encore un des privilèges de la grande ville de triompher la première, et de ne laisser au reste de la France que la faculté de l’imiter.
Mercredi 1 décembre, en effet, le Sénat et le Corps législatif se sont rendus à Saint-Cloud.
Tous les membres étaient en costume. Leurs voitures étaient escortées par des détachements de cavalerie.
Le Sénat et le Corps législatif ont été immédiatement reçus par le prince Louis-Napoléon.
M. Billault, président du Corps législatif, en présentant à Louis-Napoléon la déclaration adoptée dans la séance du même jour, lui a adressé le discours suivant :
- « Sire,
« Nous apportons à Votre Majesté l’expression solennelle de la volonté nationale. Au plus fort des ovations que vous décernait l’en
thousiasme populaire, peu pressé de ceindre une couronne qu’on vous offrait de toutes parts, vous avez désiré que la France se re
cueillit ; vous avez voulu qu’elle ne prit que de sang-iroid, dans sa pleine liberté, cette Suprême décision par laquelle un peuple, maître de lui-méme, dispose souverainement de sa destinée.
« Votre vœu, Sire, s’est accompli : un scrutin libre, secret, ouvert à tous, à été dépouillé loyalement sous les yeux de tous; résu
mant en une seule huit millions de volontés, il donne a ja légitimité de votre pouvoir la plus large base sur laquelle se soit jamais assis
un gouvernement en ce monde. Depuis ce jour où six millions de voix recueillies pour vous par le pouvoir même qu’elles vous appe
laient à remplacer vous ont remis le sort delà patrie, la France, à chaque nouveau scrutin, a marqué par de nouveaux millions de suffrages l’accroissement continu de sa confiance en vous. En dehors
comme en dedans de ses comices, dans ses fêtes connue dans ses votes, partout, ses sentiments ont éclaté : d’un bout à l’autre du pays se précipitant sur vos pas, accourant de toutes parts pour sa
luer, ne fût-ce que de loin, l’homme de leurs espérances et de leur foi, nos populations ont assez fait voir au monde que vous étiez bien leur Empereur, l’Empereur voulu par le peuple; que vous aviez bien avec vous cet esprit national qui, au jour marqué par la Pro
vidence, sacre les nouvelles dynasties et les asseoit à la place de celles qu’il n’anime plus.
« Abritant sous un immense souvenir de gloire ce qu elle a de plus précieux, son honneur au dehors, sa sécurité au dedans, et ces immortels principes de 1789, bases désormais inébranlables de la nouvelle société française si puissamment organisée par l’Empe
reur votre oncle, notre nation relève, avec un orgueilleux amour,
cette dynastie des Bonaparte sortie de son sein, et qui ne fut point renversée par des mains françaises. Mais, tout en gardant un lier souvenir des grandes choses de la guerre, elle espère surtout en vous pour les grandes choses de la paix. Vous ayant déjà vu a l’œuvre, elle attend de vous un gouvernement résolu, rapide, fécond.
Pour vous y aider, elle vous entoure de toutes ses sympathies, elle se livre à vous tout entière. Prenez donc, Sire, prenez des mains de la France cette glorieuse couronne qu’elle vous ottre : jamais aucun front royal n’en aura porté de plus légitime ni de plus po
M. Mesnard, premier vice-président du Sénat, a ensuite adressé à l’Empereur le discours suivant :
« Le Corps législatif a fait connaître la volonté souveraine de la France! ,
,, En rétablissant la dignité impériale dans la personne et dans la famille de Votre Majesté, en vous donnant la couronnequ’elle avait placée, il y a un demi-siècle, sur le front du vainqueur de Marengo, la France dit assez liant quels sont ses vœux, et comment, ratta
chant le présent au passé, elle confond ses espérances avec ses souvenirs. . , „ ,
« ce trône où Votre Majesté va s’asseoir, de quelque force, de quelque splendeur qu’il soit entouré, trouve dans la puissance de l’opinion publique ses plus solides fondements.
« L’Empire, c’est la paix, » a dit Votre Majesté dans une mémorable circonstance. La voix du pays ajoute : « L’Empire, c’est le maintien des rapports internationaux dans toute la dignité d une
réciprocité amicale, c’est la religion honorée comme elle mérite de l’être, c’est la condition des classes laborieuses et souffrantes de
venue l’objet d’une constante sollicitude ; c’est la discipline dans l’armée, et, au cœur de chaque soldat, le sentiment ardent de l’honneur et de l’indépendance nationale; c’est le commerce et l’indus
trie développant et fécondant la prospérité publique : enfin c’est l’apaisement des partis, c’est une large et libre place faite à toutes
les capacités et à toutes les intelligences, auxquelles on demandera seulement où elles vont, et non plus d’où elles viennent.
« Voilà pourquoi, Sire, tant de millions de voix vous défèrent cette couronne impériale promise à votre naissance, reconquise par votre mérite, rendue à votre nom par l’acte le plus solennel de la souveraineté du peuple.
k Nous prions Votre Majesté d’accueillir avec bonté les hommages et les félicitations du Sénat. »
L’Empereur a fait à ces deux discours la réponse suivante :
« Messieurs,
« Le nouveau règne que vous inaugurez aujourd’hui n’a « pas pour origine, comme tant d autres dans l’histoire, la « violence, la conquête ou la ruse. Il est, vous venez de le « déclarer, le résultat légal de la volonté de tout un peuple « qui consolide au milieu du calme ce qu’il avait fondé au
« sein des agitations. Je suis pénétré de reconnaissance en« vers la nation, qui, trois fois en quatre années, m’a sou« tenu de ses suffrages, et chaque fois n’a augmenté sama« jorité que pour accroître mon pouvoir.
« Mais plus le pouvoir gagne en étendue et en force vi« taie, plus il a besoin d’hommes éclairés comme ceux qui « m’entourent chaquejour, d’hommes indépendants comme « ceux auxquels je m’adresse, pour m’aider de leurs con« seils, pour ramener mon autorité dans de justes limites « si elle pouvait s’en écarter jamais.
« Je prends dès aujourd’hui, avec la couronne, le nom de « Napoléon III, parce que la logique du peuple me l’a déjà « donné dans ses acclamations, parce que le Sénat l’a pro« posé légalement, et parce que la nation entière l’a rail tifié.
« Est-ce à dire cependant qu’en acceptant ce titre, je « tombe dans l’erreur reprochée au prince qui, revenant de « l’exil, déclara nul et non avenu tout ce qui s’était fait en « son absence ? Loin de moi un semblable égarement. Non« seulement je reconnais les gouvernements qui m’ont pré« cédé, mais j’hérite en quelque sorte de ce qu’ils ont fait « de bien ou de mal ; car les gouvernements qui se succè« dent sont, malgré leur origine différente, solidaires de « Jeurs devanciers. Mais, plus j’aecepte tout ce que depuis
« cinquante ans l’histoire nous transmet avec son inflexible « autorité, moins il m’était permis de passer sous silence le « règne glorieux du chef de ma famille, et le litre régulier,
« quoique éphémère, de son fils, que les Chambres procla« nièrent dans le dernier élan du patriotisme vaincu. Ainsi
« donc, le titre de Napoléon IIJ n’est pas une de ces prëten« lions dynastiques et surannées, qui semblent une insulte
« au bon sens et à la vérité; c’est l’hommage rendu à un « gouvernement qui fut légitime, etauquel nous devons les « plus belles pages de notre histoire moderne. Mon règne « ne date pas de 1815, il date de ce moment même, où « vous venez me faire connaître les suffrages de la na« tion.
« Recevez donc mes remercîmenls, Messieurs les dépu« tés, pour l’éclat que vous avez donné à la manifestation « de la volonté nationale, en la rendant plus évidente par « votre contrôle, plus imposante par votre déclaration. Je « vous remercie aussi, Messieurs les sénateurs, d’avoir « voulu être les premiers à m’adresser vos félicitations, « comme vous avez été les premiers à formuler le vœu po« pu 1 aire.
« Aidez-moi tous à asseoir sur cette terre bouleversée « par tant do révolutions un gouvernement stable, qui ait « pour bases la religion, la justice, la probité, l’amour des « classes souffrantes.
« Recevez ici le serment que rien ne me coûtera pour « assurer la prospérité de la patrie, et que, tout en inainte« nant la paix, je ne céderai rien de tout ce qui touche à « l’honneur et à la dignité de la France. »
Ce malin donc, 2 décembre, le Prince Louis-Napoléon a quitté Saint-Cloud, vers onze heures et demie, pour se rendre aux Tuileries, par l’Arc de triomphe, la grande ave
nue des Champs-Elysées et le jardin du palais. Le Prince a été reçu par sa famille et par ses ministres. Il y aura, ce
soir, au château des Tuileries, dit le programme, grande réception du corps diplomatique et des principaux fonctionnaires, et le programme ajoute : « La proclamation solen
nelle de l’Empire aura lieu dans toute la France le dimanche 5 décembre. Dans chaque ville de garnison, les troupes seront sous les armes, et une salve de cent un coups de ca
non sera tirée pendant la cérémonie. Dans les communes rurales, la proclamation sera faite solennellement par le maire et les autorités municipales.
Nous aurons, ce soir, une illumination générale des édifices publics. Nous sommes forcés de remettre à la semaine prochaine le compte rendu et l’image des magnificences dont cet événement va fournir le sujet.
Pour compléter ce premier acte de la restauration de l’Empire, nous publions la déclaration du Corps législatif sur les opérations du vote du 21 et du 22 novembre. Celte déclaration est signée du président du Corps législatif, Billault, et des secrétaires, Dalloz, duc de Tarente, baron Eschassériaux, Dugas. « Le Corps Législatif,
« Tu le sénatus-coiisulte en date dn 7 novembre 1852;
« Vu le décret du même jour, appelant le peuple français dans ses comices pour accepter ou rejeter le projet de plébiscite posé par te Sénat;
« Vu te décret du 7 novembre 1852, convoquant le Corps législatif à l’effet de constater la régularité des votes, d’en faire le recensement et d’en déclarer le résultat;
« Après avoir examiné et vérifié, dans les séances de ses bureaux des 26, 27,28,29,. 30 novembre et 1er décembre, les procès-verbaux du vote des quatre-vingt-six départements, de l’Algérie et des armées de terre et de mer;
« Après avoir entendu, dans ses séances publiques des 30 novembre et 1er décembre, tes rapports qui lui ont été faits au nom de ses bureaux, et avoir consacré par un vote, à la suite de chacun de ces rapports, la régularité et l’exactitude des chiffres recensés, tels qu’ils sont établis dans le tableau annexé au présent procès-verbal ;
« Considérant qu’en présence de l’immense majorité des suffrages reconnue dès aujourd’hui acquise au projet de plébiscite, il n’y a pas lieu d’attendre quelques procès-verbaux dressés dans des lo
calités éloignées et dont la vérification sera ultérieurement faite, et que, pour donner satisfaction au vœu national, il convient de pro
clamer sans délai le grand événement qui fixe les destinées de la France ;
« Constate :
« 1° Que les opérations du vote ont été partout librement et régulièrement accomplies ;
« Sept millions huit cent vingt-quatre mille cent quatre-vingt neuf (7 millions 824,189) bulletins portant le mot oui;
« Deux cent cinquante-trois mille cent quarante-cinq (253,145) bulletins portant le mot non;
« Soixante-trois mille trois cent vingt-six (63,326) bulletins nuis.
« Que le peuple français, convoqué dans ses comices les 21 et 22 novembre 1852, a accepté te plébiscite suivant :
« Le peuple français veut le rétablissement de !a dignité impé« riale dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte, avec héré« dité dans sa descendance directe, légitime ou adoptive, et lui
« donne le droit de régler l’ordre de succession au trône dans la fa« mille Bonaparte, ainsi qu’il est dit dans le sénatiis-consulte du 7 no« vembre 1852. «
« Le cri unanime de vive Γ Empereur. accueille cette déclaration, et le Corps législatif décide par acclamation qu’il Se rendra ce soir, à huit heures, au palais de Saint-Cloud, pour présenter à S. M. l’Empereur le résultat des votes du peuple français.
Fait au palais du Corps Législatif, en séance publique, le 1er décembre 1852.»
Le Corps législatif, assemblé pour le recensement des votes, avait ouvert ses séances le 25 novembre, après avoir entendu la lecture, par M. Fould, ministre d’Etat, du message du Président, conçu dans les termes suivants :
« Messieurs les députés,
« Je vous ai rappelés de vos départements pour vous associer au « grand acte qui va s’accomplir. Quoique le Sénat et le peuple aient « seuls le droit de modifier la constitution, j’ai voulu que le corps « politique issu comme moi du suffrage universel xïnt attester au
« monde la spontanéité du mouvement national qui me porte à l’em« pire.
« Je tiens à ce que ce soit vous qui, en constatant la liberté du
« vote et le nombre des suffrages, fassiez sortir de, votre déclara» tion toute la légitimité de mon pouvoir ; aujourd’hui, en effet, dé« ctafer que l’autorité repose sur un droit incontestable, c’est lui « donner la force nécessaire pour fonder quelque chose de durable « et assurer la prospérité du pays.
« Le gouvernement, vous le savez, ne fera que changer de forme. « Dévoué aux grands intérêts que l’intelligence enfante et que la « paix développe, il se contiendra, comme par le passé, dans les li« mites de la modération, car le succès n’enile jamais d’orgueil l’àme « de ceux qui ne voient dans leur élévation nouvelle qu’un devoir
« plus grand imposé par le peuple, qu’une mission plus élevée cou« fiée par la Providence.
« Fait au palais de Saint-Cloud, le 25 novembre 1852.
Le Moniteur du 27 avril avait publié un avis qui explique ce qui va se passer à l’occasion de cette journée du 2 décembre.
Mais il ne dépend pas plus du Moni/enr que de la pluie qui tombe aujourd’hui d’éteindre l’enthousiasme d’une nation qui se couronne elle-même.
Quant à la politique étrangère, on comprendra que nous ne lui devons qu’une mention très-sommaire, en présence des grands événements qui s’accomplissent chez nous. Les
nouvelles d’Amérique signalent l’enthousiasme qui a suivi l’élection de M. Pièrce ; dans cet heureux pays, où les luttes de partis sont vives, tout se calme néanmoins après que le suffrage libre a prononcé, et les vaincus attendent leur triomphe de l’intérêt public édifié, et de la justice démon
trée de leurs prétentions. Ces nouvelles présentent le Mexi
que comme un théâtre de révoltes et d’insurrections; quant à la Havane, malgré quelques restes d’agitation aux Etats- Unis, la question parai! ajournée. Le Crexcent-Citi/ a été admis cà débarquer ses dépêches et ses passagers, à la condition qu’il ne reviendrait, plus dans la colonie espagnole.
L’Angleterre s’occupe toujours de projets de défense militaire et navale, et, faute de pouvoir opposer des bataillons à des bataillons qu’elle suppose menaçants, elle recrute des marins et transforme ses vaisseaux. Hélice contre hélice ; le Wellington contre le Napoléon, C’est la fortune des ingénieurs et des constructeurs.
Cependant, le ministère Derby aurait succombé dernièrement sans la protection de lord Palmerston, qui devait une revanche à lord John Russell, caché derrière la propo
sition de M. de Villiers, concernant la politique du freetra ie. Cette proposition n’allait pas à moins qu’à obliger, d’une manière absolue, le ministère Derby d’adhérer à des mesures dont il a été l’adversaire dans l’opposition. Le minislère, par l’organe de M. d’Israéli, voulant esquiver le dilemme, allait être vaincu, lorsque lord Palmerston a intro
duit une autre proposition aussi absolue, mais conçue en termes plus modérés, laquelle, amendée par sir James Graham, a été adoptée par / 15 voix. La proposition de M. de Villiers a été rejetée à 80 voix de majorité.
Les chambres belges se sont occupées, cette semaine, du projet de loi concernant les délits commis par les étrangers en matière de presse.
— Nous annonçons la mort de M. ltuvé, architecte, membre de l’Institut, dont l’œuvre capitale est la construc
tion de l’église de la Madeleine, ci-devant temple de la Gloire, à Paris. Ses obsèques ont eu lieu dans cette église, le jeudi 25 novembre.
Paulin.
Chronique musicale.
La messe en nfiisique de M. Ambroise Thomas, qui a été exécutée à Saint-Eustacbe le jour de la fête de Sainte-Cécile, est, pour notre Chronique, un événement considé
rable; nous avons dû attendre jusqu’à ce jour pour en
parler comme il convient de le faire, autant du moins que cela dépend de nous. — Il existe, tous nos lecteurs le savent, car nous le leur avons souvent dit, et non sans intention, il existe depuis dix ans une Association des artistes musiciens, fondée par M. le baron Taylor, la
quelle ne cesse de poursuivre par tous les moyens en son pouvoir le but louable qu’elle s’est proposé d’atteindre : soulager les nombreuses et honorables infortunes qui ne viennent que trop fréquemment assaillir, au milieu ou à la fin de leur carrière, les artistes qui exercent la profession musicale. Déjà cette Association est arrivée à pouvoir dépenser annuellement une somme assez importante en actes de
bienfaisance, lesquels se répandent non-seulement parmi les artistes musiciens de Paris, mais encore sur ceux des départements, au moins dans les villes où quelques hommes in
telligents et généreux ont eu le bon esprit déformer des comités locaux correspondant avec le comité central. L’Association des artistes musiciens tient à honneur de fêter di
gnement chaque année la sainte patronne de la corporation
musicale : c’est pour l’Association une occasion naturelle de rendre hautement grâce à Dieu delà protection visible qu’il
lui a jusqu’à ce jour accordée; d’accroître ses ressources au moyen d’une quête qui toujours est productive, car l’em
pressement des fidèles, amateurs de musique, ne fait pas défaut; enfin, de faire éclore une œuvre nouvelle de musique religieuse, qui sans cela ne serait peut-être jamais sor
tie du cerveau de son auteur, ou bien aurait éternellement demeuré oubliée dans ses cartons. En ne nous arrêtant que sur ce dernier point, nous remarquerons que l’initiative du comité de l’Association des artistes musiciens nous a déjà valu deux chefs-d’œuvre dontle public n’eut peut-être jamais soupçonné la possibilité : la messe de M. Adolphe Adam, exécutée à la Sainte-Cécile il y a deux ans, et la messe de M. Ambroise Thomas, exécutée le 22 du mois dernier. Ceci mérite de fixer un instant notre attention. Nous ne voulons pas perdre notre temps à discuter jusqu’à quel degré l ap
titude musicale a été comprise parmi les dons que la nature a départis à nos compatriotes : nous n’en sommes plus, Dieu merci! au temps où Jean-Jacques prétendait que les Français n’auraient jamais de musique, et se donnait à luimême le plus formel démenti en écrivant la partition duDevin de village; il est vrai qu’il croyait imiter, clans cette.
Mercredi 1 décembre, en effet, le Sénat et le Corps législatif se sont rendus à Saint-Cloud.
Tous les membres étaient en costume. Leurs voitures étaient escortées par des détachements de cavalerie.
Le Sénat et le Corps législatif ont été immédiatement reçus par le prince Louis-Napoléon.
M. Billault, président du Corps législatif, en présentant à Louis-Napoléon la déclaration adoptée dans la séance du même jour, lui a adressé le discours suivant :
- « Sire,
« Nous apportons à Votre Majesté l’expression solennelle de la volonté nationale. Au plus fort des ovations que vous décernait l’en
thousiasme populaire, peu pressé de ceindre une couronne qu’on vous offrait de toutes parts, vous avez désiré que la France se re
cueillit ; vous avez voulu qu’elle ne prit que de sang-iroid, dans sa pleine liberté, cette Suprême décision par laquelle un peuple, maître de lui-méme, dispose souverainement de sa destinée.
« Votre vœu, Sire, s’est accompli : un scrutin libre, secret, ouvert à tous, à été dépouillé loyalement sous les yeux de tous; résu
mant en une seule huit millions de volontés, il donne a ja légitimité de votre pouvoir la plus large base sur laquelle se soit jamais assis
un gouvernement en ce monde. Depuis ce jour où six millions de voix recueillies pour vous par le pouvoir même qu’elles vous appe
laient à remplacer vous ont remis le sort delà patrie, la France, à chaque nouveau scrutin, a marqué par de nouveaux millions de suffrages l’accroissement continu de sa confiance en vous. En dehors
comme en dedans de ses comices, dans ses fêtes connue dans ses votes, partout, ses sentiments ont éclaté : d’un bout à l’autre du pays se précipitant sur vos pas, accourant de toutes parts pour sa
luer, ne fût-ce que de loin, l’homme de leurs espérances et de leur foi, nos populations ont assez fait voir au monde que vous étiez bien leur Empereur, l’Empereur voulu par le peuple; que vous aviez bien avec vous cet esprit national qui, au jour marqué par la Pro
vidence, sacre les nouvelles dynasties et les asseoit à la place de celles qu’il n’anime plus.
« Abritant sous un immense souvenir de gloire ce qu elle a de plus précieux, son honneur au dehors, sa sécurité au dedans, et ces immortels principes de 1789, bases désormais inébranlables de la nouvelle société française si puissamment organisée par l’Empe
reur votre oncle, notre nation relève, avec un orgueilleux amour,
cette dynastie des Bonaparte sortie de son sein, et qui ne fut point renversée par des mains françaises. Mais, tout en gardant un lier souvenir des grandes choses de la guerre, elle espère surtout en vous pour les grandes choses de la paix. Vous ayant déjà vu a l’œuvre, elle attend de vous un gouvernement résolu, rapide, fécond.
Pour vous y aider, elle vous entoure de toutes ses sympathies, elle se livre à vous tout entière. Prenez donc, Sire, prenez des mains de la France cette glorieuse couronne qu’elle vous ottre : jamais aucun front royal n’en aura porté de plus légitime ni de plus po
M. Mesnard, premier vice-président du Sénat, a ensuite adressé à l’Empereur le discours suivant :
« Sire,
« Le Corps législatif a fait connaître la volonté souveraine de la France! ,
,, En rétablissant la dignité impériale dans la personne et dans la famille de Votre Majesté, en vous donnant la couronnequ’elle avait placée, il y a un demi-siècle, sur le front du vainqueur de Marengo, la France dit assez liant quels sont ses vœux, et comment, ratta
chant le présent au passé, elle confond ses espérances avec ses souvenirs. . , „ ,
« ce trône où Votre Majesté va s’asseoir, de quelque force, de quelque splendeur qu’il soit entouré, trouve dans la puissance de l’opinion publique ses plus solides fondements.
« L’Empire, c’est la paix, » a dit Votre Majesté dans une mémorable circonstance. La voix du pays ajoute : « L’Empire, c’est le maintien des rapports internationaux dans toute la dignité d une
réciprocité amicale, c’est la religion honorée comme elle mérite de l’être, c’est la condition des classes laborieuses et souffrantes de
venue l’objet d’une constante sollicitude ; c’est la discipline dans l’armée, et, au cœur de chaque soldat, le sentiment ardent de l’honneur et de l’indépendance nationale; c’est le commerce et l’indus
trie développant et fécondant la prospérité publique : enfin c’est l’apaisement des partis, c’est une large et libre place faite à toutes
les capacités et à toutes les intelligences, auxquelles on demandera seulement où elles vont, et non plus d’où elles viennent.
« Voilà pourquoi, Sire, tant de millions de voix vous défèrent cette couronne impériale promise à votre naissance, reconquise par votre mérite, rendue à votre nom par l’acte le plus solennel de la souveraineté du peuple.
k Nous prions Votre Majesté d’accueillir avec bonté les hommages et les félicitations du Sénat. »
L’Empereur a fait à ces deux discours la réponse suivante :
« Messieurs,
« Le nouveau règne que vous inaugurez aujourd’hui n’a « pas pour origine, comme tant d autres dans l’histoire, la « violence, la conquête ou la ruse. Il est, vous venez de le « déclarer, le résultat légal de la volonté de tout un peuple « qui consolide au milieu du calme ce qu’il avait fondé au
« sein des agitations. Je suis pénétré de reconnaissance en« vers la nation, qui, trois fois en quatre années, m’a sou« tenu de ses suffrages, et chaque fois n’a augmenté sama« jorité que pour accroître mon pouvoir.
« Mais plus le pouvoir gagne en étendue et en force vi« taie, plus il a besoin d’hommes éclairés comme ceux qui « m’entourent chaquejour, d’hommes indépendants comme « ceux auxquels je m’adresse, pour m’aider de leurs con« seils, pour ramener mon autorité dans de justes limites « si elle pouvait s’en écarter jamais.
« Je prends dès aujourd’hui, avec la couronne, le nom de « Napoléon III, parce que la logique du peuple me l’a déjà « donné dans ses acclamations, parce que le Sénat l’a pro« posé légalement, et parce que la nation entière l’a rail tifié.
« Est-ce à dire cependant qu’en acceptant ce titre, je « tombe dans l’erreur reprochée au prince qui, revenant de « l’exil, déclara nul et non avenu tout ce qui s’était fait en « son absence ? Loin de moi un semblable égarement. Non« seulement je reconnais les gouvernements qui m’ont pré« cédé, mais j’hérite en quelque sorte de ce qu’ils ont fait « de bien ou de mal ; car les gouvernements qui se succè« dent sont, malgré leur origine différente, solidaires de « Jeurs devanciers. Mais, plus j’aecepte tout ce que depuis
« cinquante ans l’histoire nous transmet avec son inflexible « autorité, moins il m’était permis de passer sous silence le « règne glorieux du chef de ma famille, et le litre régulier,
« quoique éphémère, de son fils, que les Chambres procla« nièrent dans le dernier élan du patriotisme vaincu. Ainsi
« donc, le titre de Napoléon IIJ n’est pas une de ces prëten« lions dynastiques et surannées, qui semblent une insulte
« au bon sens et à la vérité; c’est l’hommage rendu à un « gouvernement qui fut légitime, etauquel nous devons les « plus belles pages de notre histoire moderne. Mon règne « ne date pas de 1815, il date de ce moment même, où « vous venez me faire connaître les suffrages de la na« tion.
« Recevez donc mes remercîmenls, Messieurs les dépu« tés, pour l’éclat que vous avez donné à la manifestation « de la volonté nationale, en la rendant plus évidente par « votre contrôle, plus imposante par votre déclaration. Je « vous remercie aussi, Messieurs les sénateurs, d’avoir « voulu être les premiers à m’adresser vos félicitations, « comme vous avez été les premiers à formuler le vœu po« pu 1 aire.
« Aidez-moi tous à asseoir sur cette terre bouleversée « par tant do révolutions un gouvernement stable, qui ait « pour bases la religion, la justice, la probité, l’amour des « classes souffrantes.
« Recevez ici le serment que rien ne me coûtera pour « assurer la prospérité de la patrie, et que, tout en inainte« nant la paix, je ne céderai rien de tout ce qui touche à « l’honneur et à la dignité de la France. »
Ce malin donc, 2 décembre, le Prince Louis-Napoléon a quitté Saint-Cloud, vers onze heures et demie, pour se rendre aux Tuileries, par l’Arc de triomphe, la grande ave
nue des Champs-Elysées et le jardin du palais. Le Prince a été reçu par sa famille et par ses ministres. Il y aura, ce
soir, au château des Tuileries, dit le programme, grande réception du corps diplomatique et des principaux fonctionnaires, et le programme ajoute : « La proclamation solen
nelle de l’Empire aura lieu dans toute la France le dimanche 5 décembre. Dans chaque ville de garnison, les troupes seront sous les armes, et une salve de cent un coups de ca
non sera tirée pendant la cérémonie. Dans les communes rurales, la proclamation sera faite solennellement par le maire et les autorités municipales.
Nous aurons, ce soir, une illumination générale des édifices publics. Nous sommes forcés de remettre à la semaine prochaine le compte rendu et l’image des magnificences dont cet événement va fournir le sujet.
Pour compléter ce premier acte de la restauration de l’Empire, nous publions la déclaration du Corps législatif sur les opérations du vote du 21 et du 22 novembre. Celte déclaration est signée du président du Corps législatif, Billault, et des secrétaires, Dalloz, duc de Tarente, baron Eschassériaux, Dugas. « Le Corps Législatif,
« Tu le sénatus-coiisulte en date dn 7 novembre 1852;
« Vu le décret du même jour, appelant le peuple français dans ses comices pour accepter ou rejeter le projet de plébiscite posé par te Sénat;
« Vu te décret du 7 novembre 1852, convoquant le Corps législatif à l’effet de constater la régularité des votes, d’en faire le recensement et d’en déclarer le résultat;
« Après avoir examiné et vérifié, dans les séances de ses bureaux des 26, 27,28,29,. 30 novembre et 1er décembre, les procès-verbaux du vote des quatre-vingt-six départements, de l’Algérie et des armées de terre et de mer;
« Après avoir entendu, dans ses séances publiques des 30 novembre et 1er décembre, tes rapports qui lui ont été faits au nom de ses bureaux, et avoir consacré par un vote, à la suite de chacun de ces rapports, la régularité et l’exactitude des chiffres recensés, tels qu’ils sont établis dans le tableau annexé au présent procès-verbal ;
« Considérant qu’en présence de l’immense majorité des suffrages reconnue dès aujourd’hui acquise au projet de plébiscite, il n’y a pas lieu d’attendre quelques procès-verbaux dressés dans des lo
calités éloignées et dont la vérification sera ultérieurement faite, et que, pour donner satisfaction au vœu national, il convient de pro
clamer sans délai le grand événement qui fixe les destinées de la France ;
« Constate :
« 1° Que les opérations du vote ont été partout librement et régulièrement accomplies ;
« 2“ Que le recensement général des suffrages émis sur le projet de plébiscite a donné :
« Sept millions huit cent vingt-quatre mille cent quatre-vingt neuf (7 millions 824,189) bulletins portant le mot oui;
« Deux cent cinquante-trois mille cent quarante-cinq (253,145) bulletins portant le mot non;
« Soixante-trois mille trois cent vingt-six (63,326) bulletins nuis.
« En conséquence, te Corps Législatif déclare :
« Que le peuple français, convoqué dans ses comices les 21 et 22 novembre 1852, a accepté te plébiscite suivant :
« Le peuple français veut le rétablissement de !a dignité impé« riale dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte, avec héré« dité dans sa descendance directe, légitime ou adoptive, et lui
« donne le droit de régler l’ordre de succession au trône dans la fa« mille Bonaparte, ainsi qu’il est dit dans le sénatiis-consulte du 7 no« vembre 1852. «
« Le cri unanime de vive Γ Empereur. accueille cette déclaration, et le Corps législatif décide par acclamation qu’il Se rendra ce soir, à huit heures, au palais de Saint-Cloud, pour présenter à S. M. l’Empereur le résultat des votes du peuple français.
Fait au palais du Corps Législatif, en séance publique, le 1er décembre 1852.»
Le Corps législatif, assemblé pour le recensement des votes, avait ouvert ses séances le 25 novembre, après avoir entendu la lecture, par M. Fould, ministre d’Etat, du message du Président, conçu dans les termes suivants :
« Messieurs les députés,
« Je vous ai rappelés de vos départements pour vous associer au « grand acte qui va s’accomplir. Quoique le Sénat et le peuple aient « seuls le droit de modifier la constitution, j’ai voulu que le corps « politique issu comme moi du suffrage universel xïnt attester au
« monde la spontanéité du mouvement national qui me porte à l’em« pire.
« Je tiens à ce que ce soit vous qui, en constatant la liberté du
« vote et le nombre des suffrages, fassiez sortir de, votre déclara» tion toute la légitimité de mon pouvoir ; aujourd’hui, en effet, dé« ctafer que l’autorité repose sur un droit incontestable, c’est lui « donner la force nécessaire pour fonder quelque chose de durable « et assurer la prospérité du pays.
« Le gouvernement, vous le savez, ne fera que changer de forme. « Dévoué aux grands intérêts que l’intelligence enfante et que la « paix développe, il se contiendra, comme par le passé, dans les li« mites de la modération, car le succès n’enile jamais d’orgueil l’àme « de ceux qui ne voient dans leur élévation nouvelle qu’un devoir
« plus grand imposé par le peuple, qu’une mission plus élevée cou« fiée par la Providence.
« Fait au palais de Saint-Cloud, le 25 novembre 1852.
Le Moniteur du 27 avril avait publié un avis qui explique ce qui va se passer à l’occasion de cette journée du 2 décembre.
Mais il ne dépend pas plus du Moni/enr que de la pluie qui tombe aujourd’hui d’éteindre l’enthousiasme d’une nation qui se couronne elle-même.
Quant à la politique étrangère, on comprendra que nous ne lui devons qu’une mention très-sommaire, en présence des grands événements qui s’accomplissent chez nous. Les
nouvelles d’Amérique signalent l’enthousiasme qui a suivi l’élection de M. Pièrce ; dans cet heureux pays, où les luttes de partis sont vives, tout se calme néanmoins après que le suffrage libre a prononcé, et les vaincus attendent leur triomphe de l’intérêt public édifié, et de la justice démon
trée de leurs prétentions. Ces nouvelles présentent le Mexi
que comme un théâtre de révoltes et d’insurrections; quant à la Havane, malgré quelques restes d’agitation aux Etats- Unis, la question parai! ajournée. Le Crexcent-Citi/ a été admis cà débarquer ses dépêches et ses passagers, à la condition qu’il ne reviendrait, plus dans la colonie espagnole.
L’Angleterre s’occupe toujours de projets de défense militaire et navale, et, faute de pouvoir opposer des bataillons à des bataillons qu’elle suppose menaçants, elle recrute des marins et transforme ses vaisseaux. Hélice contre hélice ; le Wellington contre le Napoléon, C’est la fortune des ingénieurs et des constructeurs.
Cependant, le ministère Derby aurait succombé dernièrement sans la protection de lord Palmerston, qui devait une revanche à lord John Russell, caché derrière la propo
sition de M. de Villiers, concernant la politique du freetra ie. Cette proposition n’allait pas à moins qu’à obliger, d’une manière absolue, le ministère Derby d’adhérer à des mesures dont il a été l’adversaire dans l’opposition. Le minislère, par l’organe de M. d’Israéli, voulant esquiver le dilemme, allait être vaincu, lorsque lord Palmerston a intro
duit une autre proposition aussi absolue, mais conçue en termes plus modérés, laquelle, amendée par sir James Graham, a été adoptée par / 15 voix. La proposition de M. de Villiers a été rejetée à 80 voix de majorité.
Les chambres belges se sont occupées, cette semaine, du projet de loi concernant les délits commis par les étrangers en matière de presse.
— Nous annonçons la mort de M. ltuvé, architecte, membre de l’Institut, dont l’œuvre capitale est la construc
tion de l’église de la Madeleine, ci-devant temple de la Gloire, à Paris. Ses obsèques ont eu lieu dans cette église, le jeudi 25 novembre.
Paulin.
Chronique musicale.
La messe en nfiisique de M. Ambroise Thomas, qui a été exécutée à Saint-Eustacbe le jour de la fête de Sainte-Cécile, est, pour notre Chronique, un événement considé
rable; nous avons dû attendre jusqu’à ce jour pour en
parler comme il convient de le faire, autant du moins que cela dépend de nous. — Il existe, tous nos lecteurs le savent, car nous le leur avons souvent dit, et non sans intention, il existe depuis dix ans une Association des artistes musiciens, fondée par M. le baron Taylor, la
quelle ne cesse de poursuivre par tous les moyens en son pouvoir le but louable qu’elle s’est proposé d’atteindre : soulager les nombreuses et honorables infortunes qui ne viennent que trop fréquemment assaillir, au milieu ou à la fin de leur carrière, les artistes qui exercent la profession musicale. Déjà cette Association est arrivée à pouvoir dépenser annuellement une somme assez importante en actes de
bienfaisance, lesquels se répandent non-seulement parmi les artistes musiciens de Paris, mais encore sur ceux des départements, au moins dans les villes où quelques hommes in
telligents et généreux ont eu le bon esprit déformer des comités locaux correspondant avec le comité central. L’Association des artistes musiciens tient à honneur de fêter di
gnement chaque année la sainte patronne de la corporation
musicale : c’est pour l’Association une occasion naturelle de rendre hautement grâce à Dieu delà protection visible qu’il
lui a jusqu’à ce jour accordée; d’accroître ses ressources au moyen d’une quête qui toujours est productive, car l’em
pressement des fidèles, amateurs de musique, ne fait pas défaut; enfin, de faire éclore une œuvre nouvelle de musique religieuse, qui sans cela ne serait peut-être jamais sor
tie du cerveau de son auteur, ou bien aurait éternellement demeuré oubliée dans ses cartons. En ne nous arrêtant que sur ce dernier point, nous remarquerons que l’initiative du comité de l’Association des artistes musiciens nous a déjà valu deux chefs-d’œuvre dontle public n’eut peut-être jamais soupçonné la possibilité : la messe de M. Adolphe Adam, exécutée à la Sainte-Cécile il y a deux ans, et la messe de M. Ambroise Thomas, exécutée le 22 du mois dernier. Ceci mérite de fixer un instant notre attention. Nous ne voulons pas perdre notre temps à discuter jusqu’à quel degré l ap
titude musicale a été comprise parmi les dons que la nature a départis à nos compatriotes : nous n’en sommes plus, Dieu merci! au temps où Jean-Jacques prétendait que les Français n’auraient jamais de musique, et se donnait à luimême le plus formel démenti en écrivant la partition duDevin de village; il est vrai qu’il croyait imiter, clans cette.