seront conformes à ses paroles. L’Europe a raison d’y complor.
Un fait qui mérite également d’être signalé a marqué la séance de vendredi 18 , à la chambre des lords d’Angle
terre. Le comte de Derby a adressé publiquement des remercîménls aux gouvernements qui se sont fait officielle
ment représenter aux funérailles de lord Wellington, et il a consacré un paragraphe spécial de son discours à la France, qui, ne pouvant s’associer à cet hommage officiel, ne s’est pas moins fait représenter officieusement à ces fu
nérailles par son ambassadeur à Londres, M. le comte Walewski. Le comte de Derby a saisi cette occasion de prononcer au nom de la nation anglaise des paroles sympathiques pour la France.
La reine Victoria a reçu, dans un grand banquet, tous les officiers envoyés par leurs gouvernements aux obsèques du duc de Wellington.
En Espagne, deux ministres ont dû donner leur démission : le ministre des travaux publics, dont les impruden
tes concessions de chemin de fer ont dû être révoquées, et le ministre de l’intérieur, à propos d’un dissentiment entre lui et sescollègues, au sujet d’une appréciation financière publiée dans les journaux de Madrid.
La conférence douanière de Vienne a tenu, le 18, Une séance dans laquelle elle s est divisée en plusieurs sections qui devront s’occuper chacune de matières spéciales.
Au dire d’une correspondance de Munich, que publie la Gazette de l on», les rapports du plénipotentiaire bavarois à son gouvernement feraient prévoir un résultat définitif des conférences de Vienne pour le là décembre. La conférence aurait remis aux mains de l’Autriche le soin des négociations à suivre avec la Prusse, et les commissaires autrichiens auraient fait entrevoir l’espoir d’un résultat favorable.
La majorité obtenue par le général Franklin Pierce pour la présidence est décidément la plus forle dont on ait mémoire ; elle surpasse même la majorité du général Jackson en 1828. Sur les 306 électeurs définitifs qui ont pris part au vote (le suffrage aux Etats-Unis est à deux de
Le dernier numéro reçu à Paris de la Gazette officielle de Téhéran (Perse) nous apprend que les menées révolutionnaires tentées en faveur du prince Abbas-Mirza ont déterminé le Shah à l’exiler et à lui assigner comme résidence les Saints Lieux , en Arabie. Abbas-Mirza rece
vra 3,000 ducats pour frais de rouie, et une pension annuelle de même somme, à la condition de ne jamais plus rentrer en Perse.
Voici une attire nouvelle qui donne une sorte d’a-propos à l’article sur Tunis que nous publions plus loin :
Une lettre de Gênes, en date du 17 novembre, annonce la nouvelle de la mort du bey de Tunis, apportée dans cette ville par une lettre de Cagliari (Sardaigne), en date du 16. Celle lettre ajoute qu’à celte nouvelle, l’escadre anglaise a été dirigée sur Tunis, où croise déjà l’escadre française.
Mais le bruit de la mort du bey et celui de démonstrations faites devant Tunis par les deux grandes escadres de la Mé
diterranée ont couru si souvent déjà dans ces derniers temps, qu’il ne faut accueillir qu’avec réserve les nouvelles données par la lettre de Gênes.
Paulin.
Courrier de Paris.
11 pleut encore, il pleut toujours, et la petite chronique en a du noir dans l’àine. A quoi bon tant de belles choses en train de s’accomplir, si la décoration ne répond pas au spectacle ? Notre soleil parisien s’est voilé la face, le ciel semble pleurer toutes ses larmes sur notre bonheur, el vous savez ce que devient la rosée céleste sur le pavé des grandes cités. Ce n’est pas tout, disent les experts, que de ma
cadamiser les rues, il faudrait songer à les balayer, et les balayeurs sont comme les malcontents, on n’en voit plus.
Il semble du moins que dorénavant leurs fonctions doivent se borner à ouvrir, de distance en distance, de petites tranchées à travers la couche fangeuse qui tapisse les boule
vards. Cet ingénieux moyen de sauvetage n’a pas empêché des industriels de trouver mieux. Sabots à louer pour traverser le boulevard, telle est l’enseigne de leur petit mé
tier, auquel le piéton doit enfin de pouvoir sortir de l’a bîme, les chausses nettes.
Il va sans dire que ces pluies diluviennes n’ont pas arrêté les travaux sur la voie publique, et la campagne d hi
ver est toujours brillante pour les maçons. Les démolitions, c’est-à-dire les embellissements continuent dans tous les quartiers, dont l’antique physionomie va disparaître. Aux tuteurs de la grande ville il en coûtera, dit-on, cent millions pour ce changement de toilette. On parle, entre autres, d’une rue nouvelle, qui, décorée du nom de la Reine Horten.se, partirait du Casino Pâganini, autrefois l’hôtel de la Guimard, pour aller finir vers la place du Havre.
Sur un autre terrain, ce sont d imposantes traditions qu’il s’agirait de reconstruire, et, puisque l’empire nous est rendu, il est tout simple qu’il renaisse dans toute la pompe de ses souvenirs. II court à ce sujet différents bruits qui n’ont plus rien de trop prématuré : ainsi, MM. les minis
tres vont reprendre les appellations honorifiques qui leur sont attribuées dans les monarchies, et la distinction devra s’étendre naturellement jusqu’à MM. les sénateurs, que l’on qualifiait sous l’empire d excellence et de monseigneur. Aujourd’hui, comme alors, on a lieu de croire que ces titres imposeront de grandes obligations à leurs possesseurs, el la principale, ce sera de donner des fêtes. C’est un détail au
quel l’empereur Napoléon J tenait beaucoup, il aimait les magnificences dans ceux qu’il en avait comblés, et ne leur passait pas la moindre lésinerie. Les mémoires du temps sont unanimes pour attester sa soliieilude à cet égard. Comment donc l’imagination parisienne ne ferait-elle pas les
plus beaux rêves, sous le règne d’un prince qui veut imiter l exemple de son glorieux oncle ? A ce sujet, on a imprimé quelque pari le fait que voici : c’est que, le jour de la ré
ception, à Saint-Cloud, du sénat qui apportait son projet de plébiscite, l’équipage médiocrement pompeux de quelquesuns de MM. les dignitaires aurait fait en haut lieu Une im
pression désagréable. Il est vrai que la pairie du gouvernement de Juillet se rendait en fiacre aux fêtes de Versailles, mais c’était, une pairie sans dotation.
C’est M. le préfet de la Seine qui prendra l’initiative des réjouissances publiques destinées à- célébrer le grand évé
nement attendu : la fête municipale ne sera que le prélude de plusieurs autres données dans tous les mondes connus et inconnus; seulement il ne faut pas compter sur le con
L’Angleterre n’allume point de feux de joie, et la Russie garde ses glaces. L’une a perdu le duc de Wellington, et l’autre pleure le duc de Leuchlemberg.
Après ces informations capitales, on peut fort bien glisser sur les autres qui sont d’un à-propos douteux et d’un agrément équivoque. Telle est l’aventure de ce millionnaire ar
rêté comme vagabond dans un bouge à la nuit, où il s’était fait un oreiller de son portefeuille bourré de billets de ban
que. Ce philosophe, de l’école du fameux Simonide qui portait tout avec soi, n’est pas aussi original qu’il en a l’air, et, dans un de ses moments lucides, il avait lu probable
ment quelqu’un de ces nombreux anas où son espièglerie se trouve reproduite. C’est au même recueil de dictons sau
grenus qu’il faut restituer un autre trait d’humour qui nous vient de l’autre côté de la Manche ( les canards l’ont bien passé), et que la presse anglaise attribue à un compatriote. Il s’agit de cet homme célèbre qui aurait fait un legs considérable à son meilleur ami, à condition que cet ami prendrait soin des bottes du défunt in æternum. A propos de bottes, j’aime autant l’idée dont s’avisa, de son vivant, ce pair des trois royaumes qui promettait une rente de trois cents livres à l’individu résigné à vivre dans une cave jusqu’à nouvel ordre. Un pauvre diable accepta le marché et celte prison volontaire, il y est peut-être encore. Mais revenons aux faits-Paris.
Dernièrement, à la Bourse, deux spéculateurs s’étant pris de querelle, une rencontre fut décidée pour le lende
main au bois de Vincennes. La pluie tombait par torrents; les champions n’en mirent pas moins habit bas pour échan
ger quatre coups de pistolet. Trois jours après, ils étaient morts tous les deux... d’une fluxion de poitrine.
Autre chose. La librairie, autant dire la littérature, aspire à une renaissance. On n’a pas tué, on ne tuera pas cette poule aux œufs d’or. On annonce un beau livre de M. de Rémusat, et une éloquente improvisation de M. Ed
gar QUinet, sur le passé et l’avenir de l’Italie. Le succès de la Case de l onde Tom devait piquer d’émulation nos ro
manciers; il vient
Ceci, disait Un homme d’esprit, n’est peut-être qu’une rupture semblable à celle de Marinette avec Gros-René, à moins que ce ne soit tout à fait la scène de Desgfigiiy et de llodiii dans le Juif errant, et, bien entendu, ce n’est pas M. de Mohtalembert qui est lîodin.
Voici une annonce qui intéresse les amis des arts et les chercheurs de curiosités : la vente des reliques de Tony Johannot, l’illustre peintre et le charmant dessinateur,
aura lieu samedi. Puis, la semaine prochaine, ce sera le tour de la grande collection d’autographes laissée par M. de Tréttiont, En sa qualité de bienveillant et généreux Mécènes, le défunt aura dû recevoir la confession de nobles misères: ce sont là des lettres confidentielles, qui n’ont rien à dé
mêler avec la publicité, et que la probité des exécuteurs testamentaires ne voudra pas lui livrer; Aliéner dos auto
graphes, l’opération est délicate, surtout quand il s’agit de pièces dont les signataires vivent encore ; il est très-vrai, comme le disait hier un confrère, que toute lettre a deux propriétaires : celui à qui elle est adressée et celui qui l’a écrite.
Voici une autre nouvelle intéressante pour le monde savant : il s’agit du dessèchement du lac Fucino, qu’une compagnie anglo-napolitaine s’est chargé d’effectuer en quelques années. C’est aux bords de ce lac, situé vers l’A
driatique, à une distance à peu près égale de Rome et de Naples, qu’Annibal défit les Romain!, à la bataille dite de Cannes. Les eaux accumulées là depuis des siècles ont en
seveli trois villes -et plusieurs villages, dont on recueillit* les précieux vestiges. La reprise de possession de ce vaste domaine englouti est déjà à elle seule une fortune im
mense, sans compter que la science et l’histoire auront leur part dans cette nouvelle conquête de la spéculation el de l’industrie.
N’oublions pas (nous allions l’oublier) le Jardin des plantes et ses conquêtes. Il lui est venu de nouveaux hôtes de toutes les: latitudes, et on ne lui fera plus honte de l’insuf
fisance de son personnel tragique. Les bêles féroces y abon
dent, on ne sait plus où les mettre; et puis au premier jour -vous pourrez y voir trois girafes. La dernière dont le peuple ait gardé la mémoire était un présent du roi de Tombuctou au Président de la République. Les nouvelles venues sont originaires du Maroc. En vertu des progrès de la science d’acclimatation, on a l’espoir de les conserver plus longtemps que leurs devancières, enlevées si rapidement par une affection de poitrine, d’autres disent par une espèce de spleen particulier à ces filles mélancoliques du désert. Ceci
est la surprise du commun des martyrs ; en voici une à l’a- !
dresse des privilégiés : c’est l’arrivée à Paris de la truffe, la sœur embaumée du noir hiver, la consolation de la chute des feuilles, et ce sera notre transition pour arriver à l’impériale.
Tel est le nom nouveau donné par les confectionneurs à ce pâté de chasse si apprécié des chasseurs, et connu jusqu’à présent sous le nom de timbale de Carême. Dès 1811, le célèbre praticien le destinait à la table de l’Empe
reur, spécialement pour l’époque de la chasse, mais, — comme dit le prospectus de ce hors-d’œuvre, — les événe
ments ne lui permirent pas de faire son chemin. C’est en vain qu’on essaya de le populariser sous les Bourbons; la gastronomie subissait, comme tout le reste, des ré
volutions regrettables, au point qu’il lui fallut quitter la France pour l’Allemagne. Paris n’était plus la capitale des gourmands, qui avaient émigré à Vienne, à la suite du congrès. Charles X, prince chasseur, qui sur le trône avait ou
blié Carême et sa timbale, voulut en goûter à Frosdorff, mais personne n’en avait la recette, que Carême, écarté par l’entourage et blessé dans son juste orgueil, avait emportée à l’étranger. C’est cette exquise production, timbale ou pâté, admirée des plus fins connaisseurs et chère aux plus grands,—Talleyrand, Rossini, Lablache, M. de Rothschild, Dupuytren, M. de Cussy ; — c’est ce pâté, disons-nous, le cliei-d’œLivre de Carême, et qu’il destinait aux chasses de l’Èmpereur, qui reprend aujourd’hui son nom, l’impé
riale. La truffe y joue le premier rôle, et la dinde venue de PëHgUeuX a été nourrie exprès pour tomber dans ce pâté. C’est au son du cor qu’il doit s’ouvrir, au bruit de dix bou
teilles de champagne tonnant comme le canon des batailles.
Et s’il faut en venir au quart d’heure de Rabelais, !e nouvel éditeur du chef-d’œuvre vous dira avec une modes
tie charmante, qu’après tout, son pâté a un défaut, c’est qu’il est d’une digestion difficile pour les bourses modiques, comme si le mérite des plus belles choses ne consistait pas surtout à être hors de prix.
Vous voici au théâtre des Variétés à propos de Taconnet, pièce un peu trop longue et passablement prétentieuse, faite pour M. Frederick Lemaître, et où l’excellent comé
dien n’a réussi qu’à moitié. Le choix du personnage était excellent : c’est un Roger Bontemps sans le sou, dont la physionomie, à la fois fine et grotesque, appartient natu
lâché la proie pour l’ombre. La pièce suit Taconnet à la piste dans sa biographie, et c’est autant de bâtons jetés dans les roues d’une comédie qui ne demandait pas mieux que d’aller toute seule. On a cependant remarqué et beau
coup applaudi deux ou trois scènes bien posées et encore mieux laites, celle, etilre autres, où l’échappé de la foire Saint-Germain et le pensionnaire de Nicolet, raconte à ses camarades comment il faut jouer la comédie. La leçon de Taconnet lui-même ne valait pas probablement celle de M. Frédérick Lemaître. L’acteur soutient la pièce, et il l’é crase. A supposer qu’elle offre d’autres rôles que le sien, personne n’a été tenté de s’en apercevoir.
Le mari qui n’a rien à faire (Gymnase) est un mari fort occupé, qui veut se mêler de tout. C’est moins Tin mari qu’une femme de ménage. Ce M. Ducluseau n’a jamais plus travaillé que depuis qu’il est oisif. Jl a quitté ses fonctions de sous-chef pour usurper celles de sa cuisinière, l’n homme qui épluche la salade ou raccommode des chausset
tes, est un triste ragoût pour sa femme. Mme Ducluzeau, réduite à chercher son idéal ailleurs, croit l’avoir trouvé dans un petit cousin , qui doit la conduire à Alençon en passant par Cythère. Encore un mari qui en sera quille pour la peur, en vertu d’une manœuvre qui a déjoué le complot. La pièce, très-agréable, a suffisamment réussi.
Le Théâtre-Français adonné, lout exprès pour Mlle Sarali Félix, une représentation dont M. Geffroy (le Philosophe sans le sdvai ) et M“c Nathalie ( Phiiaminte des Femmes savantes) ont eu les honneurs. M““ Déjazet quitte le Vaudeville, et M. Levassor abandonne la Montansier, où l’on donnait hier la Femme aux œufs il’or et le Parapluie de Damoclès, deux éclats de rire que l’on se borne à vous signaler en attendant mieux.
Philippe Busoni.
Le succès de la reprise de Moïse au Grand-Opéra, qui va toujours croissant depuis la première représentation dont nous avons rendu compte il y a quinze jours, remet en ce moment sur le tapis touies les réflexions qui ont été si souvent faites à propos des œuvres arlistiques décriées d’a
bord, à leur apparition, admirées ensuite, quand le temps a produit son effet et suffisamment mûri l’esprit des juges, c’est-à-dire du public. Quoi de plus bizarre effectivement. c: de plus triste à la fois que la vie d’un artiste ? Comprendt-on bien ce que dut éprouver Rossini dans son for inté
rieur en voyant son Jiarbiere di Siviglia sifflé à Rome, son Mosè faire fiasco à Naples, sa Semlramide n’avoir aucun succès à Venise? N’y a-t-il pas là de quoi remplir u» cœur de fiel et d’amertume jusqu’à le faire déborder? Lorsque l’homme de génie qui avait enfanté ces partitions el tant d’autres vit son Siège de Corinthe, son < mute On), son Moïse-et son Guillaume Tell enfin, ne pas attirer la foule à l’Académie royale de musique de Paris, ne pas fain recette, comme on dit vulgairement, le sarcasme qui s é
chappa de sa bouche ne fut qu’une Suite des mille boutades caustiques auxquelles son esprit avait eu mainte et mainte fois occasion do donner libre carrière en Italie. Car il ne faut pas croire que les personnes qui regardent maintenant avec tant de dédain les Français amateurs de musique d’il y·1 vingt-cinq ans, en songeant à la manière dont ceux ci reçurent les œuvres de Rossini, n’ont pas d’autres dilettantes
à gourmander. On voit par ce qui précède qu’en fait de goût et de jugement sain, Italiens et Français n’eurent en ce lemps-là rien à envier les uns aux autres. Quelques gens
Un fait qui mérite également d’être signalé a marqué la séance de vendredi 18 , à la chambre des lords d’Angle
terre. Le comte de Derby a adressé publiquement des remercîménls aux gouvernements qui se sont fait officielle
ment représenter aux funérailles de lord Wellington, et il a consacré un paragraphe spécial de son discours à la France, qui, ne pouvant s’associer à cet hommage officiel, ne s’est pas moins fait représenter officieusement à ces fu
nérailles par son ambassadeur à Londres, M. le comte Walewski. Le comte de Derby a saisi cette occasion de prononcer au nom de la nation anglaise des paroles sympathiques pour la France.
La reine Victoria a reçu, dans un grand banquet, tous les officiers envoyés par leurs gouvernements aux obsèques du duc de Wellington.
En Espagne, deux ministres ont dû donner leur démission : le ministre des travaux publics, dont les impruden
tes concessions de chemin de fer ont dû être révoquées, et le ministre de l’intérieur, à propos d’un dissentiment entre lui et sescollègues, au sujet d’une appréciation financière publiée dans les journaux de Madrid.
La conférence douanière de Vienne a tenu, le 18, Une séance dans laquelle elle s est divisée en plusieurs sections qui devront s’occuper chacune de matières spéciales.
Au dire d’une correspondance de Munich, que publie la Gazette de l on», les rapports du plénipotentiaire bavarois à son gouvernement feraient prévoir un résultat définitif des conférences de Vienne pour le là décembre. La conférence aurait remis aux mains de l’Autriche le soin des négociations à suivre avec la Prusse, et les commissaires autrichiens auraient fait entrevoir l’espoir d’un résultat favorable.
La majorité obtenue par le général Franklin Pierce pour la présidence est décidément la plus forle dont on ait mémoire ; elle surpasse même la majorité du général Jackson en 1828. Sur les 306 électeurs définitifs qui ont pris part au vote (le suffrage aux Etats-Unis est à deux de
grés), M. Pierce a réuni 278 voix, et le général Scott seulement 18.
Le dernier numéro reçu à Paris de la Gazette officielle de Téhéran (Perse) nous apprend que les menées révolutionnaires tentées en faveur du prince Abbas-Mirza ont déterminé le Shah à l’exiler et à lui assigner comme résidence les Saints Lieux , en Arabie. Abbas-Mirza rece
vra 3,000 ducats pour frais de rouie, et une pension annuelle de même somme, à la condition de ne jamais plus rentrer en Perse.
Voici une attire nouvelle qui donne une sorte d’a-propos à l’article sur Tunis que nous publions plus loin :
Une lettre de Gênes, en date du 17 novembre, annonce la nouvelle de la mort du bey de Tunis, apportée dans cette ville par une lettre de Cagliari (Sardaigne), en date du 16. Celle lettre ajoute qu’à celte nouvelle, l’escadre anglaise a été dirigée sur Tunis, où croise déjà l’escadre française.
Mais le bruit de la mort du bey et celui de démonstrations faites devant Tunis par les deux grandes escadres de la Mé
diterranée ont couru si souvent déjà dans ces derniers temps, qu’il ne faut accueillir qu’avec réserve les nouvelles données par la lettre de Gênes.
Paulin.
Courrier de Paris.
11 pleut encore, il pleut toujours, et la petite chronique en a du noir dans l’àine. A quoi bon tant de belles choses en train de s’accomplir, si la décoration ne répond pas au spectacle ? Notre soleil parisien s’est voilé la face, le ciel semble pleurer toutes ses larmes sur notre bonheur, el vous savez ce que devient la rosée céleste sur le pavé des grandes cités. Ce n’est pas tout, disent les experts, que de ma
cadamiser les rues, il faudrait songer à les balayer, et les balayeurs sont comme les malcontents, on n’en voit plus.
Il semble du moins que dorénavant leurs fonctions doivent se borner à ouvrir, de distance en distance, de petites tranchées à travers la couche fangeuse qui tapisse les boule
vards. Cet ingénieux moyen de sauvetage n’a pas empêché des industriels de trouver mieux. Sabots à louer pour traverser le boulevard, telle est l’enseigne de leur petit mé
tier, auquel le piéton doit enfin de pouvoir sortir de l’a bîme, les chausses nettes.
Il va sans dire que ces pluies diluviennes n’ont pas arrêté les travaux sur la voie publique, et la campagne d hi
ver est toujours brillante pour les maçons. Les démolitions, c’est-à-dire les embellissements continuent dans tous les quartiers, dont l’antique physionomie va disparaître. Aux tuteurs de la grande ville il en coûtera, dit-on, cent millions pour ce changement de toilette. On parle, entre autres, d’une rue nouvelle, qui, décorée du nom de la Reine Horten.se, partirait du Casino Pâganini, autrefois l’hôtel de la Guimard, pour aller finir vers la place du Havre.
Sur un autre terrain, ce sont d imposantes traditions qu’il s’agirait de reconstruire, et, puisque l’empire nous est rendu, il est tout simple qu’il renaisse dans toute la pompe de ses souvenirs. II court à ce sujet différents bruits qui n’ont plus rien de trop prématuré : ainsi, MM. les minis
tres vont reprendre les appellations honorifiques qui leur sont attribuées dans les monarchies, et la distinction devra s’étendre naturellement jusqu’à MM. les sénateurs, que l’on qualifiait sous l’empire d excellence et de monseigneur. Aujourd’hui, comme alors, on a lieu de croire que ces titres imposeront de grandes obligations à leurs possesseurs, el la principale, ce sera de donner des fêtes. C’est un détail au
quel l’empereur Napoléon J tenait beaucoup, il aimait les magnificences dans ceux qu’il en avait comblés, et ne leur passait pas la moindre lésinerie. Les mémoires du temps sont unanimes pour attester sa soliieilude à cet égard. Comment donc l’imagination parisienne ne ferait-elle pas les
plus beaux rêves, sous le règne d’un prince qui veut imiter l exemple de son glorieux oncle ? A ce sujet, on a imprimé quelque pari le fait que voici : c’est que, le jour de la ré
ception, à Saint-Cloud, du sénat qui apportait son projet de plébiscite, l’équipage médiocrement pompeux de quelquesuns de MM. les dignitaires aurait fait en haut lieu Une im
pression désagréable. Il est vrai que la pairie du gouvernement de Juillet se rendait en fiacre aux fêtes de Versailles, mais c’était, une pairie sans dotation.
C’est M. le préfet de la Seine qui prendra l’initiative des réjouissances publiques destinées à- célébrer le grand évé
nement attendu : la fête municipale ne sera que le prélude de plusieurs autres données dans tous les mondes connus et inconnus; seulement il ne faut pas compter sur le con
cours de l’étranger, dont la diplomatie est en deuil.
L’Angleterre n’allume point de feux de joie, et la Russie garde ses glaces. L’une a perdu le duc de Wellington, et l’autre pleure le duc de Leuchlemberg.
Après ces informations capitales, on peut fort bien glisser sur les autres qui sont d’un à-propos douteux et d’un agrément équivoque. Telle est l’aventure de ce millionnaire ar
rêté comme vagabond dans un bouge à la nuit, où il s’était fait un oreiller de son portefeuille bourré de billets de ban
que. Ce philosophe, de l’école du fameux Simonide qui portait tout avec soi, n’est pas aussi original qu’il en a l’air, et, dans un de ses moments lucides, il avait lu probable
ment quelqu’un de ces nombreux anas où son espièglerie se trouve reproduite. C’est au même recueil de dictons sau
grenus qu’il faut restituer un autre trait d’humour qui nous vient de l’autre côté de la Manche ( les canards l’ont bien passé), et que la presse anglaise attribue à un compatriote. Il s’agit de cet homme célèbre qui aurait fait un legs considérable à son meilleur ami, à condition que cet ami prendrait soin des bottes du défunt in æternum. A propos de bottes, j’aime autant l’idée dont s’avisa, de son vivant, ce pair des trois royaumes qui promettait une rente de trois cents livres à l’individu résigné à vivre dans une cave jusqu’à nouvel ordre. Un pauvre diable accepta le marché et celte prison volontaire, il y est peut-être encore. Mais revenons aux faits-Paris.
Dernièrement, à la Bourse, deux spéculateurs s’étant pris de querelle, une rencontre fut décidée pour le lende
main au bois de Vincennes. La pluie tombait par torrents; les champions n’en mirent pas moins habit bas pour échan
ger quatre coups de pistolet. Trois jours après, ils étaient morts tous les deux... d’une fluxion de poitrine.
Autre chose. La librairie, autant dire la littérature, aspire à une renaissance. On n’a pas tué, on ne tuera pas cette poule aux œufs d’or. On annonce un beau livre de M. de Rémusat, et une éloquente improvisation de M. Ed
gar QUinet, sur le passé et l’avenir de l’Italie. Le succès de la Case de l onde Tom devait piquer d’émulation nos ro
manciers; il vient
Voici une annonce qui intéresse les amis des arts et les chercheurs de curiosités : la vente des reliques de Tony Johannot, l’illustre peintre et le charmant dessinateur,
aura lieu samedi. Puis, la semaine prochaine, ce sera le tour de la grande collection d’autographes laissée par M. de Tréttiont, En sa qualité de bienveillant et généreux Mécènes, le défunt aura dû recevoir la confession de nobles misères: ce sont là des lettres confidentielles, qui n’ont rien à dé
mêler avec la publicité, et que la probité des exécuteurs testamentaires ne voudra pas lui livrer; Aliéner dos auto
graphes, l’opération est délicate, surtout quand il s’agit de pièces dont les signataires vivent encore ; il est très-vrai, comme le disait hier un confrère, que toute lettre a deux propriétaires : celui à qui elle est adressée et celui qui l’a écrite.
Voici une autre nouvelle intéressante pour le monde savant : il s’agit du dessèchement du lac Fucino, qu’une compagnie anglo-napolitaine s’est chargé d’effectuer en quelques années. C’est aux bords de ce lac, situé vers l’A
driatique, à une distance à peu près égale de Rome et de Naples, qu’Annibal défit les Romain!, à la bataille dite de Cannes. Les eaux accumulées là depuis des siècles ont en
seveli trois villes -et plusieurs villages, dont on recueillit* les précieux vestiges. La reprise de possession de ce vaste domaine englouti est déjà à elle seule une fortune im
mense, sans compter que la science et l’histoire auront leur part dans cette nouvelle conquête de la spéculation el de l’industrie.
N’oublions pas (nous allions l’oublier) le Jardin des plantes et ses conquêtes. Il lui est venu de nouveaux hôtes de toutes les: latitudes, et on ne lui fera plus honte de l’insuf
fisance de son personnel tragique. Les bêles féroces y abon
dent, on ne sait plus où les mettre; et puis au premier jour -vous pourrez y voir trois girafes. La dernière dont le peuple ait gardé la mémoire était un présent du roi de Tombuctou au Président de la République. Les nouvelles venues sont originaires du Maroc. En vertu des progrès de la science d’acclimatation, on a l’espoir de les conserver plus longtemps que leurs devancières, enlevées si rapidement par une affection de poitrine, d’autres disent par une espèce de spleen particulier à ces filles mélancoliques du désert. Ceci
est la surprise du commun des martyrs ; en voici une à l’a- !
dresse des privilégiés : c’est l’arrivée à Paris de la truffe, la sœur embaumée du noir hiver, la consolation de la chute des feuilles, et ce sera notre transition pour arriver à l’impériale.
Tel est le nom nouveau donné par les confectionneurs à ce pâté de chasse si apprécié des chasseurs, et connu jusqu’à présent sous le nom de timbale de Carême. Dès 1811, le célèbre praticien le destinait à la table de l’Empe
reur, spécialement pour l’époque de la chasse, mais, — comme dit le prospectus de ce hors-d’œuvre, — les événe
ments ne lui permirent pas de faire son chemin. C’est en vain qu’on essaya de le populariser sous les Bourbons; la gastronomie subissait, comme tout le reste, des ré
volutions regrettables, au point qu’il lui fallut quitter la France pour l’Allemagne. Paris n’était plus la capitale des gourmands, qui avaient émigré à Vienne, à la suite du congrès. Charles X, prince chasseur, qui sur le trône avait ou
blié Carême et sa timbale, voulut en goûter à Frosdorff, mais personne n’en avait la recette, que Carême, écarté par l’entourage et blessé dans son juste orgueil, avait emportée à l’étranger. C’est cette exquise production, timbale ou pâté, admirée des plus fins connaisseurs et chère aux plus grands,—Talleyrand, Rossini, Lablache, M. de Rothschild, Dupuytren, M. de Cussy ; — c’est ce pâté, disons-nous, le cliei-d’œLivre de Carême, et qu’il destinait aux chasses de l’Èmpereur, qui reprend aujourd’hui son nom, l’impé
riale. La truffe y joue le premier rôle, et la dinde venue de PëHgUeuX a été nourrie exprès pour tomber dans ce pâté. C’est au son du cor qu’il doit s’ouvrir, au bruit de dix bou
teilles de champagne tonnant comme le canon des batailles.
Et s’il faut en venir au quart d’heure de Rabelais, !e nouvel éditeur du chef-d’œuvre vous dira avec une modes
tie charmante, qu’après tout, son pâté a un défaut, c’est qu’il est d’une digestion difficile pour les bourses modiques, comme si le mérite des plus belles choses ne consistait pas surtout à être hors de prix.
Vous voici au théâtre des Variétés à propos de Taconnet, pièce un peu trop longue et passablement prétentieuse, faite pour M. Frederick Lemaître, et où l’excellent comé
dien n’a réussi qu’à moitié. Le choix du personnage était excellent : c’est un Roger Bontemps sans le sou, dont la physionomie, à la fois fine et grotesque, appartient natu
rellement à la scène; mais les auteurs ont tout de suite
lâché la proie pour l’ombre. La pièce suit Taconnet à la piste dans sa biographie, et c’est autant de bâtons jetés dans les roues d’une comédie qui ne demandait pas mieux que d’aller toute seule. On a cependant remarqué et beau
coup applaudi deux ou trois scènes bien posées et encore mieux laites, celle, etilre autres, où l’échappé de la foire Saint-Germain et le pensionnaire de Nicolet, raconte à ses camarades comment il faut jouer la comédie. La leçon de Taconnet lui-même ne valait pas probablement celle de M. Frédérick Lemaître. L’acteur soutient la pièce, et il l’é crase. A supposer qu’elle offre d’autres rôles que le sien, personne n’a été tenté de s’en apercevoir.
Le mari qui n’a rien à faire (Gymnase) est un mari fort occupé, qui veut se mêler de tout. C’est moins Tin mari qu’une femme de ménage. Ce M. Ducluseau n’a jamais plus travaillé que depuis qu’il est oisif. Jl a quitté ses fonctions de sous-chef pour usurper celles de sa cuisinière, l’n homme qui épluche la salade ou raccommode des chausset
tes, est un triste ragoût pour sa femme. Mme Ducluzeau, réduite à chercher son idéal ailleurs, croit l’avoir trouvé dans un petit cousin , qui doit la conduire à Alençon en passant par Cythère. Encore un mari qui en sera quille pour la peur, en vertu d’une manœuvre qui a déjoué le complot. La pièce, très-agréable, a suffisamment réussi.
Le Théâtre-Français adonné, lout exprès pour Mlle Sarali Félix, une représentation dont M. Geffroy (le Philosophe sans le sdvai ) et M“c Nathalie ( Phiiaminte des Femmes savantes) ont eu les honneurs. M““ Déjazet quitte le Vaudeville, et M. Levassor abandonne la Montansier, où l’on donnait hier la Femme aux œufs il’or et le Parapluie de Damoclès, deux éclats de rire que l’on se borne à vous signaler en attendant mieux.
Philippe Busoni.
Chronique musicale.
Le succès de la reprise de Moïse au Grand-Opéra, qui va toujours croissant depuis la première représentation dont nous avons rendu compte il y a quinze jours, remet en ce moment sur le tapis touies les réflexions qui ont été si souvent faites à propos des œuvres arlistiques décriées d’a
bord, à leur apparition, admirées ensuite, quand le temps a produit son effet et suffisamment mûri l’esprit des juges, c’est-à-dire du public. Quoi de plus bizarre effectivement. c: de plus triste à la fois que la vie d’un artiste ? Comprendt-on bien ce que dut éprouver Rossini dans son for inté
rieur en voyant son Jiarbiere di Siviglia sifflé à Rome, son Mosè faire fiasco à Naples, sa Semlramide n’avoir aucun succès à Venise? N’y a-t-il pas là de quoi remplir u» cœur de fiel et d’amertume jusqu’à le faire déborder? Lorsque l’homme de génie qui avait enfanté ces partitions el tant d’autres vit son Siège de Corinthe, son < mute On), son Moïse-et son Guillaume Tell enfin, ne pas attirer la foule à l’Académie royale de musique de Paris, ne pas fain recette, comme on dit vulgairement, le sarcasme qui s é
chappa de sa bouche ne fut qu’une Suite des mille boutades caustiques auxquelles son esprit avait eu mainte et mainte fois occasion do donner libre carrière en Italie. Car il ne faut pas croire que les personnes qui regardent maintenant avec tant de dédain les Français amateurs de musique d’il y·1 vingt-cinq ans, en songeant à la manière dont ceux ci reçurent les œuvres de Rossini, n’ont pas d’autres dilettantes
à gourmander. On voit par ce qui précède qu’en fait de goût et de jugement sain, Italiens et Français n’eurent en ce lemps-là rien à envier les uns aux autres. Quelques gens