de la couche (je terre végétale ; puis on forme, avpc de l’argile fortement foulée, dont la partie supérieure doit for
mer, au-dessus du sol, un petit monticule conique, que l’on entoure d’un fossé avec une rigole d’écoulement. On a des exemples de blés conservés ainsi sans altération pendant vingt années.
bans certains endroits, lorsque, le trou est fini, et avant de le sécher, on pique dans l’argile, sur toute la surface (les parois, une multitude de petits morceaux de verre; on fait alors un feu violent, qui fond ce verre, et Γόη forme de la sorte une véritable bouteille enfoncée dans le sol. Ce pro
cédé, que les paysans exécutent avec beaucoup d’habileté,
donne les meilleurs résultats. — Il va sans dire que dans tous les cas on doit choisir, pour l’établissement d’un silo, un sol élevé et sec.
Cette construction ingénieuse des silos doit remonter aux siècles où les contrées si fécondes de la petite Russie ac
tuelle fournissaient des grains à l’approvisionnement de Constantinople, le siège du grand empire. Je ne serais pas
étonné que déjà les Romains s’en soient servis lors de leur domination dans les Gaules et dans la Germanie, ce qui ex
pliquerait très-bien la facilité avec laquelle ils pourvoyaient, dans nos humides climats, à la substance de leurs armées sur tous les points d’occupation du territoire, à uneépoque ou les communications commerciales étaient bien moins rapides qu’aujourd’hui. L’Académie des inscriptions et bel
les-lettres ferait une action utile si elle mettait au concours cette question : Comment César et les généraux romains qui lui ont succédé s’y prenaient iis pour assurer la conservation de leurs magasins de grains?
Pour encourager nos savants en u.< à faire quelque chose en faveur de cette pauvre agriculture, nous leur montrerons l’exemple des savants en >, qui se mettent à lui cons
truire des machines mues par la vapeur, des savants du microscope, qui étudient et chassent les terribles oïdium et IwtrU s; des savants de l’alambic, qui apprécient la valeur des engrais et l’appauvrissement des sols. Il y a un mois, au Congrès de? agriculteurs du Nord, l un de nos grands chimistes, M. Dumas, ne dédaignait pas, sous son costume brodé de sénateur, d’analyser la maladie de îa betterave avec cette éloquence sagace qui le caractérise, surtout en dehors du sénat.
« En examinant, disait-il, vos champs de. betteraves, à côté de celles dont la feuille souple et flexible offre une teinte uniforme, on en voit d’autres dont les feuilles sont marbrées, cassantes; les feuilles de ces derniers sont gorgées d’air. —Arrache/, les betteraves et coupez leur racines, vous verrez que les vaisseaux qui y servent au trans
port des sucs de la pointe au sommet sont bruns. Dans la betterave saine ils sont blancs. (Mais il suffirait pour la brunir de les pénétrer d’air et d’eau alcaline.) Allez pins loin et vous trouverez que les petits filaments que la graine, envoie dans le sol, et qui, par leur pointe, en pompent les sucs pour nourrir la plante, sont sains jusqu’au bout; mais celte extrémité est profondément désorganisée. — c est- la qu es! la mata tie.
Le canal qui parcourt chaque filament, et qui sert à faire monter dans les plantes les sucs nourriciers du sol, au lieu do se. terminer par un organe intelligent, capable de rejeter ce qui est nuisible, et d’aspirer ce, qui est nécessaire, se trouve, tronqué, béant ; il aspire avec indifférence tout ce qui se. présente. —· C’est ainsi que l’air et l’eau alcaline du sol, montant pêle-mêle dans les vaisseaux de la racine, les brunissent; c’est ainsi que, l’air, arrivant dans les feuilles,
les gorge et les rend marbrées, concassées. ·— Ainsi, la betterave est malade parce que chaque bouche intelligente qui termine les filaments de ses racines est remplacée par une ouverture stupide qui laisse tout passer.
Pourquoi les bouches se désorganisent-elles?... En suivant l’enchaînement des opérations de l’industrie sucrière,
vous voyez la betterave arrachée du sol par le laboureur passer dans la fabrique et y laisser son sucre. A son tour, la fabrique envoie ses mélasses au distillateur, qui en retire de l’alcool et des potasses.·—La chimie, nous apprend que ces potasses viennent de la terre ; que c’est là que la betterave les a prises. Elle, nous apprend de plus que chaque hectare du sol de vos contrées n’en peut guère mettre que 2,000 kilogr. à la disposition de sa betterave, et que la ré
colle d’un hectare en emporte environ 60 kilogr. par an. — Avant vingt ans, le sol en serait donc déjà bien appau
vri. .Nous savons enfin que les mélasses de nos fabriques en renferment moins que par le passé. — Chose étrange ! quel
ques médecins anglais attribuent le scorbut, qui fait tant de ravages dans la bouche de L’homme, à ce qu’il a trop longtemps vécu d’aliments privés de potasse. N’est-il pas curieux qu’une maladie qui s’attache aux bouches des racines semble liée à la même cause?
Voici que commencent les travaux d’hiver et le battage du grain. Pour imprimer à la gerbe une violente secousse qui détache le grain de ses enveloppes, il est probable qu’on se sera servi d’abord tout simplement de longues gaules, comme on en emploie encore aujourd’hui dans l ancienne Provence et dans le Dauphiné.
Le fléau fut un perfectionnement qu’adopta généralement l’Europe centrale et du Nord. La batte du fléau, nous dit M. Moll, ne doit pas peser moins d’un kilogramme et demi, ni plus de deux. On lui donnera environ le tiers ou les deux cinquièmes de la longueur du manche, lequel, pour être d’un maniement commode, doit atteindre au menton de l’ouvrier. Les battes carrées écrasent les grains plus que les battes cylindriques. Dans le fléau anglais, la batte s’amincit assez souvent vers l extrémité libre; elle est conique. En diminuant le poids de cette extrémité qui, dans 1e. tournoie
ment, se trouve être animée de la plus grande vitesse et
acquérir le plus d’énergie, on fait que la force est égale sur tous les points au moment où la batte pèse sur le sol dans toute sa longueur, et l’on obtient la plus grande somme d’effet utile.
Dans le fléau chinois, la batte, au lieu d’être attachée avec de la peau, est fixée par une cheville et se peut verti
calement le long du manche; quelquefois elle est double, c’est-à-dire composée de deux morceaux de bois fixés au manche par la même cjiefijle.
On calcule que. le battage d’une gerbe dure en moyenne quatre minutes, et nécessite cent Cinquante coups; le batteur lève donc le fléau trente-sept lois par minute, pour le faire retomber en appuyant fortement aillant de fois : c’est un des plus rudes travaux que l homme ail jamais exécutés.
Aussi le battage à bras d hommes a-t-il effrayé les populations des pays chauds, et chez elles ou trouve établi de toute antiquité le dèpiqwiàe, qui s’accomplit par les pieds des animaux, f ous voyez l’Ecriture sainte défendre de lier la bouche du bœuf qui foule le grain. Six ou huit paires de chevaux, de mules ou même de bœufs décrivent, en foulant la paille étendue sur l’aire , six ou huit cercles concentri
ques. Du soleil levant au soleil couchant, ils marchent ou trottent, les yeux bandés, sous le fouet d’un seul conducteur, qui se tient au centre de Faire, toutes les longes ras
semblées dans sa main; des valets repoussent sous leurs pieds la paille tant qu’elle n’a pas été suffisamment brisée.
Pour dépiquer cinq mille deux cents gerbes, du poids moyen de sept kilogr. et demi, étendues sur une aire, M. Jaubert de Passa, cultivateur des Pyrénées-Orientales,
a calculé que vingt-quatre chevaux avaient fait six cent soixante-douze tours au pas et neuf cent dix-neuf au trot, en tout mille cinq cent quatre-vingt-onze tours; c’est au petit trot que le cheval pèse le plus lourdement sur la paille.
Le dépiquage par les animaux se pratique à la Chine, on se sert aussi de cylindres de pierre. — Depuis des temps anciens, l’Espagnol a substitué au piétinement des animaux le froissement exercé par le tri Un, lourde table de bois garnie de pierres en dessous. ·— Le batlidore, dans cer
taines contrées des Apennins, a quelques rapports avec le trilio.—L’Italie centrale se sert avec plus eje succès du ri/oio, rouleau qui, pour l’ordinaire, est cannelé et armé de barres, sous l’action desquelles la gerbe fait, comme sons le rouleau, ce soubresaut si favorable pour le détachement du grain. Ôn a introduit, et perfectionné cet ins
trument en Lot-et-Garonne depuis une vingtaine d’années. Cependant son emploi exige comme condition essentielle la dessication parfaite du blé. En pays froid, où la moisson est tardive et le climat peu favorable, il a fallu chercher autre chose.
On essaya d’abord de mettre plusieurs fléaux en mouvement par une machine. Un avocat écossais, Michel Menzies, fit marcher la première de celle sorte, don t un courant d’eau
fut le moteur. Servie par un homme, elle faisait l’ouvrage, de six batteurs. Ceci se passait dans le comté de Nortliumberland, il y a environ soixante-quinze ans.
En 1780 un mécanicien anglais, Andrew Meikle, et non pas Meckle comme ou l’a écrit souvent, eut l’heureuse idée, d’abandonner le système des fléaux pour celui des rouleaux armés de barres, l e cylindre batteur des machines modernes n’est que le rouleau armé de barres que jadis un che
val promenait trop peu vivement sur les gerbes immobiles, tandis qu’aujourd ui la· gerbe est promenée autour du rou
leau qui la choque .et la froisse de. ses barres, en tournant sur place avec une rapidité extrême.
La Suède est le premier pays du continent qui ait songé à adopter l’invention de Meikle. M. de Lasteyrie 1 importa de Suède en France il y a une trentaine d’années ; la Polo
gne nous avait devancés dans cette voie de progrès; elle eut de ces machines dès 1802.
L’automate,, qu’on nomme machine à battre, fonctionna d’abord avec, quatre outils : 1” une paire de cylindres ali
mentaires qui s’emparent de la gerbe et la déposent sur un plan qui a le nom de contre batteur. Ce plan fut d’a­
bord horizontal; on a depuis trouvé plus avantageuse une surface circulaire qui enveloppe une très-grande partie du cylindre batteur. — 2” Le cylindre batteur , auquel on adapte à volonté des armatures ou barres de dimension plus ou moins forte, de. manière à diminuer ou augmenter l’espace qui le sépare du plan où se promène la gerbe, selon qu’on se propose d’exercer sur elle un choc et un froisse
ment plus ou moins énergiques. — 3° Le secouent·, sorte de claie animée d’un mouvement de va-et-vient qui déter
mine le départ du grain d’avec la menue paille; le grain
tombe d’un côté, la menue paille de l’autre, en vertu de l’inclinaison du secoueur. — à Un t ra e qui reçoit le grain et le nettoie : la longue paille tombe à côté du secoueur.
Aujourd’hui l’on semble s’accorder pour reconnaître que les cylindres alimentaires retardent inutilement l’opération, qu’avec eux la gerbe avance lentement et ne passe qu’en quantité trop minime pour fournir à Faction d’un cylindrebatteur, très-actif. On regarde aussi comme préférable que la gerbe se promène, au-dessus plutôt qu’au-dessous du cylindre; elle échappe moins à Faction des armatures sur les
quelles elle pèse de tout son poids. Le nombre de quatre armatures parait être suffisant si la machine est animée d’un mouvement très-rapide. Pour l’ordinaire, le diamètre du cylindre-batteur n’a pas plus de cinq décimètres. Le con
tre-batteur garni de saillies a un certain degré d’utilité en ce qu’elles contrarient quelque peu la marche de la gerbe et font qu’elle reçoit plus de chocs.
Tout ceci a reçu la sanction de l’expérience clans le système de machines à battre dont l’Anglais Ransome fut l’in
venteur. Elle n’a ni cylindres alimentaires ni secoueur (ce dernier outil n’a jamais fonctionné d’une manière satisfai
sante dans aucun système); quant au tarare, on conçoit que son rôle est purement accessoire; il accomplit une toute autre fonction que. celle du battage proprement dit. Le cy
lindre-batteur peut faire jusqu’à douze cents tours par minute.


Si nous comparons le travail accompli et les prix de re


vient des différentes manières de battre : fléau, dépiquage machine, voici ce que nous trouverons. M. ltoitel, qui pro
fessait l’agriculture à l’ancien Instit t de. Versailles, ne
pense pas que onze batteurs robustes produisent par jour plus de quinze à dix-huit hectolitres de grain. MM. Hachette et Darblay vont plus haut. Ils estiment qu’un ouvrier de bonne force peut battre au fléau, en un jour, de soixantequinze à quatre-vingt cinq gerbes du poids de neuf à dix kilogrammes, rendant trois hectolitres pourcent; c’esl-à- dire qu’il produit deux hectolitres quarante litres de grain dans la journée.
M. Jaubert de Passa dépique, dans la journée, cinq mille neuf cent seize gerbes du poids de sept kilogrammes et demi avec le travail de vingt-quatre chevaux et de quinze hommes. M. de Gasparin établit par chiffres qu’on ne peut pas attribuer plus de cinq hectolitres à la journée de chaque che
val aidé d’un travail à bras d’homme, dont la proportion décroît à mesure que le nombre des chevaux est plus considérable.
Aux environs de Paris, on paye le batteur au fléau à raison de 1 franc à i franc 40 cent, par hectolitre de grain ob
tenu. Dans nos départements de l’ouest, ce prix s’élève jusqu’à 1 franc 50 cent. La Société centrale d’agriculture estime que la moyenne, prise par département, du prix proportionnel du batlage à la valeur vénale du rendement en grain, n’est pas au-dessous de trois pour cent.
Le dépiquage se fait d ordinaire avec des chevaux loués ; les loueurs prennent quatre pour cent du grain, et on est obligé de leur fournir les bras d’homme : on compte une dépense double de celle qu occasionne le fléau.
VEcho aqrtente du 8 décembre 1851 établit, dans tous les détails, le prix d’achat, la dépense annuelle et les frais journaliers d’une machine locomotive du système liansome, à laquelle on a cru devoir joindre un tarare, et qui bat à raison de, 71 centimes et demi l’hectolitre : elle est mue par des bœufs. La machine portative à vapeur de MM. Renaud et Lotz, qui a été primée d’une médaille d’or au dernier concours agricole de Versailles, commence à s’introduire, dans nos campagnes de l’ouest. Le propriétaire de la ma
chine, dit M. lleuzé, professeur d’agriculture à Grignon,
procure le mécanicien et le combustible; le cultivateur doit fournir l’eau et les hommes nécessaires à l’opération. La redevance que le cultivateur paye au propriétaire varie en
tre 40 et 55 centimes l’hectolitre, suivant la longueur de la paille et le rendement en grain. L’an dernier, le prix de re
vient du battage était dé 50 centimes. Si l’on admet que la machine (qui est d’une force de deux chevaux-vapeur) peut extraire, cent cinquante hectolitres de froment par jour, et si l’on effectue sur ce nombre la répartition des frais de main-d’œuvre qui sont à la charge du cultivateur, on re
connaît, en évaluant chaque journée de cette main-d’œuvre au prix très-fort de deux francs, que les frais de battage de chaque hectolitre s élèvent à peine à soixante-cinq centimes. — L’école régionale de Grandjouan a une machine fixe à vapeur, de la force de quatre chevaux, qui bat à raison de, cinquante centimes. — Le .tournai d agriculturepratique a donné, en 1846, les calculs d’une machine fixe de huit chevaux qui, en Ecosse, battait à raison de trente centimes : la houille est là à très-bas prix.
Il convient d observer en outre que le fléau laisse dans l’épi de sept à huit pour cent du grain (on comprend que l’ouvrier mis à la tâche n’a plus d’intérêt à extraire au-delà ;
payé à la journée, son temps deviendrait trop coûteux). — Dans certaines localités et dans certaines circonstances, le dépiquage laisse dans l’épi de cinq à dix pour cent ; pour l’ordinaire c est quatre, rarement deux. Cette perte, comme l’on voit, ajoute considérablement aux frais d’extraction tant par le fléau que par le pied des animaux. « C’est un très-mauvais système, dit Mathieu de Dombasle, que de prétendre dans ce. cas que ce grain profitera aux bestiaux, car la plus grande partie est devorée par les souris ou per
due dans la litière ; d’ailleurs, lorsqu’on donne de la paille aux chevaux, on n’entend pas leur donner du blé, ce qui deviendrait une nourriture beaucoup trop chère. »
La machine a, sur le fléau et même le dépiquage, le premier avantage d’un travail plus parfait : élle extrait le grain à deux pour cent près. Elle a celui d’un travail plus rapide accompli avec moins de main-d’œuvre, et une main-d’œu
vre à laquel e les femmes et les enfants peuvent prendre part sans qu’il soit besoin de force ni d’habileté acquise. Il suffit que la machine soit convenablement réglée par le fer
mier lui-même, et que les mains qui engagent la gerbe dans la machine aient de l’attention et un peu d’habitude. Elle remplit les trois conditions essentielles qu’on doit exiger de toute machine : elle épargne à la fois du temps, de la force et de l’adresse humaines. -— Avec elle les déprédations sont moins à craindre de la part d’ouvriers infidèles, et le fermier a moins à lutter contre le caprice ou le mauvais vou
loir de travailleurs spéciaux, qu’il est souvent impossible de réunir à un jour donné.
Saint-Germain Leduc.


Correspondance.


L’auteur d’un livre dont nous avons vendu compte dans notre dernier numéro, les Scènes américaines, nous prie de rectifier le nom de son éditeur, qui est M. Amyot, rue de la Paix.
— Nous accusons réception de trois dessins fort intéressants sur le barrage dn Nil, dont les travaux, exécutés sous la direction de M. Alengel, notre compatriote, font le plus grand honneur à cet habile ingénieur.
— Nous avons reçu également de New-York les portraits des deux candidats à la présidence, des États-Unis.
— Le Tableau de Paris, tome I“‘, broché, 15 francs, relié,


20 francs. — Réponse à Μ. O. M., de Lisbonne.