Exploitation
DU LIÈGE ET FABRICATION DES


BOUCHONS.


Tout le monde connaît le liège et les bouclions, mais parmi les per
sonnes qui en voient et touchent chaque jour, bien peu s’étant donné la peine d’en étudier la fabrication,
il n’est pas sans intérêt de livrer à la publicité les particularités d’une in
dustrie. qui figure honorablement à l’Exposition universelle, quoique ses produits soient insoucieusement re
jetés dès qu’ils ont cessé de remplir leur office conservateur des liquides.
Le chêne-liège est un arbre dont le port majestueux ne le cède en rien aux autres espèces de chênes sous le rapport de la forme et des proportions gigantesques; le gland que produit ce chêne est même plus estimé que les fruits de ses congé
nères, à raison de la plus grande quantité d’éléments nutritifs qu’il
Exploitation des forêts de liége.
fournit à l’alimentation des bestiaux» Cet arbre croît très-lentement et vit plusieurs siècles, sans rien devoir aux secours de l’art ; il pousse naturellement, sous les latitudes chau
des, dans les terrains non calcaires;
on ne compte en France que trois départements où il soit exploité : les Pyrénées-Orientales, le Var et le Lotet-Garonne ; encore, faut-il faire remarquer que certaines parties seulement de ce département en sont gratifiées.
Le chêne-liége vit paisiblement au milieu des pins, des bruyères et des arbousiers, qui protègent les pre
miers temps de sa croissance, mais qui sont fatalement appelés plus tard a devenir l’élément de sa destruction par les incendies que leur nature inflammable contribue à propager.
L’industrie principale à laquelle cet arbre a donné naissance n’a pris de proportions sérieuses, dans le dé
partement du Var, que depuis une quarantaine d’années, et il existe en
Chaudières dans lesquelles on fait bouillir les écorces.


Emmagasinage des écorces à leur arrivée de la forêt.


Atelier de découpage du liége en bandes.
Atelier d’affilage des couteaux à couper le liége.
core beaucoup de propriétaires qui regrettent, dans leur ignorance de sa valeur et de son prix, de l’avoir trop longtemps assimilé aux bois de chauffage. Les forêts de chênes-lièges du Var ne rendent aujourd’hui pas moins de deux millions, et ce pro
duit est, sans contredit, le revenu le plus net et le plus stable qui soit connu.
Quoique les chênes-lièges ne soient pas insensibles à la culture et aux engrais, il est cependant digne de remarque que ceux qui naissent, croissent et prospèrent dans les terrains arides, sablonneux ou rocailleux, produisent des qualités d’é­
corce. d’autant supérieures, que leur développement a été plus lent et que les pores en sont plus resserrés.
La Corse et la Sardaigne possèdent de nombreuses forêts de chênes-liè
ges, dont cependant la production n’a pas donné jusqu’à présent de grands résultats, à raison, quant à la Corse, des difficultés d’exploitation,
Ouvriers découpeurs en bandes et en carrés. — D’après les croquis de M. Letuaire.
et quant à la Sardaigne, cio droit prohibitif dont sont frappés les lièges étrangers.


L’Afrique promet bien des quan


tités de liège dont l’importance peut devenir immense, mais dont l’exploiiation présente aussi, dans ces forêts inaccessibles, des obstacles qui feront longtemps encore reculer les exploitateurs, effrayés par les prix énormes du nettoyage et la crainte des fièvres et des animaux sauvages.
Dans le département du Var, les forêts de chênes-lièges prennent un développement d’autant plus consi
dérable que l arbre, se dépouillant à la volonté de son maître et lui four
nissant toujours des ressources sans soins ni peines, esl devenu pour le propriétaire l’objet d’un respect tout particulier.
Passons maintenant aux détails de l’industrie qui découle de cet arbre précieux.
Le chêne-liége est en sève du commencement de, mai à la fin de sep