vive l’Empereur! répété avec vivacité par l’assistance.
« L’adjoint du maire de Puteaux, Michel Grobet, vigneron a dit ensuite quelques strophes, qui ont été couvertes des mêmes cris, après quoi le cortège a repris sa marche vers l’église, ou l’on a chanté 1 Eccaudiat et le Domine^ scilvum fac Imperatorem. A deux heures et demie la cérémonie était terminée. »
Les vers de M. Grobet ont été imprimes, d après la demande des assistants. Les sentiments sont meilleurs que la poésie ; mais le nombre, la mesure et l’euphonie n’ont rien à faire avec l’enthousiasme, et les vers de quatorze pieds ne sont pas trop longs quand il s’agit d’exprimer une bonne pensée. .
Nous attendons de Compïègne une relation et des images de la fête que la présence de l’Empereur et de sa suite fait éclater dans cette ville, comme partout où S. M. daigne se montrer à son peuple. Nous espérons donner à nos lec
teurs une idée, malheureusement affaiblie, des magnifi
cences de la chasse impériale et des divertissements qui sont offerts, avec la plus généreuse hospitalité, aux nobles invités du souverain que la France a choisi.
La politique intérieure, du moins ce qu’on en sait et ce qu’il est permis (l’en publier, ne roule que sur le compte rendu de ces fêtes qui rappellent les plus beaux jours de la vraie monarchie, de celle qui éblouit par l’éclat d une re
la monarchie de François I et de Louis XIV. Quant aux actes qui forment la trame de la vie matérielle d’une na
tion, e’est au Moniteur qu’il faut s’adresser pour les connaître, c’est la Bourse qu’il faut interroger pour en comprendre le mérite et la valeur.
Il n’enest pas de même dans c fj pays pùles intérêtsi publics sont livrés à la discussion. L’Espagne vient d’en offrir un exemple mémorable. On sait que le ministère présidé par M. Bravo Murillo avait projeté des modifications à la constitu
tion, afin de restreindre le régime de liberté auquel la nation paraît tenir de plus en plus, à mesure qu’elle en prend l’habitude, qu’elle en contracte les mœurs, et qu’elle croit en comprendre les avantages. La tentative a échoué devant un soulèvement d’opinion qui promettait, dans les élections prochai
nes, une majorité aupartilibéral ; maisle ministère Bravo n a pas succombé sans essayer de se défendre : interdiction des comités électoraux, saisie de leurs manifestes les plus modérés, suppression ou poursuite judiciaire des journaux,
tout ce que la prudence ou le désespoir peuvent conseiller dans une telle extrémité, a été appelé au secours de son pouvoir compromis. Bien plus, on rit encore d’une bonne plaisanterie dont le maréchal Narvaez a failli devenir la victime. Ne lui avait-on pas donné l’ordre, afin de neutra
liser son influence sur l’armée, de se rendre à Vienne pour consulter des archives, comme on ferait à peine ici pour M. Achille Jubinal ? Le maréchal Narvaez, au risque de com
promettre sa gloire et de perdre son influence, s’est hâté d’obéir; mais il s’est arrêté à Bayonne pour attendre de nouveaux ordres, et ces nouveaux ordres l’ont rappelé pour servir un ministère composé de ses amis :
Le général Roncali, président du conseil des ministres et secrétaire d’Etat des affaires étrangères; le général Lara,
ministre de la guerre ; le général Mirasol, ministre de la marine ; M. Vahey, ministre de la justice ; M. Aristizabal (actuellement directeur de la dette publique), ministre des finances ; M. Llorente, ministre de l’intérieur.
Une crise du même genre, mais causée par d’autres motifs que tout le monde connaît, vient d’éclater en Angle
terre. Le ministère Derby s’est retiré. Au moment où nous écrivons, ses successeurs ne sont que prévus, mais ne sont pas encore nommés. En Piémont, c’est la loi sur le mariage civil qui est en ce moment le sujet des discussions du Sénat et l’objet de la passion publique, parmi les partis adhérents ou contraires.
Quant aux Etats-Unis, les choses s’y passent plus naturellement, pour ainsi dire, et l’agitation causée par le re
nouvellement périodique du gouvernement cesse dès que le résultat est connu.
Les journaux de New-York arrivés mercredi par le Hermann donnent le texte complet du Message du président Fillmore au congrès de Washington. Ce document, qui a
été bien accueilli aux Etats-Unis et en Angleterre, ne le sera pas moins bien sur le continent de l’Europe, car, s’il n’apprend rien de nouveau, s’il ne fournit à la curiosité du pu
blic aucun sujet d’intérêt palpitant, il donne du moins l’as
surance que les relations des Etats-Unis avec toutes les puissances étrangères sont de la nature la plus pacifique,
et que la prospérité de l’Union, ce débouché si important aujourd’hui pour la plupart des industries européennes, est toujours en voie de rapide accroissement. Ce sont là de bon
nes nouvelles, et, au moment où le président Fillmore va descendre du pouvoir pour rentrer dans la vie privée, il est juste de reconnaître que la modération et la fermeté dont il a fait preuve pendant son administration ont puissamment contribué à produire ces heureux résultats.
Le Message de cette année fait, comme celui des années précédentes, avec modestie et sans nul fracas, l’exposé des affaires les plus prospères dont ait jamais pu s’enorgueillir une nation.
Le dernier budget des Etats-Unis se solde ainsi qu il suit :
Recettes. . . . 2û8 millions. Dépenses.... 230 millions.
Excédant des recettes sur les dépenses, 18 millions.
Treize millions d’acres de terre ont été aliénés dans le cours de l’année.
Les importations se sont élevées à 1,137 millions, les exportations à 835 millions.
M. Fillmore, après avoir, à juste titre, félicité.le pays du calme et de la sincérité des dernières élections, et rappelé en peu de mots le souvenir de Daniel Webster, aborde la gérie des questions de politique étrangère qui ont été à
l’ordre du jour sous son administration. L’affaire des pêcheries anglo-américaines ne donne plus aucune inquié
tude, et des négociations vont avoir lieu avec l Angleterre pour le règlement définitif de tous les points litigieux.
Quant à l’affaire de Cuba, le gouvernement des Etats- Unis attend du gouvernement espagnol des explications sur les obstacles apportés dans ces derniers temps à J’inter
course entre la Havane et les ports américains. Comme nous le savions déjà, il a décliné l’invitation que lui avaient adressée la France et l’Angleterre de renoncer à perpétuité à toute intention sur l’île de Cuba.
Une telle renonciation, dit le Message, eût été impolitique et d’une constitutionnalité douteuse. Mais, par divers motifs, M. Fillmore considérerait comme dangereuse l’in
corporation actuelle de Cuba dans l’Union. La question qui divise les wliigs et les démocrates ne semble donc être qu’une question de temps et d’opportunité.
L’expédition du Japon doit être considérée connue absolument pacifique, et, si elle réussit, tout les peuples du monde seront admis à profiter, sur un pied de parfaite égalité, des facilités obtenues par les efforts des Etats-Unis.
M, Fillmore recommande des modifications dans les tarifs, et notamment la substitution de droits spécifiques aux aux droits ad valorem. Il indique les réformes qui lui pa
raissent indispensables dans la marine et dans diverses branches de l’administration. II conclut par une défense habile et même éloquente de la politique qui a succombé dans les dernières élections, et qui est, comme on sait, la politique de neutralité et de non-intervention. A cet égard,
le Message peut être considéré comme le testament du parti wigh.
— On a reçu, cette semaine, ia nouvelle du mariage de Ta princesse Wasa avec le prince Albert, fils aîné du prince Jean, frère du roi de Saxe, et héritier présomptif de la couronne.
Le voyage de l’Empereur d’Autriche à Berlin a été également le sujet de nombreux commentaires; mais rien ne peut faire supposer que ce voyage eût pour objet des ques
tions qui intéressent la France, et, quoiqu’on en ait dit, on ne tardera pas à apprendre que les trois grandes puissances du Nord ont renouvelé les lettres de créance de leurs mi
nistres auprès de notre gouvernement, et ainsi se trouvera universellement reconnu un pouvoir qui saurait même se passer de ces formalités diplomatiques.
— Une question qui intéresse la France se discute en ce moment à la chambre des représentants en Belgique. Nous publions le rapport présenté par M. T’Kint de Naeyer, au nom de la section centrale chargée de l’examen du projet de loi relatif à la convention récemment conclue avec la France. Voici le texte de ce rapport :
« L’examen que votre section centrale a été chargée de faire de la convention conclue entre S. M le roi des Belges et S. M. l’empereur des Français ne pouvait donner lieu à des débats étendus.
« Il s’agit en effet d’un traité qui ace caractère spécial, qu’au lieu de clore les négociations antérieures, il doit devenir le point de départ de négociations nouvelles, dans lesquelles il importe que le gouvernement conserve toute sa liberté d’action comme sa responsabilité.
« Cette considération était de nature à simplifier le travail de votre section centrale, sans la dispenser d’examiner avec soin les obser
vations faites et les vues émises dans les sections. Toutefois la section centrale a été d’avis, à l’unanimité, qu’il n’y avait pas lieu d’insérer dans le rapport ces observations et les réponses du gouvernement.
« La Chambre reste juge de l’opportunité d’un comité secret. M. le ministredes affaires étrangères s’est déclaré prêt à entrer dans toutes les explications reconnues nécessaires.
« Il importe dès à présent de faire remarquer que la convention du 9 décembre ne saurait être appréciée isolément ; elle se relie au système douanier qui garantit à nos houilles et à nos fontes des faveurs différentielles.
« Le décret du 15 septembre dernier cessera de produire ses effets en même temps que la convention du 9 décembre entrera en cours d’exécution. Le gouvernement belge en a reçu l’assurance officielle.
« La section centrale ne serait point l’expression fidèle du sentiment de la Chambre, manifesté par le vote des sections, si elle n’ap
plaudissait hautement à l’acte international qui vient replacer les rapports commerciaux de la Belgique et de la France sur le pied d’une mutuelle cordialité. Elle y puise l’espoir qu’un prochain ar
rangement ouvrira une voie plus large aux échanges des deux pays.
« Une pensée politiqne d ailleurs, évidente pour tous, se rattache à ce traité par un lien intime. Sa rapide conclusion, au moment où la France changeait la forme de son gouvernement, doit être ac
cueillie paria Belgique comme un témoignage de sympathie pour sa nationalité, et sera aux yeux de l’Europe un gage de cette paix fé
conde qui a été solennellement promise aux destinées d’une grande nation amie.
« La section centrale a l’honneur de vons proposer, à l’unanimité, l’adoption du projet de loi qui ratifie la convention du 9 décembre 185g. »
Sur la demande de M. de Brouckère, ministre des affaires étrangères, la discussion du projet de loi aura lieu en coriiité secret.
Paulin.
Voies de communication en 1852.
Nous assistons, chaque jour, pour ainsi dire, à la création de nouvelles voies de fer. Chez nous, de l’un à l’autre océan et des Alpes aux Pyrénées, comme à nos portes, en Angle
terre, ainsi que, dans ce inonde de duchés grands et petits, principautés, villes libres, pêle-mêla de satellites qui gra
vitent dans l’orbite d’un jeune royaume et d’un vieil empire et qu’on appelle l’Allemagne, un anneau vient sans cesse s’ajouter à la grande chaîne qui relie Aberdeen de la piltoresque Ecosse à Londres, à Douvres, à Calais à travers la Manche, pour aboutir à Trieste, au fond de l’Adriatique, et qui, des rivages de l’Atlantique, réunit Nantes et Bordeaux, par les villes les plus fameuses de l’Europe cen
trale, à Varsovie, à Saint-Pétersbourg et bientôt à Debretzin, à l’extrémité de la Hongrie, sur les bords des fleuves tributaires de la Baltique et de la mer Noire.
Certes c’est là, pour le fait en lui-même comme pour ses résultats, un spectacle assez magnifique. Cependant il en est un autre qui passe plus inaperçu et emprunte un inté
rêt tout particulier à l’éloignement : c’est celui des voies de communication de tous genres qui, des points les plus op
posés de l’univers, répondent à ce grand mouvement im
primé, comme toujours, par le vieux monde, berceau de la civilisation moderne.
De l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis, non contents d’avoir rattaché le littoral oriental aux vastes plaines de l’Ouest baignées par le Mississipi, cherchent par quelle brèche naturelle des Cordillères du Nord, South-Pans des Montagnes Rocheuses, et Paso des Andes mexicaines, ils feront passer un chemin de fer flanqué d’une ligne électrique qui mette en contact le grand Océan avec le nôtre, ins
pirés par une rivalité féconde, les Etats du Nord et ceux du Midi se sont mis à l’œuvre ensemble : les premiers, des rives du Missouri, d’Ilannibal à Saint-Joseph, ont déjà exé
cuté une section importante ; et les seconds, du pays des Attakapas et par le Texas, s’acheminent vers le but désiré,
tandis que la Californie, qui les attend, construit aussi ses chemins de fer de la ville de Sacramento vers les mines de la Yuba et de San-Francisco vers San-Jose, la vallée de la Loire de l ’Eldorado.
Outre ces deux voies qui s’élancent dans la direction de l’océan Pacifique, le chemin de fer de Panama s’avance à grands pas. Parti d’Aspinwall, la nouvelle ville de l’Atlan
tique, il dépasse Gorgona et a atteint Barbaçoa : plus de la moitié du parcours est achevé, et l’on songe déjà à l’établissement d’une ligne de télégraphié électrique, de l’Atlantique à Panama.
L’Amérique du Sud, contournée par les steamers anglais, ne saurait rester indifférente. Le Pérou, le Chili, le Brésil, imitant le Mexique qui de Vera-Cruz à Mexico s’ouvre aux nouvelles d’Europe au moyen de l’électricité, projettent ou exécutent aussi leurs chemins de fer et leurs lignes électri
ques. De Valparaiso, dont le gaz va bientôt illuminer 1 ’Almendral, une voie ferrée s’étend à Santiago, et le succès de celle de Copiapo répond de la nouvelle. Au Pérou, Lima ne fait plus qu’un avec le Callao, le port avec la ville et Tacna, Islay, etc., vont se voir assurer le même avantage. Quant au Brésil, il réunit, par un chemin de fer, la grande capi
tale à un de ses faubourgs, et décrète que le fleuve géant des Amazones sera sillonné de steamers comme la Loire, la Saône , le Rhin , le Rhône , le Danube , le Mississipi, l’Ohio, etc., etc.
A l’autre extrémité du inonde, à cet autre isthme, seconde porte de l’océan Pacifique par la nier des Indes, le chemin de fer d’Alexandrie au Caire s’exécute, et la Prusse négocie pour en fournir les matériaux.
Dans l’Inde enfin, comme demain sans doute en Algérie, notre grande colonie continentale, les chemins de fer se préparent, de Calcutta à Itajemal, sur les rives du Gange, par exemple, et des ingénieurs font des études pour rap
procher pàr les fils conducteurs les extrémités du vaste, trop vaste empire qui de l’indus s’étend pour le moment jusqu’aux fleuves de l’empire des Birmans.
C’est l’œuvre de notre siècle, œuvre grandiose. Tout ce qui se rattache aux communications appelle l attention et les efforts des générations nouvelles. La France, sinon par l’exécution encore, du moins par l’idée, brille au premier rang. Ce sont ses fils que demandent, et l’Egypte pour bar
rer le Nil (t), et la Toscane pour faire de Livourne un port méditerranéen modèle, et la Moldavie, la Valachie, le Pé
rou, etc., etc., pour voir surgir des chemins de fer sur leur sol; et l’Espagne afin de canaliser l’Ehre et d’irriguer tout un littoral, et Rome pour franchir les Apennins et étendre les deux bras d’une croix dé fer de ia Méditerranée à la mer Adriatique.
Rome, la ville éternelle, se rappelle son passé lorsqu’elle faisait rayonner de la vallée aux sept collines, pour assurer son empire sur le monde païen , ces merveilleuses voies romaines, vestiges impérissables de cet empire éteint, et s’étudie à rattacher le patrimoine de Saint-Pierre h toutes les voies ferrées qui, des Calabres, remontent ou vont remonter aux groupes des chemins de fer du centre de l’Europe.
Bien plus, comprenant ce que la Ville, Urbs, but de pèlerinage pour le monde chrétien, se doit à elle-même, le saint-père réédifie le premier pont dont parle l’histoire, le Pons Subücins de Tite-Live, qui fit donner aux premiers chefs de ta religion le nom de Pontif ex, faiseurs de ponts; relève le Ponte Rottô, fameux aussi à une aulre époque de l’histoire; en jette deux autres sur le Tibre, et à l’un d’eux donne son nom.
C’est, encore là, an génie de la France qu’il est fait appel. La société formée à ce sujet, avec l’autorisation du successeur de saint Pierre, a chargé deux de nos compa
triotes, les frères Seguin, les constructeurs renommés des ponts du Rhône,
Anatole Chatelain,
Ancien délégué commercial.
(1) Nous publierons, dans le prochain numéro, une notice accompagnée de vues sur ces b«aux travaux du barrage du Nil, exécutés par un de nés compatriotes. (N. du D. )
Le numéro que nous publions aujourd’hui est le dernier numéro de décembre ; il complète le tome XX, dont la Table sera adressée incessamment aux abonnés.
Le prochain numéro portera la date du lor janvier 1833, et ne sera adressé qu’aux personnes qui auront renouvelé leur abonnement.
« L’adjoint du maire de Puteaux, Michel Grobet, vigneron a dit ensuite quelques strophes, qui ont été couvertes des mêmes cris, après quoi le cortège a repris sa marche vers l’église, ou l’on a chanté 1 Eccaudiat et le Domine^ scilvum fac Imperatorem. A deux heures et demie la cérémonie était terminée. »
Les vers de M. Grobet ont été imprimes, d après la demande des assistants. Les sentiments sont meilleurs que la poésie ; mais le nombre, la mesure et l’euphonie n’ont rien à faire avec l’enthousiasme, et les vers de quatorze pieds ne sont pas trop longs quand il s’agit d’exprimer une bonne pensée. .
Nous attendons de Compïègne une relation et des images de la fête que la présence de l’Empereur et de sa suite fait éclater dans cette ville, comme partout où S. M. daigne se montrer à son peuple. Nous espérons donner à nos lec
teurs une idée, malheureusement affaiblie, des magnifi
cences de la chasse impériale et des divertissements qui sont offerts, avec la plus généreuse hospitalité, aux nobles invités du souverain que la France a choisi.
La politique intérieure, du moins ce qu’on en sait et ce qu’il est permis (l’en publier, ne roule que sur le compte rendu de ces fêtes qui rappellent les plus beaux jours de la vraie monarchie, de celle qui éblouit par l’éclat d une re
présentation digne d’un grand peuple comme la France :
la monarchie de François I et de Louis XIV. Quant aux actes qui forment la trame de la vie matérielle d’une na
tion, e’est au Moniteur qu’il faut s’adresser pour les connaître, c’est la Bourse qu’il faut interroger pour en comprendre le mérite et la valeur.
Il n’enest pas de même dans c fj pays pùles intérêtsi publics sont livrés à la discussion. L’Espagne vient d’en offrir un exemple mémorable. On sait que le ministère présidé par M. Bravo Murillo avait projeté des modifications à la constitu
tion, afin de restreindre le régime de liberté auquel la nation paraît tenir de plus en plus, à mesure qu’elle en prend l’habitude, qu’elle en contracte les mœurs, et qu’elle croit en comprendre les avantages. La tentative a échoué devant un soulèvement d’opinion qui promettait, dans les élections prochai
nes, une majorité aupartilibéral ; maisle ministère Bravo n a pas succombé sans essayer de se défendre : interdiction des comités électoraux, saisie de leurs manifestes les plus modérés, suppression ou poursuite judiciaire des journaux,
tout ce que la prudence ou le désespoir peuvent conseiller dans une telle extrémité, a été appelé au secours de son pouvoir compromis. Bien plus, on rit encore d’une bonne plaisanterie dont le maréchal Narvaez a failli devenir la victime. Ne lui avait-on pas donné l’ordre, afin de neutra
liser son influence sur l’armée, de se rendre à Vienne pour consulter des archives, comme on ferait à peine ici pour M. Achille Jubinal ? Le maréchal Narvaez, au risque de com
promettre sa gloire et de perdre son influence, s’est hâté d’obéir; mais il s’est arrêté à Bayonne pour attendre de nouveaux ordres, et ces nouveaux ordres l’ont rappelé pour servir un ministère composé de ses amis :
Le général Roncali, président du conseil des ministres et secrétaire d’Etat des affaires étrangères; le général Lara,
ministre de la guerre ; le général Mirasol, ministre de la marine ; M. Vahey, ministre de la justice ; M. Aristizabal (actuellement directeur de la dette publique), ministre des finances ; M. Llorente, ministre de l’intérieur.
Une crise du même genre, mais causée par d’autres motifs que tout le monde connaît, vient d’éclater en Angle
terre. Le ministère Derby s’est retiré. Au moment où nous écrivons, ses successeurs ne sont que prévus, mais ne sont pas encore nommés. En Piémont, c’est la loi sur le mariage civil qui est en ce moment le sujet des discussions du Sénat et l’objet de la passion publique, parmi les partis adhérents ou contraires.
Quant aux Etats-Unis, les choses s’y passent plus naturellement, pour ainsi dire, et l’agitation causée par le re
nouvellement périodique du gouvernement cesse dès que le résultat est connu.
Les journaux de New-York arrivés mercredi par le Hermann donnent le texte complet du Message du président Fillmore au congrès de Washington. Ce document, qui a
été bien accueilli aux Etats-Unis et en Angleterre, ne le sera pas moins bien sur le continent de l’Europe, car, s’il n’apprend rien de nouveau, s’il ne fournit à la curiosité du pu
blic aucun sujet d’intérêt palpitant, il donne du moins l’as
surance que les relations des Etats-Unis avec toutes les puissances étrangères sont de la nature la plus pacifique,
et que la prospérité de l’Union, ce débouché si important aujourd’hui pour la plupart des industries européennes, est toujours en voie de rapide accroissement. Ce sont là de bon
nes nouvelles, et, au moment où le président Fillmore va descendre du pouvoir pour rentrer dans la vie privée, il est juste de reconnaître que la modération et la fermeté dont il a fait preuve pendant son administration ont puissamment contribué à produire ces heureux résultats.
Le Message de cette année fait, comme celui des années précédentes, avec modestie et sans nul fracas, l’exposé des affaires les plus prospères dont ait jamais pu s’enorgueillir une nation.
Le dernier budget des Etats-Unis se solde ainsi qu il suit :
Recettes. . . . 2û8 millions. Dépenses.... 230 millions.
Excédant des recettes sur les dépenses, 18 millions.
Treize millions d’acres de terre ont été aliénés dans le cours de l’année.
Les importations se sont élevées à 1,137 millions, les exportations à 835 millions.
M. Fillmore, après avoir, à juste titre, félicité.le pays du calme et de la sincérité des dernières élections, et rappelé en peu de mots le souvenir de Daniel Webster, aborde la gérie des questions de politique étrangère qui ont été à
l’ordre du jour sous son administration. L’affaire des pêcheries anglo-américaines ne donne plus aucune inquié
tude, et des négociations vont avoir lieu avec l Angleterre pour le règlement définitif de tous les points litigieux.
Quant à l’affaire de Cuba, le gouvernement des Etats- Unis attend du gouvernement espagnol des explications sur les obstacles apportés dans ces derniers temps à J’inter
course entre la Havane et les ports américains. Comme nous le savions déjà, il a décliné l’invitation que lui avaient adressée la France et l’Angleterre de renoncer à perpétuité à toute intention sur l’île de Cuba.
Une telle renonciation, dit le Message, eût été impolitique et d’une constitutionnalité douteuse. Mais, par divers motifs, M. Fillmore considérerait comme dangereuse l’in
corporation actuelle de Cuba dans l’Union. La question qui divise les wliigs et les démocrates ne semble donc être qu’une question de temps et d’opportunité.
L’expédition du Japon doit être considérée connue absolument pacifique, et, si elle réussit, tout les peuples du monde seront admis à profiter, sur un pied de parfaite égalité, des facilités obtenues par les efforts des Etats-Unis.
M, Fillmore recommande des modifications dans les tarifs, et notamment la substitution de droits spécifiques aux aux droits ad valorem. Il indique les réformes qui lui pa
raissent indispensables dans la marine et dans diverses branches de l’administration. II conclut par une défense habile et même éloquente de la politique qui a succombé dans les dernières élections, et qui est, comme on sait, la politique de neutralité et de non-intervention. A cet égard,
le Message peut être considéré comme le testament du parti wigh.
— On a reçu, cette semaine, ia nouvelle du mariage de Ta princesse Wasa avec le prince Albert, fils aîné du prince Jean, frère du roi de Saxe, et héritier présomptif de la couronne.
Le voyage de l’Empereur d’Autriche à Berlin a été également le sujet de nombreux commentaires; mais rien ne peut faire supposer que ce voyage eût pour objet des ques
tions qui intéressent la France, et, quoiqu’on en ait dit, on ne tardera pas à apprendre que les trois grandes puissances du Nord ont renouvelé les lettres de créance de leurs mi
nistres auprès de notre gouvernement, et ainsi se trouvera universellement reconnu un pouvoir qui saurait même se passer de ces formalités diplomatiques.
— Une question qui intéresse la France se discute en ce moment à la chambre des représentants en Belgique. Nous publions le rapport présenté par M. T’Kint de Naeyer, au nom de la section centrale chargée de l’examen du projet de loi relatif à la convention récemment conclue avec la France. Voici le texte de ce rapport :
« Messieurs,
« L’examen que votre section centrale a été chargée de faire de la convention conclue entre S. M le roi des Belges et S. M. l’empereur des Français ne pouvait donner lieu à des débats étendus.
« Il s’agit en effet d’un traité qui ace caractère spécial, qu’au lieu de clore les négociations antérieures, il doit devenir le point de départ de négociations nouvelles, dans lesquelles il importe que le gouvernement conserve toute sa liberté d’action comme sa responsabilité.
« Cette considération était de nature à simplifier le travail de votre section centrale, sans la dispenser d’examiner avec soin les obser
vations faites et les vues émises dans les sections. Toutefois la section centrale a été d’avis, à l’unanimité, qu’il n’y avait pas lieu d’insérer dans le rapport ces observations et les réponses du gouvernement.
« La Chambre reste juge de l’opportunité d’un comité secret. M. le ministredes affaires étrangères s’est déclaré prêt à entrer dans toutes les explications reconnues nécessaires.
« Il importe dès à présent de faire remarquer que la convention du 9 décembre ne saurait être appréciée isolément ; elle se relie au système douanier qui garantit à nos houilles et à nos fontes des faveurs différentielles.
« Le décret du 15 septembre dernier cessera de produire ses effets en même temps que la convention du 9 décembre entrera en cours d’exécution. Le gouvernement belge en a reçu l’assurance officielle.
« La section centrale ne serait point l’expression fidèle du sentiment de la Chambre, manifesté par le vote des sections, si elle n’ap
plaudissait hautement à l’acte international qui vient replacer les rapports commerciaux de la Belgique et de la France sur le pied d’une mutuelle cordialité. Elle y puise l’espoir qu’un prochain ar
rangement ouvrira une voie plus large aux échanges des deux pays.
« Une pensée politiqne d ailleurs, évidente pour tous, se rattache à ce traité par un lien intime. Sa rapide conclusion, au moment où la France changeait la forme de son gouvernement, doit être ac
cueillie paria Belgique comme un témoignage de sympathie pour sa nationalité, et sera aux yeux de l’Europe un gage de cette paix fé
conde qui a été solennellement promise aux destinées d’une grande nation amie.
« La section centrale a l’honneur de vons proposer, à l’unanimité, l’adoption du projet de loi qui ratifie la convention du 9 décembre 185g. »
Sur la demande de M. de Brouckère, ministre des affaires étrangères, la discussion du projet de loi aura lieu en coriiité secret.
Paulin.
Voies de communication en 1852.
Nous assistons, chaque jour, pour ainsi dire, à la création de nouvelles voies de fer. Chez nous, de l’un à l’autre océan et des Alpes aux Pyrénées, comme à nos portes, en Angle
terre, ainsi que, dans ce inonde de duchés grands et petits, principautés, villes libres, pêle-mêla de satellites qui gra
vitent dans l’orbite d’un jeune royaume et d’un vieil empire et qu’on appelle l’Allemagne, un anneau vient sans cesse s’ajouter à la grande chaîne qui relie Aberdeen de la piltoresque Ecosse à Londres, à Douvres, à Calais à travers la Manche, pour aboutir à Trieste, au fond de l’Adriatique, et qui, des rivages de l’Atlantique, réunit Nantes et Bordeaux, par les villes les plus fameuses de l’Europe cen
trale, à Varsovie, à Saint-Pétersbourg et bientôt à Debretzin, à l’extrémité de la Hongrie, sur les bords des fleuves tributaires de la Baltique et de la mer Noire.
Certes c’est là, pour le fait en lui-même comme pour ses résultats, un spectacle assez magnifique. Cependant il en est un autre qui passe plus inaperçu et emprunte un inté
rêt tout particulier à l’éloignement : c’est celui des voies de communication de tous genres qui, des points les plus op
posés de l’univers, répondent à ce grand mouvement im
primé, comme toujours, par le vieux monde, berceau de la civilisation moderne.
De l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis, non contents d’avoir rattaché le littoral oriental aux vastes plaines de l’Ouest baignées par le Mississipi, cherchent par quelle brèche naturelle des Cordillères du Nord, South-Pans des Montagnes Rocheuses, et Paso des Andes mexicaines, ils feront passer un chemin de fer flanqué d’une ligne électrique qui mette en contact le grand Océan avec le nôtre, ins
pirés par une rivalité féconde, les Etats du Nord et ceux du Midi se sont mis à l’œuvre ensemble : les premiers, des rives du Missouri, d’Ilannibal à Saint-Joseph, ont déjà exé
cuté une section importante ; et les seconds, du pays des Attakapas et par le Texas, s’acheminent vers le but désiré,
tandis que la Californie, qui les attend, construit aussi ses chemins de fer de la ville de Sacramento vers les mines de la Yuba et de San-Francisco vers San-Jose, la vallée de la Loire de l ’Eldorado.
Outre ces deux voies qui s’élancent dans la direction de l’océan Pacifique, le chemin de fer de Panama s’avance à grands pas. Parti d’Aspinwall, la nouvelle ville de l’Atlan
tique, il dépasse Gorgona et a atteint Barbaçoa : plus de la moitié du parcours est achevé, et l’on songe déjà à l’établissement d’une ligne de télégraphié électrique, de l’Atlantique à Panama.
L’Amérique du Sud, contournée par les steamers anglais, ne saurait rester indifférente. Le Pérou, le Chili, le Brésil, imitant le Mexique qui de Vera-Cruz à Mexico s’ouvre aux nouvelles d’Europe au moyen de l’électricité, projettent ou exécutent aussi leurs chemins de fer et leurs lignes électri
ques. De Valparaiso, dont le gaz va bientôt illuminer 1 ’Almendral, une voie ferrée s’étend à Santiago, et le succès de celle de Copiapo répond de la nouvelle. Au Pérou, Lima ne fait plus qu’un avec le Callao, le port avec la ville et Tacna, Islay, etc., vont se voir assurer le même avantage. Quant au Brésil, il réunit, par un chemin de fer, la grande capi
tale à un de ses faubourgs, et décrète que le fleuve géant des Amazones sera sillonné de steamers comme la Loire, la Saône , le Rhin , le Rhône , le Danube , le Mississipi, l’Ohio, etc., etc.
A l’autre extrémité du inonde, à cet autre isthme, seconde porte de l’océan Pacifique par la nier des Indes, le chemin de fer d’Alexandrie au Caire s’exécute, et la Prusse négocie pour en fournir les matériaux.
Dans l’Inde enfin, comme demain sans doute en Algérie, notre grande colonie continentale, les chemins de fer se préparent, de Calcutta à Itajemal, sur les rives du Gange, par exemple, et des ingénieurs font des études pour rap
procher pàr les fils conducteurs les extrémités du vaste, trop vaste empire qui de l’indus s’étend pour le moment jusqu’aux fleuves de l’empire des Birmans.
C’est l’œuvre de notre siècle, œuvre grandiose. Tout ce qui se rattache aux communications appelle l attention et les efforts des générations nouvelles. La France, sinon par l’exécution encore, du moins par l’idée, brille au premier rang. Ce sont ses fils que demandent, et l’Egypte pour bar
rer le Nil (t), et la Toscane pour faire de Livourne un port méditerranéen modèle, et la Moldavie, la Valachie, le Pé
rou, etc., etc., pour voir surgir des chemins de fer sur leur sol; et l’Espagne afin de canaliser l’Ehre et d’irriguer tout un littoral, et Rome pour franchir les Apennins et étendre les deux bras d’une croix dé fer de ia Méditerranée à la mer Adriatique.
Rome, la ville éternelle, se rappelle son passé lorsqu’elle faisait rayonner de la vallée aux sept collines, pour assurer son empire sur le monde païen , ces merveilleuses voies romaines, vestiges impérissables de cet empire éteint, et s’étudie à rattacher le patrimoine de Saint-Pierre h toutes les voies ferrées qui, des Calabres, remontent ou vont remonter aux groupes des chemins de fer du centre de l’Europe.
Bien plus, comprenant ce que la Ville, Urbs, but de pèlerinage pour le monde chrétien, se doit à elle-même, le saint-père réédifie le premier pont dont parle l’histoire, le Pons Subücins de Tite-Live, qui fit donner aux premiers chefs de ta religion le nom de Pontif ex, faiseurs de ponts; relève le Ponte Rottô, fameux aussi à une aulre époque de l’histoire; en jette deux autres sur le Tibre, et à l’un d’eux donne son nom.
C’est, encore là, an génie de la France qu’il est fait appel. La société formée à ce sujet, avec l’autorisation du successeur de saint Pierre, a chargé deux de nos compa
triotes, les frères Seguin, les constructeurs renommés des ponts du Rhône,
Ancien délégué commercial.
(1) Nous publierons, dans le prochain numéro, une notice accompagnée de vues sur ces b«aux travaux du barrage du Nil, exécutés par un de nés compatriotes. (N. du D. )
Le numéro que nous publions aujourd’hui est le dernier numéro de décembre ; il complète le tome XX, dont la Table sera adressée incessamment aux abonnés.
Le prochain numéro portera la date du lor janvier 1833, et ne sera adressé qu’aux personnes qui auront renouvelé leur abonnement.