par quatre brigands masqués. Le postillon, qui a cherché à lancer sa voiture au galop, a reçu un coup de. pistolet qui lui a cassé la jambe et l’a renversé de cheval. Les chevaux se sont arrêtés. Le chef des-voleurs, se portant à la por
tière, a ordonné aux trois voyageurs de descendre; puis, après leur avoir enlevé leurs montres, leurs bijoux et leur argent, il a demandé qu’on lui livrât les clefs des malles.
Monsignor de San Marzano revenait de Marseille, où il était allé complimenter le prince Louis-Napoléon au nom du pape. Il rapportait avec lui 7,000 fr. en or. Cette somme a été prise par les brigands, qui ont enlevé en outre 50 louis à son domestique, et 100 au voyageur français.
Le vol avait eu lieu si près de Viterhe, que le coup de pistolet avait été entendu par la sentinelle de la porte. Un détachement de gendarmerie s’est porté immédiatement sur le lieu du crime, mais les voleurs avaient déjà pris la fuite.
Comme d’ordinaire, les recheVches de la police sont restées sans résultat.
Le 2k, le vol de la malle de Florence avait eu lieu sur la route de A iterbe ; le 25, un autre vol a été commis sur celle de Cività-Vecchia, et, le 26, un dernier sur celle de Naples.
— Le paquebot-posle le Canada a apporté les correspondances de New-àork jusqu’au 23 novembre. La corres
pondance confirme l’entrée, dans le port de la Havane, du Crescent-City, pour débarquer ses malles el ses passagers. En,même temps avis était donné au capitaine de ce paque
bot que si le comptable Smith était encore à bord, on interdisait à l’avenir l’entrée du port au Creseë/it-City.
Paulin.
Correspondance.
Dans une discussion que vous avez eue avec la Société des gens de lettres, mon nom a été prononcé. Je vous ai adressé des expli
cations dont la forme ne provoquait rien d’agressif de votre part. En reproduisant ma lettre, vous l’avez accompagnée d’une note dont je ne saurais accepter la dernière phrase, si elle s’adressait personnellement à moi. Je viens demander à votre loyauté une explication à ce sujet.
Recevez mes salutations. S. Henry Berthoud.
Réponse. Ce n’est pas vous, monsieur, que j’ai trouvé embusqué au coin du règlement de là Société des gens de letlres, et ce n’est point à vous que j’ai payé ma rmçou, afin de passer mon chemin plus vite. Peut-être l’agent de la Sociélé des gens de lettres a-t-il excédé la mesure de sa fonction en réclamant en voire nom, au lieu de réclamer au nom du règlemeni discutable dont il est le procureur fondé;
mais c’est affaire entre vous et lui, entre lui et la Société des gens de lettres. N’ayant pas l’honneur de vous con
naître personnellement et d’être connu de vous, je regrette, par ce que m a dit un ami commun, qui m’a apporté votre dernière lettre, que le débat ne se soit pas arrêté à mon pre
mier récit. 11 ne me resterait qu’à donner acte à M. Godeft oid, qui le demande, de son droit au titre d’agent de la Sociélé des gens de lettres, ce qui n’est pas contesté.
Paulin.
Μ. B., à Genève. Nous n’utiliserons pas vos vues du Saint-Bernard. Quant aux autres dessins, qui sont également très-beaux, nous chercherons à les employer ; mais c’est un article à faire.
M. L., à Toulon. Il se passé des ciioses merveilleuses à Toulon; mais Toulon n est pas la capitale de l’Empire. Nous avons pourtant fait ce que nous pouvons pour ses capucins.
Le bal annuel des artistes dramatiques est irrévocablement iixé au samedi 29 janvier 1853, dans la salle du théâtre de l Opéra-comique.
Les personnes qui ont retenu des loges et des stalles pour cette fête sont instamment priées d’en faire retirer les coupons à l’admi
L’édition complète de fa Cabane de F oncle Tom, traduction de Edmond Texier et Léon de YVailly, est en vente à la librairie dePerrotin, Ul, rue Fontaine-Molière. Ce ma
gnifique volume in-8“, enrichi de cinq gravures sur acier, ne coule que Zi francs. C’est l’édition la plus complète et la plus fidèle qui ait paru jusqu’à ce jour.
Vous avez prévu notre première annonce, qui n’en est pas une : c’est que l installation de l’hiver à Paris ne fut jamais plus animée, et ne donna lieu à plus de labeurs. Paris offre, au monde ce beau spectacle d une grande capi
tale qui ne s’occupe plus qu’à travailler. Le chômage, tous les chômages ont disparu de son enceinte, et c’est l’ouvrier qui manque à l’ouvrage. Cette activité de ruche d’abeilles a gagné jusqu’aux oisifs. L’imagination s’évertue à trouver, pour ce nouveau règne, quelque chose de neuf et tout à fait digne de l’inaugurer. La grande question des mondains, c’est toujours la question du costume de ville, qu’il s’agit plus que jamais de tailler sur le patron des habits et robes de cour, en évitant l’écueil des réminiscences Irop flagran
tes. On parle d’une femme d’un haut rang qui, invitée (par sa couturière apparemment) à entrer dans une de ces robes à queue qui traînent si magnifiquement dans le tableau du Sacre, aurait refusé tout net la proposition. On a beau être duchesse, on est jeune et jolie avant lout, et le culte des souvenirs ne vient qu’après celui de sa beauté, et, comme disait la duchesse de Bourgogne à M™ de Mainteno.n, qui lui prêchait aussi les vieilles modes : « Je me soucie peu d’être habillée comme ma grand’mère. » I! est assez naturel
d’ailleurs que, sous l’Empire, on s’occupe de restauration; et, par exemple, l’état de délabrement du château des Tui
leries exigeait des réparations qui ont eu lieu, et l’on ajoute que le mobilier en est tout impérial. La salle des Maré
chaux, rendue à son ancienne destination, doit en outre s’enrichir de reliques plus précieuses que les images de ces illustres guerriers, s’il est vrai qu’on s’occupe d’y réunir une collection d’objets précieux qui appartinrent à l empereur Napoléon 1er. A côté du manteau du sacre, figure
ront le sabre d’Aboukir, l’épée de Marengo et les éperons de Wagram. Quant à la formation de la cour, si l’on en peut parler avant de savoir qu’en dire, les principales charges en seraient confiées, suivant un bruit qui s’accré
dite, à des personnages revêtus de titres monarchiquement historiques. En les nommant, nous ne ferons que répéter ce qu’on a publié ailleurs : ce, sont donc M\l. les ducs de IMprtemart, de Grammont et de Mouchy, dont les pères oc
cupèrent des fonctions analogues à la cour de Louis XVIII et de Charles X. Voici un autre renseignement, qu’on ne vous transmet également que sous toutes réserves : le car
rosse destiné au sacre de l’empereur Napoléon III aurait été commandé à Eluder, et la richesse doit en être fabuleuse comme le prix, puisqu’on a parlé d’un million.
C’est seulement au retour des grandes chasses de Compiègne que le premier bal officiel sera donné aux Tuile
ries, et naturellement il sera le signal de tous les autres, perspective bien faite pour attirer le plus beau monde européen à Paris. Aussi dit-on qu’il y arrive par tousleschemins. Deux ambassadeurs ont déjà pris les devants, Vely-Pacha et lord Cowley. C’est en passant par Londres que ce dernier est rentré dans son hôtel de la rue Saint-Honoré, au milieu d’un cortège de belles compatriotes, circonstance du plus favorable augure pour la continuation de l’entente cordiale entre les deux pays.
Entendez-vous ce grand bruit de réclames dans les journaux ? Ce sont nos musiciens qui reviennent de l’étranger.
Aimables rossignols, vous nous annoncez l’hiver, comme l’hirondelle annonce le printemps. Alexandre Batla, Emile Prudent, Vivier, Chelard et Chevillard, telle est l’avantgarde de celle brillante armée qui entre en campagne demain. Du côté de l’Opéra, il s’agit d’un changement de vio
lons. M. Musard, qui s’était retiré dans la dignité de son
écharpe et de ses trente mille francs de renie, reprend aux mains de son fils le bâton de commandement. Ce n’est pas que dans sa maison d’Autenil, chère aux poètes, Musard ail pu se dire comme tant d’autres grands musiciens : « Je ne me remplacerais pas moi-même; » il était admirable
ment remplacé, mais l’abdication lui pesait, comme au moine de Saint-Just, et c’est pourquoi la ronde et le sabbat vont recommencer de plus belle sous ses auspices.
A propos de musique, on nous atteste que dans un coféchnntant du boulevard, le Stabat. mater de Rossini est exécuté chaque soir, on pourrait dire massacré. Dans un autre de ces établissements, — c’est peut être le même, — le premier sujet du chant, qui est un ténor léger, voulant absolument donner le si dans n’importe quoi, s’est décro
ché tout net la mâchoire. Et puisqu’aussi bien nous en sommes toujours aux bagatelles de la porte, il est juste de si
gnaler à l’admiration publique le géant du boulevard du Temple, lequel depuis longtemps y exerce incognito son métier de phénomène. Vu la modicité du prix d’exhibition,
il serait impossible de contempler un plus grand homme à meilleur marché. Qu’on se figure l’ex-géant du café Mulhouse qui aurait grandi d’une coudée et engraissé à proportion, voilà le spectacle. Cet obélisque de chair et d’os, au
tour duquel la promenade est autorisée, possède une force physique dont il n’use que pour l’agrément de la sociéLé. Ici Gargantua n’a d’un peu effrayant que son appétit. C’est le caractère le plus doux et la modeslie la plus sin
cère, et ce géant peut servir de leçon à la foule des nains qui affectent les grands airs en ce bas monde et y font le plus de bruit et de tapage.
Un de nos entrepreneurs de divertissements publics est parti pour la Belgique afin d’en ramener la troupe d’autru
ches dont la gloutonnerie vient d’émerveiller si fort les Lié
geois, et c’est peut être inutile. Est-il rien de plus commun, en effet, que les gros mangeurs à Paris, et n’y voit-on pas fonctionner, comme partout, des estomacs d’autruches? J’entends dire : voilà des informations passablement puériles au milieu d’événement si mémorables, et l’on vous répondra encore une fois qu’il siérait mal à la chronique d’af
fecter les prétentions de l’histoire dont vous allez voir les pompes un peu plus loin, en tournant la page. Quant à la liberté qui nous est laissée de rapporter les menus propos qui circulent, le moment serait mal choisi pour en user. Tout a été grave, solennel et imposant dans cette semaine,
et voilà justement pourquoi notre fü/e est muette. Que si par hasard, dans le calme dont nous jouissons, il vous plaisait encore de chercher le neuf en dehors des grandes choses qui s’accomplissent, aussitôt vous arrivez à ces informa
tions dignes de M. de Lapnlisse et de Joseph Prud’homme :
on joue à la Bourse, on aligne des rues, on construit des maisons, les voitures roulent, les piétons marchent à moins qu’ils ne courent, et ainsi de suite.
Voici cependant quelque chose de plus hardi. On a vendu dernièrement le mobilier du château de la Ferté-Vidame, ancienne propriété du surintendant Fouquet, devenue celle de la famille d’Orléans, et, dans un moment où tout le monde veut acheter quelque chose à quelqu’un, il 11e s’est trouvé personne pour mettre une enchère raisonnable à ces meubles d’une conservation parfaite et travaillés avec un
art exquis dans le style Louis Xi If, dont il reste si peu de spécimens. Quoi ! pas un curieux n’assistait à cette vente qui valait bien un voyage sans doute, et pour cette acquisition il ne s’esl pas trouvé dans tout Paris un artiste excep
tionnel et nanli de quelques milliers d’écus, ou même quelque enrichi de la Bourse., depuis hier en quête d’un mobilier. Les vastes bahuts, Îes belles crédences, les moelleux
fauteuils, vingt miroirs de beauté, tout est perdu. Cette incomparable menuiserie à ramage est devenue la proie des marchands de bric-à-brac. Tel de ces meubles royaux a été adjugé pour quinze francs! et il n’est venu à personne, pas même à quelqu’un de MM. les conservateurs patentés, l’idée bien simple que cet ensemble de vétustés splendides pouvait devenir un joyau de plus dans le trésor des curiosités nationales.
l’assure, le moribond n’est pas à bout de gaillardises; il en est aux souvenirs et regrets de ce bon vieux temps où l’on .s amusait si bien. Du haut de ses dithyrambes politiques, le Constitutionnel a fini par tomber dans la chanson ; il ne manque absolument à sa dernière qu’un air à boire : Comme faisaient nos pères, ou bien Plus on est de fous, pinson rit. Pour un journal qui pendant vingt ans a mangé constitutionnellement son jésuite tous les matins, c’est quitter la scène du monde d’une manière bien folâtre.
C’est ici que je glisse l’annonce ou plutôt l’invitation suivante qui se fera place tant bien que mal. Le banquet des anciens élèves du lycée Napoléon ou collège Henri IV aura lieu le dimanche 26 décembre chez Douix. Avis aux intéressés, en attendant le compte rendu de la cérémonie.
En littérature, il n’y a guère d’autre nouveauté que l’entrée de M. Sainte-Beuve au Moniteur universel. Le docte et spirituel écrivain y continuera ces Causeries du lundi, qui ont obtenu tant de succès ailleurs. Ce premier article à propos de Barthélemy, l’auteur du / oyage d duacharsis, est précédé d’un prologue en manière âe semonce à l’a
dresse de la critique contemporaine. C’est absolument comme si M. Sainte-Beuve lui disait : « Tendez un peu la main, que je vous applique un coup de férule. » Quand on a tranché clu magister à l’endroit de Chateaubriand et de ses pareils les plus illustres, pourquoi ménagerait t-on le commun des martyrs ? Le fait est que dans ces lignes véhémenlesM. Sainte-Beuve donne à ses confrères de la presse littéraire certains conseils que nous ne sommes plus du tout surpris de trouver sous sa plume. En voici un échantillon : « La critique de l’ancien Empire (pourquoi pas la lit
térature, pendant que vous y êtes) a laissé une tradition de haute estime; tâchons du moins que sous le jeune et nou
Bonne nouvelle. Béranger n’est pas mort, comme il en a l’air. 11 veut chanter encore : le cygne a promis son dernier chant à ses amis. Il ne paraît pas que ces nouvelles com
positions soient destinées à une publicité immédiate; car, aurait-il dit avec sa modestie ordinaire, ce sont de sim
ples fleurs qui, par le temps qui court, n’ont de prix qu’autant qu’on ne les porle pas au marché. Ainsi de M. de Lamartine : fatigué d’avoir remué la prose de tant de révolu
tions , l’illustre poète aspire au calme de la grande poésie.
Au fait, n’est-ce pas dans le spectacle des bouleversements de son pays que Milton a puisé l’idée de son Paradis perdu ?
Voici qu’au moment d’amener la conversation sur le terrain du théâtre, le Courtier reçoit communication d’une lettre datée de Toulon, et ainsi conçue :
« Quinze pères capucins arrivent à l’instant dans la ville pour y prêcher une mission : ils sont entrés par la porle de France, où le clergé des sept paroisses et les aumôniers de la marine ont été les recevoir. CeLte marche procession
nelle (voir le dessin à la page 380) s’ouvre par un piquet de soldats ; puis viennent les Pères marchant deux à deux et formant une colonne flanquée de chaque côté par un double rang d’ecclésiastiques. Une grande croix, d’un bois grossier, précède le cortège, qui se referme derrière le su
périeur, qu’accompagne le curé de la cathédrale. Au bruit des cloches qui carillonnent et au milieu des flots de la po
pulation, ils s’avancent vers l’église, où le Leni Creator sera chanté en leur honneur, et aussitôt la mission com
mencera, d ajoute notre correspondant ; et, en effet, elle a commencé ce jour là, pour finir, après une retraite de trois
jours, par une procession d’enfants; Z 000 jeunes Toulonnais des deux sexes y figuraient avec des pavillons et des bannières d’un bel effet pittoresque, s’il faut eu juger d’après un autre dessin du même correspondant, dessin
que nous recevons trop tard pour le publier, malgré notre désir de célébrer le retour des capucins dans notre patrie, au moment où ils viennent d’èlre expulsés d’un canton de la Suisse par le gouvernement du Tesein.
Le ministère de l’intérieur a retiré à M. AUaroche la direction de l’Odéon. Le nouveau titulaire du privilège est M· Alphonse Royer, qui n’entrera en fonction qu’au
mois de septembre prochain. Le ministre n’a fait qu user du droit que la loi lui confère; mais il est regrettable qu une indiscrétion ait ébruité la mesure. Que devient le pouvoir d’un directeur dont le successeur est connu dix mois d’avance? Toute direction théâtrale est une charge pour son privilégié, laquelle ici se trouve augmentée de celle circonstance aggravante : l’Odéon ! 11 est donc mani
feste qu’avec la situation qui lui est faite prématurément, M. AUaroche aura beaucoup de peine à gouverner son empire.
Aimez-vous les vaudevilles? cetie semaine, on en a îpis partout, le Chêne et le Roseau, Ce que virent les Roses, et les deux Inséparables ; voilà des étiquettes engageantes, sinon prétentieuses. Par exemple, ce chêne et son roseau du théâtre de la Bourse, autrefois dans les temps du jeune
Vaudeville, c’eût élé tout simplement et sans malice les deux Ménages, et, de lout cet esprit qu’on s’est dépêché de dépenser sur 1 affiche·, peut-être serait-il reslé quelque chose dans la pièce. De deux choses l une, ou vous ne com
prendrez rien à l apologue, ou bien ceia-veutdirequeM“eA., le chêne superbe, n’est que la cheville ouvrière des secrètes volontés de son mari, tandis que Mmc B., le roseau timide, qui plie et ne rompt pas, fait du sien tout ee qu’elle
tière, a ordonné aux trois voyageurs de descendre; puis, après leur avoir enlevé leurs montres, leurs bijoux et leur argent, il a demandé qu’on lui livrât les clefs des malles.
Monsignor de San Marzano revenait de Marseille, où il était allé complimenter le prince Louis-Napoléon au nom du pape. Il rapportait avec lui 7,000 fr. en or. Cette somme a été prise par les brigands, qui ont enlevé en outre 50 louis à son domestique, et 100 au voyageur français.
Le vol avait eu lieu si près de Viterhe, que le coup de pistolet avait été entendu par la sentinelle de la porte. Un détachement de gendarmerie s’est porté immédiatement sur le lieu du crime, mais les voleurs avaient déjà pris la fuite.
Comme d’ordinaire, les recheVches de la police sont restées sans résultat.
Le 2k, le vol de la malle de Florence avait eu lieu sur la route de A iterbe ; le 25, un autre vol a été commis sur celle de Cività-Vecchia, et, le 26, un dernier sur celle de Naples.
— Le paquebot-posle le Canada a apporté les correspondances de New-àork jusqu’au 23 novembre. La corres
pondance confirme l’entrée, dans le port de la Havane, du Crescent-City, pour débarquer ses malles el ses passagers. En,même temps avis était donné au capitaine de ce paque
bot que si le comptable Smith était encore à bord, on interdisait à l’avenir l’entrée du port au Creseë/it-City.
Paulin.
Correspondance.
J’ai reçu de M. Henry Berthoud la lettre suivante :
Monsieur,
Dans une discussion que vous avez eue avec la Société des gens de lettres, mon nom a été prononcé. Je vous ai adressé des expli
cations dont la forme ne provoquait rien d’agressif de votre part. En reproduisant ma lettre, vous l’avez accompagnée d’une note dont je ne saurais accepter la dernière phrase, si elle s’adressait personnellement à moi. Je viens demander à votre loyauté une explication à ce sujet.
Recevez mes salutations. S. Henry Berthoud.
Réponse. Ce n’est pas vous, monsieur, que j’ai trouvé embusqué au coin du règlement de là Société des gens de letlres, et ce n’est point à vous que j’ai payé ma rmçou, afin de passer mon chemin plus vite. Peut-être l’agent de la Sociélé des gens de lettres a-t-il excédé la mesure de sa fonction en réclamant en voire nom, au lieu de réclamer au nom du règlemeni discutable dont il est le procureur fondé;
mais c’est affaire entre vous et lui, entre lui et la Société des gens de lettres. N’ayant pas l’honneur de vous con
naître personnellement et d’être connu de vous, je regrette, par ce que m a dit un ami commun, qui m’a apporté votre dernière lettre, que le débat ne se soit pas arrêté à mon pre
mier récit. 11 ne me resterait qu’à donner acte à M. Godeft oid, qui le demande, de son droit au titre d’agent de la Sociélé des gens de lettres, ce qui n’est pas contesté.
Paulin.
Μ. B., à Genève. Nous n’utiliserons pas vos vues du Saint-Bernard. Quant aux autres dessins, qui sont également très-beaux, nous chercherons à les employer ; mais c’est un article à faire.
M. L., à Toulon. Il se passé des ciioses merveilleuses à Toulon; mais Toulon n est pas la capitale de l’Empire. Nous avons pourtant fait ce que nous pouvons pour ses capucins.
Le bal annuel des artistes dramatiques est irrévocablement iixé au samedi 29 janvier 1853, dans la salle du théâtre de l Opéra-comique.
Les personnes qui ont retenu des loges et des stalles pour cette fête sont instamment priées d’en faire retirer les coupons à l’admi
nistration de la Loterie de bienfaisance, boulevard Poissonnière, 18, avant le 10 décembre; autrement on en disposerait.
L’édition complète de fa Cabane de F oncle Tom, traduction de Edmond Texier et Léon de YVailly, est en vente à la librairie dePerrotin, Ul, rue Fontaine-Molière. Ce ma
gnifique volume in-8“, enrichi de cinq gravures sur acier, ne coule que Zi francs. C’est l’édition la plus complète et la plus fidèle qui ait paru jusqu’à ce jour.
Courrier de Paris.
Vous avez prévu notre première annonce, qui n’en est pas une : c’est que l installation de l’hiver à Paris ne fut jamais plus animée, et ne donna lieu à plus de labeurs. Paris offre, au monde ce beau spectacle d une grande capi
tale qui ne s’occupe plus qu’à travailler. Le chômage, tous les chômages ont disparu de son enceinte, et c’est l’ouvrier qui manque à l’ouvrage. Cette activité de ruche d’abeilles a gagné jusqu’aux oisifs. L’imagination s’évertue à trouver, pour ce nouveau règne, quelque chose de neuf et tout à fait digne de l’inaugurer. La grande question des mondains, c’est toujours la question du costume de ville, qu’il s’agit plus que jamais de tailler sur le patron des habits et robes de cour, en évitant l’écueil des réminiscences Irop flagran
tes. On parle d’une femme d’un haut rang qui, invitée (par sa couturière apparemment) à entrer dans une de ces robes à queue qui traînent si magnifiquement dans le tableau du Sacre, aurait refusé tout net la proposition. On a beau être duchesse, on est jeune et jolie avant lout, et le culte des souvenirs ne vient qu’après celui de sa beauté, et, comme disait la duchesse de Bourgogne à M™ de Mainteno.n, qui lui prêchait aussi les vieilles modes : « Je me soucie peu d’être habillée comme ma grand’mère. » I! est assez naturel
d’ailleurs que, sous l’Empire, on s’occupe de restauration; et, par exemple, l’état de délabrement du château des Tui
leries exigeait des réparations qui ont eu lieu, et l’on ajoute que le mobilier en est tout impérial. La salle des Maré
chaux, rendue à son ancienne destination, doit en outre s’enrichir de reliques plus précieuses que les images de ces illustres guerriers, s’il est vrai qu’on s’occupe d’y réunir une collection d’objets précieux qui appartinrent à l empereur Napoléon 1er. A côté du manteau du sacre, figure
ront le sabre d’Aboukir, l’épée de Marengo et les éperons de Wagram. Quant à la formation de la cour, si l’on en peut parler avant de savoir qu’en dire, les principales charges en seraient confiées, suivant un bruit qui s’accré
dite, à des personnages revêtus de titres monarchiquement historiques. En les nommant, nous ne ferons que répéter ce qu’on a publié ailleurs : ce, sont donc M\l. les ducs de IMprtemart, de Grammont et de Mouchy, dont les pères oc
cupèrent des fonctions analogues à la cour de Louis XVIII et de Charles X. Voici un autre renseignement, qu’on ne vous transmet également que sous toutes réserves : le car
rosse destiné au sacre de l’empereur Napoléon III aurait été commandé à Eluder, et la richesse doit en être fabuleuse comme le prix, puisqu’on a parlé d’un million.
C’est seulement au retour des grandes chasses de Compiègne que le premier bal officiel sera donné aux Tuile
ries, et naturellement il sera le signal de tous les autres, perspective bien faite pour attirer le plus beau monde européen à Paris. Aussi dit-on qu’il y arrive par tousleschemins. Deux ambassadeurs ont déjà pris les devants, Vely-Pacha et lord Cowley. C’est en passant par Londres que ce dernier est rentré dans son hôtel de la rue Saint-Honoré, au milieu d’un cortège de belles compatriotes, circonstance du plus favorable augure pour la continuation de l’entente cordiale entre les deux pays.
Entendez-vous ce grand bruit de réclames dans les journaux ? Ce sont nos musiciens qui reviennent de l’étranger.
Aimables rossignols, vous nous annoncez l’hiver, comme l’hirondelle annonce le printemps. Alexandre Batla, Emile Prudent, Vivier, Chelard et Chevillard, telle est l’avantgarde de celle brillante armée qui entre en campagne demain. Du côté de l’Opéra, il s’agit d’un changement de vio
lons. M. Musard, qui s’était retiré dans la dignité de son
écharpe et de ses trente mille francs de renie, reprend aux mains de son fils le bâton de commandement. Ce n’est pas que dans sa maison d’Autenil, chère aux poètes, Musard ail pu se dire comme tant d’autres grands musiciens : « Je ne me remplacerais pas moi-même; » il était admirable
ment remplacé, mais l’abdication lui pesait, comme au moine de Saint-Just, et c’est pourquoi la ronde et le sabbat vont recommencer de plus belle sous ses auspices.
A propos de musique, on nous atteste que dans un coféchnntant du boulevard, le Stabat. mater de Rossini est exécuté chaque soir, on pourrait dire massacré. Dans un autre de ces établissements, — c’est peut être le même, — le premier sujet du chant, qui est un ténor léger, voulant absolument donner le si dans n’importe quoi, s’est décro
ché tout net la mâchoire. Et puisqu’aussi bien nous en sommes toujours aux bagatelles de la porte, il est juste de si
gnaler à l’admiration publique le géant du boulevard du Temple, lequel depuis longtemps y exerce incognito son métier de phénomène. Vu la modicité du prix d’exhibition,
il serait impossible de contempler un plus grand homme à meilleur marché. Qu’on se figure l’ex-géant du café Mulhouse qui aurait grandi d’une coudée et engraissé à proportion, voilà le spectacle. Cet obélisque de chair et d’os, au
tour duquel la promenade est autorisée, possède une force physique dont il n’use que pour l’agrément de la sociéLé. Ici Gargantua n’a d’un peu effrayant que son appétit. C’est le caractère le plus doux et la modeslie la plus sin
cère, et ce géant peut servir de leçon à la foule des nains qui affectent les grands airs en ce bas monde et y font le plus de bruit et de tapage.
Un de nos entrepreneurs de divertissements publics est parti pour la Belgique afin d’en ramener la troupe d’autru
ches dont la gloutonnerie vient d’émerveiller si fort les Lié
geois, et c’est peut être inutile. Est-il rien de plus commun, en effet, que les gros mangeurs à Paris, et n’y voit-on pas fonctionner, comme partout, des estomacs d’autruches? J’entends dire : voilà des informations passablement puériles au milieu d’événement si mémorables, et l’on vous répondra encore une fois qu’il siérait mal à la chronique d’af
fecter les prétentions de l’histoire dont vous allez voir les pompes un peu plus loin, en tournant la page. Quant à la liberté qui nous est laissée de rapporter les menus propos qui circulent, le moment serait mal choisi pour en user. Tout a été grave, solennel et imposant dans cette semaine,
et voilà justement pourquoi notre fü/e est muette. Que si par hasard, dans le calme dont nous jouissons, il vous plaisait encore de chercher le neuf en dehors des grandes choses qui s’accomplissent, aussitôt vous arrivez à ces informa
tions dignes de M. de Lapnlisse et de Joseph Prud’homme :
on joue à la Bourse, on aligne des rues, on construit des maisons, les voitures roulent, les piétons marchent à moins qu’ils ne courent, et ainsi de suite.
Voici cependant quelque chose de plus hardi. On a vendu dernièrement le mobilier du château de la Ferté-Vidame, ancienne propriété du surintendant Fouquet, devenue celle de la famille d’Orléans, et, dans un moment où tout le monde veut acheter quelque chose à quelqu’un, il 11e s’est trouvé personne pour mettre une enchère raisonnable à ces meubles d’une conservation parfaite et travaillés avec un
art exquis dans le style Louis Xi If, dont il reste si peu de spécimens. Quoi ! pas un curieux n’assistait à cette vente qui valait bien un voyage sans doute, et pour cette acquisition il ne s’esl pas trouvé dans tout Paris un artiste excep
tionnel et nanli de quelques milliers d’écus, ou même quelque enrichi de la Bourse., depuis hier en quête d’un mobilier. Les vastes bahuts, Îes belles crédences, les moelleux
fauteuils, vingt miroirs de beauté, tout est perdu. Cette incomparable menuiserie à ramage est devenue la proie des marchands de bric-à-brac. Tel de ces meubles royaux a été adjugé pour quinze francs! et il n’est venu à personne, pas même à quelqu’un de MM. les conservateurs patentés, l’idée bien simple que cet ensemble de vétustés splendides pouvait devenir un joyau de plus dans le trésor des curiosités nationales.
Le Constitutionnel devient vieux, mais il ne se fait pas ermite, el, s il est vrai qu’il soit près ue sa fin, ainsi qu’on
l’assure, le moribond n’est pas à bout de gaillardises; il en est aux souvenirs et regrets de ce bon vieux temps où l’on .s amusait si bien. Du haut de ses dithyrambes politiques, le Constitutionnel a fini par tomber dans la chanson ; il ne manque absolument à sa dernière qu’un air à boire : Comme faisaient nos pères, ou bien Plus on est de fous, pinson rit. Pour un journal qui pendant vingt ans a mangé constitutionnellement son jésuite tous les matins, c’est quitter la scène du monde d’une manière bien folâtre.
C’est ici que je glisse l’annonce ou plutôt l’invitation suivante qui se fera place tant bien que mal. Le banquet des anciens élèves du lycée Napoléon ou collège Henri IV aura lieu le dimanche 26 décembre chez Douix. Avis aux intéressés, en attendant le compte rendu de la cérémonie.
En littérature, il n’y a guère d’autre nouveauté que l’entrée de M. Sainte-Beuve au Moniteur universel. Le docte et spirituel écrivain y continuera ces Causeries du lundi, qui ont obtenu tant de succès ailleurs. Ce premier article à propos de Barthélemy, l’auteur du / oyage d duacharsis, est précédé d’un prologue en manière âe semonce à l’a
dresse de la critique contemporaine. C’est absolument comme si M. Sainte-Beuve lui disait : « Tendez un peu la main, que je vous applique un coup de férule. » Quand on a tranché clu magister à l’endroit de Chateaubriand et de ses pareils les plus illustres, pourquoi ménagerait t-on le commun des martyrs ? Le fait est que dans ces lignes véhémenlesM. Sainte-Beuve donne à ses confrères de la presse littéraire certains conseils que nous ne sommes plus du tout surpris de trouver sous sa plume. En voici un échantillon : « La critique de l’ancien Empire (pourquoi pas la lit
térature, pendant que vous y êtes) a laissé une tradition de haute estime; tâchons du moins que sous le jeune et nou
vel Empire, elle ne paraisse pas trop au-dessous de ce qu’elle était sous l’ancien. »
Bonne nouvelle. Béranger n’est pas mort, comme il en a l’air. 11 veut chanter encore : le cygne a promis son dernier chant à ses amis. Il ne paraît pas que ces nouvelles com
positions soient destinées à une publicité immédiate; car, aurait-il dit avec sa modestie ordinaire, ce sont de sim
ples fleurs qui, par le temps qui court, n’ont de prix qu’autant qu’on ne les porle pas au marché. Ainsi de M. de Lamartine : fatigué d’avoir remué la prose de tant de révolu
tions , l’illustre poète aspire au calme de la grande poésie.
Au fait, n’est-ce pas dans le spectacle des bouleversements de son pays que Milton a puisé l’idée de son Paradis perdu ?
Voici qu’au moment d’amener la conversation sur le terrain du théâtre, le Courtier reçoit communication d’une lettre datée de Toulon, et ainsi conçue :
« Quinze pères capucins arrivent à l’instant dans la ville pour y prêcher une mission : ils sont entrés par la porle de France, où le clergé des sept paroisses et les aumôniers de la marine ont été les recevoir. CeLte marche procession
nelle (voir le dessin à la page 380) s’ouvre par un piquet de soldats ; puis viennent les Pères marchant deux à deux et formant une colonne flanquée de chaque côté par un double rang d’ecclésiastiques. Une grande croix, d’un bois grossier, précède le cortège, qui se referme derrière le su
périeur, qu’accompagne le curé de la cathédrale. Au bruit des cloches qui carillonnent et au milieu des flots de la po
pulation, ils s’avancent vers l’église, où le Leni Creator sera chanté en leur honneur, et aussitôt la mission com
mencera, d ajoute notre correspondant ; et, en effet, elle a commencé ce jour là, pour finir, après une retraite de trois
jours, par une procession d’enfants; Z 000 jeunes Toulonnais des deux sexes y figuraient avec des pavillons et des bannières d’un bel effet pittoresque, s’il faut eu juger d’après un autre dessin du même correspondant, dessin
que nous recevons trop tard pour le publier, malgré notre désir de célébrer le retour des capucins dans notre patrie, au moment où ils viennent d’èlre expulsés d’un canton de la Suisse par le gouvernement du Tesein.
Le ministère de l’intérieur a retiré à M. AUaroche la direction de l’Odéon. Le nouveau titulaire du privilège est M· Alphonse Royer, qui n’entrera en fonction qu’au
mois de septembre prochain. Le ministre n’a fait qu user du droit que la loi lui confère; mais il est regrettable qu une indiscrétion ait ébruité la mesure. Que devient le pouvoir d’un directeur dont le successeur est connu dix mois d’avance? Toute direction théâtrale est une charge pour son privilégié, laquelle ici se trouve augmentée de celle circonstance aggravante : l’Odéon ! 11 est donc mani
feste qu’avec la situation qui lui est faite prématurément, M. AUaroche aura beaucoup de peine à gouverner son empire.
Aimez-vous les vaudevilles? cetie semaine, on en a îpis partout, le Chêne et le Roseau, Ce que virent les Roses, et les deux Inséparables ; voilà des étiquettes engageantes, sinon prétentieuses. Par exemple, ce chêne et son roseau du théâtre de la Bourse, autrefois dans les temps du jeune
Vaudeville, c’eût élé tout simplement et sans malice les deux Ménages, et, de lout cet esprit qu’on s’est dépêché de dépenser sur 1 affiche·, peut-être serait-il reslé quelque chose dans la pièce. De deux choses l une, ou vous ne com
prendrez rien à l apologue, ou bien ceia-veutdirequeM“eA., le chêne superbe, n’est que la cheville ouvrière des secrètes volontés de son mari, tandis que Mmc B., le roseau timide, qui plie et ne rompt pas, fait du sien tout ee qu’elle