(le la belle Espagnole qui nuirait d’une manière trop fâcheuse au Tnglioni masculin, nous nous bornerons à dire quelques mots de la trigannka et de ceux qui l’ont exécutée.
Cette danse, à laquelle prennent part quatre personnages, est une véritable olla-podrida chorégraphique, composée de figures et de pas empruntés à notre contredanse française, à la polichinelle, à la gigue, etc 11 est impossible d’en décrire le caractère, car nous n’y avons remarqué qu’un en avant deux continu, dans lequel les Russes, tout en conservant dans le haut du corps leur immuable position du soldat sans armes, laissent en revanche leurs jambes se livrer aux plus incroyables contorsions. Parfois le danseur s a­
vance en faisant des ronds (1e jambes compliqués de tlicllacs, et en marquant la cadence par de vigoureux coups de pied qu’il se donne sur le mollet ; puis tout à coup il se baisse sur ses jarrets, et il traverse la scène en frappant le parquet de la pointe du pied et du ge
nou , tandis que son vis-à-vis, qui doit probablement être une. beauté farouche, recule par petits bonds. Pour l’honneur de la cho
régraphie russe, nous devons penser qu’il ne faut pas plus la juger sur cet échantillon qu’on ne saurait juger la nôtre en voyant dan
ser des Auvergnats dans une guinguette. Quoiqu’il en soit, le public havrais a fait preuve d’intelligence en applaudissant ces braves gens, et particulièrement le gigantesque Cosaque minaudant des gentillesses de bergère effarouchée.
La balalagka est, aux instruments perfectionnés, ce que la trigannka est à la danse des Petitpa et des Roaiti. Qu’on se fi
gure une caisse à cigares coupée en cône, et munie d’un manche, et l’on aura l’idée de cette mandoline primitive, sur laquelle sont at
tachées trois cordes que l’instrumentiste gratte avec frénésie, et dont il tire un son maigre, bien digne d’accompagner la trigannka .
Cela est original comme le couteau ou le marteau de Latude, mais la plus médiocre mandoline, travaillée par un luthier, vaudrait sans doute beaucoup mieux.
Après la soirée de mardi, M. Rémy a eu l’heureuse idée de conduire les chanteurs russes à Frascati, où le prince Jérôme se trouve eu ce moment. Ils ont exécuté, sous les fenêtres du prince, un choeur national à la suite duquel S. A. I. leur a fait remettre une somme de cent francs, et leur a fait servir des rafraîchisse
ments. Cette générosité a si profondément touché les prisonniers, qu’ils ont voulu remercier le prince par une manifestation digne d’être citée. Ils se sont fait enseigner le cri de Vive. l’Empereur, et l’on a pu entendre, mardi à onze heures du soir, des voix moscovites exprimer des vieux en faveur de Napoléon Ht.
L. Roquencourt.
Courses de Châlons-sur-Marne.
L’hippodrome de la ville de Châlons-sur-Marne est destiné à tenir un rang très-honorable parmi les nouveaux champs de courses de la province.
Favorisées par un temps magnifique, les courses de cette année ont été au moins aussi brillantes que celles de l’année précédente, et l affluence n’était pas moins considérable.
Les courses au trot ont présenté un ensemble de bons chevaux de service, et la Champagne a prouvé une fois de plus le mérite de la majeure partie de ses produits ; c’est ce qui résulte de la vitesse avec laquelle les courses ont été fournies.
La première course au trot, 5,200 mètres pour chevaux de trois, quatre et cinq ans, de quatre départements, auxquels il était ac
cordé 13 minutes, a été gagnée par Bamboche, à M. Branquette, en 11,37. Turck, à M. Deshavs, est arrivé second avec quelques se
condes de plus. La deuxième course, pour chevaux de la Marne, attelés, 4,000 mètres, a été fournie, en 10,13, par Cfidlonnaise, à M. Pothier, et 10,20, par Rosine. La troisième, pour chevaux de la Marne, montés, 4 ML, en 8,32, par Biche, à M. (liroux de Blaize, et 8,34, par Joséphine, à M. Lamairesse de Saint-Martin.
La première course du second jour, pour chevaux attelés de trois, quatre et cinq ans, de quatre départements, temps accordé : 10 minutes, a été fournie en 8,58 par Bamboche, 9,01 par Turck, et 9,02 par Chdlonnaise ; cette course a présenté un vif intérêt ; ce n’est qu’au poteau de distance que Bamboche a pris le devant, ga
gnant d’une encolure sur ses deux concurrents arrivant presque ensemble. La deuxième course, pour chevaux de la Marne de trois ans, montés, temps accordé : 9 minutes, a été gagnée par Rosine. en 7,38. Le prix de consolation aété adjugé k Zerline, appartenant à M. Plielizon.


COURSES AU GALOP.


Le prix de la ville, 1,000 fr., et pour lequel six chevaux étaient engagés, a été couru, première épreuve, par Lâchasse, à M. Joa
chim Lefèvre, arrivée première, en 2,26; Indemnity, à M. Thierot, seconde, en 2,27 ; Francine, à M. Carter, troisième, en 2,28,
et Empress, àM.Fasquel,quatrième, en 2,30. A la seconde épreuve courue parles mêmes chevaux, dans le même ordre, hachasse est arrivée première, en 2,21, au milieu des plus vifs applaudissements.
Un prix d’une couleur toute locale, cent bouteilles de vin de Champagne, offertes par M. le maire de Châlons, a été disputé par Plumeloup, appartenant à M. Joachim Lefèvre, à Indemnity, arrivée seconde.
A la course de haies, très-brillamment conduite, Edwards, à M. Thierot, est arrivé premier, ne distançant Marche-à-regrct, à M, Delair, arrivé second, qu’au neuvième obstacle.
Le prix des haras de 1,500 fr. en deux tours d’hippodrome, pourlequel cinq chevaux étaient engagés, a été couru par Plumeloup déjà citée et Monarchist. à M. Reisset ; devancée par Monarchist,
qui a tenu la tête pendant deux tours, c’est seulement à 50 mètres du but que Plumeloup, vigoureusement enlevée par sou jockey, est arrivée première en 4,19 , battant Monarchist arrivée seconde en 4,20.
En témoignage des sympathies qu’a su mériter le brave régiment (11e chasseurs) qui tient depuis deux ans la garnison de Châlons, il
avait été offert à MM. les sous-officiers quatre courses de haies dont les prix consistaient en cinquante bouteilles de vin de Champagne données par M. le maire et quatre belles montres fournies par MM. les présidents de la Société d’agriculture, du Comice, de la Société des courses et par les membres de cette dernière société ; ces courses, intermèdes fort agréables, ont été très-bien fournies,
et cette innovation que la ville de Châlons a probablement le mérite d’avoir introduite la première dans son programme, peut avoir les avantageux résultats de constater publiquement les qualités de nos chevaux de cavalerie, de leur fournir l’occasion de franchir des obstacles dans des circonstances qui ne se rencontrent pas sur les ter
rains de manœuvres et de stimuler l’étude du cheval parmi les sous-officiers appelés par les instructions à choisir leurs chevaux de remonte.
En résumé, les courses de Châlons justifient parfaitement la création de l’administration des haras au milieu d’un pays d’éleveurs, auxquels ne manquaient que les bons exemples ; et l’avenir de son hippodrome paraît d’autant plus assuré que les encouragements et lès sacrifices ne lui feront défaut ni de la part de l’autorité départe
mentale et municipale, ni de la part des membres déjà nombreux de la Société des courses.
L ’ h i p p o d r o m e
d e l a v i l l e d e
C h â l o n s - s u r -
M a r n e .

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