la Bourse, par laquelle est annoncée en ces termes l’incendie et la presque complète destruction des établissements extérieurs de Sweaborg :
Le bombardement de Sweaborg par les escadres alliées a eu un plein succès, ün immense incendie de quarante-cinq heures de durée a dévoré la presque totalité des magasins et les approvisionne
ments de l’arsenal, qui ne présente plus que des ruines. Plusieurs magasins à poudre et à projectiles ont lait explosion. L ennemi re
çoit un coup terrible et éprouve d’énormes pertes. Les nôtres sont insignifiantes en personnel et milles en matériel. Les équipages sont dans l enthousiasme.


Vaisseau Toérville, le 11 août.


Signé A Penaud.
Les journaux anglais, nous l’espérons du moins, ne se plaindront plus-de l’inactivité de la flotte, devant des résul
tats qui, s’il faut en croire la dépêche, portent un coup si mortel à notre puissant ennemi.
Nous empruntons au Journal des Débats la notice qui suit sur Sweaborg :
« La forteresse de Sweaborg, construite sur des îlots granitiquess’élève en avant et à un mille d’Helsingfors, capitale russe de la Finlande, dont la capitale suédoise était jadis Abo. Les îlots, au nombre de huit, dont le groupe serré constitué ta forteresse, por
tent des noms bizarres : l’fle du Loup, les deux Iles noires de l’est et de l ouest, la petite lie Noire, l’Epée de Gustave, le Grand-Aigle, Pile Royale et l’ile des Redoutes, (tes îles ne sont que des rochers, dont quelqües-uns ont été reliés par une forte chaussée en forme de rempart, Au milieu se trouve un port où stationne la flottille russe
e la Baltique.
« Le plus considérable de ces Ilots est l’Epée de Gustave, où l’on voit le logement du gouverneur avec une espèce de jardin formé de terres rapportées, et une citerne où on entasse les neiges de l hiver pour fournir de l’eau à la garnison, laquelle se compose de soldats, de matelots et d’ouvriers de la marine.
« On sait i[iie Sweaborg est surnommé le Gibraltar du Nord, titre qui lui est justement acquis. Les huit îlots se flanquent mutuelle
ment, et ils présentent presque partout des escarpements à pie de ISO à 40 pieds de hauteur; taillés dans le granit. Là où le roc ne fournissait point un rempart naturel, on a élevé des bastions avec des blocs énormes.
« La seule piasse praticable pour aller dans la rade d’Helsingfors, qui est un des grands ports de guerre delà Russie, serpente il travers ces formidables îlots, armés de 800 bouches à feu de gros calibre.
« Cette forteresse peut passer pour imprenable. Comme elle ne présente qu’une ceinture de granit inabordable, on ne peut y pren
dre terre pour en faire le siège, et on ne pourrait la réduire que par famine, vrais elle pouvait être attaquée et foudroyée par mer au moyeu d’un bombardement qui vient d’être exécuté avec un plein succès par la flotte franco-anglaise, et-qui a dû causer aux Russes d’immenses pertes matérielles par la destruction des casernes, des établissements maritimes et de l’arsenal du port. Nous attendons, à cet égard, de plus amples détails officiels.
« Complétons cette note en ajoutant que Sweaborg fut construit dans le dix-huitième siècle par le roi de Suède Gustave III. Lors de la révolution qui détrôna Gustave IV, en 1808, et qui fournit à la Russie l’Occasion longtemps épiée d’envahir la Finlande, l’impre
nable forteresse fut livrée sans combat au général russe Barclay de Tolly, par un traité qui alors étouffa le sentiment de la patrie pour satisfaire ses passions politiques.››
Le capitaine Magnan vient de faire, à Marseille, l’essai d’un des bâtiments de la flotle qu’il vient d’improviser, et dont nous avons déjà parlé dernièrement. Les expériences ont parfaitement réussi, et tout le monde en ce moment est convaincu. Le Cygne, quoique le plus vieux et le plus im
propre à la traversée qu’il va entreprendre, est le bâtiment choisi par M. Magnan afin de rendre son système évident, comme excellence aux yeux des plus incrédules.
Les nouvelles de la Crimée sont plus nulles que jamais. Ce calme pesant, qui préoccupe tant les esprits, ressemble â la lourdeur tranquille de l’atmosphère et des éléments avant une tempête effroyable du nouveau monde. Pour qui sera le vent? Le.moment sera solennel !
Un rapport du général Pélissier, dernièrement adressé au ministre de la guerre, rend compte d’une sortie effectuée par les Busses, et dans laquelle ils ont été repoussés avec perte par les travailleurs des tranchées, en ne laissant de notre, côté qu’une quinzaine d’hommes peu gravement atleints. Les derniers renseignements arrivés de Sébastopol indiquent que, la ville est toujours bien approvisionnée. Les magasins du côté du nord contiennent des vivres pour
300.000 hommes, el pour toute une année. L’abondance esl si grande que les magasins livrent de la farine aux
8.000 habitants, au prix d’un demi-kopeck d’argent patlivre. Ce qui semblerait contredire un peu cette annonce ou plutôt cette réclame, c’est qu’il vient d’être décidé qu’on n’enverrait plus de troupes russes en Crimée, et que. l’on double, d’autre part, les convois d’approvisionnements clans la prévision d’un second hiver à y passer.
Quelques journaux avaient parlé de la construction d’un pont dans la baie de Sébastopol, entre le fort Saint-Nicolas, au nord, et le. fort Saint-Michel, au sud, afin de pourvoir aux nécessités d’une retraite éventuelle. Mais, comme le fait remarquer l’Indépendance belge, aucune carte ne fait mention d’un fort Saint-Michel; en outre le fort Saint- Nicolas n’est pas situé au nord, mais au sud de la baie, à la pointe extrême de la ville, sur la gauche du port. La ver


sion de rOst-DeulcIi-Post est plus rationnelle : d’après lui,


les Busses construisaient ce pont entre le fort Saint-Nicolas et le fort Sainte-Catherine, ce qui établirait une communi
cation directe entre la partie sud ét la partie nord de la ville, où la garnison iout entière pourrait se retirer par cette voie si les alliés s’emparaient de la partie sud. Espérons qu’ils se serviront bientôt de ce pont, quel qu’il soit !
On sait que‘le général Canrobert a quitté le commandement de sa division. Arrivé le 6 août à Constantinople, re
parti le soir nfenie par l’Indns, il est arrivé mardi soir, 14,
à Marseille. Il est;remplacé dans le commandement de la première division par le général Espinasse, mais à titre provisoire, dit-on.
Tous les soldats lurcs faisant partie de l’armée régulière, et des rédifs dont on a pu disposer en Asie ont été dirigés sur Erzemum, où une bataille est prochaine.
pagnée du prince Albert el de leur suite, s’embarquera à Osborne vendredi matin, et se rendra directement à Boulo
gne, escortée par une escadre de bateaux à vapeur. La Heine, arrivée en vue de ce port sur son yacht royal, pas
sera la nuit à bord; elle, débarquera le samedi matin de bonne, heure. Reçue par l’empereur et l’impératrice des français, elle se rendra directement par le chemin de fer à Paris.
L’escadre royale se composera de Victoria-et-Albert, yacht royal sous les ordres du capitaine Demuar, Osborne, yacht à vapeur, t- atry, Blackàagle, Vivid.
Un décret de l’Empereur, inséré dans le Moniteur, porte ; Voulant que les sommes annuellement employées à célébrer la solennité du 15 août soient employées celle année à don
ner des secours aux familles des militaires morts à l’armée d’Orient; vu le programme de la fête du 15 août 1855, dont la dépense s’élève à la somme de 300,000 francs, avons décrété et décrétons ce qui suit :
fl est ouvert un crédit de 300,000 francs au ministre secrétaire d’Etat de la guerre; cette somme sera distribuée aux familles des militaires morts à l’armée d’Orient.
Le Moniteur a publié les résultats définitifs de la souscription à l’emprunt de 750 millions. Le montant s’en élève à 3,652,595,985 fr. Les souscriptions se divisent ainsi : souscripteurs des départements, 236,577, pour un capital de 1,118,703,535 fr. ; de Paris et de l’Etranger, 80,287,
pour 2,533,888,/t50 fr. Dans ces chiffres, les coupures de 50 fr. et au-dessous figurent pour 231,920,155 fr. ; par conséquent, les souscriptions de 60 fr. et au-dessus, sou
mises à la réduction, sont de 3,420,671,830 fr. ; ce qui donne une attribution définitive de 15,92 p, cent. Mais, pour éviter un morcellement contraire aux règles qui régis
sent le grand-livre de la dette publique el qui eût offert des difficultés d’exécution, la liquidation aura lieu par mul
tiples de 10 fr. pour les rentes de 1,000 fr. et au-dessous, et par multiples de 100 fr. pour les rentes d’une somme supérieure. Le reliquat de cette répartition sera par préfé
rence attribué aux souscripteurs de 80, 140, 150, 210 et 280 fr.
Le montant des sommes versées au Trésor est de 365,259,198 fr. On a déjà remboursé environ 120 millions. Le premier dixième à retenir est de 78 millions; par suite, le montant des sommes à rembourser s’élèverait à environ 167 millions, s’il n’y avait pas deux catégories de rente immédiatement escomptables de droit : 1° les souscriptions de 50 fr. de rente ; 2 les souscriptions qui, par suite de. la répartition générale, se trouvent réduites à 1,000 fr. de rente et au-dessous. La proportion de 15 p. cent rend escomptables de droit toutes les souscriptions jusqu’à
6,000 fr. de renie, puisque celles-ci sont ramenées à une coupure de moins de 1,000 fr. Cette catégorie, jointe à celle des souscripteurs à 50 fr. de rente, forme un chiffre supérieur au montant du remboursement à effectuer.
Dans la journée du 15 août, des réjouissances publiques ont eu lieu sur l’esplanade des Invalides et à la barrière du Trône. A la chute du jour les édifices publics de la ville ont été illuminés. La façade de l’Hôtel de ville surtout était décorée d’une splendide illumination étincelant de tonies les couleurs de l’arc-en-ciel.
Une population innombrable couvrait les boulevards pendant une grande partie de la nuit. On remarquait sur tou beaucoup d’étrangers attirés par ce spectacle. Tous les théâtres ont donné des représentations gratis, oit la foule, attendant l’ouverture dès le matin, a été introduite à une heure. Le tout s’est passé avec le plus grand ordre.
Paulin.
. — Nous annonçons, avec un très-vif regret, la mort de M. Henri Valentin, qui a été longtemps un de nos plus habiles collaborateurs, et dont les débuts, comme dessina
teur, ont été faits dans l’lUustraüon. L’état de santé de M. Valentin ne lui avait plus permis de nous donner, depuis deux ans, qu’un rare concours, accueilli cependant avec un grand intérêt par nos nombreux abonnés. M. Valentin avait quitté Paris, il y a quelques semaines, pour se rendre à Strasbourg où il vient d’être frappé d’apoplexie. Sa con
stitution, qui aurait exigé une vie active el un exercice musculaire, était en contradiction avec les habitudes séden
taires de sa vie d’artiste. M. Valentin est remplacé dans l’Illustration ; il ne sera pas remplacé dans l’estime des amis qui le regrettent. Nous publierons le portrait de l’excellent artiste, avec une notice.
Courrier de Paris.
Ce n’est pas l’heure du repos que vient de sonner la cloche des vacances ; il y a un heureux événement qui met tout le monde en l’air, et les nouvellistes qui faisaient déjà le dénombrement des fuyards doivent changer de style. L’in
vasion continue de plus belle, et clans le nombre combien de soi-disant revenants qui n’étaient pas partis! Faire de l’élégance en affichant du dédain pour les fêtes publiques,
personne ne s’en avisera cette fois, et le lion ton exige qu’on reste à Paris, au risque d’y étouffer. 11 s agit de faire à Sa Majesté Victoria une entrée des plus fashionables. Du reste, ce n’est pas seulement à Paris que la France fêtera l’Angle
terre, on a pensé que de pareilles pompes seraient plus à leur aise dans les jardins de Versailles, et, que pour traiter notre auguste alliée tout à fait en reine, il fallait la rece
voir dans la ville de Louis XIV. Quant à l’anniversaire du 15 août, cette immense attente ne saurait lui nuire, et bien que le divertissement ait été abrégé de la longueur d’un feu d’artifice, il y avait, dit-on, autour des mâts de cocagne encore plus de monde qu’à l’ordinaire. Mais n’en (lisons pas davantage, et pour cause, car si vous êtes au lendemain de ce beau jour, pauvre historiographe distancé, nous sommes
La Porte a exigé le retour d’Omer-Pacha en Crimée. Les dernières nouvelles, en date du 4 août, disent qu’on s’y attendait à une attaque prochaine.
On a beaucoup exagéré l’importance des réformes que le gouvernement russe voudrait introduire en Pologne. Dans le manifeste impérial au sujet de ce pays, il a été dit expres
sément que, tant que l’état de siège existera en Pologne, il serait impossible d’y opérer des modifications importantes.
L’empereur, du reste, a déclaré qu’il voulait persister dans les voies de ses prédécesseurs.
Le meeting en faveur de cette malheureuse contrée, remis par indisposition de sir de Lacy-Evans, a eu lieu, le 10, à Londres, il y avait deux mille assistants. Le comte de Harrington, président, dans son discours, avivement attaqué les paroles prononcées par lord John Russell.
Lord Ebrygton a proposé le rétablissement de la Pologne comme Etat indépendant et comme étant la meilleure garantie pour l’équilibre européen. M. Collelt, au milieu d’une inexprimable confusion, a proposé l’amendement qui suit :
« Désirant sincèrement que la nationalité polonaise soit rétablie, ce meeting ne doit pas oublier que la destruction de. cette nationalité a été principalement due à la perfide conduite de lord Palmerston, de 1830 à 1846, et qu’aussi longtemps que lord Palmerston servira la couronné, toute proposition tendant au rétablissement de la Pologne ne pourra être qu’une moquerie et une déception. »
Après le tumulte incroyable excité par ces paroles, la résolution au sujet du rétablissement de la Pologne et la créa
tion d’une légion polonaise ont été adoptées, et rassemblée s’est séparée après trois acclamations en faveur de la reine.
La légion étrangère anglaise a reçu l’ordre de partir; on laisse aux hommes qui la composent le langage qui est pro
pre à chacun d’eux, en leur imposant toutefois l’obligation d’obéir à des commandements prononcés en anglais.
Les débats du Parlement anglais ne contiennent rien d’intéressant cette semaine. Une discussion s’est cependant en
gagée au sujet de la formation de la légion italienne. Un catholique, M. Bowyer, a essayé d attaquer cette mesure, et surtout de réhabiliter le gouvernement papal; il aurait fallu pour mener à bien une tâche aussi ardue un autre orateur que M. Bowyer; aussi lord Palmerston n’a-t-il pas rencon
tré de grandes difficultés à réduire à néant les arguments de son adversaire. La légion italienne comptera 3,000 hommes, dont on espère les meilleurs services, et qui ne pour
ront être plus tard un sujet de crainte pour le gouvernement italien.
Le Parlement d’Angleterre a été prorogé le 14, à la suite d’un discours prononcé, au nom de la reine, par un des lords commissaires.
Le Times fait remarquer que, par suite de la présence de troupes étrangères dans les rangs de l’armée anglaise, le sort de l’Europe pourrait être changé. II est possible què, comme on a vu les soldats qui avaient aidé les Américains dans la guerre de l’indépendance, concourir puissamment à la révolution française, l’emploi des étrangers puisse ser
vir la cause des puissances occidentales, pour amener des changements politiques. — AU’s well!
Les nouvelles de, Kars n’ont pas d’importance, cependant une lettre du camp russe de Mogharadschick contient quel
ques détails intéressants sur la composition de l’armée russe de Mourawieff. La cavalerie irrégulière du corps’ mobile présente la réunion de toutes les races caucasiennes dont quelques-unes se voient réunies pour la première fois. L’Ossète, aux larges épaules, chevauche à côté du long et maigre Barabaque, chacun sur un cheval approprié à sa per
sonne. Ceux de ces cavaliers qui attirent le plus l’attention sont les beaux habitants de la Kabarda, montés sur de forts chevaux, simplement vêtus et armés d’excellents fusils.
Puis viennent les Kurdes, avec leur kurtka brodé d’or et leur turban aux couleurs éclatantes, leurs lances de jonc garnies de plumes d’autruche, leurs chevaux d’une finesse extraordinaire. Tous ces cavaliers montrent la, plus grande ardeur. L’inconvénient est qu’ils ne se connaissent pas les uns les autres, et qu’en campagne, quand ils se rencon
trent, ils ne savent s’ils ont affaire à des amis ou à des ennemis.
Le président des Etats-Unis, est-il dit dans les journaux américains, a reçu une, lettre autographe de l’empereur de Russie, en réponse à la lettre par lui adressée au sujet de son avènement au trône. Cette lettre parle en termes flatteurs de la grandeur croissante des Etats-Unis, et se termine par l’expression de la plus profonde reconnaissance pour l’in
térêt national qu’a manifesté le peuple américain en faveur du succès de la guerre que son illustre père avait entre
prise. Celte lettre, sans qu’il en soit besoin, explique la manière dont les Busses du Kamtchatka se sont fortifiés dans leurs possessions de ΓAmérique du Nord; autrefois à bout de ressources, ils se trouvent maintenant aussi approvi
sionnés que si les fiotles russes pouvaient encore parcourir les mers.
En Espagne, la situation est toujours aussi tendue, quoique la tranquillité soit à peu près rétablie sur beaucoup de points.
La Gazette de Madrid annonçait dernièrement la découverte faite par les autorités, à Barcelone, à savoir que les derniers (roubles auraient été iomentés par une bande socialiste, On a déjà arrêté quatre meneurs d’ouvriers.
Le capitaine général de Burgos a mandé au ministère de la guerre que le cabedlla Nicolas Hieros a fait sa soumis
sion. La faction qui, pendant tout le mois, a parcouru la province de Burgos el les provinces limitrophes, a complètement disparu.
En France, en dehors des inlérêis de la guerre, qui préoccupent à un si haut point, l’attention publique esl, por
tée sur l’arrivée, prochaine, en terre française, de la reine d’Angleterre.
Sa Majesté, à moins d’empêchements très-sérieux, accom