, sont morts celte semaine : Tabbé Gioberti, ancien premier ministre de, Sardaigne, et le comte d’Appony, qui fut ambas
sadeur d’Aulriehè pendant la Restauration et sous le règne de Louis-Philippe. La carrière diplomatique de M. Appotiy fut presque aussi longue que sa vie, et ce n’est pas sans regret qu’il dut quitter son poste à l’époque de la révolution de février. Pendant ce long séjour de trente ans dans la capitale, il y était devenu Français et Parisien autant qu’un Autrichien peut l’être. Sa maison, où l’bospitaliié fut tou
jours magnifique, passait pour l’une des plus agréables de Paris. A ce nécrologe en abrégé il faut ajouter Ramey, membre cle l’institut et l’un de ses statuaires les plus dis
tingués, puis Henri Decaisne, peintre d’histoire, un de nos artistes les plus éminents par le talent, l’esprit et le caractère. Je constate encore à la bâte l’anniversaire fu
nèbre célébré mardi, et ce long et pieux pèlerinage de la foule dans les nécropoles, scènes touchantes et vingt fois reproduites, sauf un petit détail qui arrête désagréablement le passant à la porte : c’est l’enseigne d’un revendeur, ainsi conçue : « Au retour du cimetière, on boit à l’heure. »
O vous qui vous piquez d’écrire l’histoire et l’historiette, « n’oubliez jamais,—disait Montesquieu, ii y a précisément
cent ans, — que, dans- les Etats despotiques connue la France et la Turquie, les gens les plus importants sont ceux qui s’occupent des plaisirs des autres. « C’était dési
gner assez clairement les théâtres et ceux qui en vivent ; nous y arrivons.
A \tout seigneur tout honneur : l’Opéra a eu sa représentation impériale, qui; pour T apparence et l’appareil, 1e
luxe des fleurs et des feux, la prodigalité des drapeaux et des emblèmes, la magie du spectacle et la distinction des spectateurs, n’a plus rien à envier aux magnificences de son rivai. Le Théâtre-Français lui avait montré le but, et l’O péra Ta dépassé. Voila pour les accessoires, à propos des
quels tout autre renseignement serait inutile, puisque le souvenir de cette brillante soirée commence à se perdre un peu dans la nuit de la semaine passée. Quant au prin
cipal, c est-à-dire la composition du spectacle, très-peu l’ont trouvée à la hauteur de la circonstance. Le Moïse de Itossini, promis, répété, annoncé, a dû céder la place au Philtre de M. Auber, que personne ne semblait très
émerveillë d’entendre pour la centième fois. A l’opérette a succédé la cantate qui vaut seule un long, poème musical ; on en a beaucoup applaudi les paroles, tout en re
grettant de ne pas les entendre. Là faute en est aux dieux
du chant, qui, sauf M. Roger, patoisaient horriblement cette, poésie attribuée à M. Phïloxènè Boyer. Il a semblé aussi que la danse venait trop tard pour faire oublier les mésaventures du chant. Au surplus, la froideur du spec
vise bien, vraiment, de se demander si l auteur ne pèche point, par-ci par-lit, contre la poétique d’Aristote ! 6h! madame Stowe, soyez bénie ! vous avez fait une belle œuvre, parce que vous avez fait une bonne action. Votre nom mé
rite désormais d être inscrit avec ceux des Wilberforce,
des Grégoire, parmi les vengeurs et les bienfaiteurs d’une pauvre race iniquement dégradée et misérable.
Si vous faites baisser les yeux à ses oppresseurs, si vous ouvrez leurs âmes â la clémence, que dis je ? à la justice et à la fraternité; si vous avancez d’un seul jour l’heure heu
reuse et solennelle où disparaîtra pour jamais d’une terre libre l infâme esclavage qui la déshonore, vous aurez bien mérité de votre patrie et de l’humanité tout entière; vous aurez, en écrivant, et malgré tant de douloureuses excep
tions qui semblent contredire la règle, justifié saint Augustin d’avoir délini le beau : \a splendeur du bon.
Louis VIARDOT.
Courrier de Paris.
Avez-vous vu Abd-el-Kader V telle est la grande question du moment, la convocation du sénat et l’emprunt turc ne viennent qu’après. A la Bourse meme, les temps de l’A rabie seraient enfin venus, s’il est vrai que dans ces der
niers jours la prime ët le report aient été un peu négligés en vue des actions de l’illustré émir. Dans cette foule obstinément attachée partout à ses pas, c’était d’abord une ad
miration silencieuse, qui maintenant se manifeste par de? vivat et autres acclamations énergiques ; mais, vous diront les gens raisonnables, c’est là peut-être un peu trop d’en
thousiasme prodigué à un ennemi, à un vaincu, et, pour trancher le mot, à un barbare ! è’esl-à-dire que les esprits froids ne comprennent pas du tout la cause suprême de ce succès prodigieux; ils n’ont pas compris qu’à notre vie parisienne si prosaïque l’émir apportait un peu de poésie.
Depuis cette belle soirée de f Opéra, où sa présence effaça, dit-on, le spectacle, Abd-el-Kader a continué son orien
tale dans tous les quartiers de Paris. L’aspect de la ville, du haut des tours Notre-Dame, lui arracha cette exclamation biblique : « C’est une cité de géants. » Ailleufs, il a dit, avec un à-propos très-lieureux : «tin grand empire doit s’ap
puyer également sur la justice et sur l’arriléë. » Arrivé aux portes de la Madeleine, il s’est écrié dans sa naïveté mu
sulmane : « J’avais cru jusqu’à présent que les Français n’avaient point de religion. » Ge qui fait songer au mot injuste de Voltaire à l’adresse d’un étranger qui avait témoi
gné la même surprise : « U prend donc, nos églises pour des monuments de notre piété. » Cette visite méritait d être illustrée, entre plusieurs autres, en ce qu’elle a offert le touchant snectacle d’un descendant du Prophète entrant dans une basilique chrétienne, bras dessus liras dessous, avec le souverain pontife de l endroit. Ce n’est pas du reste le premier exemple de tolérance que l’on doit à ce respec
table curé de la Madeleine, M. Deguerry, et l’on se souvient de l’avoir vu donner l’accolade au pasteur protestant Coquerel, à la tribune de je ne sais plus quel club éclos dans les tempêtes de 18A8.
Le portrait d’Abd-el-Kader a été trop souvent ébauché, au crayon et à la plume, soit dans F Illustration, soit ailleurs, pour que les traits de sa radieuse et mélancolique fi
gure ne soient pas présents au souvenir de tout le monde, sans compter qu’il donne lieu en ce moment à des peintures de fantaisie on ne peut plus flatteuses pour lé talent de ceux qui s’en avisent. C’est un de ces rares modèles qui n’ont rien à attendre des complaisances du peintre ; l’ensemble de sa personne a dû déranger beaucoup d’admira
tions préconçues ; elle est bien Loin de répondre au type de la beauté guerrière telle que nous aimons à nous la figurer en France, C’est un idéal où vous chercheriez en vain ces dehors
nement dessinée, semble ne s ouvrirquepour l’extase, comme ses grands yeux rêveurs pour la contemplation. L’attitude générale est celle d’une résignation digne et assez dédai
gneuse. Abd-el Kader parle peu, et s’exprime par sentences d’une extrême brièveté, en homme empressé de. rompre la conversation pour retourner à celle de ses pensées. Saufles visites officielles, il n’en a fait aucune, et il n’a guère accordé qu une audience, celle que les journaux ont racon
tée, et où figurait d’une manière si touchante M, Dupnch, l’ancien évêque d’Alger. Il n’y a rien de si difficile à ap
privoiser qu’un lion qui ne veut pas l’être ; mais l’ardeur des postulants et. surtout des postulantes n’en est que plus vive. Aux indicalions que la petite chronique s’est déjà per
mises à ce sujet, on peut ajouter la suivante. On conte donc qu’une comédienne à la mode un peu partout, excepte au théâtre, après avoir essayé en vain de tous les travestisse
ments pour forcer la consigne, aurait pris le parti d’écrire directement à l’émir pour s’excuser de la liberté grande,
mais il s’agissait d’un pari, « et vos rigueurs, ajoutait la belle évincée, me coûtent cinquante louis qu’il vous serait bien
facile de me faire gagner. » La même aventure arriva jadis à Ibrahim-Pacha, qui fit remettre à Μllle X. la somme de
mandée, dans l’enveloppe d’un bonbon orné de cette devise : « La beauté sans pudeur est une viande sans sel. »
La bienvenue d’Ibrabim-Pacba avait été fêtée aux Tuileries, et dernièrement encore TfloLel de ville s’est illuminé pour la réception du lord-maire, pourquoi ne ferait-on pas à l’émir les mêmes honneurs .1 Tel est le vœu d une foule de belles curieuses de tous.les rangs qui, n’ayant pii l’aper
cevoir qu’au bout de leurs lorgnettes, sont en instance pour le contempler de plus près. Malheureusement les instants de l’illustre voyageur sont comptés, et il va reprendre le chemin d’Anihoise, où l’attend sa famille. La représentation de l’Opéra, celle de T Hi ppodrome où il assistait dimanche, et la revuç militaire qui a dû avoir lieu hier à Versailles,
voilà tout ce que le séjour de Paris aura ajouté à l’épopée çlu héros. On sait dans quelles dispositions il quittera la France, puisqu’il s’est engagé par un serment solennel à ne jamais remettre les pieds en Algérie; et ne croyez pas aux insinuations de la malveillance (jui a fait de ce prince des
croyants une espèce de tartuffe oriental, dissimulé dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, vindicatif jusqu’à la cruauté, et assez peu soucieux de toute parole donnée aux infidèles. 11 parait certain, au contraire, qu’Abd-el-Kader a dépouillé sa vieille inimitié, et qu’un homme de ce carac
tère. et de celte grandeur ne pouvait être définitivement soumis que le jour de sa délivrance. C’est à Brousse ou Prusse, ville de l’antique empire de Prusias, fondée, dit-on, par Annibal, l’ennemi dés Romains jusqu’à son dernier sou
pir, que ΓAnnibal moderne emporte son serment qui n’a rien de punique, et, si vous lisez le fragment suivant, vous allez comprendre l’incurable mélancolie dé fit enfant du désert, exilé pour toujours de ces horizons sans limites si poétiquement chantés par lui dans ces strophes éblouissantes :
« O toi qui liantes les villes ei leurs habitants, et qui condamnes l’amour du ïïédom pour ses horizons sans li
mites, est-ce la légèreté que tu reproches à nos tentes V n’as-tu d’éloges que pouf des biaisons de pierrè ëi de boue ? Ab ! si tu savais les secrets du désert, tu penserais comme
moi; si, te réveillant au seih ;du Sabaraii, les pieds avaient fouie, ce tapis dé fleurs semblables à dés perlés, tu aurais admiré nos plantes dans l’étrange variété de leurs teintes,
et respiré uti soude embaume qui donne la vie, car il n’a pas passé sur l impureté des villes. Que si sortant des voi
les d’une nuit splendide, rafraîchie par l abondante rosée, tu avais pu voir des troupeaux d’animaux sauvages brou
tant les broussailles parfumées, qqelle joie abondante clans ton âme, et quel charme dans nos chasses au lever du soleil ! Te dirai-je aussi les jours de la migration ? quand, les rouges litières sanglées sur les chameaux, on croirait voir un champ d’anémones, s’animant sous la pluie des plus ri
ches couleurs ; des vierges reposant sur 110s litières, dont les ouvertures sont fermées par des yeux de houris. Les guides des montures font entendre leurs chants aigus, le timbre de leur voix trouve la porte de l ame. Nous, rapides comme l’air sur nos coursiers généreux, nous atteignons ta gazelle qui se croit loin de nous, jusq-u’à l’heure du soir où s’arrête la caravane sur un sol intact et toujours nouveau.
La terre exhale le musc, elle se couvre de nos lentes aux groupes arrondis, comme te firmament se pare de ses étoi
les... Au Sabaraii, celui que le fer n’a pas moissonné voit des jours sans limites; Nos vieillards sont les aînés de tous les hommes. »
Ainsi a parlé Abd-el-Kader dans son cantique des cantiques, une poésie grande et neuve comme son génie, et c’est le même qui vient de jurer par les prophètes et les envoyés de Dieu qu’il ne remettrait plus les pieds au désert ! On chercherait en vain dans l’histoire, tant ancienne que moderne, l’exemple de quelque sacrifice plus héroïque.
Il s’agit maintenant de se reconnaître, au milieu des on dit de cette semaine. Le plus grave de tous après la création de nouveaux sénateurs, c’est, ou plutôt ce serait, l instilulion d’un nouvel ordre de chevalerie, dont l’empereur Napoléon avait eu l’idée. Nonobstant la haute estime, qu’il témoignait pour les services de l’ordre civil, ou sait qu’il ré
servait plus volontiers son étoile des braves pour ceux de ses années. Jusqu’au dernier moment il rêvait la création d’un ordre du mérite civil dont le projet disparut avec lui.
Les temps sont venus de le reprendre, et les chevaliers de l’empire, ·— c’est le nom futur qu’on attribue aux membres de cet ordre à venir, — se recruteraient dans l’administration et dans les professions libérales. Cette innovation, purement honorifique, a un but louable, celui de relever, autant que possible, Tordre de la Légion d’honneur un peu trop pro
digué peut-être depuis trente ans et plus. Ne serait-ce pas aussi un excellent moyen d’en finir avec ces confusions lâ
cheuses qui exposent, par exemple, lotit étranger à prendre un caporal pour un savant, et vire rersa Ί En vertu de la nuance du ruban! ces quiproquos deviendraient impossibles, et Ton saurait désormais à qui l’on parle.
Quant au costume, on sait bien qu’il a toujours quelque crise à traverser au moment de la chute des feuilles, et les plus intéressés au changement, c’est-à-dire les tailleurs et les marchandés à la toilette, sont à la recherche de tout ce qu’il y a de plus neuf en fait de vieux. Noire élégance fran
çaise est un ppu caduque; pour la rajeunir il s’agit de la l aire reculer d’un demi-siècle. La mode a des rigueurs à nulle autre pareilles, et s’il lui prend fantaisie, madame, d’imposer à vos vingt ans les tail les courtes, la robe, de bal en crêpe noir, la coiffure à la Titus et le turban à la sultane (voir le portrait de M de Staël, par Gérard), il faudra bien obéir à la mode. Quant à ces messieurs, on veut les arracher, ·— et nous ne demandons pas mieux, ·— à la tyran
nie du frac et du paletot; à la cour ils porteront l’habit de cour avec l’épée en verrouil, et pour la ville on leur ren
dra les bas de soie, la culotte à boucle et le spencer qu’on a défini un habit qui a perdu ses basques, sans oublier le carridé, ce manteau qui a une cascade de collets et dont Odry nous a fait voir lé dernier spécimen dans le Cocher
de fiacre. Mais ceci n’est qu’un rêve, passons à des réalités.
il y a quelque part dans Paris un digne homme, curé de sa paroisse et propriétaire d une vaste maison, dans le quartier le plus pauvre de la capitale. Tout autre à sa place au
rait mis Timmeubleen location moyennant le plus gros loyer possible : le bon pasteur a mieux fait, il en abandonne la jouissance à ses brebis. Du haut en bas il a distribué l’habi
tation en plusieurs logements, chacun suffisant pour une famille, à la charge parles occupants, — suivant l’expression
d’un homme d’esprit, son premier historien, —dégarnir les lieux de vertus modestes, conformes à leur état, à commen
cer par la propreté. Tous les mois, ce propriétaire d’un nouveau genre va s’assurer si l’on a bien rempli les condi
tions dû bail, si 1e, mari est un bon mari et si la femme est une mère tendre et vigilante ; et connue ces braves gens lui ont épargné jusqu’à présent la douleur de signifier un congé,
rien ne. trouble le bon curé dans le spectacle du bien qu’il a fait; il appelle, cela toucher ses revenus; Bien plus, vienne quelque accident, maladie ou chômage forcé, et qu’un de ces ménages se. trouve dans la gêne, cette ingénieuse cha
rité lui vient en aide à litre de réparations locatives. Plus généreux que ce grand saint Martin qui partageait son man
teau avec l’indigence, il abandonne à l’indigence le manteau tout entier, car bolex que ce grand homme de bien n’a même pas voulu se réserver une chambrette sous son propre toit, et il est allé loger dans le voisinage à ses frais. Et pour que rien ne manque à la beauté suprême de cette morale en action, son auteur veut absolument garder l’anonyme.
Voici le revers de la médaille, et aujourd’hui il ne tiendrait qu’à nous de vous faire le chapitre du vice beaucoup plus long qiiô celui de la veftu. On vient d’arrêter dans ses
opérations un bande de voleurs dont le chef et le doyen n’a pas quinze mis. Ces petits bandits avaient leur cour des Mi
racles où le capitaine distribuait à son monde le résultat plus ou moins monnayé de leurs expéditions ; l’étalage des marchands, la. poche des badauds, l’épargne de l’ouvrier,
le c.ofTi ë-foi t du riche, l’audace de la troupe imberbe ne respectait rien. Elle opéirait ses razzias au grand jour avec 11 n ensemble, ùué sûreté de main .et autres procédés d’exécution dignes des plus vieux routiers. O temps 1 υ mœurs! la filouterie est le partage de l enfance, et le crime tombe en quenouille. On se perdrait dans le dénombre
ment des femmes qui, dans ces derniers temps, se sont complues hesyorgilfer leurs maris. Quant au sexe fort, il ne sé signalé plus que par des escroqueries plus ou moins criminelles. Telle est la fraude imputée à ce réfugié italien qui aurait dévalisé sa bienfaitrice sur la terre étrangère où elle avait eu Tiuiprùdence de le suivre. L’histoire de ce comte Dandini, puisqu’il faut l’appeler par son nom, qui,
dit-on, n’est pas ie sien, a l’air d’un anachronisme, ; i! serait: fâcheux que la présomption de son crime, si crime il y a, pût rejaillir sur une classe assez nombreuse aujourd’hui dans lotis les pays, celle des exilés politiques. Car enfin nous ne sommes plus au temps où une fouie de vaga
bonds s’était fait de l’émigration une espèce d’industrie, et accourait en France pour y recevoir la solde d’une persécution supposée.
Deux étrangers de la plus haute distinction, qui ont laissé des souvenirs durables dans la société parisienne, sont morts celte semaine : Tabbé Gioberti, ancien premier ministre de, Sardaigne, et le comte d’Appony, qui fut ambas
sadeur d’Aulriehè pendant la Restauration et sous le règne de Louis-Philippe. La carrière diplomatique de M. Appotiy fut presque aussi longue que sa vie, et ce n’est pas sans regret qu’il dut quitter son poste à l’époque de la révolution de février. Pendant ce long séjour de trente ans dans la capitale, il y était devenu Français et Parisien autant qu’un Autrichien peut l’être. Sa maison, où l’bospitaliié fut tou
jours magnifique, passait pour l’une des plus agréables de Paris. A ce nécrologe en abrégé il faut ajouter Ramey, membre cle l’institut et l’un de ses statuaires les plus dis
tingués, puis Henri Decaisne, peintre d’histoire, un de nos artistes les plus éminents par le talent, l’esprit et le caractère. Je constate encore à la bâte l’anniversaire fu
nèbre célébré mardi, et ce long et pieux pèlerinage de la foule dans les nécropoles, scènes touchantes et vingt fois reproduites, sauf un petit détail qui arrête désagréablement le passant à la porte : c’est l’enseigne d’un revendeur, ainsi conçue : « Au retour du cimetière, on boit à l’heure. »
O vous qui vous piquez d’écrire l’histoire et l’historiette, « n’oubliez jamais,—disait Montesquieu, ii y a précisément
cent ans, — que, dans- les Etats despotiques connue la France et la Turquie, les gens les plus importants sont ceux qui s’occupent des plaisirs des autres. « C’était dési
gner assez clairement les théâtres et ceux qui en vivent ; nous y arrivons.
A \tout seigneur tout honneur : l’Opéra a eu sa représentation impériale, qui; pour T apparence et l’appareil, 1e
luxe des fleurs et des feux, la prodigalité des drapeaux et des emblèmes, la magie du spectacle et la distinction des spectateurs, n’a plus rien à envier aux magnificences de son rivai. Le Théâtre-Français lui avait montré le but, et l’O péra Ta dépassé. Voila pour les accessoires, à propos des
quels tout autre renseignement serait inutile, puisque le souvenir de cette brillante soirée commence à se perdre un peu dans la nuit de la semaine passée. Quant au prin
cipal, c est-à-dire la composition du spectacle, très-peu l’ont trouvée à la hauteur de la circonstance. Le Moïse de Itossini, promis, répété, annoncé, a dû céder la place au Philtre de M. Auber, que personne ne semblait très
émerveillë d’entendre pour la centième fois. A l’opérette a succédé la cantate qui vaut seule un long, poème musical ; on en a beaucoup applaudi les paroles, tout en re
grettant de ne pas les entendre. Là faute en est aux dieux
du chant, qui, sauf M. Roger, patoisaient horriblement cette, poésie attribuée à M. Phïloxènè Boyer. Il a semblé aussi que la danse venait trop tard pour faire oublier les mésaventures du chant. Au surplus, la froideur du spec