universelle; à cette dernière il n’a que onze ouvrages ; il en a quarante à son exposi
tion particulière. Sur la porte de cette galerie, où l’on entre moyennant une rétribu


tion de cinquante centimes,


sont écrits en grosses lettres ces mots : i.e Réalisme. Ce
pendant l’artiste, tout en les prenant pour enseigne, les conteste. « Sans m’expli
quer, dit-il, sur la justesse plus ou moins grande d’une qualification que nul, il faut l’espérer, n’est tenu de bien comprendre, je me borne
rai à quelques mots de dé
veloppement pour couper court aux malentendus. J’ai étudié, en dehors de tout es
prit de système et sans parti pris, l’art des anciens et l’art des modernes. Je n’ai lias plus voulu imiter les uns que copier les autres; ma pensée n’a pas été davantage d’arriver au but oiseux de l’art pour l’art. Non ! j’ai voulu tout simplement puiser dans l’entière connais
sance de ta tradition le sentiment raisonné et indépendant de ma propre individualité. Savoir pour pou
voir, telle fut ma pensée.
Etre à même de traduire les mœurs, les idées, l’aspect de mon époque, selon mon appréciation, en un mot, faire de l’art vivant, tel est mon but. — Je n’ai jamais eu d’autres maîtres en peinture que la nature et la tra
dition, que le public et le travail. » Kous avouons, pour notre part, que cette expli
cation, loin de couper court
aux malentendus , nous prraît moins claire encore que le mot de Réalisme, « que nul n’est tenu de compren
dre. ›› M. Courbet prétend n’avoir jamais été. l’élève de quelqu’un; mais il reconnaît avoir été l’élève de tout e monde et de la nature. Dés qu’il se dévouait à suivre la nature pour maître, il aurait pu s’épargner les longs la
beurs qu’a dû lui coûter « l’entière connaissance de. la tradition. » Evidemment
c’est du temps per
du : il ne lui reste rien, il n a rien vou
lu retenir de cette étude. Quant à ses autres maîtres , b
nature et le public, à la manière dont il reproduit leurs en
seignements , pas plus que la tradi
tion, il semble qu’ils n’ont à i se louer de leur élève. Pourquoi alors, dira-t-on, accorder dans la cri
tique une si large part ii un peintre si défectueux ? C’est qu’outre la noto


riété bruyante atta


chée à son nom, et le danger qu’elle n’entraîne quelques jeunes artistes dans la mauvaise voie où il se complaît, il y a réellement en t\L
Courbet certaines qualités de peintre; c’est un enfant per
du, dont l’art ne doit pas encore désespé
rer. — On retrouve à l’Exposition uni
verselle lesCàsscurs de pierre et les Demoiselles de villa
ge, dont nous avons parlé û l’époque de leur apparition (Illustration , 1er fé
vrier 1851 , et 22
mai 1852). Parmi les ouvrages nouveaux
minalion étrange. Mais de nos jours le nom de bour
geois lui-même est devenu un terme de dérision. On peutguérir du mauvais goût,
mais le goût bourgeois est un cas désespéré ; l’art bour
geois est, dans l’esthétique moderne, l’expression dernière du mépris. La politi
que s’est mêlée de la partie,
qui, a la vérité, était assez, maladroitement défendue par la bourgeoisie; de telle sorte que, bafoué de toutes parts, le pauvre bourgeois est devenu un moment 1e paria moderne du ridicule. \ voir celle infortune, mé
ritée ou non méritée, qui aurait pu s’imaginer que cet être rebuté allait rentrer bruyamment, sinon dans la nolilique, que naguère il
dirigeait seul, du moins dans l’art, qui se. défendait de lui comme d’une contagion? Un artiste s’est trouvé, qui, pour se. singulariser et mettre sur
ses toiles des personnages;, délaissés par tous les pin—
ceaux, y a audacieusement! installé, — et cola dans les proportions olympiques jus
que-là réservées aux nobles aspirations de l’art, — des bourgeois en pantalon, en gilet, en habit noir et en chapeau rond; moins que cela encore: des demi-bourgeois, des quarts de bour
geois, des demoiselles de village, c’est-à-dire ce qu’il v a de plus antipittoresqüe, ile plus déplaisant au mon
de : les prétentions de l’élégance affichées par des lourdauds. Cette tendance nou
velle mériterait peut-être une désignation particulière.
. Bien que les désignations générales ne soient pas tou
jours parfaitement justes, cependant elles constituent comme un premier aperçu, un moyen de repère et de
classification, pour aider à se reconnaître dans le chaos


de la diversité. Or, de même


qu’on a les titres d’idéalismej et de réalisme, il nou< sem
ble qu’on devrait dé- igaer le genre nouveau cont nous parions sous le titre de VULGARISME.
C’est moins un genre, du reste, qu’une déviation, moins un système, qu’une erreur de goût, et comme M.
. Courbet n’y tombe pas toujours, et a
parfois d’autres vi
sées, au moment d’aborder le. côté réaliste de. notre è- cole de peinture moderne, nous le com


prenons sous cette


dénomination , et nous commençons par lui, parce que, dans c.ette voie, c’est lui qui est le. plus excessif, et que sa popularité a le plus deretentissement.il semble qu’en en
trant dans le camp du réalisme, on ne doive plus avoir af
faire qu’avec.les représentations maténielles de la vie, et qiVqn soit aussi éloignéqiie possible des questions métaphy
siques. il n’en est l ien cependant ; et l’on va voir que cela n’est pas aussi sim


ple qu’on pourrait le croire d’abord.-—


M. Courbet a ouvert une exposition par
ticulière à côté de la grande exposition
La mort de César, tableau par M. Court.
Salon de 1855. — Le Christ au jardin des Olives, tableau par M. Jalabert.