rité rendu à une des œuvres les plus complètes dont la littérature américaine puisse s’enorgueillir.
M. Webster ne fut pas moins heureux dans le discours qu’il prononça devant le monument érigé en souvenir de la bataille de Bunker-Hill. L’année suivante, aux entraînements de l’orateur il joignit la sagacité et le jugement d’un lettré et d’un critique de premier ordre, dans le discours qu’il prononça à Feneuil-Hall, en 1 honneur de Jefferson et d’Adams, deux des hommes les plus éminents de l’Union, en politique et en littérature.
En 1823, Webster fut de nouveau envoyé par ses concitoyens à la chambre des représentants, où il resta jusqu’en 1827. A cette
époque, il fut élu sénateur par le Massachussets, et occupa ce poste jusqu’en 1841. Le général Harrisson, dont il avait été un des plus ardents soutiens lors de sa candidature à la présidence, l’appela à la direction du cabinet, sous le titre de secrétaire d’Etat.
Le sénat a été le grand théâtre sur lequel Webster déploya le plus de talent comme orateur et comme homme politique. Sa réputation datait, solide et bien établie, depuis bien avant son entrée dans ce corps ; mais c’est là qu’il s’est élevé à coup sûr ce piédestal du haut duquel il jettera un reflet glorieux sur son pays. M. Webster appar
tenait au parti whig. Le passage suivant d’un journal appartenant au parti opposé prouve combien il était apprécié et estimé même de ses adversaires.
« Son exemple a exercé sur le sénat une influence qu’il est difficile d’apprécier aujourd’hui, dit ce journal, mais qui a singulièrement contribué à y relever le caractère des discussions et le décorum parlementaire. »
Daniel Webster ne trahissait jamais le partisan politique dans le ton ou le langage de ses discours ; quels que pussent être ses mobiles secrets, il appuyait toujours ses arguments sur des considéra
tions d’intérêt public, et discutait les questions à un point de vue national, jamais à un point de vue personnel ou de parti. Sous ce rapport, les discours politiques de M. Webster forment un con
traste frappant avec le style habituel des orateurs parlementaires qui figurent à Washington, et le sénat a dii s’apercevoir dans ces derniers temps combien, de ce côté, il avait perdu à l’absence de Daniel Webster.
En 1839, Daniel Webster visita l’Angleterre,
o :i il reçut un accueil des plus sympathiques, et digne de sa grande répu
tation et de l’élévation de son caractère. Il s’y lia avec plusieurs personnages illustres, no
tamment avec lord Ashburton, qui plus tard fut
envoyé en Amérique pour y régler la question de la délimitation des frontières du côté du Canada. Ce fut avec M.
Webster que lord Ashburton eut à traiter cette grave question, qui se termina d’une manière satisfaisante.
L’habileté, l’esprit de conciliation que M. Web
ster déploya dans cette délicate négociation,
comptent au nombre des services éminents qu’il rendit à son pays à la tête du cabinet, où, mal
gré la mort prématurée du général Harrison, il fut conservé par son suc
cesseur le vice-président Eyler, devenu président aux termes de la consti
Daniel Webster, d’après le buste de Power.
Maison où est né Daniel Webster, à Salisbury (New-Hampshire).
tution. Avant le terme de cette présidence, Daniel Webster donna sa démission, et retourna au sénat, où il combattit, avec cette énergie qu’il conserva jusqu’aux derniers jours, l’annexion du Texas.
Webster, en habile politique, prévoyait que son pays allait entrer dans une voie toute nouvelle et contraire à ses antécédents. De même qu’à son début dans les affaires, en 1812, il s’était opposé à la guerre, il s’opposa aux tendances militaires de l’Union, à propos de la guerre du Mexique.
Il appuya cependant vivement la candidature du général Taylor, le héros de cette expédition, qui donna aux Etats-Unis la Californie.
National et patriotique avant tout, il voyait dans l’élection de l’honorable général un acte de justice, la récompense d un glorieux ser
vice. De plus, il y trouvait l’occasion de cimenter les liens un peu tendus entre les Etats du Nord et ceux du Sud, à propos de l’esclavage, dont le général était le représentant.
Le discours de conciliation que Webster prononça sur cette question, qui soulevait des débats irritants, fera époque et marquera dans les annales des Etats-Unis.
Comme le général Harrison, le général Taylor mourut à peine élu. M. Fillmore, vice président, appelé au fauteuil présidentiel, confia la direction du cabinet à Webster. U occupait avec éclat ce poste au moment où la mort est venu le surprendre.
Webster n’a pas toujours été d’accord avec M. Fillmore. Au moment même où ce dernier songeait à courir les chances de la réélec
tion, Webster nourrissait l’idée de se porter comme candidat. Et, bien que le nom du général Scott soit sorti récemment du scrutin préparatoire au lieu du sien, Webster était resté le candidat sérieux du parti whig, et, au jour de l’élection, il est problable qu’il eût été plus capable que l’honorable général Scott de combattre la no
mination, à peu près assurée aujourd’hui, de M. Franklin Pierce, le candidat du parti démocrate.
La mort de Daniel Webster a été un deuil général aux Etats-Unis. Des meetings considérables se sont réunis pour prendre des résolu
tions et voter des adresses où les traces de la plus sincère affliction se font remarquer. Les hôtels, les édifices publics, les navires dans le port, avaient descendu les pavillons et drapeaux à mi-mât.
L’autopsiedu cadavre de Webster a constaté que la mort était le résul
tat d’une maladie au foie, aggravée tout à coup par une hémorragie de l’es
tomac et des entrailles, qui a mis fin à ses jours.
La ville de Boston a décidé qu’un monument serait élevé à Daniel Webster. Le plus beau et le plus durable mo
nument qu’on puisse lui ériger dans son pays, est la collection com
plète de ses discours et l histoire de sa vie poli
tique ! Elle résume une suite de longs services rendus, elleoffre l’exemple d’un talent qui a il
lustré les Etats-Unis. Les générations futures y trouveront un beau
modèle à étudier, une belle et noble existence pleine de dévouement et de patriotisme à imiter !
La lecture de ses œuvres et les leçons qu’on en retirera dureront plus que le marbre sculpté à l’image de ce grand citoyen. Xavier EYMA.
Village de Drâ-el-Mizan, — Dessin de Valentin, d’après M. A. Verdalle.
Expédition dans la Grande-Kabylie, en 1852. (Suite et fin.)
Camp de Drâ-el-Mizan, 29 mai.
Si vous voulez assister à l’enfantement d’une ville, crois
sant spontanément pour ainsi dire dans la plaine des Boglini, venez vite. Bientôt ce sera fait. Les chemins de fer
et les bateaux à vapeur vous apporteront de Paris à Alger en quatre jours ; un jour pour vous reposer du mal de mer,