riens sont les deux suivants : Départ du jeune Tobie, emmené par l ange Raphaël (salon de 1835). — Le jeune Tobie obtient de Raguel ta main de sa fille Sarah (salon de 1837), ouvrages conçus dans un sentiment gra
cieux , et dont le succès ouvrit la porte à ces illustrations enjolivées de la Bible , qui continuent encore de nos jours a avoir de la vogue auprès d’un certain public et ne pou
vaient réussir qu’en France, dans un pays où on ne la lit pas. L’intérêt que M. Lehmann a répandu dans ces deux sujets n’est pas en contradiction ouverte avec le caractère biblique. 11 y a, sans doute, plus que l’histoire ne le com
porte, un charme virginal dans l’attitude de la jeune Sarah, abandonnant sa main à Tobie; mais il ne fallait rien moins que sa beauté pour expliquer la demande opiniâtre faite successivement de sa main par ses sept premiers maris, que le démon avait tués la première nuit de leurs noces et qui n’avaient pas comme Tobie, venant en huitième rang, du foie de poisson à faire griller pour conjurer le malin.
Dans ces premières inspirations, le talent de M. Lehmann montre un accord entre la ligne et la couleur que l’élève de M. Ingres répudie plus tard, suivant qu’il désire ma
nifester plus particulièrement l’une ou l’autre de ces deux qualités. La Flagellation (salon de 1842) et le Jérémie (salon de 1843) appartiennent à un style plus élevé et plus sévère. L’absolutisme du maître se reproduit dans la flagella
tion, où la science anatomique trahit ses prétentions, mi les figures des bourreaux ont une énergie d’expression par
fois grimaçante, où il se trouve quelques erreurs de goût,
mais qui restera comme une des œuvres les plus puissantes de l’artiste. Ici, dans sa préoccupation du dessin, son sen
timent de coloriste disparait, et les tons froids et bleuâtres des fonds et de plusieurs figures contrastent, avec la vi
gueur de chaudes carnations sur d’autres points. — Le tableau de Jérémie prophétisant les malheurs de Jérusalems tandis que son disciple Baruch recueille les paroles et leécrits sous sa dictée, a un caractère énergique et unevi
gueur saisissante de style peu ordinaire chez l’artiste. La pose du prophète est belle et menaçante. L’ange qui lui
souffle la colère céleste a une expression trop nerveuse, et les tons blafards de sa carnation contrastent avec les tons olivâtres des carnations des deux prophètes. Ni le ciel ni le sol ne donnent l’idée de la .Judée. Malgré le mérite de cette œuvre, on y sent quelque chose de laborieux, détendu,
qui nuit à l’impression qu’elle devrait produire. M. Henri Lehmann semble forcer sa manière et se roidir outre nature pour atteindre à ces âpres sévérités. Avant tout, l’œu
vre de l’artiste doit être un acte de foi ; à ce titre, elle s’impose et enlève. Autrement elle suscite le doute, et la confiance ne s’établit pas intime entre le spectateur et lui.
— A la même époque où M. Lehmann exécutait ces peintures de style, tribut payé .à l’absolutisme de M. Ingres, il avait des retours vers la couleur, ainsi que l’atteste sa Mariuccia (salon de 1842), figure de jeune paysanne italienne, étude superficielle mais gracieuse, dans un système suivi avec succès.par son frère M. Rodolphe Lehmann. —U Assomp
tion (salon de 1850-51), sans grand caractère, a de l’unité d’aspect et respire un sentiment plus religieux que d’autres ouvrages plus récents. Celte peinture, d’un ton gris—bleuâ
tre, a une harmonie qui ne se retrouve pas dans la Pietn, composition plus austère, exposée la même année, et où les clairs et les tons noirs contrastent fortement. U. Leh


mann avait encore exposé au même salon son tableau des


Océanides. Nous ne répéterons pas les observations que nous avons déjà faites, ni sur cet ouvrage (,Illustration, 15 février 1851), ni sur les figures A Harnlet et d’Ophelia
(Illustration, 25 mars 1846), où sa peinture se présentait sous un aspect tout nouveau; où, rompant avec les traditions d’école, lui aussi il cherchait sa voie à travers les inquiètes tentatives de l’art contemporain. — Dans ses ta
bleaux récents: T Enfant Jésus et les Mages en adoration, M. Henri Lehmann revient à ses préoccupations de coloriste, visant à l’éclat de là lumière et aux vives couleurs. Mais tandis qu’il exagère la splendeur de l’aspect, le style s’a­ baisse et perd de sa dignité ; ces défauts deviennent particulièrement sensibles dans son tableau intitulé : le Lai d’A­
ristote, représentant une belle jeune Indienne chevauchant sur le dos du philosophe amoureux (conte ridicule du moyen âge), et l’amenant au pied d’Alexandre qu’il avait voulu détacher d’elle par ses sages conseils. Le peintre a encore quelques autres petites toiles sur des sujets gracieux et plusieurs portraits de femmes remarquables, parmi les
quels se distingue particulièrement celui de madame Henri Lehmann. Ces diverses peintures, quel que soit leur mérite,
doivent être, h notre avis, considérées comme une série d’études et de tentatives dans des voies diverses. Les oscillations y sont manifestes; et il ne s’en dégage pas encore une originalité puissante , comme il semble qu on de
vrait l’attendre dorénavant de. la réunion des qualités possédées par cet artiste dans la force de l’âge. Jl est juste de rappeler d’ailleurs que M. Henri Lehmann a déjà exécuté plu
sieurs grands travaux importants de décoration monumen
tale, tels que la série de sujets de la grande galerie de l’Hôtel de ville; qu’il a été chargé de l’exécution des deux hémi


cycles de la nouvelle galerie du trône du sénat; il termine,


en outre, en ce moment, des cartons pour le Iranssept de l’église de Sa;nte-Clotilde.
M. Itonoi.PHELehmann, frère du précédent, a exposé trois figures réussies, bien connues, d’un style gracieux et d’un • chaud coloris : Pèlerine des Abruzzes dans la lamnagne de Rome (salon de 1845) ; — Pileuse (salon de 1842); — Vanneuse (salon de 1845). — Nous donnons la gravure de sa jolie composition de Grazieda, destinée également à la popularité; harmonieuse de disposition, douce d’aspect, mais réfléchissant le sentiment conventionnel du roman qui l’a inspirée, et plus coquette que vraie. On peut y louer cependant le caractère vrai de la vieille femme du pêcheur.
VI. IIjppolyte FLANDniivest, disions-nous, la continuation
la plus pure de l’école de VI. Ingres. C’est un talent sérieux,
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