et deux petits chefs-d’œuvre de Lancret et de Gérard Dow, adjugés, l’un portant l’autre, trente louis. Quelques tableaux d’artistes modernes ont été, dit-on, rachetés par leurs au
teurs, qui en étaient aussi les donataires. On dit encore que, faute d’une enchère raisonnable, un Salvator Itosa a été retiré de la vente et remplacé par une paire de candélabres, enlevés par un amateur, après une lutte furieuse, moyen
nant Zi,500 fr. Et puisqu’il sagit de vente et d’achat, voici un autre document peut-être mémorable : Chantilly, le Chantilly des Condé, a été vendu sept millions au banquier an
glais Coutts ; item la forêt de Breteuii, payée dix millions et plus à M. Laffitte par le roi Louis-Philippe, et qui devient la propriété d’une société de capitalistes; quant aux autres domaines de la famille d’Orléans, les voilà désormais dispersés un peu dans les mains de tout le monde. Il en ré
sulte qu’en ce moment la voix souveraine, celle qui domine toutes les autres, c’est la voix du commissaire-priseur.
Voici pourtant quelque chose d’un peu plus récréatif. Dimanche dernier on a joué la comédie chez M Allan. Une pléiade d’au
teurs dramatiques , quelques lettrés et quelques artistes, y compris ceux du Théâtre-Français, voilà tout l’auditoire, où les dames se trouvaient en majorité.
Sauf un étroit espace réservé pour les acteurs de cette comédie de plain-pied, le salontout entier,disposé en banquettes,a
dont les originaux ont le mérite de l’exactitude et de la ressemblance, tant il est vrai que le peintre ne les a pas flattés.
Un jeune marquis, un vieux baron, un abbé, un bel-esprit, des précieuses et l’inévitable soubrette, tel est le personnel du Cercle, de tous les cercles du dix-huitième siècle en ses frivolités. Et puis celte veuve Araminte, coquette et sensi
ble, le cœur vide et l’esprit toujours occupé, qui aime à la fois la musique et les petits chiens, les magots et les mathémaliques, pour n’offrir qu’un petit caractère, n’en est pas moins un assez grand rôle, et il est tout simple que
M“c Allan ait voulu le jouer, puisqu’elle y a si parfaitement réussi. Ajoutez que la pièce et ses interprètes ont été trop goûtés pour que ce soit là une reprise perdue ailleurs, car ces bravos éclatant surtout à l’adresse de M“ Araminte, lui disaient clairement : « A bientôt, et au revoir...., au Théâtre-Français. »
Avant d’aller plus loin, et pour ne pas mêler une image sainte à des récits profanes, nous ouvrons une parenthèse


en l’honneur de cette gravure consa


crée à la commémoration de la fête de Noël. Le peintre, qui l’a composée dans un sentiment biblique et avec un talent d’exécution si élevé et si rare, est notre collaborateur, M. l’haramond Blan
chard, revenu naguère de la Judée. Ce dessin, disons mieux, ce tableau, est la copie exacte de l’intérieur de la ehapelle
reçu l’escadron volant de ces célébrités féminines qui s’y sont assises dans leur beauté et dans leurs dentelles. Aux premiers rangs de ce charmant état-major figuraient MUe Rachel et M“ Viardot. M. Scribe excepté, qui par droit de conquête et de talent s’était fait place entre Mlle Luther et M“e Théric, les hommes s’étaient groupés dans la pièce voisine comme autant de statues qui auraient des chaises pour piédestaux.
Si vous voulez absolument savoir leurs noms, c’étaient M. Ponsard et M. de Musset, M. Legouvé et M. Bayard, M. Guillard et M. Augier. La Comédie-Française était re
présentée par MM. Provostet Regnier, et le vaudeville par M. Numa. Il n’y avait là qu’un feuilleton, celui de Janin, et point d’autre personnage officiel que M. Gilbert de Voisins. De neuf heures à onze, la soirée s’est envolée en causeries, et puis, le maître de la maison ayant frappé les trois coups de rigueur, la comédie a commencé : le Cercle, de Poinsinet le mystifié, une de ces pièces trop connues et peut-être trop oubliées pour qu’on y revienne. C’est un joli pastel
construite sur les ruines de l’étable où le Christ est né. Cette chapelle fait partie de l’église élevée jadis à Bethléem
par les soins de l’impératrice Ilclène. Pour y arriver, il faut descendre une trentaine démarchés au-dessous de l’église, position qui n’a rien d’invraisemblable, car aujourd’hui encore on voit en Orient des étables souterraines. .Celte chapelle de la nativité, pavée en marbre, n’est donc qu une vaste grotte creusée dans le roc. Les parois latérales, revêtues de marbre blanc, sont masquées par des rideaux de soie; mais, dans sa partie supérieure, le ro
cher étale toute sa nudité. L’autel, adossé au rocher et abondamment éclairé par plusieurs lampes , s’élève audessus de l endroit où le Messie a vu le jour. La place elle-même, figurée sur le sol par un soleil d’argent, est couronnée de cette inscription en latin : « Ici Jésus- Christ est né de la vierge Marie. » Du côté opposé, dans un enfoncement, on voit la place de la crèche. Sur le devant,
à l’endroit où Marie offre le nouveau-né à l’adoration des Mages, s’élève un autre autel décoré, comme celui de la nativité, d’un tableau commémoratif de l’événement. Le reste du tableau deM. Blanchard, c’est-à-dire toute la partie chamnètre des oremiers nlans. est alléiwiriniip
L’autre dessin ne comporte pas de longues explications. G’estla médaille commémorative de Rembrandt, frappée à l occasion de la statue qui lui fut élevée par souscription dans la ville d Amsterdam. Cette statue en fonte, due à l’habile ciseau de M. Royer de Bruxelles, a été inaugurée le 27 mai dernier. La médaille, dont voici le spécimen, a été gravée par Vf. Hart.
Rembrandt naquit à Leyde, mais c’est à Amsterdam qu’il a vécu, et qu’il est mort en IGtil). C’est dans cette ville qu’il composa ses premières et ses dernières œuvres, et qu’il a formé ces nombreux élèves qui devaient faire l’école presqu’aussi glorieuse que le maître. Nous n’irons pas, à pro
pos de Rembrandt, recommencer une biographie dont les détails se trouvent partout; mais voici un renseignement puisé à bonne source , et qui pourrait servir de variante à beaucoup d’historiettes auxquelles a donné lieu l’extrême parcimonie généralement attribuée au grand peintre. En 1G56, Rembrandt, déjà parvenu à l âgé de cinquante ans, se trouva dans la nécessité de vendre sa maison et tout ce
qu’il possédait, afin de satisfaire ses créanciers. Cette vente ne produisit que douze mille florins. Malgré le travail assidu annuel HemhranHl nomcea nnc (fp PP liVTPr incmi’à cnn rlm-.
nier jour, il ne parait pas davantage que sa fortune se soit beaucoup accrue, de sorte que son avarice sera toujours moins avérée que son génie. 11 est vrai que ses contempo
rains lui reprochaient de vendre ses tableaux un peu trop cher; mais, aujourd’hui, que peuvent penser du reproche les acquéreurs de tous ces chefs-d’œuvre, ?
Encore une semaine perdue pour le feuilleton dramatique. Le théâtre fait le mort, et c’est un signe de bonne santé. Réserve faite de la Montansicr, qui ne laisse pas res
pirer son inonde entre deux éclats de rire, l’Odéon est le seul qui ait donné une pièce nouvelle, le Loup dans la ber
gerie, coup d’essai dramatique d’un écrivain distingué, M. Arnould Frémy, dont les lecteurs de l Illustration ont su apprécier le talent. La pièce de M. Arnould Frémy a été très-applaudie ; nous le constatons dès aujourd’hui en at
tendant mieux. M. Tisserand, chargé du principal rôle qu’il remplit avec, une finesse pleine de distinction, aura sa part de nos compliments.
A la Montansier, Ravel est l’ami, le serviteur, et, pour parler comme l affiche, le Chevalier des dames. Ce n’est plus le Monsieur qui suit les femmes outrageusement,
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