« Il était réservé au Merlin, l homonyme du grand enchanteur, de dévoiler la mèche de cette sorcellerie moscovite.
.1 II y a trois jours, à midi, le Merlin, qui portait l’a miral Penaud, l’amiral Dundas et plusieurs capitaines an
glais et français, appareilla vers Cronstadt, suivi du Draijon, du FirrJhj et du d Assns.
IN ou s longeons d’abord le nord de l’ile, et nous nous approchons à 3,500 mètres environs des bâtiments qui sont mouillés dans le chenal entre Cronstadt et Saint- Pétersbourg. Nous avons compté là quatre vaisseaux de ligne, cinq frégates et deux corvettes, leurs sabords tour
nes vers le passage nord, mouillés le long d’un banc où il y a à peine trois pieds d’eau. A côté d’eux, quatorze canonnières à vapeur, à l’ancre, sous la protection de l’enceinte du port de guerre, v ingt-quatre canonnières à rames rangées sur trois lignes.
« / c Mer in, en arrivant à ce point, bissa très-haut les grandes enseignes de France et d’Angleterre, puis conti
nua sa route et approcha si près des canonnières à vapeur que deux d’entre elles se décidèrent à faire quelques tours de machine en avant, et l’une d’elles envoya un coup de canon, mais le boulet tomba loin de nous.
« Nous continuons notre exploration sans daigner répondre et tout en comptant dix-sept vaisseaux de ligne dans le port militaire, dont quatre matés et gréés, et les autres en armement.
« Entre ce port et le fort deKronslotf, il y avait, au moment de notre visite, dix steamers de divers rangs et quel
ques-uns à hélice ; puis entre Kronslotf et le fort MentschikofT, deux trois-ponts sont mouillés, l’avant de l’un
touchant l’avant de l’autre, et leurs batteries dirigées de manière à commander l’entrée ; l’ile paraissait pleine de sol
Le général Yermoloff, ex-commandant des milices russes.
dats; on distinguait, à l’œil nu, d’énormes travaux en terre, faisant une chaîne non interrompue, depuis la maison du gouverneur jusqu’à l’ancienne batterie de Kessel).
« Après avoir tout vu, tout inspecté, les amiraux donnent le signal du retour, et le Merlin décrit une courbe gracieuse, en tournant l’arrière à Cronstadt ; mais a peine avions-nous marché quelque temps, et nous allions a la vitesse de sept à huit nœuds à l’heure, qu’une terrible se
cousse se fait sentir à bord, accompagnée d’une détonation sous-marine. Notre petit ship ébraidé, comme wr un horrible tremblement de mer, se cabre sur lui-méme et semble vouloir s’enfoncer dans l’abîme entr’ouvert sous sa quille ; puis, un instant après, autre détonation et nouvelle secousse, encore plus forte que la première.
« On se tàte, on regarde autour de soi ; rien de mal ne nous était advenu, l- Merlin avait repris sa route. Les deux amiraux dont la présence d’esprit a été remarquée dans cet instant suprême, ont, aussitôt les secousses pas
sées, donné un coup d’œil à leur bâtiment, et, cette rapide inspection faite, nous avons entendu l’amiral Penaud dire avec un llegrnc presque britannique à son collègue Dun
das : « AU is weU.!« — « Oui, tout va bien ! »a répondu l’amiral Dundas en serrant vigoureusement la main de son
brave partner, comme >our s’entre-féliciter d’être sortis si heureusement d’une ]>asse qui pouvait être si fatale a tous deux.
« Pendant ce temps ’e Firejly, qui se trouvait à côté du Merlin,subissait avec la même chance une épreuve ana
logue et sans avarie grave. Nous l’avons vu sauter sur lui-même comme une carpe et nous avons cru le voir sombrer, puis il leprenait sa route comme nous.
« A bord du Merlin, nous n’avons que peu de dégâts : la vaisselle des mécaniciens est en morceaux, et ils en fai
Milice nationale mobile.
Uniformes des nouvelles milices russes.Tirailleurs de la famille Impériale.
saient ce matin des castagnettes avec lesquelles ils accompagnaient l’un d’eux qui, sur le gaillard d avant, entonnait une chanson joviale; enfin une énorme caisse de suif qui pesait au moins 300 kil. et était fortement cramponnée dans i i batterie avec de solides garants, a été soulevée comme une plume et a bondi comme une balle.
« Nous voilà maintenant prév enus, et nous ne marcherons plus que la sonde à la main. Cela me fait espérer que Jacobi et ses machines ont manqué leur coup.
« Rien de nouveau par ailleurs. Nous nous exerçons sur les deux (lottes au tir du canon, du fusil. L’amiral Pénaud paraît content des résultats constatés entre les exercices précédents et ceux d’hier. I.e Tmirville et l Aiis e.’ Itlz o it eu les honneurs des derniers tirs, de l’avis même de nos alliés.
« Vous avez sans doute tous les détails de l’horrible boucherie d’Hango. Je ne vous en parle pas. Le lieutenant Geneste a été, sur notre escadre, l’objet des regrets les plus sympathiques, ainsi que cet excellent docteur Easton. Es
pérons que nous pourrons tirer vengeance de ces crimes atroces. Gide.
La milice de Saint-Pétersbourg.
On nous a adressé de Saint-Pétersbourg les dessins qui accompagnent les dispositions ordonnées par l’Empereur au sujet de la milice. On sait que le général Yermolotl, qui avait été nommé général en chef de cette milice, a ensuite donné sa démission :
n Pour faciliter l’exécution de la levée extraordinaire des contribuables des v illes et des paysans appartenant « à des particuliers, ordonnée par le manifeste du 24 avril « de cette année, on admet 1rs modifications suivantes à « ( l’usage ordinaire : dans les localités où les recrues doi
« vent être tirées au sort, ou doit comprendre dans le « tirage, pour décharger les classes moins âgées, un cer
Milice maritime.
tain nombre d’hommes d’un âge supérieur, jusqu à la Jrlasse de 35 ans, nombre déterminé par les commissions u locales.
En outre, on comprendra dans le tirage les hommes de toutes les classes qui avaient été exemptés dans les
lirages antérieurs parce qu’ils avaient un icre ou un « frère sous les drapeaux, ou pour d’autres motifs de
même nature. Dans la levée de l année passée, quelque
rigoureuse qu’elle fût, on avait respecté res motifs n d’exemption. Dans les villes, bourgs ou localités où la « levée ne se fait pas par voie de tirage, mais par séries, ou « prendra, pour compléter le, nombre nécessaire, jusqu’aux « hommes île 37 ans.
« Les commissions de recrutement sont également autorisées à introduire dans ces localités un tirage au sort
i et à former des séries spéciales de recrutement, comi posées des familles qui ne comptent que deux lils, qui devront également marcher dans les villes ou localités i où cela sera nécessaire. En cas de nécessité, on formera, en outre, deux nouvelles commissions de recrutement « en plus des quatre commissions ordinaires qui subsis
tent dans chaque gouv ernement pour activer l’opéra« tion. »
« Par suite de ces mesures, il n’est aucun indiv idu de l âge de 20 à 37 ans qui puisse échapper à la conscription, à moins qu’il ne soit infirme ou d’une taille extraordinai
rement petite ; ni la qualité de fils unique, ni celle de père de famille, ne constituent des motifs d’exemption. Ces mesures extrêmes n’ont été prises, évidemment, que (larce qu’on y était absolument réduit.
« Le gouvernement a dù se faire, effectivement, adresser des rapports détaillés, les autorités des provinces ayant déclaré, quand elles eurent reçu le manifeste du 24 avril, qu’il était impossible de trouver le nom re d’hommes exigé. Dans le gouvernement d’Ekaterinoslaw, il a fallu même ajourner au mois de septembre le-recrutement qui devait avoir lieu actuellement. »
.1 II y a trois jours, à midi, le Merlin, qui portait l’a miral Penaud, l’amiral Dundas et plusieurs capitaines an
glais et français, appareilla vers Cronstadt, suivi du Draijon, du FirrJhj et du d Assns.
IN ou s longeons d’abord le nord de l’ile, et nous nous approchons à 3,500 mètres environs des bâtiments qui sont mouillés dans le chenal entre Cronstadt et Saint- Pétersbourg. Nous avons compté là quatre vaisseaux de ligne, cinq frégates et deux corvettes, leurs sabords tour
nes vers le passage nord, mouillés le long d’un banc où il y a à peine trois pieds d’eau. A côté d’eux, quatorze canonnières à vapeur, à l’ancre, sous la protection de l’enceinte du port de guerre, v ingt-quatre canonnières à rames rangées sur trois lignes.
« / c Mer in, en arrivant à ce point, bissa très-haut les grandes enseignes de France et d’Angleterre, puis conti
nua sa route et approcha si près des canonnières à vapeur que deux d’entre elles se décidèrent à faire quelques tours de machine en avant, et l’une d’elles envoya un coup de canon, mais le boulet tomba loin de nous.
« Nous continuons notre exploration sans daigner répondre et tout en comptant dix-sept vaisseaux de ligne dans le port militaire, dont quatre matés et gréés, et les autres en armement.
« Entre ce port et le fort deKronslotf, il y avait, au moment de notre visite, dix steamers de divers rangs et quel
ques-uns à hélice ; puis entre Kronslotf et le fort MentschikofT, deux trois-ponts sont mouillés, l’avant de l’un
touchant l’avant de l’autre, et leurs batteries dirigées de manière à commander l’entrée ; l’ile paraissait pleine de sol
Le général Yermoloff, ex-commandant des milices russes.
dats; on distinguait, à l’œil nu, d’énormes travaux en terre, faisant une chaîne non interrompue, depuis la maison du gouverneur jusqu’à l’ancienne batterie de Kessel).
« Après avoir tout vu, tout inspecté, les amiraux donnent le signal du retour, et le Merlin décrit une courbe gracieuse, en tournant l’arrière à Cronstadt ; mais a peine avions-nous marché quelque temps, et nous allions a la vitesse de sept à huit nœuds à l’heure, qu’une terrible se
cousse se fait sentir à bord, accompagnée d’une détonation sous-marine. Notre petit ship ébraidé, comme wr un horrible tremblement de mer, se cabre sur lui-méme et semble vouloir s’enfoncer dans l’abîme entr’ouvert sous sa quille ; puis, un instant après, autre détonation et nouvelle secousse, encore plus forte que la première.
« On se tàte, on regarde autour de soi ; rien de mal ne nous était advenu, l- Merlin avait repris sa route. Les deux amiraux dont la présence d’esprit a été remarquée dans cet instant suprême, ont, aussitôt les secousses pas
sées, donné un coup d’œil à leur bâtiment, et, cette rapide inspection faite, nous avons entendu l’amiral Penaud dire avec un llegrnc presque britannique à son collègue Dun
das : « AU is weU.!« — « Oui, tout va bien ! »a répondu l’amiral Dundas en serrant vigoureusement la main de son
brave partner, comme >our s’entre-féliciter d’être sortis si heureusement d’une ]>asse qui pouvait être si fatale a tous deux.
« Pendant ce temps ’e Firejly, qui se trouvait à côté du Merlin,subissait avec la même chance une épreuve ana
logue et sans avarie grave. Nous l’avons vu sauter sur lui-même comme une carpe et nous avons cru le voir sombrer, puis il leprenait sa route comme nous.
« A bord du Merlin, nous n’avons que peu de dégâts : la vaisselle des mécaniciens est en morceaux, et ils en fai
Milice nationale mobile.
Uniformes des nouvelles milices russes.Tirailleurs de la famille Impériale.
saient ce matin des castagnettes avec lesquelles ils accompagnaient l’un d’eux qui, sur le gaillard d avant, entonnait une chanson joviale; enfin une énorme caisse de suif qui pesait au moins 300 kil. et était fortement cramponnée dans i i batterie avec de solides garants, a été soulevée comme une plume et a bondi comme une balle.
« Nous voilà maintenant prév enus, et nous ne marcherons plus que la sonde à la main. Cela me fait espérer que Jacobi et ses machines ont manqué leur coup.
« Rien de nouveau par ailleurs. Nous nous exerçons sur les deux (lottes au tir du canon, du fusil. L’amiral Pénaud paraît content des résultats constatés entre les exercices précédents et ceux d’hier. I.e Tmirville et l Aiis e.’ Itlz o it eu les honneurs des derniers tirs, de l’avis même de nos alliés.
« Vous avez sans doute tous les détails de l’horrible boucherie d’Hango. Je ne vous en parle pas. Le lieutenant Geneste a été, sur notre escadre, l’objet des regrets les plus sympathiques, ainsi que cet excellent docteur Easton. Es
pérons que nous pourrons tirer vengeance de ces crimes atroces. Gide.
La milice de Saint-Pétersbourg.
On nous a adressé de Saint-Pétersbourg les dessins qui accompagnent les dispositions ordonnées par l’Empereur au sujet de la milice. On sait que le général Yermolotl, qui avait été nommé général en chef de cette milice, a ensuite donné sa démission :
n Pour faciliter l’exécution de la levée extraordinaire des contribuables des v illes et des paysans appartenant « à des particuliers, ordonnée par le manifeste du 24 avril « de cette année, on admet 1rs modifications suivantes à « ( l’usage ordinaire : dans les localités où les recrues doi
« vent être tirées au sort, ou doit comprendre dans le « tirage, pour décharger les classes moins âgées, un cer
Milice maritime.
tain nombre d’hommes d’un âge supérieur, jusqu à la Jrlasse de 35 ans, nombre déterminé par les commissions u locales.
En outre, on comprendra dans le tirage les hommes de toutes les classes qui avaient été exemptés dans les
lirages antérieurs parce qu’ils avaient un icre ou un « frère sous les drapeaux, ou pour d’autres motifs de
même nature. Dans la levée de l année passée, quelque
rigoureuse qu’elle fût, on avait respecté res motifs n d’exemption. Dans les villes, bourgs ou localités où la « levée ne se fait pas par voie de tirage, mais par séries, ou « prendra, pour compléter le, nombre nécessaire, jusqu’aux « hommes île 37 ans.
« Les commissions de recrutement sont également autorisées à introduire dans ces localités un tirage au sort
i et à former des séries spéciales de recrutement, comi posées des familles qui ne comptent que deux lils, qui devront également marcher dans les villes ou localités i où cela sera nécessaire. En cas de nécessité, on formera, en outre, deux nouvelles commissions de recrutement « en plus des quatre commissions ordinaires qui subsis
tent dans chaque gouv ernement pour activer l’opéra« tion. »
« Par suite de ces mesures, il n’est aucun indiv idu de l âge de 20 à 37 ans qui puisse échapper à la conscription, à moins qu’il ne soit infirme ou d’une taille extraordinai
rement petite ; ni la qualité de fils unique, ni celle de père de famille, ne constituent des motifs d’exemption. Ces mesures extrêmes n’ont été prises, évidemment, que (larce qu’on y était absolument réduit.
« Le gouvernement a dù se faire, effectivement, adresser des rapports détaillés, les autorités des provinces ayant déclaré, quand elles eurent reçu le manifeste du 24 avril, qu’il était impossible de trouver le nom re d’hommes exigé. Dans le gouvernement d’Ekaterinoslaw, il a fallu même ajourner au mois de septembre le-recrutement qui devait avoir lieu actuellement. »