Les bains de la Perricholi, à Lima.


de la cofradia jusqu’il ce qu’il puisse se libérer envers elle.
HJSila société blanche au Pérou a conservé l’em
preinte des mœurs de la mère-patrie, celles des Africains y sont aussi fort originales. On peut s’en convaincre en visitant les cofradtas le dimanche.
Durant ce jour consacré au repos par la religion, les esclaves profitent des
heures de loisir que. leur laisse le maître pour bannir de leur pensée, les tristesses et les ennuis de
la vie réelle, et la livrer tout entière aux souvenirs et aux rêves illusoi
res. Reprenant alors le rang qu’ils occupaient dans leur patrie avant que, trahis par le sort des armes, ou victimes de quelque drame ou l a­ mour a joué un rôle ter
rible, ils fussent venus expier sur une terre é- trangëre, l’un sa défaite, l’autre ses doux larcins ; ils deviennent, qui empereur, qui roi, qui prin
ce ou grand de telle ou telle classe. — Des fres
ques grossières peinles sur les murailles des pàt w attestent seules, pendant six jours de la se
maine , les gloires du monarque. Ses batailles, tes chasses, ses aventiiïcs galantes, y soûl re


produites avec un ; pin


ceau qui, à la vérité, n’a lien de la touche des
Wouvermans, des Vander-Meulen ou des Vernet, mais qui atteste suffi
samment combien la fer - tune est capricieuse dans la répartition de ses faveurs , et combien surtout sont vaines et éphé
mères les grandeurs humaines.— Dans ces con
fréries , qui recèlent des membres des diverses so
ciétés africaines, l’intérêt est souvent enchaîné par des récits étranges, mer
veilleux , originaux. Le savant Mandingue, voya
geur, l’homme caucasique de l’Afrique, par exemple, vous révélera des versions oubliées ou inédites du Coran ou de la Bible. - Un jour que je m’étais laissé aller it cet esprit de curiosité, un vieux marabout, sans doute, me raconta de cette façon la dispersion des fils de Noé, dont il faisait un homme de race noire et le père du genre humain : — « Donc le premier homme naquit
noir. Au nombre de trois furent ses fils, qui noirs étaient comme leur père.
Le patriarche, tirant vers sa fin, assembla sa progéniture , et dit : « En
fants, ma vie touche à son terme, et bientôt nous se
rons séparés; l’heure est donc venue de vous ré
véler la merveilleuse puissance d’une citerne que je viens d’ouvrir. Celui de vous qui s’y plon
gera doit en sortir avec une complète transfor
mation. Vous êtes dès ce moment libres d’en faire l’expérience. « Il dit ; les trois frères se consultèrent, et l’aîné, Chain pro
bablement, se décida à vivre sous la même forme et avec la même robe que son père. ·— Sein imita l’exemple de son aîné; mais Japhet, qui déjà


sentait fermenter dans son sein l’audace qu’il a transmise à ses des


Version nègre de ta Genèse. — d’après les dessins de M. Max. Radiguet.