de bénéfice de campagne pour le double de la durée effective dans la liquidation, des pensions qui seront établies en faveur des militaires de l’armée de terre et de mer qui ont pris part aux opérations du siège.
Un décret du Moniteur élève M. Magne, ministre des finances, à la dignité de grand-croix de l’ordre impérial de
la Légion d’honneur, en récompense des services rendus à S. Μ. I.
Un autre décret autorise le maréchal Vaillant, ministre de la guerre, à porter différents ordres étrangers qui lui ont été dernièrement conférés.
Vendredi, a dû commencer, devant la cour d’assises de Douai, l’affaire de la machine infernale de Pérenchies.
Nous en publierons le compterendu, si on nous le permet. En attendant, et pour mémoire, voici de quoi il s’agit :
L’an dernier, la veille du jour où l’on supposait que l’Empereur devait passer sur le chemin de fer de Calais à Lille, pour faire visite au roi des Belges à Tournai, on dé
couvrit, sous la voie (près de Pérenchies), un cylindre chargé de poudre fulminante qui communiquait par un fil de fer avec une batterie électrique placée dans 1e, voisinage sous ia voûte d’un petit pont. De là une enquête mysté
rieuse, qui lit, à ce qu’il parait, découvrir des circonstances très-curieuses et des faits très-graves, du moins s’il faut en croire la rumeur publique. Paulin.
Eh quoi ! dans cette grande ville encombrée quelquesuns osent dire : il n’y a plus personne à Paris. Et cet in
croyable propos, ou ce propos d’incroyable, on le tient à la veille de l’événement le plus nouveau ; un événement fashionqble s’il en fut jamais : l’arrivée de S. M. la reine d’Angleterre. Pendant que la province donne éperduement, le vrai Paris s’abstiendrait, il court les champs et bat la cam
pagne, suivant le vieux dicton de la chronique aux abois. La vérité, c’est que personne, en ces ides d’août, ne sera assez malavisé pour tourner le dos à tant de magnificences pro
mises. Spectacle à la cour, bal à la ville, revue au Champ de Mars, fête à Versailles, chasse à Saint-Germain, les moments de l’auguste visiteuse sont précieux, mais on les em
ploiera bien. Quant à l’anniversaire du 15 août, néant. Une volonté suprême et bien inspirée a décidé que l’argent ordinairement gaspillé en feux d’artifice serait remis aux familles des braves soldats morts en Crimée : un démêlé survenu entre les deux ordonnateurs de la fête aurait été l’occasion et non la cause de cette largesse. Pour les réjouis
sances de ce beau jour, l’un ne sortait pas du Champ de Mars, et il y convoquait la population tout entière qui s’en serait tirée comme eiie aurait pu; l’autre, plus prévoyant, disséminait le plaisir dans tous tes quartiers, sans compro
mettre la l ie de personne ; mais puisque la question a été tranchée d’une manière encore plus philanthropique, passons.
_ La grande vogue dont jouissait l’Exposition le dimanche s’est beaucoup calmée depuis qu’on en a fait un jour de pri
vilégiés à un franc. Les visiteurs à quatre sous n’y sont plus admis que le lundi, et la substitution pourrait bien ne profi
ter à personne. Cette augmentation déguisée du prix des places est un crève-cœur pour l’immense majorité des oisifs du dimanche, qui sont les travailleurs de la semaine. Jamais spectacle ne fut plus beau, et telle est l’occasion que l’on saisit pour les en éloigner. Jusqu’à présent le public n’avait eu qu’un simulacre d’exposition ; aujourd’hui l’étalage est au grand complet : les connaisseurs le reconnaissent, et ta réclame l’a proclamé sur tous les tons. Aussi la représenta
tion doit-elle se prolonger jusqu’en novembre, et, vu le succès toujours croissant de ce grand ouvrage, on pourrait bien le reprendre l’année prochaine. Cette seconde édition (le l’Expo
sition aurait lieu au mois de juin 1856. Une reprise paraît d’autant plus nécessaire à la foule de nos oiseaux de passage,
que la plupart ne peuvent parcourir les salles qu’à lired’ailes, et, suivant une statistique encourageante, on ne saurait connaître à fond toutes ces merveilles qu’en accomplis
sant autour d’elles un voyage pédestre de soixante à quatrevingts lieues.
Ailleurs, s’il s’est fait un peu de bruit, c’est autour des Azlecs; mais leur vogue ne s’est pas soutenue, ils n’ont pas rempli leur destinée de phénomènes; la science ne l’a pas permis, il n’y a plus guère de merveilleux pour elle. D’ailleurs le journalisme américain s’est montré encore plus explicite.
Ces prétendus Aztecs n’en sont pas, ils n’appartiennent à aucune race extraordinaire ; ils ne sont ni lilliputiens, ni fétiches, ni natifs d’fximaya : ce sont les avortons d’une mu
lâtresse. Cependant quand le célèbre Barnum promenait cette singularité d’histoire naturelle par tous les Etats de l’Union, la presse indigène tenait un tout autre langage, et la mystification, si c’en est une, eut son cours. Authenti
ques ou non, les Âztecs sont visibles tous les jours à l’hotel d’Osmond, au plus juste prix, tandis que dans sa nou
veauté , — le rêve d’une ombre, —· le phénomène n’allait pas jouer en ville à moins de mille francs. Tel savant qui a des yeux pour ne pas voir les analogies sans nombre de ces intéressants petits êtres avec l’espèce humaine, les regarde tout simplement comme une variété du quadrumane à tête d’épervier, et, pour l’époque prévue où ils ne feront plus d’argent, tel autre savant leur ménagerait une retraite au jardin des Plantes, où le public pourra les voir, derrière un treillage, quand il fera du soleil. Mais, avant d’en venir là,
pauvres enfants perdus de toutes les races, il se trouvera bien quelque âme charitable pour vous rendre à votre ciel bleu et à vos forêts vierges.
Voici une nouvelle tout à fait civilisée: le prince de ***, qui garde l’anonyme, demande par voie (l’annonce un jeune homme très-riche pour lui transmettre ses titres de no
blesse avec son nom. Et la chose intrigue beaucoup le monde des princes. Parle-t-on sérieusement? est-ce une
plaisanterie? Ce père, offrant son adoption, est sans doute millionnaire, mais il n’en dit rien. S’il est pauvre, au contraire, c’est donc un fils nourricier qu’il voudrait se procu
rer. On dit que cela s’est vu, et nous n’en croyons rien. Ceci est une exception, — à moins que ce ne soit une mystification ; — mais voici le trait de mœurs. U y a à la pré
fecture de police un bureau dit des objets perdus, ou plutôt trouvés sur la voie publique, et dont les journaux publient la liste de temps en temps. Bourses garnies ou vides, bra
celets, montres, billets de. banque, il y a de tout un peu,
excessivement peu: qu’est-ce, en effet, que quarante ou cinquante objets égarés mensuellement dans une aussi grande ville? En revanche, le nombre des réclamants est considérable. On est donc forcé d’en conclure que bien des personnes persistent à s’approprier ce qu’elles trouvent,
ou que beaucoup d’autres viennent réclamer ce qui ne leur appartient pas. Les billets cle banque surtout sont un article très-demandé, et les réclamants, je ne dis pas les ama
teurs, se succèdent sans interruption; mais les mesures de M. le. préfet de police sont trop bien prises pour qu’on ait à déplorer des restitutions fourvoyées. Presque tous les re
stituants appartiennent à la classe ouvrière, d’où il résulte que clans les autres classes on ne trouve rien, ou que cer
tains pauvres ont plus de probité que certains riches : la belle découverte !
Dans ces temps de prospérité générale, sauf la cherté excessive de tout ce qui est essentiel pour vivre, on ne saurait trop louer l exemple donné par le conseil d’une grande ad
ministration, Sur la proposition de son plus jeune membre, elle a augmenté le traitement de ses petits employés. Quand tout renchérit, les salaires doivent s’élever ; c’est une vérité à la Barême que l’on finira par comprendre, Et puisqu’il s’agit des petits employés et à leur suite de. tous les déshérités de la fortune dans des professions plus ou moins libé
rales, quelle classe fut jamais plus digne d’intérêt par le nombre et l’étendue de ses misères qu’on oublie trop sou
vent poui ne voir que celles (le. l ouvrier. Au bout de ce parallèle un peu trop grave et qui serait trop triste pour figurer dans un Courrier de Paris, on trouverait fort aisément que la plus grande somme de douleurs est encore échue au bourgeois. Ses chômages sont certainement aussi fréquents et aussi cruels que ceux de l’ouvrier, et son infortune n’a pas les mêmes compensations, ou les mêmes res
sources. Y a-t-il une misère plus poignante que la misère en linge blanc et en habit noir, celle, qui garde son déco
rum et son quant-à-soi? Demandez plutôt au petit employé qui a l’air de vivre de son emploi et qui en meurt lentement. Celui-là travaille aussi tout le long de la semaine, et les pe
tits bonheurs du dimanche ne sont pas faits pour lui, La rue n’est pas son domaine, elle n’est pas même sa récréation.
En considération de son habit, il paye tout un peu plus cher que le voisin de la mansarde, et il n’en est que plus mal nourri. Il n’existe pour lui aucune caisse ou association de bienfaisance; s’il est malade au point d’en mourir, il faut qu’il meure à ses frais. Nous le supposons marié comme tout le monde, et alors il n’a plus qu’à vivre de privations. Sa femme a été trop bien élevée pour savoir ou pouvoir travailler honnêtement avec profit pour le ménage. Et ses en
fants, c’est son espoir et aussi son désespoir qui grandit; mais arrêtons-nous là, ce simple fait-divers devenant déciment trop dramatique.
D’autres nouvelles, il n’y en a plus en dehors du théâtre, à moins que ce ne soit la publication d’un ouvrage : Im
pressions littéraires, par M. Louis ltalisbonne, le poète d’élite qui a si bien traduit les poèmes de Dante. Sa mo
destie aura beau s’en défendre, je ne sais rien de mieux pensé et de plus ingénieux que ces impressions sur diffé
rentes œuvres contemporaines. Les appréciations si élevées et si fines de Béranger et de Henri Heine se recommandent également à leurs amis et à leurs ennemis, puisqu’ils en ont. A leur tour, les femmes voudront lire tout ce que Fau
teur a écrit à leur intention sous prétexte de Vamour et à propos des infortunes d’Héloïse et Mllc do la Vallière. VI. Ratisbonne ne croit pas devoir s’excuser d’avoir fait son
livre avec des articles de journaux, et il a raison, mais il demande grâce pour la façon, et il a tort, car sa façon est des plus agréablesjet des plus charmantes : c’est celle d’un poète plein de savoir, légèrement possédé de l’esprit de cri
tique et qui s’en tire comme il peut, c’est-à-dire trèsbien.
A la salle Ventadour, voici encore un rôle sorti tout armé du tercet de Dante pour la plus grande gloire de M Ristori : « Je suis la Pia, qui vit te jour à Sienne et que détrui
sit la Maremme. Ü le sait bien celui qui, m’épousant, me mit au doigt sa perle et l’anneau. » De cette indication élégiaque plutôt que tragique un auteur moderne, M. Charles Marenco, a fait un drame assez pompeux, et imité de l’an
glais plutôt que de l’italien. Ce seigneur de la Pietra, le bou
est un pastiche d’Otello, les fureurs du Maure vénitien sont les siennes; il est jaloux, faible et impitoyable comme, lui.
Il a pour écuyer un ruffian du nom d’Hugues, — lisez lago, — aussi épris de la Pia et aussi perfide que ee misérable qui brûle pour Desdémone. Mais Shakespeare a doué lago d’une profondeur de scélératesse dont l’écuyer n’approche pas; et c’est pourquoi les transports jaloux du seigneur de la Pietra semblent beaucoup moins tragiques et sont beaucoup plus odieux que ceux d’Otello. Voulez-vous savoir au moyen de quel expédient l’écuyer est. parvenu à noircir Pia aux yeux de. son époux? lago ne s’en serait jamais avisé.Notre homme persuade à la pauvre innocente que son frère voudrait la voir en particulier comme le Nérestan de Zaïre, et il la con
duit au rendez-vous d’un comparse, espèce de mannequin
disposé pour la circonstance. Caché près de ces lieux, le mari de cette autre Geneviève de Brabant a tout vu, et la malheureuse Pia n’a plus qu’à mourir : son bourreau l’em
porte dans la Maremme, dont l’air empoisonné la tuera. Cette mort et même cette tragédie manquée n’en est pas
moins une chose touchante, parce qu’on y sent circuler le souffle et l’âme d’une grande tragédienne. Charmante à l’heure des tendresses, belle dans la résignation et dans la douleur, M e Ristori est admirable dans la mort. Son agonie est un calvaire dont elle note les défaillances et franchit les stations avec un art suprême. On ne s’éteint pas plus dou
cement, et en même temps ce calme du sommeil éternel ne causa jamais plus d’épouvante. L’émotion a été profonde et l’enthousiasme universel. Ce rôle est peut-être le plus fort de M“c Ristori; mais le plus touchant, c’est le rôle de Marie Stuart, et Myrrha reste encore le plus beau de Ions.
Tel nous parait être du moins le sentiment de notre public parisien, et il diffère un peu, pour ne pas dire beaucoup, du sentiment de MM. les critiques italiens.
Avis essentiel : il y au ra, lundi i3 août, à la salle Ventadour, une représentation extraordinaire composée de trois actes de Marie Stuart, du prologue de Jeanne Darc, et d’une petite comédie, le Jaloux heureux. M“e Ristori, qui a joué si souvent au bénéfice des autres, donnera tout ce spectacle â son propre bénéfice, et ce n’est pas sans quelque répugnance, nous dit-on, qu’elle s’y serait décidée, car sou dé
sintéressement égale son talent. Cependant la maison de commerce Rachel et compagnie vogue, vers le pays des dol
lars, et. on lui souhaite d’y réussir et même on lui souhaite d’y rester, puisqu’il est certain maintenant que Mmc Ristori jouera la tragédie française au Théâtre-Français.
W°° André, du Gymnase, a pour mari un ex-paysan passé armateur, dont elle est la caissière, le factotum et la providence. A tous ces titres M“c André est la souveraine maîtresse au logis ; c’est elle qui porte les inexprimables, pour parler comme la pudeur britannique, mais les voisins de M. André ne lui épargnent pas les mauvais conseils, e tout à coup le bonhomme monte sur ses plus grands elle
vaux. Le voilà en pleine révolte contre M“e André; il veut rentrer dans le rôle cle. chef d’emploi, au risque de le. rem
plir très-mal, et de livrer sa bourse et sa nièce et sa femme à ces malicieux voisins qui Font perverti. Heureureusement pour tout le monde, maître André manqué son coup d’état, et M,M André, qui veillait au salut de l’empire, en a repris la direction. La pièce est l’œuvre d’un esprit délicat, M. Narcisse Fournier; elle est laite d’ailleurs de main de maître. C’est un charmant bijou clans l’écrin déjà si riche de M, Montigny.
Et pour ne rien omettre de mémorable, la commission des prix dramatiques vient de couronner ses lauréats. La première prime a été décernée à M. Ernest Serret, pour son ouvrage le plus méritoire, Que dira le monde? Le reste est dévolu aux Oiseaux de proie-, mélodrame à la manière noire et à l’Ecole des agneaux, vaudeville très-agréable
ment rimé. Il n’est cause si bien instruite et si bien jugée qui ne donne prise à la critique, et c’est pourquoi quelques exclus pensent que ces couronnes métalliques auraient mieux figuré sur d’autres fronts. S’il faut les en croire, MM. Dennery et Dumanoir, les deux lauréats de ta Com
temps par d’éclatants succès dans un genre secondaire et dont le talent très-mûr, pour ne pas dire blette, n’a plus besoin d’encouragement ni cle récompenses.
Philippe Busoni. Société impériale et centrale
d’horticulture.
EXPOSITION UNIVERSELLE. — MODIFICATION DES
Afin de faciliter aux étrangers, amenés chaque semaine à Paris par les trains de plaisir, la visite de l’Exposition uni
verselle des produits de l’horticulture, la Société, impériale et centrale d’horticulture a décidé qu’à partir du 1er août les prix d’entrée seraient fixés ainsi qu’il suit :
Le dimanche et le lundi 50 cent. ; les autres jours de la semaine lfr.
L’Exposition est ouverte de 10 heures du matin à 7 heures et demie du soir.
M. K. R..., à Elbeuf. — Dans le prochain numéro.
M. D...,à Paris. — La lettre n’a pas d’intérêt, et, d’ailleurs, la plus grande réserve est commandée à la presse.
Divers. — Nous avons déjà dit plus d’une fois que nos comptes rendus de l’Exposition étaient une œuvre libre et indépendante de toute considération personnelle. Il en est de même des articles et des dessinsque nous publions sous le titre de : Mélanges industriels ; rédigés et dessinés par nos collaborateurs, ils ont néanmoins pour objet Futilité des exposants, à condition que nous trouvions leurs produits dignes de figurer dans l Illustration ou ses suppléments.
M. L..., à Rouen. — La plupart de vos propositions sont excellentes ; mais l’artiste propose et un autre dispose.
Les funérailles de lord Raglan.
Nous avons reçu un peu tardivement un dessin des funérailles de lord Raglan devant Sébastopol·; mais nous avons cru devoir néanmoins le publier comme épisode de cette guerre, où la gloire s’achète an prix de tant de sang généreux.
Il serait impossible, dit un correspondant, d’imaginer une. scène plus pittoresque que celle où se déployait, dans un immense circuit, la procession, composée de troupes anglai
ses et françaises, depuis le camp jusqu’à Kasatch, où le corps (levait être embarqué pour l’Angleterre. — Il a été,
en effet, rendu à cette destination le 21 juillet, et inhumé en grande pompe ainsi qu’on le sait. Les soldats et les ma
rins anglais assistaient à ee départ en donnant les signes de la plus vive émotion.
Un décret du Moniteur élève M. Magne, ministre des finances, à la dignité de grand-croix de l’ordre impérial de
la Légion d’honneur, en récompense des services rendus à S. Μ. I.
Un autre décret autorise le maréchal Vaillant, ministre de la guerre, à porter différents ordres étrangers qui lui ont été dernièrement conférés.
Vendredi, a dû commencer, devant la cour d’assises de Douai, l’affaire de la machine infernale de Pérenchies.
Nous en publierons le compterendu, si on nous le permet. En attendant, et pour mémoire, voici de quoi il s’agit :
L’an dernier, la veille du jour où l’on supposait que l’Empereur devait passer sur le chemin de fer de Calais à Lille, pour faire visite au roi des Belges à Tournai, on dé
couvrit, sous la voie (près de Pérenchies), un cylindre chargé de poudre fulminante qui communiquait par un fil de fer avec une batterie électrique placée dans 1e, voisinage sous ia voûte d’un petit pont. De là une enquête mysté
rieuse, qui lit, à ce qu’il parait, découvrir des circonstances très-curieuses et des faits très-graves, du moins s’il faut en croire la rumeur publique. Paulin.
Courrier de Paris.
Eh quoi ! dans cette grande ville encombrée quelquesuns osent dire : il n’y a plus personne à Paris. Et cet in
croyable propos, ou ce propos d’incroyable, on le tient à la veille de l’événement le plus nouveau ; un événement fashionqble s’il en fut jamais : l’arrivée de S. M. la reine d’Angleterre. Pendant que la province donne éperduement, le vrai Paris s’abstiendrait, il court les champs et bat la cam
pagne, suivant le vieux dicton de la chronique aux abois. La vérité, c’est que personne, en ces ides d’août, ne sera assez malavisé pour tourner le dos à tant de magnificences pro
mises. Spectacle à la cour, bal à la ville, revue au Champ de Mars, fête à Versailles, chasse à Saint-Germain, les moments de l’auguste visiteuse sont précieux, mais on les em
ploiera bien. Quant à l’anniversaire du 15 août, néant. Une volonté suprême et bien inspirée a décidé que l’argent ordinairement gaspillé en feux d’artifice serait remis aux familles des braves soldats morts en Crimée : un démêlé survenu entre les deux ordonnateurs de la fête aurait été l’occasion et non la cause de cette largesse. Pour les réjouis
sances de ce beau jour, l’un ne sortait pas du Champ de Mars, et il y convoquait la population tout entière qui s’en serait tirée comme eiie aurait pu; l’autre, plus prévoyant, disséminait le plaisir dans tous tes quartiers, sans compro
mettre la l ie de personne ; mais puisque la question a été tranchée d’une manière encore plus philanthropique, passons.
_ La grande vogue dont jouissait l’Exposition le dimanche s’est beaucoup calmée depuis qu’on en a fait un jour de pri
vilégiés à un franc. Les visiteurs à quatre sous n’y sont plus admis que le lundi, et la substitution pourrait bien ne profi
ter à personne. Cette augmentation déguisée du prix des places est un crève-cœur pour l’immense majorité des oisifs du dimanche, qui sont les travailleurs de la semaine. Jamais spectacle ne fut plus beau, et telle est l’occasion que l’on saisit pour les en éloigner. Jusqu’à présent le public n’avait eu qu’un simulacre d’exposition ; aujourd’hui l’étalage est au grand complet : les connaisseurs le reconnaissent, et ta réclame l’a proclamé sur tous les tons. Aussi la représenta
tion doit-elle se prolonger jusqu’en novembre, et, vu le succès toujours croissant de ce grand ouvrage, on pourrait bien le reprendre l’année prochaine. Cette seconde édition (le l’Expo
sition aurait lieu au mois de juin 1856. Une reprise paraît d’autant plus nécessaire à la foule de nos oiseaux de passage,
que la plupart ne peuvent parcourir les salles qu’à lired’ailes, et, suivant une statistique encourageante, on ne saurait connaître à fond toutes ces merveilles qu’en accomplis
sant autour d’elles un voyage pédestre de soixante à quatrevingts lieues.
Ailleurs, s’il s’est fait un peu de bruit, c’est autour des Azlecs; mais leur vogue ne s’est pas soutenue, ils n’ont pas rempli leur destinée de phénomènes; la science ne l’a pas permis, il n’y a plus guère de merveilleux pour elle. D’ailleurs le journalisme américain s’est montré encore plus explicite.
Ces prétendus Aztecs n’en sont pas, ils n’appartiennent à aucune race extraordinaire ; ils ne sont ni lilliputiens, ni fétiches, ni natifs d’fximaya : ce sont les avortons d’une mu
lâtresse. Cependant quand le célèbre Barnum promenait cette singularité d’histoire naturelle par tous les Etats de l’Union, la presse indigène tenait un tout autre langage, et la mystification, si c’en est une, eut son cours. Authenti
ques ou non, les Âztecs sont visibles tous les jours à l’hotel d’Osmond, au plus juste prix, tandis que dans sa nou
veauté , — le rêve d’une ombre, —· le phénomène n’allait pas jouer en ville à moins de mille francs. Tel savant qui a des yeux pour ne pas voir les analogies sans nombre de ces intéressants petits êtres avec l’espèce humaine, les regarde tout simplement comme une variété du quadrumane à tête d’épervier, et, pour l’époque prévue où ils ne feront plus d’argent, tel autre savant leur ménagerait une retraite au jardin des Plantes, où le public pourra les voir, derrière un treillage, quand il fera du soleil. Mais, avant d’en venir là,
pauvres enfants perdus de toutes les races, il se trouvera bien quelque âme charitable pour vous rendre à votre ciel bleu et à vos forêts vierges.
Voici une nouvelle tout à fait civilisée: le prince de ***, qui garde l’anonyme, demande par voie (l’annonce un jeune homme très-riche pour lui transmettre ses titres de no
blesse avec son nom. Et la chose intrigue beaucoup le monde des princes. Parle-t-on sérieusement? est-ce une
plaisanterie? Ce père, offrant son adoption, est sans doute millionnaire, mais il n’en dit rien. S’il est pauvre, au contraire, c’est donc un fils nourricier qu’il voudrait se procu
rer. On dit que cela s’est vu, et nous n’en croyons rien. Ceci est une exception, — à moins que ce ne soit une mystification ; — mais voici le trait de mœurs. U y a à la pré
fecture de police un bureau dit des objets perdus, ou plutôt trouvés sur la voie publique, et dont les journaux publient la liste de temps en temps. Bourses garnies ou vides, bra
celets, montres, billets de. banque, il y a de tout un peu,
excessivement peu: qu’est-ce, en effet, que quarante ou cinquante objets égarés mensuellement dans une aussi grande ville? En revanche, le nombre des réclamants est considérable. On est donc forcé d’en conclure que bien des personnes persistent à s’approprier ce qu’elles trouvent,
ou que beaucoup d’autres viennent réclamer ce qui ne leur appartient pas. Les billets cle banque surtout sont un article très-demandé, et les réclamants, je ne dis pas les ama
teurs, se succèdent sans interruption; mais les mesures de M. le. préfet de police sont trop bien prises pour qu’on ait à déplorer des restitutions fourvoyées. Presque tous les re
stituants appartiennent à la classe ouvrière, d’où il résulte que clans les autres classes on ne trouve rien, ou que cer
tains pauvres ont plus de probité que certains riches : la belle découverte !
Dans ces temps de prospérité générale, sauf la cherté excessive de tout ce qui est essentiel pour vivre, on ne saurait trop louer l exemple donné par le conseil d’une grande ad
ministration, Sur la proposition de son plus jeune membre, elle a augmenté le traitement de ses petits employés. Quand tout renchérit, les salaires doivent s’élever ; c’est une vérité à la Barême que l’on finira par comprendre, Et puisqu’il s’agit des petits employés et à leur suite de. tous les déshérités de la fortune dans des professions plus ou moins libé
rales, quelle classe fut jamais plus digne d’intérêt par le nombre et l’étendue de ses misères qu’on oublie trop sou
vent poui ne voir que celles (le. l ouvrier. Au bout de ce parallèle un peu trop grave et qui serait trop triste pour figurer dans un Courrier de Paris, on trouverait fort aisément que la plus grande somme de douleurs est encore échue au bourgeois. Ses chômages sont certainement aussi fréquents et aussi cruels que ceux de l’ouvrier, et son infortune n’a pas les mêmes compensations, ou les mêmes res
sources. Y a-t-il une misère plus poignante que la misère en linge blanc et en habit noir, celle, qui garde son déco
rum et son quant-à-soi? Demandez plutôt au petit employé qui a l’air de vivre de son emploi et qui en meurt lentement. Celui-là travaille aussi tout le long de la semaine, et les pe
tits bonheurs du dimanche ne sont pas faits pour lui, La rue n’est pas son domaine, elle n’est pas même sa récréation.
En considération de son habit, il paye tout un peu plus cher que le voisin de la mansarde, et il n’en est que plus mal nourri. Il n’existe pour lui aucune caisse ou association de bienfaisance; s’il est malade au point d’en mourir, il faut qu’il meure à ses frais. Nous le supposons marié comme tout le monde, et alors il n’a plus qu’à vivre de privations. Sa femme a été trop bien élevée pour savoir ou pouvoir travailler honnêtement avec profit pour le ménage. Et ses en
fants, c’est son espoir et aussi son désespoir qui grandit; mais arrêtons-nous là, ce simple fait-divers devenant déciment trop dramatique.
D’autres nouvelles, il n’y en a plus en dehors du théâtre, à moins que ce ne soit la publication d’un ouvrage : Im
pressions littéraires, par M. Louis ltalisbonne, le poète d’élite qui a si bien traduit les poèmes de Dante. Sa mo
destie aura beau s’en défendre, je ne sais rien de mieux pensé et de plus ingénieux que ces impressions sur diffé
rentes œuvres contemporaines. Les appréciations si élevées et si fines de Béranger et de Henri Heine se recommandent également à leurs amis et à leurs ennemis, puisqu’ils en ont. A leur tour, les femmes voudront lire tout ce que Fau
teur a écrit à leur intention sous prétexte de Vamour et à propos des infortunes d’Héloïse et Mllc do la Vallière. VI. Ratisbonne ne croit pas devoir s’excuser d’avoir fait son
livre avec des articles de journaux, et il a raison, mais il demande grâce pour la façon, et il a tort, car sa façon est des plus agréablesjet des plus charmantes : c’est celle d’un poète plein de savoir, légèrement possédé de l’esprit de cri
tique et qui s’en tire comme il peut, c’est-à-dire trèsbien.
A la salle Ventadour, voici encore un rôle sorti tout armé du tercet de Dante pour la plus grande gloire de M Ristori : « Je suis la Pia, qui vit te jour à Sienne et que détrui
sit la Maremme. Ü le sait bien celui qui, m’épousant, me mit au doigt sa perle et l’anneau. » De cette indication élégiaque plutôt que tragique un auteur moderne, M. Charles Marenco, a fait un drame assez pompeux, et imité de l’an
glais plutôt que de l’italien. Ce seigneur de la Pietra, le bou
clier de Sienne, sa patrie, partant pour la guerre florentine,
est un pastiche d’Otello, les fureurs du Maure vénitien sont les siennes; il est jaloux, faible et impitoyable comme, lui.
Il a pour écuyer un ruffian du nom d’Hugues, — lisez lago, — aussi épris de la Pia et aussi perfide que ee misérable qui brûle pour Desdémone. Mais Shakespeare a doué lago d’une profondeur de scélératesse dont l’écuyer n’approche pas; et c’est pourquoi les transports jaloux du seigneur de la Pietra semblent beaucoup moins tragiques et sont beaucoup plus odieux que ceux d’Otello. Voulez-vous savoir au moyen de quel expédient l’écuyer est. parvenu à noircir Pia aux yeux de. son époux? lago ne s’en serait jamais avisé.Notre homme persuade à la pauvre innocente que son frère voudrait la voir en particulier comme le Nérestan de Zaïre, et il la con
duit au rendez-vous d’un comparse, espèce de mannequin
disposé pour la circonstance. Caché près de ces lieux, le mari de cette autre Geneviève de Brabant a tout vu, et la malheureuse Pia n’a plus qu’à mourir : son bourreau l’em
porte dans la Maremme, dont l’air empoisonné la tuera. Cette mort et même cette tragédie manquée n’en est pas
moins une chose touchante, parce qu’on y sent circuler le souffle et l’âme d’une grande tragédienne. Charmante à l’heure des tendresses, belle dans la résignation et dans la douleur, M e Ristori est admirable dans la mort. Son agonie est un calvaire dont elle note les défaillances et franchit les stations avec un art suprême. On ne s’éteint pas plus dou
cement, et en même temps ce calme du sommeil éternel ne causa jamais plus d’épouvante. L’émotion a été profonde et l’enthousiasme universel. Ce rôle est peut-être le plus fort de M“c Ristori; mais le plus touchant, c’est le rôle de Marie Stuart, et Myrrha reste encore le plus beau de Ions.
Tel nous parait être du moins le sentiment de notre public parisien, et il diffère un peu, pour ne pas dire beaucoup, du sentiment de MM. les critiques italiens.
Avis essentiel : il y au ra, lundi i3 août, à la salle Ventadour, une représentation extraordinaire composée de trois actes de Marie Stuart, du prologue de Jeanne Darc, et d’une petite comédie, le Jaloux heureux. M“e Ristori, qui a joué si souvent au bénéfice des autres, donnera tout ce spectacle â son propre bénéfice, et ce n’est pas sans quelque répugnance, nous dit-on, qu’elle s’y serait décidée, car sou dé
sintéressement égale son talent. Cependant la maison de commerce Rachel et compagnie vogue, vers le pays des dol
lars, et. on lui souhaite d’y réussir et même on lui souhaite d’y rester, puisqu’il est certain maintenant que Mmc Ristori jouera la tragédie française au Théâtre-Français.
W°° André, du Gymnase, a pour mari un ex-paysan passé armateur, dont elle est la caissière, le factotum et la providence. A tous ces titres M“c André est la souveraine maîtresse au logis ; c’est elle qui porte les inexprimables, pour parler comme la pudeur britannique, mais les voisins de M. André ne lui épargnent pas les mauvais conseils, e tout à coup le bonhomme monte sur ses plus grands elle
vaux. Le voilà en pleine révolte contre M“e André; il veut rentrer dans le rôle cle. chef d’emploi, au risque de le. rem
plir très-mal, et de livrer sa bourse et sa nièce et sa femme à ces malicieux voisins qui Font perverti. Heureureusement pour tout le monde, maître André manqué son coup d’état, et M,M André, qui veillait au salut de l’empire, en a repris la direction. La pièce est l’œuvre d’un esprit délicat, M. Narcisse Fournier; elle est laite d’ailleurs de main de maître. C’est un charmant bijou clans l’écrin déjà si riche de M, Montigny.
Et pour ne rien omettre de mémorable, la commission des prix dramatiques vient de couronner ses lauréats. La première prime a été décernée à M. Ernest Serret, pour son ouvrage le plus méritoire, Que dira le monde? Le reste est dévolu aux Oiseaux de proie-, mélodrame à la manière noire et à l’Ecole des agneaux, vaudeville très-agréable
ment rimé. Il n’est cause si bien instruite et si bien jugée qui ne donne prise à la critique, et c’est pourquoi quelques exclus pensent que ces couronnes métalliques auraient mieux figuré sur d’autres fronts. S’il faut les en croire, MM. Dennery et Dumanoir, les deux lauréats de ta Com
mission, sont des écrivains honorés et enrichis depuis long
temps par d’éclatants succès dans un genre secondaire et dont le talent très-mûr, pour ne pas dire blette, n’a plus besoin d’encouragement ni cle récompenses.
Philippe Busoni. Société impériale et centrale
d’horticulture.
EXPOSITION UNIVERSELLE. — MODIFICATION DES
PRIX D’ENTRÉE.
Afin de faciliter aux étrangers, amenés chaque semaine à Paris par les trains de plaisir, la visite de l’Exposition uni
verselle des produits de l’horticulture, la Société, impériale et centrale d’horticulture a décidé qu’à partir du 1er août les prix d’entrée seraient fixés ainsi qu’il suit :
Le dimanche et le lundi 50 cent. ; les autres jours de la semaine lfr.
L’Exposition est ouverte de 10 heures du matin à 7 heures et demie du soir.
Correspondance.
M. K. R..., à Elbeuf. — Dans le prochain numéro.
M. D...,à Paris. — La lettre n’a pas d’intérêt, et, d’ailleurs, la plus grande réserve est commandée à la presse.
Divers. — Nous avons déjà dit plus d’une fois que nos comptes rendus de l’Exposition étaient une œuvre libre et indépendante de toute considération personnelle. Il en est de même des articles et des dessinsque nous publions sous le titre de : Mélanges industriels ; rédigés et dessinés par nos collaborateurs, ils ont néanmoins pour objet Futilité des exposants, à condition que nous trouvions leurs produits dignes de figurer dans l Illustration ou ses suppléments.
M. L..., à Rouen. — La plupart de vos propositions sont excellentes ; mais l’artiste propose et un autre dispose.
Les funérailles de lord Raglan.
Nous avons reçu un peu tardivement un dessin des funérailles de lord Raglan devant Sébastopol·; mais nous avons cru devoir néanmoins le publier comme épisode de cette guerre, où la gloire s’achète an prix de tant de sang généreux.
Il serait impossible, dit un correspondant, d’imaginer une. scène plus pittoresque que celle où se déployait, dans un immense circuit, la procession, composée de troupes anglai
ses et françaises, depuis le camp jusqu’à Kasatch, où le corps (levait être embarqué pour l’Angleterre. — Il a été,
en effet, rendu à cette destination le 21 juillet, et inhumé en grande pompe ainsi qu’on le sait. Les soldats et les ma
rins anglais assistaient à ee départ en donnant les signes de la plus vive émotion.