Des allées de platanes dans toutes les rues et sur tous les boulevards intérieurs sont en pleine prospérité, et feront une des jolies villes de. la M’tidja, de.ce poste maudit il y a peu d’années, et qui est peut-être appelé avant peu à acquérir une grande importance, si la route d’Al
ger ii Constantine, par la kabylie, doit passer, comme cela paraît probable, par la vallée du Haût-lsser. La ville est adossée aux premiè
res pentes des montagnes qui s’en vont, à l’est, former, par trois ou quatre gradins successifs, un des points les plus élevés du système secondaire , le Bgu-Zigza.
L’Oued-Khemis (ce nom lui vient du nom du marché qui se tient sous les murs de la ville, près de cette rivière, tous les jeudis, nar kliemis), l’Oued-Khemis, dont nous
avons fait l’Damise, a fort peu d’eau, quoique cependant en hiver elle soit quelquefois très-dangereuse. —
On place généralement Tanar amusa sur la rive gau
che de cette rivière, au pied des montagnes.
Le Fondouk est-il assis sur les ruines de ce poste ro
main?—La route de lluscurrum à JuliaCæsarea, par l’intérieur et le long des monta
gnes, devait passer par ici ou
h peu de distance. Cependant nous n’avons trouvé aucune ruine, et nous ne savons pas qu’il en existe dans le voisi
nage, sinon les ruines fort peu antiques et bien tristes à voir de l’ancien camp sur le Fondouk, abandonné un jour par nous, lors du soulèvement général de 1841, je crois, et saccagé et brûlé par les Arabes. Et encore le fort de Kara- Mustapha, glorieusement célèbre depuis les premières an
nées de nos courses dans la Plaine, et qu’on aperçoit d’ici à une lieue vers l’est, semblable à une tour sarrasine ruinée, jeté sur le sommet d’un monticule couvert de broussailles.
Deux routes carrossables aboutissent au Fondouk, et pour le moment s’y terminent : celle de Blidah par jl’Arba et
Souvenir de la fontaine de la Ferme-modèle.
celle d’Alger. Celle-ci a huit lieues, dont cinq à travers la Plaine, et les cultures la bordent d’un bout it l’autre. Pour ceux qui ont vu cela en 1846, c’est un fait très-digne d’attention.
Les zouaves sont à quatre lieues d’ici, h cheval sur le col des Béni-Hamel, travaillant à la route, et le 25” arrive à onze heures, musique en tête, chaque soldat orné d’un fagot de branches sèches sur son sac ou au bout de sa baïon
nette, ce qui peut ne pas être d’une parfaite symétrie, mais n’en est pas moins fort pittoresque. Ces hommes, qui arri
vent de l’Arba, ont fait une bonne étape, et défilent trèscrânement, avec une charge qui ferait honneur à un mi
nistre, comme ils appellent les mulets du train, le pantalon dans leurs guêtres, le bâton de tente au sac, comme une
hampe de pavillon, le goguenau (1) à la boutonnière, le bidon plein d’eau sous le bras, sac au dos, couverture et tente par-dessus, marmitle ou gamelle en sautoir, ceinturon dé giberne aVeo soixante cartouches à la taille, pour ré
chauffer l’estomac ét aider-la digestion du biscuit de 1848 avalé ce matin dans une gamelle de café, en attendant la turlutine du soir. Ils ont delà houe jusqu’aux genoux ;
mais comme aujourd’hui ie Bourguignon tape dur, avant la soupe ils auront lavé et séché leur chemise et leurs guè
très, rapiécé leur panlalon, nettoyé leurs armes, leurs souliers et leurs figures, et seront luisants comme des pièces de 20 centimes. Le Bourguignon, c’est le soleil; je ne sais pas pourquoi.
Le troupier français est toujours inimitable au bi- Youac, et le zouave de nos jours est le superlatif du genre. Dès l’arrivée, jeter son sac à terre, dresser sa tente, allumer son feu avec un petit paquet de vieux bois bien sec tenu souvent en ré
servé, et porté quelquefois de fort loin, remplir son bidon d’eau â la meilleure fon
taine, et mettre sa marmite sur le lêu, c’est le temps de vous retourner. —Les hom
mes, réunis par escouades d.e dix, marchent comme un seul, chacun avec sa besogne tracée; et votre cheval n a pas encore bu, que vous entendezerier : Telle escouade,
au goguenau ! — Ce qui signilie: Le café est,servi. On se range autourd’une grande gamelle, car on n’en prend pas par petites tasses en campagne, et chacun y plon
ge son biscuit. — Le soir, c’est la turlutine avec le café. La turlutine consiste dans du biscuit pilé entre deux cailloux, et cuit au gras avec de la viande.
Puis, pour peu qu’on soit dans la saison des pluies, on fait la rigole autour de sa tente; on nivelle bien le sol des
sous, et on le couvre d’une couche épaisse de dys, ou de branches menues. Chaque troupier vous dira : Comme on fait son lit on se couche.
IL
Bivouac à Bou-Hassan, près du col des Beni- Hamel, chez les Ouadna, 11 mai.
Partis du Fondouk ce matin à six heures, nous entrons dans la montagne, après avoir franchi l’Hamise, au S. K. et à 1500 mètres environ de la ville, avec de l’eau jusqu’aux genoux des chevaux.
A partir de ce point, on quitte la grand’ route pour suivre des sentiers arabes; celle établie par le maréchal, en 1845 ou 1847, du Fondouk à la vallée de Tisser, fait beau
coup de lacets pour éviter les fortes .pentes, et d’ailleurs a
été tellement abandonnée depuis cette époque, que dans bien des endroits les broussailles poussent au milieu. — Lien ne peut donner une plus triste idée de ce qu’une bonne route négligée peut devenir en peu de temps; mais elle paraît très-bien tracée, et sera certainement reprise.
A Koubah, près d’Alger. — Dessins de Valentin, d’après M. A. Verdalle
(1) Les troupiers appellent ainsi leur grand gobelet de fer-blanc.
ger ii Constantine, par la kabylie, doit passer, comme cela paraît probable, par la vallée du Haût-lsser. La ville est adossée aux premiè
res pentes des montagnes qui s’en vont, à l’est, former, par trois ou quatre gradins successifs, un des points les plus élevés du système secondaire , le Bgu-Zigza.
L’Oued-Khemis (ce nom lui vient du nom du marché qui se tient sous les murs de la ville, près de cette rivière, tous les jeudis, nar kliemis), l’Oued-Khemis, dont nous
avons fait l’Damise, a fort peu d’eau, quoique cependant en hiver elle soit quelquefois très-dangereuse. —
On place généralement Tanar amusa sur la rive gau
che de cette rivière, au pied des montagnes.
Le Fondouk est-il assis sur les ruines de ce poste ro
main?—La route de lluscurrum à JuliaCæsarea, par l’intérieur et le long des monta
gnes, devait passer par ici ou
h peu de distance. Cependant nous n’avons trouvé aucune ruine, et nous ne savons pas qu’il en existe dans le voisi
nage, sinon les ruines fort peu antiques et bien tristes à voir de l’ancien camp sur le Fondouk, abandonné un jour par nous, lors du soulèvement général de 1841, je crois, et saccagé et brûlé par les Arabes. Et encore le fort de Kara- Mustapha, glorieusement célèbre depuis les premières an
nées de nos courses dans la Plaine, et qu’on aperçoit d’ici à une lieue vers l’est, semblable à une tour sarrasine ruinée, jeté sur le sommet d’un monticule couvert de broussailles.
Deux routes carrossables aboutissent au Fondouk, et pour le moment s’y terminent : celle de Blidah par jl’Arba et
Souvenir de la fontaine de la Ferme-modèle.
celle d’Alger. Celle-ci a huit lieues, dont cinq à travers la Plaine, et les cultures la bordent d’un bout it l’autre. Pour ceux qui ont vu cela en 1846, c’est un fait très-digne d’attention.
Les zouaves sont à quatre lieues d’ici, h cheval sur le col des Béni-Hamel, travaillant à la route, et le 25” arrive à onze heures, musique en tête, chaque soldat orné d’un fagot de branches sèches sur son sac ou au bout de sa baïon
nette, ce qui peut ne pas être d’une parfaite symétrie, mais n’en est pas moins fort pittoresque. Ces hommes, qui arri
vent de l’Arba, ont fait une bonne étape, et défilent trèscrânement, avec une charge qui ferait honneur à un mi
nistre, comme ils appellent les mulets du train, le pantalon dans leurs guêtres, le bâton de tente au sac, comme une
hampe de pavillon, le goguenau (1) à la boutonnière, le bidon plein d’eau sous le bras, sac au dos, couverture et tente par-dessus, marmitle ou gamelle en sautoir, ceinturon dé giberne aVeo soixante cartouches à la taille, pour ré
chauffer l’estomac ét aider-la digestion du biscuit de 1848 avalé ce matin dans une gamelle de café, en attendant la turlutine du soir. Ils ont delà houe jusqu’aux genoux ;
mais comme aujourd’hui ie Bourguignon tape dur, avant la soupe ils auront lavé et séché leur chemise et leurs guè
très, rapiécé leur panlalon, nettoyé leurs armes, leurs souliers et leurs figures, et seront luisants comme des pièces de 20 centimes. Le Bourguignon, c’est le soleil; je ne sais pas pourquoi.
Le troupier français est toujours inimitable au bi- Youac, et le zouave de nos jours est le superlatif du genre. Dès l’arrivée, jeter son sac à terre, dresser sa tente, allumer son feu avec un petit paquet de vieux bois bien sec tenu souvent en ré
servé, et porté quelquefois de fort loin, remplir son bidon d’eau â la meilleure fon
taine, et mettre sa marmite sur le lêu, c’est le temps de vous retourner. —Les hom
mes, réunis par escouades d.e dix, marchent comme un seul, chacun avec sa besogne tracée; et votre cheval n a pas encore bu, que vous entendezerier : Telle escouade,
au goguenau ! — Ce qui signilie: Le café est,servi. On se range autourd’une grande gamelle, car on n’en prend pas par petites tasses en campagne, et chacun y plon
ge son biscuit. — Le soir, c’est la turlutine avec le café. La turlutine consiste dans du biscuit pilé entre deux cailloux, et cuit au gras avec de la viande.
Puis, pour peu qu’on soit dans la saison des pluies, on fait la rigole autour de sa tente; on nivelle bien le sol des
sous, et on le couvre d’une couche épaisse de dys, ou de branches menues. Chaque troupier vous dira : Comme on fait son lit on se couche.
DE BLIDAH A DRA-EL-MIZAN.
IL
Bivouac à Bou-Hassan, près du col des Beni- Hamel, chez les Ouadna, 11 mai.
Partis du Fondouk ce matin à six heures, nous entrons dans la montagne, après avoir franchi l’Hamise, au S. K. et à 1500 mètres environ de la ville, avec de l’eau jusqu’aux genoux des chevaux.
A partir de ce point, on quitte la grand’ route pour suivre des sentiers arabes; celle établie par le maréchal, en 1845 ou 1847, du Fondouk à la vallée de Tisser, fait beau
coup de lacets pour éviter les fortes .pentes, et d’ailleurs a
été tellement abandonnée depuis cette époque, que dans bien des endroits les broussailles poussent au milieu. — Lien ne peut donner une plus triste idée de ce qu’une bonne route négligée peut devenir en peu de temps; mais elle paraît très-bien tracée, et sera certainement reprise.
A Koubah, près d’Alger. — Dessins de Valentin, d’après M. A. Verdalle
(1) Les troupiers appellent ainsi leur grand gobelet de fer-blanc.