et remarquables, exécutés par l’artiste au palais du conseil d’Etat, et dont nous avons rendu compte dans ce journal.
Al. Comte. — Son tableau de Henri III et le duc de Guise, reproduit ici par la gravure, est, dans le genre Iris
torique, une des meilleures choses de l Exposition. Le roi et le chef de la Ligue se. rencontrent au pied du grand esca
lier du château de Blois, avant d aller communier ensemble â l’église Saint-Sauveur, le 22 septembre 1588, veille du jour où le duc de Guise fut assassiné. Le drame menaçant se devine à l’air de préoccupation mystérieuse des person
nages. Henri lit a la mine sévère, et semble prendre con
liance dans la troupe do spadassins à figures déterminées qui le suivent. Le Balafré, qui salue le roi d’un air obsé
quieux, n’a peut-être pas l’élégance qu’on s’attendrait à lui trouver. H y a du naturel dans la disposition de la scène, dans les attitudes, et de la variété dans les physionomies. Mais les têtes sont peintes d’une manière un peu égale,
Elles ont toutes la même valeur. Celles de l’extrémité ne devraient-elles pas être un peu sacrifiées aux figures prin
cipales? Au lieu de cela, elles conservent tout leur relief, jusque près du cadre, où une tète de jésuite a plus de saillie qu’il rte lui en appartient en sa qualité de. simple observateur perdu dans la foule. — M. Comte a peint d’une ma
nière également naturelle et bien comprise une autre phrase dè ce drame de la monarchie cherchant Λ se revendiquer : VAr restation du cardinal de Guise et de d’Espignae, archevêque de Lyon, après l’assassinat du duc de Guise.
M. Laugée. — Eustadw Lesueur chez tes chartreux. — Le grand artiste est assis, entouré de moines qui le re
gardent dessiner d’après nature. La scène, qui respire le calme du cloître, est d’un aspect harmonieux et doux, au
quel contribue le jour monotone répandu dans cette salle nue h parois grises, sur lesquelles s’enlèvent les robes blanches des chartreux. Ce tableau est reproduit ici par la gravure.
\l. Marchai,. — lin Retour du bai masqué ; épisode du carnaval de 185i. Il y avait un élément de succès et de. popularité dans l’antithèse de ce sujet ; dans le contraste
de ces deux groupes se rencontrant à l’aube du jour par un temps froid et triste de l’hiver, l’un appelé dehors pour des œuvres pieuses ou de charité, l’autre rentrant à moitié ivre et cherchant fébrilement, par des chants bruyants, à pro
longer l’illusion des joies grossières de la nuit qui vient de s’écouler. L’artiste a, sans exagération, tiré un bon parti de cette donnée. Peut-être a-t-il trop éloigné les deux groupes, ce qui laisse du vide au milieu de la toile? D’un autre côté, ils ne sont pas assez éloignés pour ne pas participer Ions les deux à la même lumière ; la pâle clarté ma
linale devrait s’accuser d’une manière un peu plus sentie sur les coiffes blanches des sœurs de charité, L’Illustration reproduit, par la gravure, celle composition, ainsi qu’un tableau de M. Bourgoin, intitulé Une halle, et où il a re
présenté une scène de. la vie d’aventuriers au nouveau Mexique.
A. J. Du Pays.
Exposition universelle de l’industrie (1).
On sait que nos moutons indigènes ne peuvent pas fournir plus de 1/10“ de la laine nécessaire à nos manufactures, et que nous sommes forcés de tirer le reste de l’étranger, principalement d’Angleterre, où se vendent publiquement,
a la criée, les toisons de l’Australie et de quelques autres provenances. Sur ces marchés d’Angleterre, comme sur ceux de l’Allemagne, les acheteurs français, anglais, bel
ges, allemands, etc., sont tous dans les mêmes conditions; les différences de position ne se dessinent que lors
que la laine brute se présente à la frontière des divers pays où elle doit être mise en œuvre. Toutes les douanes étrangères se montrent très-clémentes pour cette matière pre
mière, tandis que la douane française lui impose un droit d’entrée de 2à p. 100. Or, après défalcation faite des dé
chets, ce droit de 2/i p. 100 sur la laine brute équivaut à peu près à 30 p. 100 sur la laine cardée, et à 3ù ou 35 p. 100 sur la laine peignée. Ce tarif est la cause principale de l’infériorité de nos produits, au point de vue du prix de revient, vis-à-vis de nos concurrents étrangers. Une autre circonstance vient encore aggraver la situation : nos fila— leurs de. laine, s’ils veulent avoir les machines les plus parfaites, sont forcés de. les faire venir d’Angleterre, d’oii elles ne leur arrivent que surchargées de frais et de droits onéreux. Jusqu’ici les mécaniciens anglais priment absolument les nôtres pour la construction des machines à filer.
Donc, nos fabricants de tissus de laine entrent en lutte avec une matière première beaucoup plus chère que celle de leurs rivaux ; et, lorsqu’on considère que, pour tous les tissus de cette nature qui n’appartiennent pas au genre dit nouveautés, la supériorité du produit dépend surtout de la qualité et de la quantité de la matière employée, on com
prend que ce n’est que. par des miracles d’habileté dans le lissage, dans la teinture, dans les apprêts, que la France parvient quelquefois à tenir tête à la concurrence étrangère. Certes, avec les tarifs actuels, le président du Corps législatif fait bien de ne pas s’asseoir sur le sac. de laine qui sert de trône au speaker du Parlement anglais. .
Ceci posé, établissons, pour chaque espèce de. tissus de laine, la position respective des divers pays producteurs représentés au palais de l’Industrie.
Draps communs. — Nos fabriques du midi exposent des gros draps très-solides et pas chers, mais d’un toucher rude et d’un aspect assez grossier. Ces draps sont d’un trèsbon usage pour les classes ouvrières» Néanmoins il faut re
de celle partie de l Exposition universelle, ? Les nouveautésrobes de la France sont aux nouveautés-robes des autres nations, comme la Française, ou mieux la Parisienne, est à la femme de tous les autres pays... C’est-à-dire qu’au concours universel des fantaisies lissées, la Parisienne et la fabrique française triomphent de compagnie!
Toutefois, il nous faut constater ici que l’Angleterre a ex
posé des Orléans mélangés-jaspés et des Orléans noir-alpaca, d’un tissu admirable et cotés à des prix plus bas que les nô
tres; mais, quand on en vient aux Orléans à dessins riches, l’Angleterre nous cède aussitôt le pas. Généralement les fan
taisies pour robes du lioyaume-Uni sont d’un goût douteux; nous excepterons néanmoins quelques jolies impressions sur barége. Si nous ne parlons pas des tissüs-fantaisie des au
La France, voilà la seule vraie patrie de ces tissus légers où la laine se livre, à line promiscuité effrénée, avec foutes les matières textiles imaginables. Paris produit des pope- Unes extra-riches et de délicieuses impressions sur barége.
Sainte-Marie-aux-Mines se distingue par ses valencias; mais le centre le plus important de cette fabrication féerique, c’est Boubaix.
Cherchez Boubaix dans le dictionnaire géographique de Vosgien (édition de. 1792), vous trouverez ceci : « Bourg de France, à trais lieues N. E. de Lille, à litre de. marquisat... » Sans plus ! En effet, jusqu’en 1#14, Boubaix n’était que cela.
Savez-vous ce qu’est Boubaix aujourd’hui? Une ville de quarante mille âmes, autant dire.de quarante mille fabricants, où s’entasse une population moitié fixe, moitié flot
atelier de cinq étages, où les enseignes se coudoient, où les hautes cheminées se touchent, où l’on n’entend que le froufrou des bruches qui tournent, le grincement des engrenages qui mordent, les soupirs haletants de la vapeur qui s’é
chappe; une ville enfin où la pensée n’esl jamais lasse de créer, les bras de travailler, les millions de rouler... Alaintenant, ne me demandez pas de spécifier au juste ce que produit Boubaix : Boubaix produit tout! Tout ce qui rem
place aujourd’hui pour l’humanité décime les feuilles de figuier du paradis terrestre !
Cependant, ce à quoi Boubaix réussit le mieux, c’est à fomenter et à satisfaire la coquetterie féminine. Demandez plutôt aux belles dames qui, dans les galeries nord-ouest du
palais de l’Industrie, s’arrêtent des heures entières, sans que leurs maris alarmés puissent les en arracher, devant les cases de .MAL Henri Temynek, Julien Lagache, Henri Delattre, L. Cordonnier, Pin-Bayard, où s’étalent gracieuse
ment des popelines, des valencias, des fantaisies laines, soie el coton, et autres tissus pour robe aussi variés qu élégants dans leurs dispositions.
Au demeurant, ce qui nous plaît le pins dans la fabrique de Boubaix, c’est que ses produits s’adressent à tous les rangs, à toutes les bourses; en un mot, Boubaix est ieLyon du tiers-état.
Notre revue des tissus de laine se tait déjà bien longue ; cependant elle est loin d’être complète; mais, s’il nous fallait combler toutes les lacunes qu’on peut y remarquer en
core, le présent article prendrait des proportions absolument inadmissibles. D’ailleurs,
Le secret de tout dire est celui d’ennuyer;
et nous croyons en avoir dit assez pour un journal qui a hebdomadairement tant d’autres chats à fouetter.
il ne faut pas non plus qu’à propos de laine, l’Illustration fonde de trop prés la patience de ses lecteurs.
Henry Bruneel.
Chronique littéraire.
La comédie de Molière, si mâle, si simple, si vraie, n’en semblé- pas moins parfois, sur certains points, exagérée. Ainsi, les fâcheries et ires aristotéliques du docteur Pan
crace, dans le Mariage forcé, sur ce qu’il faut dire ta forme, et non la figure d’un chapeau, doivent paraître, au parterre du Théâtre-Français, des caricatures fantaisistes, et même un peu fantastiques. Il n’en est rien : il y avait en
core, sous Louis XIV, des Pancrace et des Marphorius à bonnets pointus qui ergotaient, glosaient, piaillaient, argu
mentaient de cette sorte, et se battaient à la journée sur le cousin Aristote. Mais que dira-t-on donc, quand on saura les meurtres, les vengeances et autres abominations dont le prince des philosophes fut l’innocent coupable, et cela dans le siècle précédent? Avant la comédie, ce fut la tragédie que nous donna la scolastique, et l’on s’extermina sur le point de savoir s’il fallait se. confiner dans les arrêts du pré
cepteur d’Alexandre, ou en sortir, si peu que ce fût, pour passer à son disciple Platon.
Ainsi il est prouvé et vient d’être amplement confirmé par un savant livre de M. Charles Waddington, que le cé
lèbre Bannis (Pierre la llamée), dont on sait la lin tragique, périt victime moins des fureurs populaires que des animo
sités privées de leur instigateur, Jacques Charpentier, son rival. Et pourquoi celle grande haine? C’était au sujet de démêlés d’enseignement dont Aristote était le texte. Char
Slagjfyte. ltamus était un novateur. Leurs querelles avaient fatigué les échos du collège de Presles et du collège de. France, ltamus l’avait le plus souvent emporté dans cette
bitte grecque, et l’amour-propre blessé de sou émule mit le poignard aux mains de ce Pancrace furieux. Du moins, s’il ne le saisit pas personnellement, toujours est-il, et c’est un point sur lequel tous les historiens concordent, de Thou, entre autres (fort aristotélicien), qu’il stipendia et anima les sicaires de Pierre Bannis, trois jours après le grand mas
sacre. de la Saint-Barthélemy. Et quand ceux-ci eurent tiré
le novateur de sa cachette, qu’ils lui eurent pris son ar-(1) Voir les milïiëros 638; 640, 643, 644, 645, 646, 647, 648, 649 et 600.
connaître que les gros draps : waterproof et autres, exposés par l Angleterre, offrent des qualités plus belles en laine, à des prix moins élevés encore. L’Autriche et l Allemagne nous montrent aussi quelques draps communs qui présen
tent à peu près les mêmes avantages. Un fait tout récent nous a mis à même d’apprécier la fabrique des draps com
muns de la Belgique, du moins en ce qui concerne le genre spécial de la fourniture militaire : les 30 à ΖιΟ,ΟΟΟ mètres de draps bleus et gris-bleutés que la Belgique a fournis der
nièrement à notre armée, ont été trouvés plus souples, plus fins en laine, et un peu moins chers que les produits analogues de nos manufactures françaises.
Draps en qutilités moyenne et supérieure. ·—· La palme ici appartient à l’Autriche; son exposition est vraiment admirable. Force, régularité, souplesse du tissu, éclat et pu
reté des nuances, apprêts moelleux et soyeux, tout se trouve réuni dans les étalages de quelques drapiers de Briîn (Moravie):, tels que MM. Schœller frères, Auguste Scholl,
Propper frères, Slrakosch frères, et dans la belle collection exposée, par la Compagnie pour lu fabrication des draps fins de Namiesl. Véritablement, en draps de toutes nuances (le noir excepté), aucun des autres pays ne montre, rien de. supérieur, comme ensemble, aux produits de la Moravie. Quant au prix, l’Autriche et nos autres concurrents rem
portent sur nous, surtout dans les qualités moyennes; mais dans les qualités supérieures la différence est beaucoup moins sensible ; et même les draps supérieurs anglais coûtent aussi cher, si pas plus, que les très-beaux draps français.
Nous avons distrait de la catégorie qui précède la spécialité des draps noirs, parce que, pour ceux-là, Sedan l’em
porte sur l’Angleterre (les draps noirs anglais passent pour n’être pas bon teint). La vraie rivale de Sedan, c’est Aixla-Chapelle, qui fabrique avec, grand succès cet article, et en
exporte considérablement aux Etats-Unis, li suffit de voir et de toucbei- les draps noirs exposés par MM. Thywissen frères, pour s’expliquer la prédilection des Américains.
Draps légers. — Sur ce terrain, le premier rang, pour le bon marché, semble revenir aux draps amazones, zé
cants de. Verriers ont une éloquence bien significative. L’un des principaux manufacturiers belges, Al. F. Biolley,
expose, entre autres, des draps légers marqués fr. 10 le mètre, qui sont parfaitement réussis. Nous remarquons aussi dans sa vitrine des draps noirs dits cachemires, cotés fr. 16,
qui semblent être une remarquable spécialité pour cette manufacture. Il y a bien là encore des draps en laine de Silésie d’une qualité supérieure ; mais, dans ces qualités-là, nous ne sommes pas si loin de compte avec la Belgique; et c’est plutôt dans les amazones et zéphyrs bas prix que la fabrique de Verriers se montre redoutable à ses concurrents de tous les pays.
En fait de draps légers à bon marché, la plus proche émule de Verriers, c’est encore notre fabrique de Bischwiller. L’Exposition universelle prouve qu’en ce genre, les autres pays ne viennent qu’après.
Draps façonnés (nouveautés). — Oh ! pour le coup, nous reprenons glorieusement le haut du pavé ! En effet, que tous les drapiers d’Angleterre, d’Autriche, de Prusse,
de Belgique, visitent les étalages de AI. de Montagnac, de MM. Bertèclie, Baudoux-Chesnon et compagnie, de M. Théo
dore Ghennevière, de MM. Ch. Flavigny, Labrosse frères,
Barbier, et ceux de quelques autres fabricants encore de Sedan, de Louviers, d’Elbeuf; et qu’ils décident, la main
sur la conscience, s’ils ont jamais rencontré ailleurs une aussi infatigable création de nouveautés pleines de goût et de distinction.
Notez cependant que ΓAutriche, elle aussi, a exposé des draps nouveautés d’un goût très-acceptable, d’une qualité bien réussie, et surtout d’un prix extrêmement raisonnable; et que, de son côté, l’Angleterre compte parmi ses nou
veautés-laines certains carreaux écossais et un genre dit peau de mouton qui constituent chez elle une sorte de spécialité nationale portant le cachet de la vraie fasliion.
Pour en finir avec les tissus en laine cardée, nous dirons que, si nous subissons la supériorité de la flanelle de santé anglaise, nous luttons avec infiniment moins de désavantage dans la catégorie des flanelles-tartans. Constatons en outre le bon marché des flanelles autrichiennes et belges.
D’abord, en fait de mérinos, satins-laine et laslings, la France exporte ses produits partout, en Angleterre même; c’est-à-dire que, pour ces tissus-là, nous marchons tout à fait en tête de colonne dans le palais de l’Industrie.
.Mais nous voici arrivé en l ace de l’innombrable phalange des tissus de laine mélangés, unis, brochés ou imprimés,
qui compte dans ses rangs des milliers de combinaisons de matières diverses, s’appliquant à toutes sortes d’usages et s’affublant d’une kyrielle inextricable d’appellations consa
crées par le commerce : orléans, popelines* valencias, circassiennes, alépines, bombasines, barrepours, cachemires d’Ecosse, poils-de-chèvre, alpaca, baréges, etc., etc..., c’est à ne pas s’y reconnaître*. Ah ! c’est qu’il ne s’agit plus ici de vêtir la plus laide moitié du genre humain, laquelle d’or
dinaire se vêt laidement, pour en avoir plus tôt fini; il s’agit d’habiller, de parer la femme, en la suivant avec prestesse dans toutes les capricieuses évolutions de. sa coquetterie. Songez donc: vêtir la fournie ! la femme, qu’un philosophe impoli a osé définir ainsi : «Un être qui s’habille, se. désha
bille et babille... » Mais c’est le tonneau des Danaïdes à remplir ! c’est la roue d’fxion a pousser devant soi !... De là celte création infatigable et multiple, à l’infini des tissus mélangés de laine, de coton, de fil d’Ecosse, de soie, de
bourre de soie, qu’on agroupés sous le nom collectif et bien trouvé de fantaisies. Et tenez, voulez-vous tout d’a bord une proportion arillnnélique qui résume notre revue
Al. Comte. — Son tableau de Henri III et le duc de Guise, reproduit ici par la gravure, est, dans le genre Iris
torique, une des meilleures choses de l Exposition. Le roi et le chef de la Ligue se. rencontrent au pied du grand esca
lier du château de Blois, avant d aller communier ensemble â l’église Saint-Sauveur, le 22 septembre 1588, veille du jour où le duc de Guise fut assassiné. Le drame menaçant se devine à l’air de préoccupation mystérieuse des person
nages. Henri lit a la mine sévère, et semble prendre con
liance dans la troupe do spadassins à figures déterminées qui le suivent. Le Balafré, qui salue le roi d’un air obsé
quieux, n’a peut-être pas l’élégance qu’on s’attendrait à lui trouver. H y a du naturel dans la disposition de la scène, dans les attitudes, et de la variété dans les physionomies. Mais les têtes sont peintes d’une manière un peu égale,
Elles ont toutes la même valeur. Celles de l’extrémité ne devraient-elles pas être un peu sacrifiées aux figures prin
cipales? Au lieu de cela, elles conservent tout leur relief, jusque près du cadre, où une tète de jésuite a plus de saillie qu’il rte lui en appartient en sa qualité de. simple observateur perdu dans la foule. — M. Comte a peint d’une ma
nière également naturelle et bien comprise une autre phrase dè ce drame de la monarchie cherchant Λ se revendiquer : VAr restation du cardinal de Guise et de d’Espignae, archevêque de Lyon, après l’assassinat du duc de Guise.
M. Laugée. — Eustadw Lesueur chez tes chartreux. — Le grand artiste est assis, entouré de moines qui le re
gardent dessiner d’après nature. La scène, qui respire le calme du cloître, est d’un aspect harmonieux et doux, au
quel contribue le jour monotone répandu dans cette salle nue h parois grises, sur lesquelles s’enlèvent les robes blanches des chartreux. Ce tableau est reproduit ici par la gravure.
\l. Marchai,. — lin Retour du bai masqué ; épisode du carnaval de 185i. Il y avait un élément de succès et de. popularité dans l’antithèse de ce sujet ; dans le contraste
de ces deux groupes se rencontrant à l’aube du jour par un temps froid et triste de l’hiver, l’un appelé dehors pour des œuvres pieuses ou de charité, l’autre rentrant à moitié ivre et cherchant fébrilement, par des chants bruyants, à pro
longer l’illusion des joies grossières de la nuit qui vient de s’écouler. L’artiste a, sans exagération, tiré un bon parti de cette donnée. Peut-être a-t-il trop éloigné les deux groupes, ce qui laisse du vide au milieu de la toile? D’un autre côté, ils ne sont pas assez éloignés pour ne pas participer Ions les deux à la même lumière ; la pâle clarté ma
linale devrait s’accuser d’une manière un peu plus sentie sur les coiffes blanches des sœurs de charité, L’Illustration reproduit, par la gravure, celle composition, ainsi qu’un tableau de M. Bourgoin, intitulé Une halle, et où il a re
présenté une scène de. la vie d’aventuriers au nouveau Mexique.
A. J. Du Pays.
Exposition universelle de l’industrie (1).
TISSUS (3e ARTICLE). — TISSUS DE LAINE.
On sait que nos moutons indigènes ne peuvent pas fournir plus de 1/10“ de la laine nécessaire à nos manufactures, et que nous sommes forcés de tirer le reste de l’étranger, principalement d’Angleterre, où se vendent publiquement,
a la criée, les toisons de l’Australie et de quelques autres provenances. Sur ces marchés d’Angleterre, comme sur ceux de l’Allemagne, les acheteurs français, anglais, bel
ges, allemands, etc., sont tous dans les mêmes conditions; les différences de position ne se dessinent que lors
que la laine brute se présente à la frontière des divers pays où elle doit être mise en œuvre. Toutes les douanes étrangères se montrent très-clémentes pour cette matière pre
mière, tandis que la douane française lui impose un droit d’entrée de 2à p. 100. Or, après défalcation faite des dé
chets, ce droit de 2/i p. 100 sur la laine brute équivaut à peu près à 30 p. 100 sur la laine cardée, et à 3ù ou 35 p. 100 sur la laine peignée. Ce tarif est la cause principale de l’infériorité de nos produits, au point de vue du prix de revient, vis-à-vis de nos concurrents étrangers. Une autre circonstance vient encore aggraver la situation : nos fila— leurs de. laine, s’ils veulent avoir les machines les plus parfaites, sont forcés de. les faire venir d’Angleterre, d’oii elles ne leur arrivent que surchargées de frais et de droits onéreux. Jusqu’ici les mécaniciens anglais priment absolument les nôtres pour la construction des machines à filer.
Donc, nos fabricants de tissus de laine entrent en lutte avec une matière première beaucoup plus chère que celle de leurs rivaux ; et, lorsqu’on considère que, pour tous les tissus de cette nature qui n’appartiennent pas au genre dit nouveautés, la supériorité du produit dépend surtout de la qualité et de la quantité de la matière employée, on com
prend que ce n’est que. par des miracles d’habileté dans le lissage, dans la teinture, dans les apprêts, que la France parvient quelquefois à tenir tête à la concurrence étrangère. Certes, avec les tarifs actuels, le président du Corps législatif fait bien de ne pas s’asseoir sur le sac. de laine qui sert de trône au speaker du Parlement anglais. .
Ceci posé, établissons, pour chaque espèce de. tissus de laine, la position respective des divers pays producteurs représentés au palais de l’Industrie.
Draps communs. — Nos fabriques du midi exposent des gros draps très-solides et pas chers, mais d’un toucher rude et d’un aspect assez grossier. Ces draps sont d’un trèsbon usage pour les classes ouvrières» Néanmoins il faut re
de celle partie de l Exposition universelle, ? Les nouveautésrobes de la France sont aux nouveautés-robes des autres nations, comme la Française, ou mieux la Parisienne, est à la femme de tous les autres pays... C’est-à-dire qu’au concours universel des fantaisies lissées, la Parisienne et la fabrique française triomphent de compagnie!
Toutefois, il nous faut constater ici que l’Angleterre a ex
posé des Orléans mélangés-jaspés et des Orléans noir-alpaca, d’un tissu admirable et cotés à des prix plus bas que les nô
tres; mais, quand on en vient aux Orléans à dessins riches, l’Angleterre nous cède aussitôt le pas. Généralement les fan
taisies pour robes du lioyaume-Uni sont d’un goût douteux; nous excepterons néanmoins quelques jolies impressions sur barége. Si nous ne parlons pas des tissüs-fantaisie des au
tres pays, c’est que véritablement il n’y a trop rien à en dire.
La France, voilà la seule vraie patrie de ces tissus légers où la laine se livre, à line promiscuité effrénée, avec foutes les matières textiles imaginables. Paris produit des pope- Unes extra-riches et de délicieuses impressions sur barége.
Sainte-Marie-aux-Mines se distingue par ses valencias; mais le centre le plus important de cette fabrication féerique, c’est Boubaix.
Cherchez Boubaix dans le dictionnaire géographique de Vosgien (édition de. 1792), vous trouverez ceci : « Bourg de France, à trais lieues N. E. de Lille, à litre de. marquisat... » Sans plus ! En effet, jusqu’en 1#14, Boubaix n’était que cela.
Savez-vous ce qu’est Boubaix aujourd’hui? Une ville de quarante mille âmes, autant dire.de quarante mille fabricants, où s’entasse une population moitié fixe, moitié flot
tante de vingt mille ouvriers, où chaque maison est un
atelier de cinq étages, où les enseignes se coudoient, où les hautes cheminées se touchent, où l’on n’entend que le froufrou des bruches qui tournent, le grincement des engrenages qui mordent, les soupirs haletants de la vapeur qui s’é
chappe; une ville enfin où la pensée n’esl jamais lasse de créer, les bras de travailler, les millions de rouler... Alaintenant, ne me demandez pas de spécifier au juste ce que produit Boubaix : Boubaix produit tout! Tout ce qui rem
place aujourd’hui pour l’humanité décime les feuilles de figuier du paradis terrestre !
Cependant, ce à quoi Boubaix réussit le mieux, c’est à fomenter et à satisfaire la coquetterie féminine. Demandez plutôt aux belles dames qui, dans les galeries nord-ouest du
palais de l’Industrie, s’arrêtent des heures entières, sans que leurs maris alarmés puissent les en arracher, devant les cases de .MAL Henri Temynek, Julien Lagache, Henri Delattre, L. Cordonnier, Pin-Bayard, où s’étalent gracieuse
ment des popelines, des valencias, des fantaisies laines, soie el coton, et autres tissus pour robe aussi variés qu élégants dans leurs dispositions.
Au demeurant, ce qui nous plaît le pins dans la fabrique de Boubaix, c’est que ses produits s’adressent à tous les rangs, à toutes les bourses; en un mot, Boubaix est ieLyon du tiers-état.
Notre revue des tissus de laine se tait déjà bien longue ; cependant elle est loin d’être complète; mais, s’il nous fallait combler toutes les lacunes qu’on peut y remarquer en
core, le présent article prendrait des proportions absolument inadmissibles. D’ailleurs,
Le secret de tout dire est celui d’ennuyer;
et nous croyons en avoir dit assez pour un journal qui a hebdomadairement tant d’autres chats à fouetter.
il ne faut pas non plus qu’à propos de laine, l’Illustration fonde de trop prés la patience de ses lecteurs.
Henry Bruneel.
Chronique littéraire.
La comédie de Molière, si mâle, si simple, si vraie, n’en semblé- pas moins parfois, sur certains points, exagérée. Ainsi, les fâcheries et ires aristotéliques du docteur Pan
crace, dans le Mariage forcé, sur ce qu’il faut dire ta forme, et non la figure d’un chapeau, doivent paraître, au parterre du Théâtre-Français, des caricatures fantaisistes, et même un peu fantastiques. Il n’en est rien : il y avait en
core, sous Louis XIV, des Pancrace et des Marphorius à bonnets pointus qui ergotaient, glosaient, piaillaient, argu
mentaient de cette sorte, et se battaient à la journée sur le cousin Aristote. Mais que dira-t-on donc, quand on saura les meurtres, les vengeances et autres abominations dont le prince des philosophes fut l’innocent coupable, et cela dans le siècle précédent? Avant la comédie, ce fut la tragédie que nous donna la scolastique, et l’on s’extermina sur le point de savoir s’il fallait se. confiner dans les arrêts du pré
cepteur d’Alexandre, ou en sortir, si peu que ce fût, pour passer à son disciple Platon.
Ainsi il est prouvé et vient d’être amplement confirmé par un savant livre de M. Charles Waddington, que le cé
lèbre Bannis (Pierre la llamée), dont on sait la lin tragique, périt victime moins des fureurs populaires que des animo
sités privées de leur instigateur, Jacques Charpentier, son rival. Et pourquoi celle grande haine? C’était au sujet de démêlés d’enseignement dont Aristote était le texte. Char
pentier ne voulait à aucun prix consentir qu’on s’écartât du
Slagjfyte. ltamus était un novateur. Leurs querelles avaient fatigué les échos du collège de Presles et du collège de. France, ltamus l’avait le plus souvent emporté dans cette
bitte grecque, et l’amour-propre blessé de sou émule mit le poignard aux mains de ce Pancrace furieux. Du moins, s’il ne le saisit pas personnellement, toujours est-il, et c’est un point sur lequel tous les historiens concordent, de Thou, entre autres (fort aristotélicien), qu’il stipendia et anima les sicaires de Pierre Bannis, trois jours après le grand mas
sacre. de la Saint-Barthélemy. Et quand ceux-ci eurent tiré
le novateur de sa cachette, qu’ils lui eurent pris son ar-(1) Voir les milïiëros 638; 640, 643, 644, 645, 646, 647, 648, 649 et 600.
connaître que les gros draps : waterproof et autres, exposés par l Angleterre, offrent des qualités plus belles en laine, à des prix moins élevés encore. L’Autriche et l Allemagne nous montrent aussi quelques draps communs qui présen
tent à peu près les mêmes avantages. Un fait tout récent nous a mis à même d’apprécier la fabrique des draps com
muns de la Belgique, du moins en ce qui concerne le genre spécial de la fourniture militaire : les 30 à ΖιΟ,ΟΟΟ mètres de draps bleus et gris-bleutés que la Belgique a fournis der
nièrement à notre armée, ont été trouvés plus souples, plus fins en laine, et un peu moins chers que les produits analogues de nos manufactures françaises.
Draps en qutilités moyenne et supérieure. ·—· La palme ici appartient à l’Autriche; son exposition est vraiment admirable. Force, régularité, souplesse du tissu, éclat et pu
reté des nuances, apprêts moelleux et soyeux, tout se trouve réuni dans les étalages de quelques drapiers de Briîn (Moravie):, tels que MM. Schœller frères, Auguste Scholl,
Propper frères, Slrakosch frères, et dans la belle collection exposée, par la Compagnie pour lu fabrication des draps fins de Namiesl. Véritablement, en draps de toutes nuances (le noir excepté), aucun des autres pays ne montre, rien de. supérieur, comme ensemble, aux produits de la Moravie. Quant au prix, l’Autriche et nos autres concurrents rem
portent sur nous, surtout dans les qualités moyennes; mais dans les qualités supérieures la différence est beaucoup moins sensible ; et même les draps supérieurs anglais coûtent aussi cher, si pas plus, que les très-beaux draps français.
Nous avons distrait de la catégorie qui précède la spécialité des draps noirs, parce que, pour ceux-là, Sedan l’em
porte sur l’Angleterre (les draps noirs anglais passent pour n’être pas bon teint). La vraie rivale de Sedan, c’est Aixla-Chapelle, qui fabrique avec, grand succès cet article, et en
exporte considérablement aux Etats-Unis, li suffit de voir et de toucbei- les draps noirs exposés par MM. Thywissen frères, pour s’expliquer la prédilection des Américains.
Draps légers. — Sur ce terrain, le premier rang, pour le bon marché, semble revenir aux draps amazones, zé
phyr, etc., de la Belgique. Les prix affichés par les fabri
cants de. Verriers ont une éloquence bien significative. L’un des principaux manufacturiers belges, Al. F. Biolley,
expose, entre autres, des draps légers marqués fr. 10 le mètre, qui sont parfaitement réussis. Nous remarquons aussi dans sa vitrine des draps noirs dits cachemires, cotés fr. 16,
qui semblent être une remarquable spécialité pour cette manufacture. Il y a bien là encore des draps en laine de Silésie d’une qualité supérieure ; mais, dans ces qualités-là, nous ne sommes pas si loin de compte avec la Belgique; et c’est plutôt dans les amazones et zéphyrs bas prix que la fabrique de Verriers se montre redoutable à ses concurrents de tous les pays.
En fait de draps légers à bon marché, la plus proche émule de Verriers, c’est encore notre fabrique de Bischwiller. L’Exposition universelle prouve qu’en ce genre, les autres pays ne viennent qu’après.
Draps façonnés (nouveautés). — Oh ! pour le coup, nous reprenons glorieusement le haut du pavé ! En effet, que tous les drapiers d’Angleterre, d’Autriche, de Prusse,
de Belgique, visitent les étalages de AI. de Montagnac, de MM. Bertèclie, Baudoux-Chesnon et compagnie, de M. Théo
dore Ghennevière, de MM. Ch. Flavigny, Labrosse frères,
Barbier, et ceux de quelques autres fabricants encore de Sedan, de Louviers, d’Elbeuf; et qu’ils décident, la main
sur la conscience, s’ils ont jamais rencontré ailleurs une aussi infatigable création de nouveautés pleines de goût et de distinction.
Notez cependant que ΓAutriche, elle aussi, a exposé des draps nouveautés d’un goût très-acceptable, d’une qualité bien réussie, et surtout d’un prix extrêmement raisonnable; et que, de son côté, l’Angleterre compte parmi ses nou
veautés-laines certains carreaux écossais et un genre dit peau de mouton qui constituent chez elle une sorte de spécialité nationale portant le cachet de la vraie fasliion.
Pour en finir avec les tissus en laine cardée, nous dirons que, si nous subissons la supériorité de la flanelle de santé anglaise, nous luttons avec infiniment moins de désavantage dans la catégorie des flanelles-tartans. Constatons en outre le bon marché des flanelles autrichiennes et belges.
Passons maintenant aux tissus en laine peignée.
D’abord, en fait de mérinos, satins-laine et laslings, la France exporte ses produits partout, en Angleterre même; c’est-à-dire que, pour ces tissus-là, nous marchons tout à fait en tête de colonne dans le palais de l’Industrie.
.Mais nous voici arrivé en l ace de l’innombrable phalange des tissus de laine mélangés, unis, brochés ou imprimés,
qui compte dans ses rangs des milliers de combinaisons de matières diverses, s’appliquant à toutes sortes d’usages et s’affublant d’une kyrielle inextricable d’appellations consa
crées par le commerce : orléans, popelines* valencias, circassiennes, alépines, bombasines, barrepours, cachemires d’Ecosse, poils-de-chèvre, alpaca, baréges, etc., etc..., c’est à ne pas s’y reconnaître*. Ah ! c’est qu’il ne s’agit plus ici de vêtir la plus laide moitié du genre humain, laquelle d’or
dinaire se vêt laidement, pour en avoir plus tôt fini; il s’agit d’habiller, de parer la femme, en la suivant avec prestesse dans toutes les capricieuses évolutions de. sa coquetterie. Songez donc: vêtir la fournie ! la femme, qu’un philosophe impoli a osé définir ainsi : «Un être qui s’habille, se. désha
bille et babille... » Mais c’est le tonneau des Danaïdes à remplir ! c’est la roue d’fxion a pousser devant soi !... De là celte création infatigable et multiple, à l’infini des tissus mélangés de laine, de coton, de fil d’Ecosse, de soie, de
bourre de soie, qu’on agroupés sous le nom collectif et bien trouvé de fantaisies. Et tenez, voulez-vous tout d’a bord une proportion arillnnélique qui résume notre revue