purement contemplatif et où les sens aient la seule part, ayez avec vous certains livres grecs destinés à être consultés sur les lieux mêmes, Hérodote et Thucydide par exem
ple , que vous vous adjoindrez connue compagnons de voyage. Passe encore pour Ilérodole, conteur naïf et charmant, qui ne demande point des efforts désespérés d’interprétation, et que le docte Larcher a d’ailleurs très-conve
nablement traduit; mais Thucydide, si pressé, si concis, et chez lequel on est loin de pouvoir se promener librement quoiqu’on puisse dire, n’est-c.e pas nous traiter, un peu rudement, avoir bien peu d’égards pour nos éruditions mo
dernes, toujours en partie rouillées, que de nous imposer le très-grave et souvent très-obscur historien comme notre vade rnecum, notre livre de poche dans un voyage en Grèce? Peut-être aussi ne faut-il pas prendre Thucydide tout à fait au pied de la lettre. L’auteur, en nous tenant la
dragée liante, a voulu surtout nous faire sentir qu’il n’est pas bon d’oublier tout à fait ses auteurs anciens lorsqu’on
entreprend un pèlerinage classique. Un peu de grec ne messied pas quand on voyage en Grèce. Qui donc le con
tredira sur ce point-là ? Quant au détail, il est certain qu’il se montrera plus accommodant qu’on ne pense. 11 transige


rait volontiers sur le fait de Thucydide, si seulement on lui garantissait Homère.


Entrons donc dans le livre, et qu’il nous suffise d’indiquer, en passant, toutes les choses brillantes et fines que l’on dé
couvre à chaque page. N’est-ce pas là surtout un esprit fait pour attacher et plaire? La leçon, le précepte n’est chez lui vraiment que l’accident, ce‘qui naît de soi-même, et par suite d’une qualité tout instinctive, c est ce don d’observer, de jeter, en courant, mille pensées neuves et délicates, cet art de nouer et dénouer des récits libres, enjoués, comme en fait Voltaire, comme en fait la nature.
Assez d’autres ont loué ou loueront, chez M. Saint-Marc Girardin, l’éloquence de l’historien, la gravité du moraliste et du critique; qu’il me soit permis de noter ici des quali
tés d’un autre ordre, et que n’excluent pas des titres plus imposants: l’imagination, le talent de la description, la rê
verie, la gaieté même ; il y a plus d’un témoignage de ces dons heureux dans les pages des Souvenirs de voyages et d études.
« J’aime les voyages de badaud, c’est-à-dire voir pour « voir,, prendre les idées à mesure qu’elles arrivent, ne rien « étudier, et pourtant apprendre, mais d une manière ins« tinctive, apprendre à peu près comme on respire, et sans « se donner plus de peine, s’éclairer plutôt que s’instruire,
« car la lumière vient tandis que l’instruction s’acquiert :
« voilà ce qui s’appelle la badauderie, et c’est une douce « chose qui a ses mérites. »
C’est par cette profession de foi que M, Saint-Marc Girardin entame son voyage en Italie. Si l’on estime pour ce qu’il vaut ce passage empreint de simplicité et de bonho
mie, on verra qu’il n’y a vraiment pas trop à s’effrayer avec cet esprit qui ne prend que par nécessité le rôle de Mentor, de conseiller, et sait se plier si bien à celui de causeur ai
mable, attrayant, plein d’abandon et de grâce. Bien des gens ne voyagent que pour avoir le plaisir de parler d’eux et se mettre en scène. Parler de soi, c’est la grande maladie de la littérature et du siècle tout entier. On remarquera le soin que met M. Saint-Marc Girardin à éloigner tout ce qui peut avoir rapport à sa personne. Pouvait-on moins attendre du reste d’un esprit si juste, si bon guide en matière de bienséance et de goût?
Plusieurs des choses qu’il a écrites sur l’Italie, l’Allemagne, la Suisse, et qui datent de quinze ou vingt années,
semblent avoir élé composées d’hier : quelques-unes ont même conservé un singulier mérite d’à-propos. M. Saint- Marc Girardin sent très-vivement les beaux-arts, et en parle en connaisseur éclairé. Pour faire apprécier la finesse de ses aperçus, je citerai un passage relatif à nos sentiments na
tionaux en fait d’architecture, et à quelques détails de nos constructions parisiennes. Ce morceau date de 1832; on remarquera que les observations de l’auteur eurent dès lors, à force de justesse, quelque chose de prophétique. Le voyageur est à Florence, et, après avoir décrit en détail la place du Grand-Duc, si petite et en même temps si belle, il fait avec nos places françaises le rapprochement suivant :
« En France, une belle place, c’est un grand espace taillé régulièrement, une figure de géométrie de quelque demilieue en long et en large. Nos détracteurs disent que nous avons le goût du vide plutôt que du beau ; il y a du vrai dans ce reproche, témoin cette idée d’une rue de la co
lonnade du Louvre à la barrière du Trône, idée presque populaire, qui nous promet la jouissance ineffable d’un corri
dor de quarante pieds de large et d’une lieue de long. Du Louvre on verra la barrière du Trône; concevez-vous rien
de plus admirable ? Et pourquoi ne pas pousser jusqu’à Vincennes? Ce serait plus loin, ce serait plus beau ! Pour cela,
abattons Saint-Germain-fAuxerrois, la Ville, l’église Saint- Gervais et son portail ; abattons toute une rue d’une lieue : cela vaut tous les monuments du monde et tous les souve
nirs delà vieille église Saint-Germain. Ce n’est pas le grand que nous aimons, c’est le long. »
S’il est un livre avec lequel on doive s’interdire le plaisir des citations, c’est sans contredit le nouveau volume de M. Saint-Marc Girardin ; le choix parmi les détails intéres
sants deviendrait bien vite difficile, étonné tarderait guère à se trouver devant le fameux panier de cerises de Mra0 de Sévigné. Les tableaux variés, qui tiennent une grande place dans l’ouvrage, n’excluent pas les considérations politiques pleines de justesse, et souvent même de profon
deur, que l’auteur a semées dans sa description des provin


ces danubiennes. Jamais peut-être la position, si longtemps


obscure, de la Moldavie et de la Valachie, q,ui se trouvent comme suspendues entre les puissances ottomane et moscovite, n’avait été plus nettement tracée. Tout ce qui a rap
port à la Hongrie, au cours du Danube, à l’ensemble de la politique autrichienne, à l’organisation et aux détails des
colonies militaires, mérite d’être médité avec plus de soin et de réflexion qu’on n’en accorde à de simples récits de voyages. Il y aurait peut-être à demander compte à l’auteur de quelques jugements sur certains hommes ou sur cer
tains faits, entre autres sur M. de Metternicb, dont it a prononcé le nom avec une sorte de complaisance que l’his
toire pourrait bien ne pas ratifier. Mais on ne saurait enta
mer ici des discussions sur ces détails : le mieux est de rester sur le terrain purement littéraire, où l’on se trouve si bien d’ailleurs sous la conduite de M. Saint-Marc Girardin.
11 existe une place dans les bibliothèques, entre les voyageurs érudits, les Barthélemy, les Millin, et les voyageurs purement frivoles, ceux qui ne font qu’imprimer leurs notes sans leur donner souvent aucun caractère de savoir ou de critique. Le mieux est de parcourir les pays avec un ba
gage de science ni trop lourd ni trop léger ; cet heureux mélange d’érudition et de goût, M. Saint-Marc Girardin le possède plus que personne; il a ce que j’appellerai la vraie manière française de voyager, quelque chose de moins leste peut-être, de moins libre dans la forme que le président de Brosses ou que Jacquemont, mais un fonds plus solide, des renseignements plus précis sur tout ce qu’il observe, des vues infiniment plus étendues sur les détails des événements et des lieux.
Je ne ferai sans doute qu’exprimer les vœux de tous les lecteurs éclairés en réclamant pour une époque prochaine le second volume des Souvenirs de voyages et d études,
car nous n’avons ici que le tome premier. M. Saint-Marc Girardin doit nous conduire dans cette Grèce qu’il n’a fait que nous montrer dans sa préface. On devine d’avance quelles nouvelles richesses de style et de savoir il saura trouver sur sa route ; puisse donc le cours d’un tel voyage ne pas demeurer trop longtemps suspendu.
Je regrette d’avoir tant attendu pour m’occuper de la nouvelle et très-estimable édition des Pensées de Pascal, que vient de publier M. Ernest Havet. Les bons ouvrages sont exposés à subir certains retards ; ils n’ont pas le sort des productions éphémères, qu’il faut souvent saisir au vol ; on est toujours sûr de retrouver les livres durables.
En commençant par rendre justice à toutes les qualités de science et de sagacité critique que le nouvel annotateur de Pascal a su montrer, on ne doit pas oublier cependant qu’il s’est exercé sur un ouvrage, sinon précisément conjec
tural, du moins qui a soulevé et soulève encore des doutes et des discussions dans ce qu’on appelait autrefois le monde littéraire. On se souvient qu’il y a dix ans, M. Cousin, ayant retrouvé à la Bibliothèque nationale le manuscrit authenti
que des Pensées de Pascal, crut devoir livrer au public le manuscrit primitif, qui présentait des différences notables avec l’ancienne édition que l’on devail aux soins des so
litaires de Port-Royal. Ceux-ci avaient, disait-on, affaibli, souvent même dénaturé dans le langage et l’idée, le grand ouvrage de l’auteur des Provinciales. Ainsi l’un des chefsd’œuvre de notre langue, que tout le monde admirait de
puis tantôt deux cents ans, se trouvait comme détrôné tout d’un coup. On n’avait eu jusqu’alors que le simulacre,
l’image infidèle d’une grande pensée, qui paraissait pour la première fois dans sa force et son expression véritable.
Sans entrer dans le détail qui nous entraînerait beaucoup trop loin, et sur lequel on a d’ailleurs longuement discuté déjà, on croit pouvoir assurer pourtant que cette grave question de la substitution des nouvelles Pensées de Pascal aux anciennes n’est pas du tout un point vidé à l’heure qu’il est. Longtemps encore il se rencontrera des récalcitrants ou même des incrédules, non pas bien entendu quant à l’aulhenlicité même du manuscrit, mais pour ce qui est de la conformité que les fragments retrouvés présentent avec la pensée de Pascal. Dans ce qu’un homme de génie écrit souvent au hasard, à ses heures perdues, sur des feuillets fugitifs, est-on toujours bien sur d’avoir son intention dé
finitive, ou même sa vraie pensée? Erapêchera-t-οη qu’un écrivain, quel qu’il soit, n’ait à son lit de mort son exécu
teur testamentaire intellectuel désigné naturellement par les rapports d’intimité et d’esprit? Celui-ci mettra en ordre les choses incohérentes, comblera même au besoin les la
cunes, décidera ce que le public doit connaître ou ne pas connaître, il peut se tromper sans doute dans l’accomplisse
ment de sa mission, mais qu’y faire? Si pourtant ce soin est confié à un cercle de penseurs éminents, amis et confidents du défunt, juges très-éclairés en matière de savoir et de style, n’est-il pas naturel qu’on accorde quelque confiance aux textes des ouvrages posthumes qu’ils auront établis? N’est-ce donc rien que d’avoir vécu dans l’intimité cFun au
teur, de l’avoir entendu discuter, préparer dans la causerie, penser en quelque sorte tout haut son ouvrage?
En admettant même que les écrivains de Port-Royal aient, dans une intention que nous n’avons pas à examiner ici, gâté comme oii le prétend la dernière œuvre de Pascal, on éprouvera toujours beaucoup de répugnance à ôter de son rang une production supérieure pour légitimer une préten
dante introduite d’hier. Jl ne s’agit pas seulement d’un cas particulier, d’une espèce, comme disent les légistes, mais d’un événement général qui touche aux intérêts de toutes les littératures. Ne sent-on pas que toutes les croyances de l’éloquence et du goût pourraient se trouver ainsi entière
ment ébranlées? Quq: ! voici un des monuments de notre
langue réduit à l’état pour ainsi dire apocryphe! Ne semblet-il pas que tous nos chefs-d’œuvre se mettent à trembler à la fois sur leur base? Avons-nous bien le vrai Télémaque, les vraies Oraisons funèbres, la vraie Attiédie, le vrai Tartufeί On sait, hélas ! où cette manie de l’authenticité et des raffi ne


ments philologiques a parfois conduit la critique allemande. Dieu merci, on a résisté en France à ces révisions dange


reuses des chefs-d’œuvre de l’antiquité, et le père Hardouin a lait chez nous assez peu de prosélytes.
D’ailleurs, pour parler en toute franchise sur celte grande découverte des vraies Pensées de Pascal, j’en suis encore à
chercher les avantages bien réels que le texte nouveau offre sur l’ancien. J’ai dû, pour apprécier le travail de M. Havet, relire les anciennes Pensées, celles que nous étions accoutumés à admirer et à relire; lorsque je suis ar
rivé à ce passage fameux qu’hier encore on considérait comme un des plus sublimes de notre langue, «La première « chose qui s’offre à l’homme, quand il se regarde, c’est son « corps, etc., » et qu’il m’a fallu lire à côté le texte nouveau, j’avoue que j’ai éprouvé beaucoup de désenchante
ment. Je veux bien que Port-Royal ait introduit dans ce morceau le nombre et des mouvements qui n’appartenaient pas à l’original, mais il ne m’est pas bien prouvé que ces modifications n’ajoutent pas à cette page des beautés réelles, et que Pascal lui-même eût ratifiées. Voyez jusqu’où l’il
lusion peut être poussée ! J’avais même cru parfois découvrir une certaine analogie de tour et de manière.entre cette belle invective philosophique d’un si grand penseur et la péroraison fameuse de la quatorzième Provinciale : « Car «enfin, mes pères, pour qui voulez-vous qu on vous « prenne, etc.... » Il nous faut donc renoncer à ces rappro
chements, puisqu’on nous ôte notre ancien Pascal pour nous en donner un plus précis, plus réel peut-être, mais à coup sûr moins élevé, moins éloquent que l’ancien. Il n’est pas jusqu’à ces divisions en chapitres avec des titres, qui ne pa
russent commodes et judicieuses, Elles mettaient au moins un certain ordre dans un livre incohérent, et permettaient de s’orienter au milieu de ces fragments qui ont assez peu de liaison entre eux.
Il est probable que cette querelle, récemment éveillée par la réimpression des Pensées de Pascal, se terminera par line transaction. Beaucoup de personnes conserveront sans doute, malgré tout, dans leur bibliothèque, l’édition de Port-Royal qu’on ne sacrifiera jamais tout à fait, non plus qu’on ne rejetterait une peinture de Raphaël où se trou
veraient des retouches de Jules Romain. On admettra sur le
même rayon la version nouvelle, intéressante et curieuse dans tous les cas, ne fût-ce qu’au point de vue des rapprochements. Le texte nouveau devra beaucoup aux commen


taires et aux annotations de M. Ernest Havet, qui me par


donnera de l’avoir abandonné si longtemps pour exprimer certaines objections que son travail suffira peut-être pour détruire dans beaucoup d’esprits. On ne pouvait guère ap
porter à ia tâche difficile dont il s’est chargé plus de cons
cience ni de soin. Les notes sembleront peut-être un peu envahissantes au premier coup d’œil, mais il s’agissait d’un
ouvrage à peu près inconnu et qui demandait souvent à être éclairci. La notice préliminaire consacrée à la vie et aux œuvres de Pascal fait d’ailleurs grand honneur à l’es
prit de M. Havet, et dénote en lui un sentiment de critique bien distingué. Rapprochements de toute espèce, interprétations des passages cités, appendice historique et philolo
gique, rien n!a été négligé pour faire de cette édition un véritable livre d’étude. De tels travaux répondent digne
ment aux attaques inconsidérées dirigées contre un certain genre d’enseignement et de littérature. On aime à penser qu’il existe en ce moment chez tous les bons esprits, un re
doublement de foi dans les hautes qualités (l’intelligence et de raison que renferment nos chefs-d’œuvre.
Arnould Fremy.
Courrier de Paris.
Vous attendez des nouvelles du beau inonde, mais il semble que ce monde là s’étudie à ce qu’on ne parle pas de lui. Quelques personnes, voyant là saison s’avancer rapi
dement sur l’horloge du calendrier, s’obstineront peut-être à croire qu’il se donne des fêtes à huis-clos dans certaines latitudes ; où diable cela peut-il être ? De même qu’on ne se lasse pas d’annoncer la présence à Paris d’une infinité de personnages de distinction, lesquels au lendemain de leur arrivée, se trouvent précisément à ia veille de leur départ. Comptez donc sur ces oiseaux de passage pour égayer la si
tuation. Après les banalités de bourse et les divagations politiques qui ne peuvent manquer d’avoir un parfum d en
thousiasme, ce qu’il y a peut-être de plus à la mode dans les salons, c’est le silence, conformément au proverbe qui dit : Les grandes joies sont muettes, il est d’usage aussi, parmi
les revenants du bon ton, de se raconter les distractions de la vie d’été, ses agréments et ses surprises. En voulez-vous quelque échantillon : «Ah ! ma chère, quel air pur, le ravis
sant paysage et quel poétique château ! C’est dommage qu’il ait été si peu habitable : de grandes fenêtres, de grandes cheminées, de grandes toiles d’araignée ! Le parc est trèsvaste et traversé par quantité de petits ruisseaux, et mal
heureusement aussi par une multitude de crapauds, si bien
que, pour les éviter, nous allions nous promener sur la grande route ; quelquefois nous parcourions les environs en calèche, mais je vous avouerai que le cœur me battait fort
en côtoyant ces affreux précipices de l’Auvergne. Quant à nos hôtes, les Ducolombier, ah les excellentes gens ! un
peu ridicules... Figurez-vous qu’il nous envoyaient coucher à neuf heures comme des pensionnaires. Cependant notre vie était assez somptueuse... pour l’Auvergne ; seulement, comme ils avaient laissé la moitié de leurs gens à -Paris, c’est la femme du jardinier qui faisai t la cuisine. Quel menu ! ma chère, des ragoûts mystérieux et impossibles. Du reste,
uno société distinguée, des gens éminemment spirituels et qui n’étaient jamais d’accord. Figurez-vous aussi que tout ce monde-là ne quittait guère le billard, sauf les jours de chasse, où, en l’absence de ces messieurs, on se réunissait entre femmes pour se livrer à la tapisserie et à la rêverie. Et pourtant, malgré ce grand calme, vous auriez bien re
gretté ce vilain Paris : on s’y porte assez mal, c’est vrai, mais on y baille beaucoup moins. »
A propos de revenants bons à voir, Abd-el-Kader est attendu pour la seconde fois à Paris, avec toute sa suite. On dit l’émir invité aux chasses princières de Fontainebleau,