Moench, etc. — Croquis et tableaux ; Greuze et Poussin. —Le Pilori, tableau de M. Glaize ; la Flagellation, par M. H. Lehman; Graziella, par M. R. Lehman. — Les instruments de musique de M. Gautrot : l é­
tablissement; l’atelier des facteurs; les magasins; la fabrication. — Le peintre allemandRichter, son graveur et son éditeur; spécimens divers de ses compositions populaires — La peinture réaliste de M, Courbet ; caricatures par Quillenbois. — La statue du général Rapp, par M. Ber
tholdi. — Procession du Grand-Pardon, à Chaumont. — Exposition des produits de l Algérie. — Vue d’une partie du transept. — Vues diverses du château de Vincennes ; neuf gravures. — Le bombyx du chêne. — Rébus.
Histoire de la semaine.
A peine avons-nous eu le temps et la place nécessaires, la semaine dernière, pour mentionner les nouvelles de la Bal
tique publiées par le Moniteur et les journaux anglais. Ces nouvelles, da.ées des premiers jours de juillet, annonçaient que les bâtiments à vapeur anglais font une chasse assez fructueuse aux bateaux russes qui cherchent à s’introduire à Cronstadt. Un seul bâtiment, la Magicienne, a capturé et coulé un certain nombre de navires chargés de granit.
Le 29 juin, un bâtiment parlementaire, sorti de Cronstadt, a apporté aux amiraux des flottes alliées une notification du prince Dolgorouki, ministre de la guerre, indiquant certaines règles pour les communications entre les belligérants, et portant que les parlementaires ne seraient plus reçus à l’a­
venir que sur trois points, à Cronstadt, à Sweaborg et à Ilevel.
Les amiraux des puissances alliées protestent, dans leurs accusés de réception, contre ces restrictions apportées aux communications parlementaires, estiment qu’elles aggra
vent virtuellement les maux de ia guerre, et rejettent sur qui de droit la responsabilité de cette aggravation.
Depuis la dépêche du général Pélissier, que nous avons mentionnée dans notre dernier numéro, il en est arrivé d’autres qui, sans annoncer rien de décisif ni de prochain, sont pourtant rassurantes en ce qui touche la continuation des travaux d’approche. La dépêche en daté du 12 porte que les troupes se consolident dans leurs nouveaux chemine
ments et que la construction des batteries du Carénage se poursuivait activement. Un déserteur arrivé au camp avait annoncé la mort de l’amiral Nachimoff, tué, la veille, d’une balle au front dans le bastion Central. Cette nouvelle n’est pas encore confirmée au moment où nous écrivons.
Une autre dépêche du général Pélissier, insérée mardi au Moniteur, annonce que nos troupes ont remporté, dans la nuit du 14 au 15, un avantage du côté de la tour MalakofT. Les Russes, qui avaient tenté une sortie pour en
lever une embuscade, ont été repoussés. Notre perte a été de neuf tués et de onze blessés, dont le capitaine Catel, des zouaves de la garde.
Les correspondances de Sébastopol, arrivées par le dernier paquebot de Constantinople, sont en date du 2 juillet.
Elles sont presque exclusivement consacrées à l’historique des derniers moments de lord Raglan. Nous remarquons dans celle que publie le Constitutionnel, le détail suivant :
« C’était chez lord Raglan que se passaient toutes les entrevues, car le quartier général français n’offrait que des abris en toile. Les soldats ont donné un surnom à ces en
trevues fréquentes que nécessitent les éléments si divers dont se composent les armées alliées, fis appellent les con
férences les circonférences, et ce mot seul peint mieux que de longs discours une des plus grosses difficultés de la situation. La multiplicité des chefs turcs, français, sardes, anglais, c’est presque la confusion des langues. La tradi
tion, il est vrai, rapporte, dit-on, que la Crimée est voisine de la terre où fut élevée la tour de Babel. »
Une correspondance de Balaklava, 30 juin , publiée par le Journal de Constantinople, fait remarquer que lord
Raglan est le vingt-deuxième des Officiers généraux anglais qui, depuis le commencement de la guerre, pour cause de décès, de blessure ou de maladie, ont cessé de faire ‘partie de l’armée S’Orient.
Voici en quels termes on célèbre à Saint-Pétersbourg le combat du 18 juin. L’histoire ne manquera pas de recher
cher la vérité entre des récits qui sont loin d’être -d’accord sur les circonstances et les résultats :
« On a reçu, dit le Jourriùl de iSàint-vétersbour(f, dé l’aide de camp -général -prinëè Uortsehakoff le jdiirtial du 16 au 29 juin, qui contient des données complémentaires sur la manière brillante dont l’assâul dejSébastopol a été re
poussé, ainsi que des détails sur les ‘travaux ultérieurs de l’assiégeant et sur les mesures prisés ipâr nous pour y résister.
« En raison du nombre considérable dès troupes mrsés en ligne par l’ennemi, de l’impétuosité de -son attaque et de l opiniâtreté du combat, la journée du 18 juin peut être,
pour la garnison de Sébastopol, mise au rang des faits les plus héroïques -de nos annales militaires. Dès la pointe du jour, au milieu de la canonnade la plus étourdissante, Tennemi s’ébranla pourl’assaut, diins le ferme espoir, à ce qu’il
paraît, que la canonnade de la veille avait fait brèche à nos ouvrages et les avait rendus accessibles. Sa chaîne épaisse; embrassait une étendue àe1 quatre verstès, et derrière éllè marchaient des colonnes soutenues par de fortes réserves : c’est dans col ordre que l assaillant se précipita sur lès fortifications‘etengagea la lutte la plus sanglante.
« Le sang-froid et les talents militaires du lieulëmmi général Khroùleff, la fermeté de ses aidés immédiats, le contre-amiral Panfiloff et le général-major prince Ouroussoff, de même que la haute abnégation de tous ceux qui prirent part à cette affaire, depuis le général jusqu’au der
nier soldat, rendirent vains les efforts opiniâtres de l’ennemi.
Les valeureuses troupes de Sébastopol avaient réussi, dans la nuit du 17 au 18 juin, à réparer, sous le feu le plus vif,
tous les dommages, et pendant l’assaut, après avoir repoussé tes attaques désespérées des assaillants, elles en poursuivirent quelques détachements jusqu’à ses tranchées.
« En conséquence, les alliés se voient contraints de continuel- le siège; mais il leur prendra encore sans aucun doute beaucoup de temps et leur coûtera de nouveau d’immenses sacrifices.
L’opiniâtreté et ia durée de l’assaut, pendant lequel les masses ennemies durent s’avancer sous le feu meurtrier de la mitraille, ne peuvent manquer d’avoir occasionné de grandes pertes dans leurs rangs. S’il faut en croire les dé
serteurs, les Français auraient eu dix mille hommes hors de combat, tant tués que blessés; au nombre des morts, il citent les généraux Mayran, Brunet et Voran; d’après leurs rapports, les Anglais auraient perdu 3,500 hommes, parmi lesquels les généraux Colin, Campbell et York, morts de leurs blessures, et un grand nombre d’officiers de fous grades.
« De plus, parmi les 600 prisonniers que nous avons faits, el dont 300 blessés, il y avait un officier supérieur, 11 officiers subalternes français, et l’officier supérieur anglais.
« De noire côté, outre les officiers nommés dans le rapport du 19 juin, nous avons à regretter la mort du brave capitaine en second Ostrovsky, commandant la 5e compa
gnie du régiment d’infanterie de Sèvsk, qui, à la tête de sa compagnie, avait chargé avec tant d’impétuosité l’ennemi qui avait pénétré dans la batterie Gervais, et les officiers dont les noms suivent ont été blessés, savoir : Je capitaine
de vaisseau Kilinsky, aide de camp de l’empereur; le major Roudanovski, du régiment d’infanterie Minsk; le lieutenantcolonel Nikitine, du régiment de chasseurs d’Odessa, et le
lieutenant-colonel prince Bagration, du régiment d’infantede Yélets.
« Depuis leur échec, les alliés ont continué les travaux de siège ci-après : du 19 au 27 juin, ils ont prolongé les appro
ches contre le cimetière, le bastion n 5 et la redoute Schwartz, réuni par une. tranchée les redoutes de Sélinghinsk et de Volhynie, poussé en avant un cheminement partant de la lunette de Kamtchatka, et construit une bat
terie à gauche de la redoute de Sélinghinsk, sur le versant descendant vers la baie ; mais tous ces ouvrages sont telle
ment entravés par le feu bien dirigé de notre artillerie, que la tentative de l’ennemi d’ouvrir le 22 juin une tranchée contre le Péressyp a été complètement arrêtée par nos batteries les plus voisines, et n’a pas été renouvelée depuis.
« Contre le bastion n° 4, l’ennemi agit par des fougassespierres et des explosions de mines ; les premières toutefois ne nous font aucun mal, et contre les dernières nous employons avec succès les camouflets.
« Depuis le 19 juin, le feu de l’assiégeant a commencé à faiblir peu à peu et notre perte diminue; le 19, la garnison de Sébastopol avait compté 62 hommes tués et 292 blessés; depuis, jusqu’au 23, elle n’a eu que 7 hommes tués et 27 blessés; au nombre de ces derniers, nous avons malheu
reusement à regretter le général-major de Tolleben, de la suite de S. M. l’empereur, qui a eu le mollet traversé d’un coup de feu le 20, ce qui ne l’empêche pas de continuer à diriger, comme par le passé,, les travaux de défense.
« Pendant cet,espace de. temps, nous nous sommes principalement occupés à déblayer nos fossés, à allonger les faces et élever les remblais des flancs de plusieurs ouvrages.
« Quoique, par suite des chaleurs ardentes qui durent depuis plus d’un mois, le sol soit complètement durci, ce qui rend les travaux d’une difficulté extraordinaire, la gar
nison de Sébastopol, grâce au zèle inouï qu’elle déploie, a réussi à repayer tous nos ouvrages et préparer de nouveaux moyens pour lès défendre avec ia plus grande opiniâtreté. »
On a remarqué, au commencement de cette semaine, la nouvelle d une ‘demande adressée à Vienne par le maréchal Radetzki, pain- renforcer de 40,000 hommes les garnisons
de Milan, Vérone, Venise et autres villes italiennes. Les journaux allemands ont donné à penser que l’Autriche avait en effet de grandes inquiétudes de ce côté, et que les troubles dont on a parlé ont été plus graves qu il n a semblé par les récits des journaux officiels.
On a beaucoup parlé d’une déclaration faite à la diète de Francfort par F Autriche, à la suite de la rupture des conférences (le Vienne. Çindépendance belge publie une tra
duction de celle déclaration, qui lui a été transmise par son correspondant à Francfort.
Dans cette pièce, F Autriche S’attache à établir que, sauf une question d’application, en ce qui concerne le troisième point, divergence qui ne, touche nullement aux principes, l’accord entre elle cl les puissances occidentales n’a jamais été troublé. Elle ajoute qu’en présence de cette diver
gence, elle n’a pas cru qu’il fût de son intérêt de prendre tes armes pour l’interprétalion que la France et l’Angleterre donnaient au troisième point, mais que ces deux puissances, en agissant autrement, ont usé de, leur droit. Enfin, elle déclare qu’une paix qui n’assurerait pas l’exécution des qua
tre points de garantie lui {paraîtrait inacceptable, et que ses troupes resteront dans les principautés jusqu’à la conclusion de la paix.
La Gazette de / os s confirme une nouvelle, donnée la veille par ta Gazette (tu tCeser, d’une circulaire, adressée par M. le comte Walewski aux légations de France, pour leur annoncer que le gouvernement français ne se lient plus pour lié aux quatre points.
On a des nouvelles de Kamiesh jusqu’au 5 juillet. A cette date, 30,000 hommes étaient occupés à des travaux de fortification. On parlait toujours d’une expédition des alliés contre. Pérécop et Odessa.
Les nouvelles d’Asie sont, moins favorables; la position de Kars, entre autres, inspire de sérieuses inquiétudes.


On écrit d’Alexanrlropol au journal russe le Caucase .


« La campagne de 1855 a commencé. Le corps mobile a passé l’Arpatchai. Pendant ces deux années, la colonie d’A- lexandropol s’est transformée en un corps menaçant, et le repos des derniers mois a fortifié les régiments qui se sont réunis pleins de confiance, le 5 juin, sur l’Arpatchai, pour former le corps d’opérations. Déjà, antérieurement, les gé
néraux Kowalewski et Baclanow avaient fait des démonstrations contre Kars, et les Turcs avaient abandonné, sans tirer un coup de fusil, la forteresse d’Ardaghau. Le là juin, le comte Nirod opéra une reconnaissance contre Kars, oii les Turcs se sont fortifiés.
« Une position occupée par deux escadrons de uhlans turcs et 400 bachi-bouzoucks fut attaquée par quatre esca
drons de dragons, 400 Cosaques et deux pièces d’artillerie. Les Turcs furent contraints d’évacuer cette position, en laissant onze morts. Parmi les Russes, il n’y eut pas de
morts. On mande de Tiflis que la brigade de réserve de la 21e division d’infanterie, les sixièmes bataillons de réserve, prince de Varsovie et Samur, commandés par le colonel Chomentowski, et la 9e batterie de réserve, sont arrivés dans cette ville. L’état-major de la brigade de réserve avait quitté Tiflis pour se rendre à Manalia. »
Dans sa séance de lundi, la chambre des communes a entendu le développement de la molion de M. Bulwer-Lytton. Beaucoup de bruit et point de besogne. Le ministère reste, à l’exception peut-être de lord John Russell, dont la démission a été acceptée.
Il y a eu encore quelques troubles dimanche dernier à Hyde-Parck ; mais ces troubles sont loin d’avoir eu l’importance de ceux des deux dimanches précédents. Le Ti
mes dit que « le nouvel ambassadeur de France (M. de Pér
il signy) a eu l’occasion de voir comment on opérait à Lou« dres contre lesémeutiers de la rue. » La population, à ce qu’il paraît, a prêté un vigoureux concours à la police.
Le duc de Cambridge retourne en Crimée, où il doit commander la légion étrangère. On lit dans la Epoca :
v nier, il a circulé à Madrid des nouvelles très-favorables sur la situation des choses en Catalogne. D’après des dépê
ches télégraphiques arrivées de Perpignan, on disait que Marsal avait été tué en cherchant à franchir les crêtes des Pyrénées ; qu’à l’arrivée à Barcelone, du colonel Sarabria,
porteur du manifeste du duc de la Vieloire, les chefs des ouvriers ameutés avaient eux-mêmes livré aux autorités les assassins des fabricants de Sanz et d’Igualda, et enfin que les ouvriers étaient retournés dans leurs ateliers. Malheu
reusement la Gazette n’a pas encore confirmé ces bonnes nouvelles. »
La Gazette de Madrid est, en effet, bien foin de confirmer ces nouvelles. Suivant elle, Barcelone est toujours dans le même état; les ateliers sont ouverts, mais les ouvriers ne travaillent pas. Tout son espoir est dans les troupes qui commencent à arriver et dans l’énergie des autorités.
Un décret promulgué dans le Moniteur du 15 détermine les conditions de l’emprunt des 750 millions et du capital supplémentaire destiné à faciliter, s’il y a lieu, la liquidation des souscriptions, et à couvrir les frais d’escompte ré
sultant des anticipations de payement, fl faut voir la foule des souscripteurs passant la nuit sous les galeries du minis
tère des finances pour être servie le lendemain. II n y en aura pas pour tout le monde.
L emprunt, en principal et accessoire, pourra, comme les deux précédents, être souscrit en rente 4 et demi ou en rente 3 pour 100, au choix des souscripteurs.
La rente à et demi pour 100 sera émise au taux de 92 fr. 25 c. avec jouissance du 22 mars 1855;
La rente 3 pour 100 sera émise au taux de 65 fr. 25 c. avec jouissance du 22 juin 1855.
Aux termes d’un arrêté ministériel annexé au décret, la souscription restera ouverte du 18 au 29 juillet courant, y compris les dimanches 22 et 29; elle sera ouverte le 18 à neuf heures du matin et close le 29 à cinq heures du soir.
Il ne sera admis de souscription que pour 10 fr. de rente et les multiples de 10 fr. Si le montant des souscriptions excède la somme de 750 millions, augmentée du capital supplémentaire nécessaire pour faciliter la liquidation et cou
vrir les frais d’escompte, capital dont le maximum est fixé à 30 millions par la loi du 11 juillet courant, elles seront soumises à une réduction proportionnelle. Toutefois les souscriptions qui ne dépasseront pas 50 francs de rente ne. subiront pas de réduction.
Le. payement des souscriptions s’effectuera : un dixième en souscrivant et le reste en 18 termes égaux, payables le 7 de chaque mois, du 7 septembre 1855 au 7 février 1857 inclusivement-.
Les payements par anticipation seront admis de droit par le Trésor, avec escompte au taux de à pour 100 Fan, pour toutes les souscriptions qui ne. dépasseront pas 1,000 francs de rente; la même faculté d escompte pourra être ultérieu


rement accordée pour les souscriptions au-dessus de cette dernière somme.


Nous publions plus loin , en entier, le décret, le règlement cpii y est annexé, et le rapport de M. le ministre des finances sur lequel il a été rendu.
Le Moniteur a promulgué, en outre, la loi relative : 1 il l’élévation du droit de consommation sur l’alcool ; 2“ à l’é- lévalion de l’impôt sur le prix des places des voyageurs transportés par les chemins de fer, et à la perception du dixième sur le prix des marchandises transportées à grande vitesse ; 3“ à la perception temporaire d’un nouveau décime de guerre, votée le vendredi précédent par le Corps législatif et approuvée, le lendemain par le Sénat.
Un décret promulgué à la suite de cette loi dispose qu’elle sera publiée conformément aux dispositions de l’art,
à de la loi du 27 novembre 1816, et de la loi du 18 janvier 1817.
L’art, à de la loi du 27 novembre 1816 est ainsi conçu : « \rt. à. Néanmoins, dans les cas et les lieux où nous jugerons convenable de bâter l’exécution, les lois et or
donnances seront censées publiées et seront exécutoires du jour qu’elles seront parvenues au préfet, qui en constatera la réception sur un registre. »


L’ordonnance du 18 janvier 1817 dispose ainsi :


« Art. 1 . Dans les cas prévus par Fart, h de notre or