ISTHME DE SUEZ


AVEC TRACÉ DIRECT DU CANAL DES DEUX MERS ET DU CANAL AUXILIAIRE, DERIVÉ DU NIL


d’après l’avant projet


DE


Mrs LINANT BEY ET MQNGEL BEY Inogénieurs du Vice Roi d’Egypte


1855
Percement de l’isthme de Suez.
Nous devons à l’obligeance de M. Ferdinand de Lesseps la carte ci-dessus et le dessin dont les lignes suivantes forment la légende. M. de Lesseps est â la veille de publier, à Paris et à Londres, un travail complet sur le projet dont il a suivi les négociations avec l’ardeur patriotique et l’intelligence des intérêts commerciaux et politiques dont il a donné des preuves éclatantes dans sa carrière diplo
matique. la carte et les vues qui la développent et l’expliquent doivent paraître incessamment chez M. Goupil, boulevard Montmartre,
Longueur du canal de A à B, 120 kilomètres ; largeur, 100 mètres ; profondeur, 8 mètres. Le niveau des deux mers est égal, à basses mers. Les marées à Peluse sont peu sensibles ; à Suez elles sont de 1 ,n,80 à 2m,50. j
Le devis des dépenses, pour tous les travaux du grand canal secondaire d’alimentation et de communication intérieure dérivé du Nil, a été évalué à 160 millions de francs.
1, entrée du canal, phare’et jetées de 6,000 mètres; 2, écluses de passage et de chasse ,
3, bassin de retenue et gare d’évitement ; 4, Tell-el-Omarém-on-Fararnah, ruines de Peluse; 5, château de Tincli ; G, lac Menzaleb;
7, kantarah (pont) d’el-Kasné, route du pays de Canaan (Palestine) pour se rendre en Egypte ;
8, Saliéh ; 9, Ras-Caseroum, cap Cassius des anciens ; 10, Katièh ;
11, Bir-el-Boury (sixième campement de la commission d’exploration , le 9 janvier 1855) ;
12, ruines de Magdalum (Magdal de la Bible) ;
13, seuil d’el-Guisr et vestiges de l’ancien canal commencé par Nécos ;
14, lacTimsah, destiné à servir de port intérieur. Ce bassin formait les limites de la mer Rouge du temps de Moïse. L’eau y est en
tretenue par les grandes inondations du Nil; elle y arrive par la vallée (ouadé) Tomilat, la fertile terre de Gessen de l’Écriture. Dans la partie à l’ouest du lac, les Arabes pasteurs font encore des cultu
res. A l’est se trouvent des monticules de nature calcaire ; sur l’un d’eux est le tombeau du sheik Knnedee, au pied duquel s’étend une plaine de graviers, de coquillages et de sables solides ;
15, maison des ingénieurs ; §
IG, seuil du Sérapéum, deuxième monument persépolitain, probablement consacré par Darius à la première exécution du canal des deux mers qui lui est attribuée par Hérodote ;
17, vestiges et embouchure de l’ancien canal et raines d’anciens établissements ;


18, bassin de l’isthme, ou ancien golfe de la mer Rouge, appelé Lacs amers, terrain aujourd’hui desséché, couvert de croûtes sali


nes, de coquillages et de laisses de la mer, présentant, sur la ligne de son parcours du nord au sud, [une profondeur de 8 à 10 mètres au dessous du niveau de la mer ;
19, monument persépolitain, Cambyses;
20, premier campement de MM. Ferd. de Lesseps, Linant-Bey, Mongcl-Bcy et Aïvas, le 31 décembre 1854 ;
21, Tell-el-Klesméh, l’ancienne Clisma des Ptolomées ; 22, Suez;
23, cimetière européen ;
24, hôtel des voyageurs de l’Inde, 25, bassin de retenue;
26, écluses de retenue à l’effet de maintenir , dans l’étendue du canal, une surélévation de deux mètres audessus du niveau des basses eaux des deux mers, au moyen des marées de la mer Rouge. Les ingénieurs du vice-roi, en présentant dans leur avant-projet ce système conforme aux données généralement admises jusqu’à ce jour, se ré
servent d’examiner, dans leur projet définitif, si, d’après l’opinion d’ingé
nieurs fort expérimentés, il n’y aura pas
lieu de supprimer les bassins de retenue ainsi que les chasses, et de maintenir seulement la profondeur des chenaux par des machines à draguer ;
27 et 28, passage des caravanes du Caire an Sinaï ou à la Mecque ;
29, entrée du canal à Suez ; phare, écluses de chasse et de passage ; jetées de 3,000 mètres ;
30, réservoir projeté pour l’eau du Nil ;
31, réservoirs d’eau de pluie ;
32, anciens réservoirs recevant les eaux des ravins de l’Ataka ;


33, fort et puits d’Hadjerout ;


34, station n° 15. Dernier relai de la route du Caire à Suez ;
35, puits de Suez ;
36, route de Suez au Caire ;
37, Gébel (mont) Ataka. On y remarque, dans les ravins, la formation de ses différentes couches calcaires qui sont séparées par des bancs d’argile. Les dernières couches, sur la hauteur, sont formées de grès coquillés ;
38, Gébel Avvebet ;


39, Gébel Chebrevvet ;


40, Gébel Thieh, à l’est de Suez, de formation calcaire comme l’Ataka. Les principaux versants de cette chaîne sont, au nord, vers Catich et le mont Cassius ; au nord-nord-est, vers la mer Morte ; à l’est et au sud, vers la vallée d’Acuba et le mont Sinaï ;
41, Canal d’eau douce dérivé du Nil, devant être ouvert à travers l’Ouadée Tomilat, l’ancienne terre de Gessen de la Bible, où Joseph vint d’Héliopolis à la rencontre de son père Jacob, arrivé du pays de Canaan. (Genèse, chap. xi.vi, v. 34 : » Vous direz à Pharaon : Vos serviteurs ont été pas
teurs depuis leur enfance jusqu’à présen t, pour pouvoir demeurer dans la terre de Gessen. «) Gessen en hé
breu, et Guech en Arabe, veulent dire pâturages ; ce pays est encore, pour plusieurs tribus d’Arabes pasteurs, la terre des pâturages ;
42, Raz-el-Ouadée (tête ou embouchure de le vallée), le Pit.hom de la Bi
ble, qui signifie également en hébreu la tête ou l’embouchure (Exode, chap. ier, v. 11);
43, Tell Masrouta. — Vestiges du Rhamsès des Pharaons et de la Bible. — Héroopolis des Ptolomées. —
Ce lieu est appelé aujourd’hui par les Arabes Abou-Richeli (le Père de la sta
tue). — On y voit encore la statue de Rhamsès It (le grand Sésostris) dans un bon état de conservation.
44, Tell Maafer. — Socolh de la Bible. — Première station du peuple d’Israël, parti de Rhamsès, sous la conduite de Moïse. (Exode, chap xu, v. 37.) Les Arabes l’appellent Om Rihiam (Mère des tentes). Ainsi la tradition a conservé la signification de Socolh, qui,Jen hébreu, veut dire tentes.
45, Tell Na im ;
46, Etliamdelà Bible. Deuxième station de Moïse et de son peuple, à l extrémité de la Solitude. (Exode, chap. xni, v. 17) La tribu d’Arabes qui actuellement vient camper dans cet endroit dans la saison des pâturages, s’appelle les Ethami.
47, Roucbet-el-Bouze(enarabe baie ou bois des Roseaux), c’est le Pit-Harioot de la Bible, ayant la même signification en hé
breu.—,« Moïse étant à Ethoum, Dieu lui commanda de se détourner et de camper devant Pit-Harioot, qui est entre Magdal et la mer, vis-à-vis Jlaal Zephon. » (Exode, chap.xiv, v. 2.)


48, tombeau du cheik Ennedec (Baal zephon) ;


49, Bir Marra (Puits amers). Le Marra de la Bible, où, après le passage de la mer Rouge et trois journées de marche dans le désert de Sur, Moïse fit arrêter les Israélites. (Exode, chap. w, v. 23 ) a Ils n’y pouvaient boire des eaux parce qu’elles étaient amères ; c’est pourquoi on nomma ce lieu Mara (Amertume). Mara a la’ même signification en arabe. »
La tradition locale a conservé le moyen que Dieu inspira à Moïse pour rendre les.eaux potables. M. Linaut a souvent vu les Bédouins du Sinaï employer le fruit du câprier, ou les branches d’un arbuste nommé assaf, pour corriger le goût saumâtre des eaux.