L’émir s’est donc rendu samedi dernier à la Bibliothèque, accompagné du général Damnas et du commandant Boissonnet ; il a été reçu par MM. les administrateurs, et, après avoir traversé la grande galerie parallèle à la salle de lec
ture, il est arrivé directement au cabinet des médailles, où il était attendu par le conservateur, M. Lenormant. Il a immédiatement demandé qu’on voulût bien lui montrer les monnaies des califes et des sultans des nombreuses dynas
ties arabes d’Orient et d’Occident ; l’employé chargé du classement de celte partie de la numismatique a fait successivement passer sous ses yeux les médailles les plus ra
res et les plus curieuses de ces princes ; Abd-el-Kader a été singulièrement frappé de la richesse de cette collection, qu’il a examinée en entier avec tout l’intérêt d’un homme véritablement lettré ; au sujet d’un fait il rappelait une date, au sujet d’une date il rappelait un fait, même dans les époques les plus reculées de l’histoire musulmane ; il s’est arrêté quelque temps à examiner les monnaies émises par le général arabe, Mousa-ben-Noseir, qui le premier soumit l’Afrique et l’Andalousie, et a rappelé en quelques mots l’histoire de cette merveilleuse conquête ; enfin, de
médailles en médailles, il est arrivé jusqu’aux cartons qui contiennent la monnaie frappée par lui-même dans sa ville de Takedem. Il a été visiblement ému à cette vue ; après avoir lu tout haut la légende qu’elle contient, il a remercié le conservateur de lui avoir donné une place en si bonne compagnie. Avant de quitter le cabinet des médailles, il a laissé, sur un album destiné à recevoir les noms des visi
teurs illustres de cet établissement, les quelques lignes dont nous reproduisons le facsimilé et dont suit la traduction.
« Gloire à Dieu unique.
« Je suis entré chez monsieur Lenormant, gardien du cabinet des monnaies anciennes concernant tous les peuples ; j’ai été étonné du soin avec lequel il conserve ces objets; en effet il fixe, au moyen de ce secours, la chro
nologie des peuples ; et celte chronologie est plus solide que celle indiquée par les livres; car l’insecte ne mord pas sur la date inscrite sur l’or, comme il ronge la date inscrite sur des feuillets. Salut de la part d’Abd-el-Kader ben Mahy-din, le 7me jour avant la fin de Moharram de l’année 1269. »
Du cabinet des médailles, l’émir s’est rendu au cabinet des manuscrits, dont M. ïteinaud,
conservateur des manuscrits orientaux, lui a montré les immenses richesses.
Voici la traduction de la légende arabe qu’on lit sur la monnaie d’Ab-el-Kader :
lrc face : Frappé à Takedem, 1256.
2“ face : Seigneur, délivre-nous, et fais que par ta grâce nous puissions mourir musulmans.
Prie-Dieu en bois sculpté, offert au pape Pie IX par la province catholique de Tours.
Les galeries du bazar Bonne-Nouvelle offrent en ce moment à la curiosité des amateurs d’art une des œuvres les plus remarquables que la sculpture sur bois ait produite de nos jours.
Ce monument, destiné par la province de Tours au chef de l’église catholique, est un prie-Dieu avec rétable et contre-ré table, composé et exécuté en bois de chêne, par M. Blot
tière et ses neveux, artistes au Mans, dans le style du commencement du seizième siè
cle , qui précéda immédiatement la renais
sance française. Le choix de ce style, qui se prête à une grande richesse d’ornementation,
et qui laisse à l’artiste assez de liberté pour que son œuvre ait un caractère à la fois tra
ditionnel et original, a été heureux pour M. Blottière, qui a réussi à rendre sa composition également remarquable par l’habile em
ploi des formes architecturales d’une époque où l’art avait atteint un haut degré de per
fection, et distinguée par la disposition ingénieuse de l’ornementation.
Le prie-Dieu , proprement dit, est établi sur un plan c arré avec des contre-forts d’an
gle très-saillants ; l’ordonnance générale , aussi élégante que régulière, présente des lignes d’architecture d’un ajustement irréprochable ; les quatre côtés sont libres et des
tinés à rester visibles ; les quatre panneaux en retraite sont encadrés de moulures dont les profds sont d’une grande finesse.
La décoration végétale, traitée avec une extrême délicatesse, est surtout le côté où le talent de M. Blottière paraît sans rival ; les grandes feuilles de chou frisé qui ornent les accoudoirs, les rinceaux qui courent autour des panneaux, les feuilles de chêne qui cou
ronnent le rétable, les plantes grimpantes qui couvrent les angles des clochetons, sont sculplées avec l’exactitude et la perfection


que l’on ne rencontre que dans les chefsd’œuvre.


Les figures en haut relief qui décorent les panneaux représentent la Foi, l’Espérance et la Charité ; sur le panneau antérieur sont les armoiries du souverain pontife Pie IX, ac
compagnées des insignes pontificaux ; les sculptures de chaque panneau sont entourées d’une guirlande qui déroule dans une gorge profonde, faisant partie des moulures d’encadrement, ses plantes et ses fleurs symboli
ques : la passiflore ou fleur de la Passion, emblème de la foi ; l’aubépine, emblème de l’espérance ; la mauve, emblème de la bienfaisance et de la charité, et le chêne, emblème
de la force. — Les contre-forts d’angle reçoivent, dans de petites niches surmontées de pinacles, douze statuettes en ivoire représentant les douze apôtres tenant en main un phylactère sur lequel est inscrit son nom avec un article du symbole des apôtres ; ces statuettes, spirituellement composées et exécutées, complètent delà manière la plus satisfaisante la partie monumentale du prie-Dieu.
La partie postérieure du rétable abrite, sous deux niches à baldaquins, les statuettes en ivoire de saint Martin de Tours et de saint Julien du Mans. Entre ces deux statuettes,
au-dessous d’une fenêtre simulée à meneaux flamboyants et dans un large écusson entouré d’une guirlande de chè


vrefeuille, on lit l’inscription dédicatoire suivante, gravée sur une plaque d’ivoire :




Candidatures à la présidence




aux. Etats-Unis.


Six mois avant l’élection définitive et constitutionnelle du Président aux États-Unis, des conventions ou assem
blées préparatoires, formées des principaux chefs de chaque parti, soit délégués par les divers districts, soit appelés par leur position ou leur talent à prendre l’initiative, se réunissent solennellement pour procéder aux choix des can
didats à la présidence et à la vice-présidence. La période électorale est généralement inaugurée par l’ouverture de la convention qui s’assemble à Baltimore : les candidats de son choix sont ordinairement acceptés par la majorité des assemblées qui se tiennent plus tard dans les divers Etats.
Cette assemblée procède souvent à d’innombrables scrutins avant de pouvoir réunir la majorité des votes sur un seul nom; il résulte quelquefois de l’entêtement et de la lassi
tude des partis, un compromis qui, éliminant les candi
dats rivaux, porte à la présidence un homme tout à fait étranger à la politique et à peu près inconnu au reste de l Union. C’est ainsi queM. Polkfutélu président I y a quel
ques années, et que M. Franklin Pierce vient d’être choisi comme candidat par le parti démocratique. Le monde politique se divise, aux Etats-Unis, en parti wliig ou con
servateur, et parti démocrate ou du mouvement : il y a
bien encore les free soilers et les abolitionnistes, mais ils n’ont jusqu’à présent compté que comme appoint dans les diverses élections. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que les deux grands partis ont chacun leurs conventions et chacun leurs candidats.
La presse publie jour par jour les travaux et les discussions des conventions ; toute l’Union suit avec anxiété les combinaisons et les péripéties des scrutins : c’est là en effet que s’élabore l’élection, car les candidats proclamés sont assurés de réunir toutes les voix du parti. Tout électeur dé
finitif se fait un point d’honneur de respecter le choix des assemblées préparatoires.
L’élection définitive du président a toujours lieu le 4 novembre : les électeurs de chaque Etat sont en nombre égal aux sénateurs et aux représentants que cet Etat envoie au congrès fédéral. On sait que le nombre des représentants
SUMMO PONTIFICl
PROVINCIA TURONENSIS
TÜRON. CENOMAN.
ANDEGAV. NANNET.
REDON.
SAN-BRTOC. CORISOPIÏ. VENET.
1851
En résumé, le prie-Dieu monumental exposé par M. Blottière est une.œuvre aussi parfaite que celles des plus habiles tailleurs de bois du moyen âge et de la renaissance.
Le gouvernement vient d’accorder à M. l’évêque du Mans, à sa suite et à M. Blottière, le passage gratuit sur un
navire de l’Etat pour le transport du prie-Dieu à Borne ; le départ aura lieu de Toulon le 25 novembre.
G. F.
PIO IX