core aussi jeune que lui. Voilà donc le traître démasqué par ses trois victimes, et que vouliez-vous qu’il fît contre trois Andalouses? A genoux, perfide ! et point de grâce. — Quel crime ai-je commis 2 Je vous ai trouvées belles et je vous l’ai dit. — 11 devient donc certain que la punition sera aussi douce que le délit. Les yeux du criminel sont cou
verts d’un bandeau, afin de lui dérober la vue de son sup
plice, le jeu de Collin-Maillard ! et voilà que trois baisers tombent tout chauds, tout bouillants sur la joue de cet heureux martyr, qui reconnaît Carmen au duvet de son of
frande, et lui accorde définitivement son cœur et sa main. La pièce n’a que le souille, mais c’est le souffle de la jeu
nesse et de la poésie. On ne saurait faire gazouiller plus agréablement ses personnages ; il faut féliciter aussi le jeune auteur, M. Octave Lacroix, d’avoir trouvé de si aimables interprètes pour sa jolie musique.
Le [théâtre de la Bourse, en baisse plus que jamais, ne donne plus lieu qu’à des épitaphes, et son dernier produit vivra probablement ce que vivent les roses et les mauvaises pièces. Aimer et mourir, n’est qu’une contrefaçon de la mésaventure du dernier Konigsmark, si méchamment mis à mort par la comtesse Platen. Il ne faut pas vous raconter celte histoire aprèsles feuilletons du lundi, qui, pourlebesoin de leur cause, Font retrouvée dans quelque grimoire an
cien. M. Michel Masson, en délayant son noir, s’est trompé de théâtre, et le théâtre à son tour s’est trompé d’auteur. La direction, du reste, n’a rien à se reprocher sous le rap
port de la mise en scène, et, puisqu’elle voulait jeter de la poudre au,x yeux, rendons-lui cette justice, qu’on ne saurait habiller plus pompeusement un cadavre
Votre dédommagement et le nôtre, ce sera Le Gendre de M. Pommier, une farce ahurissante et où M. Grassot em
porte la paille. Ce carrossier millionnaire, que l’amour de la tragédie fait ridicule jusqu’à la férocité, vient de marier sa fille à un comte à l’agonie, afin de la rendre plus digne de devenir l’épouse d’un marquis; mais, le comte ayant la vie trop dure, M. Pommier s’ingénie à le détruire en détail. C’est encore une histoire qui n’est pas plus saugrenue qu’une autre qui léserait excessivement; mais, le personnage accepté, la pièce procédait d’un éclat de rire qui a été crescendo jusqu’à la fin.
Tl est temps de laisser la place libre pour un grand dessin qui n’a plus besoin de légende après celle que le Moniteur lui a consacrée dans ses colonnes.
Philippe Busoni.


La tour Malakoff.


Vous attendons avec impatience les documents officiels sur la prise et la destruction de Sébastopol. Nous n’en sommes encore qu’aux actions préliminaires.
La tour Malakoff n’était primitivement, et avant l’arrivée des alliés, qu’une grosse tour casematéeetà peu près sem
blable à celle du bastion Central; elfe*armait un assez grand nombre de pièces.
Dès les premiers bruits de guerre, les Russes jugèrent prudent de ne pas trop se fier au mur crénelé qui entou
rait la partie sud de Sébastopol, depuis le fond de la baie de l’Artillerie jusqu’à celle de l’Arsenal.
Or la tour Centrale occupait le saillant de ce mur crénelé, à la partie où il se dirige vers le fond du ravin, pour venir aboutir au monument de Katsarski, en haut de la rampe de la baie de l’Arsenal.
Lis fortifièrent donc le sommet même du ravin, et ainsi furent établis le bastion Central, ou de la Tour, et le bastion du Mât, situé sur une ligne presque parallèle. Le bas
tion n 6, ou de la Quarantaine, ainsi qu’un petit flanc bastionné qui est en arrière, étaient les seuls qui existassent auparavant, et cela parce qu’ils faisaient partie du système de défense maritime. Aussi les escarpes et les contrescar
pes étaient revêtues en maçonnerie, et le flanc gauche du demi-bastion, armé de deux casemates, enfilant non-seule
ment la face du bastion n 6, mais encore le ravin de la Quarantaine, au moyen d’une rupture existant dans la contrescarpe.
Aussitôt notre débarquement, la ligne d’enceinte qui se prolonge du bastion Central, en descendant et en remon
tant les pentes du ravin de l’Artillerie pour se joindre au bastion du Mât, fut commencée ; car, lorsque les alliés arrivaient devant Sébastopol, ce travail existait : seulement chaque jour et, pour ainsi dire, à chaque heure, il fut augmenté. Tout le monde sait avec quelle rapidité nos enne
mis ont su, pendant le siège, remuer d’énormes quantités de terre.
Il en fut de même sur la partie drojte de la défense, c’est-à-dire depuis le ravin Anglais jusqu’au mont Sapounn.
La tour Malakoff, appelée plus tard par les Russes redoute Korniloff, en l’honneur du général russe de ce nom tué pendant le siège, était la seule défense régulière de celle partie de la ville.
La batterie des Casernes, le grand Redan, la redoute élevée autour de Malakoff, le petit Redan, les batteries du Ca
rénage, les batteries Blanches, lés Noires, etc., le mamelon Vert, furent des ouvrages quelque peu antérieurs au siège ou élevés pendant sa durée.
Chaque jour les fortifications de Malakoff s’augmentèrent de quelques embrasures, au point que cette redoute n’était plus, vers le milieu du siège, qu’un monstrueux mamelon hérissé de canons de gros calibre, et dont les abords étaient couverts d’abatis, de tranchées et de palissades.
Attaqué d’abord par les Anglais seuls, il fut bientôt reconnu que les moyens que nos alliés pouvaient employer étaient insuffisants, et ce fut alors qu’une partie de nos troupes dut prendre la suite droite des travaux anglais poulies prolonger jusqu’à la baie même de Sébastopol.
Ce fut là le commencement du vrai siège.
H. Durand-Brager.
L e b a s t i o n
K o r n i l o f f ( d i t
t o u r
M al
ako
ff) , e n l e v é a u x
R u s s e s
le 8
S e p t e m b r e
185 5.