à ce ministre d’une conduite qui aliène l’esprit du Sultan à l’influence anglaise, et qui amoindrit la considération du pays, il termine son article virulent en engageant lord Redclifl e à se convaincre des ridicules dont est couvert M. Jourdain du bourgeois gentilhomme.
Voici des renseignements topographiques sur la position des armées russes et alliées du côté de la Tchernaïa, tels qu’ils ont été produits par l’indépendance belge :
« Les eaux (le la Tchernaïa et du Beibeek sont séparées dans leur cours supérieur par une ramification des monts Jaila, qui courent le long de la côte sud-ι st de la Crimée. Cette ramification, qui porte sur les meilleures cartes le nom de Siourioukaia, encaisse en demicercle la vallée de Baïdar, et, formant les vallées des affluents de droite de la Tchernaïa, notamment du Tchouliou, va se rattacher par les passes d’Aïtodor et d’Ouzenbasch aux hauteurs abruptes qui terminent brusquement le plateau du Beibeek, depuis la ferme de Mackensie jusqu’au village de Mangoup-Kalé. Le plateau du Beibeek, qui s’étend entre la mer, la rivière du même nom, la rade de Sébas
topol et le cours inférieur de la Tchernaïa, complète la séparation des eaux des deux courants et de leurs tributaires.
« Toute cette ligne de faîte, saufles défilés mêmes des monts Siourioukaia, est occupée par l’armée russe ; l armée alliée, au contraire, indépendamment de la position sur le plateau de la (ihersonèse, s’é
tend dans la vallée delà Tchernaïa, et a poussé des détachements considérables de ses forces jusqu’aux points extrêmes de la (allée de Baïdar. Mous savons en effet, par le journal des opérations du prince de Gortschakolf, que, les 12 et 13 septembre, les alliés ont établi dans celte vallée, sur la route d’Ouzenbaschi à Ourkussa, deux camps dans lesquels se trouvaient six escadrons de car alerte et cinq bâterions d’infanterie avec de l’artillerie, et que le 23 septembre une partie de ces forces avait pris possession des hauteurs d’üurkussa.
.i C’est donc là qu’il nous faut chercher les troupes dont parle la dernière dépêche du prince Gortschakoff. Ainsi que nous l’avons déjà expliqué, d’Ourkussa, les alliés peuvent se sorter soit vers Ouzenbasch, soit vers Markour, situé sur te versant des monts Siou
rioukaia qui fait face au Beibeek. Quelle direction comptent-ils prendre ? Voilà ce que nous ignorons;, mais il nous semble résulter, tant des termes de la dépêche que de la position topographique des lieux, que la route en construction doit se diriger vers le Beibeek.
« II existe déjà là d ailleurs une voie de communication, mais qui, traversant un pays très-accidenté et presque inaccessible, se trouve sans doute en très-mauvais état, si même elle n’a pas été en partie détruite par les Russes. Du côté d’Ouzenbascb, les alliés ne pourraient que redescendre dans la vallée du Tchouliou, et il leur resterait encore toujours à escalader les hauteurs de la ferme de Mackensie, très-fortiiiée et formant le centre des positions russes.
Il est plus vraisemblable qu’ils cherchent à éviter ces difficultés en tournant l’extrême gauche de leurs adversaires.
« Une circonstance qu’il importe de ne pas perdre de vue, c’est que la route de Woronzoff, excellente chaussée, court parallèlement aux positions des alliés, tandis que l’armée russe est à cher al sur la grande route de Baktschi-Seraï. Les premiers peuvent donc, avec une très-grande rapidité, porter îles forces d’un point extrême de leurs lignes à l’autre, facilité qui manque dans les mêmes conditions au prince Gortschakolf. »
Le Moniteur a donné à ces renseignements un caractère semi-officiel :
« Dans la plaine près de Sack, à quelques milles d’Eupatoria, sur la route de Simphéropol, se trouve une brigade d’infanterie russe et deux divisions de cavalerie, sous les ordres du général Sciabelski (du corps des dragons) et du général Pawloff. Mais ce corps est inférieur aux alliés, qui, dans la reconnaissance du 25, se sont avancés jusqu’au village de Sack, d’une part, et, de l’autre côté, sur la route de Pérékop, ont occupé les villages de Sciabock, Orlomatnaï et Tip-Mamaï (mamelon Marnai), sans rencontrer d’ob
stacles de la part de l ennemi. Du côté de la Tchernaïa, le général Liprandi occupe les hauteurs de Ai-Todor ou San- Teodoro. Les avant-postes font face à ceux des Piémontais;
ils dominent une route qui, passant par la montagne, va déboucher par le Beibeek, sur la principale route qui, de Balaklava par Mackensie, va à Bagtché-Seraï. »
L’Invalide russe du 30 septembre publie un rapport du général Mouravieff, d’après lequel ce général aurait battu, le 11 septembre, 3,000 Turcs, et fait prisonnier le vaillant Ali-Pacha. Il aurait pris, en outre, quatre canons et trois enseignes. Les Turcs auraient perdu 400 hommes dans cette affaire.
Dans une lettre adressée au Times, signée. Lucien Alurat, et reproduite par presque toutes les feuilles françaises, on remarque cette phrase : « Que le Piémont déclare qu’il lève l’étendard de funion, de l’indépendance et de la liberté de toute l’ilalie, et je m’engage ici non-seulement à ne pas lui faire obstacle, mais encore à lui apporter tout mon concours, et celui de tous les hommes que des souvenirs pas
sés attachent à ma famille. » Λ peine celte lettre eut-elle pai u, que le gouvernement fit insérer dans te Moniteur la note suivante. :
« Le gouvernement de l’Empereur a vu avec un profond regret la publication d’une lettre au sujet des affaires de Naples, qui tendrait à faire croire que la politique de l’Empereur, au lieu d’être franche et loyale comme elle l’a tou
jours été vis-à-vis des gouvernements étrangers, pourrait favoriser sous main certaines prétentions. Le gouvernement les désavoue hautement, sous quelque forme qu’elles se produisent. »
Dans un long article donné par le Journal des Débats sur les différends existant en Grèce entre le roi et le conseil des ministres, au sujet de M. Kalergi, nous exlrayons le résumé qui suit : « On sait que M. Kalergi, ayant à se plaindre, de la reine, a écrit à ce sujet à un des grands di
gnitaires du palais une lettre qui n’était pas destinée à être, publiée; elle le. fut cependant, et le roi, se trouvant attaqué dans sa dignité, refusa de recevoir M. Kalergi dans son palais et lui fit demander sa démission. Mais aussitôt le conseil des ministres s’assembla, sous la présidence de M. Maurocordalo, et prétendu que le roi n’avail aucun droit à s’immiscer dans les affaires des particuliers, concluant à son retrait en masse si l’exclusion de M. Kalergi était maintenue. Le roi alors demanda l’appui des ministres d’Autriche, de la Bavière et de la Prusse, sans que ces repré
sentants pussent rien obtenir de la volonté du roi et de la décision du conseil. »
Courrier de Paris.
Toujours la même situation et le même spectacle, qui est une reprise connue : le spectacle de la rentrée. Moi, j’es
père et j’attends ! s’écrie cette jeune ou vieille captive la Chronique, car, à parler franc, elle ne voit rien venir pour elle parmi tant de choses et de gens qui reviennent. Ces revenants des eaux et des châteaux feraient-ils peur à voir? le fait est qu’ils ne veulent pas se montrer. Est-ce que les eaux minérales auraient porté malheur à tant de précieuses santés ; aucuns disent que l’air de la campagne ne vaut rien pour la vraie Parisienne, et que le repos aux champs devient aisément pour elle la plus insupportable des fatigues. L’ex
cursion à la ferme, la fête du village voisin, les eonversations de M. le maire, les visites de M. le curé, et puis les exercices de solfège de nos voisines, tels étaient nos plai
pre de ces endroits pastoraux, on finit par y connaître, tout le monde, et même la cuisine de tout le monde. On revient donc parce qu’on s’ennuie. Madame rapporte ses vapeurs et monsieur ses petites infirmités, aigries par un calme trop profond et une nourriture trop substantielle ; le jeune pre
mier de salon, là-bas le coq du village, revient avec trois ou quatre affaires sur le cœur ; le chanteur de romances revient avec une extinction de voix, et ainsi de suite.
Chantilly vient de relever sa bannière, mais ses courses sont bien déchues, puisqu’elles ne ruinent plus personne.
Celte fois encore l’affaire se sera passée entre sportmen, la pluie ayant découragé les simples curieux. M. Genuaro, l’andarin espagnol, éclipse d’ailleurs noscoureurs à quatre flat
tes. Cet homme, d’une force de plusieurs chevaux, a vengé sa mésaventure première par une victoire éclatante, que l’envie lui dispute déjà. Elle reproche à l’andarin de s’être fait Iji partie vraiment trop belle aux dépens de ses concurrents! On ne comprend pas bien, par exemple, — c’est tou
jours l’envie qui parle, — comment le noble quadrupède qui a fait sans broncher trente-quatre fois le tour de l’arène, s’est trouvé finalement vaincu parl’andarin, dont la prome
nade, — car c’en était une, ·— s’est arrêtée après le vingtcinquième tour. L’envie réclame donc du vaillant coureur qu’il prenne sa revanche de ce succès, et l’administration ne demande pas mieux. Je me persuade même qu’elle aura lieu de bénir de tout son cœur ces malintentionnés qui lui four
nissent ce nouveau truc de la suspension d’intérêt. Gennaro vainqueur à la première manche, qu’arrivait-il? Ses adver
saires n’avaient plus qu’à rentrer à l’écurie, l’œil morne et la tête baissée; mais, la victoire étant disputée et la question toujours pendante, il n’y a plus de raison pour que le spectacle finisse.
Chantilly, Gennaro, les grandes courses d’octobre, quelle vive émotion autrefois et très-suffisante pour défrayer un
Courrier de Paris! mais la chronique ne saurait plus se dire : Tout mon royaume pour un cheval. Il faut qu’elle suive son monde et donne une idée de sa physionomie, alors .même que son monde est sans physionomie. Il-n’en est encore qu’aux préparatifs, à l’effet d’égayer le plus possible cet hiver qui s’annonce sous de sombres auspices, du moins c’est le Constitutionnel qui l’affirme. «Le prix du pain res
tera élevé pendant la saison rigoureuse, dit cet oiseau de mauvais augure, et la situation matérielle des classes ou
vrières sera très-difficile, vu la cherté exceptionnelle du vin, dont la récolle est insuffisante, et la cherté progressive de la viande, dont le prix, ainsi que celui des loyers, augmente dans toute la France, par le fait même de l’accrois
sement de l’aisance générale. En effet, le progrès de la ri
chesse publique habitue d’innombrables familles à un bienêtre qui naguère leur était inconnu. » Ainsi, mes frères les richards, continue le grand économisle en prenant le ton de l’homélie, pratiquez la charité eu chrétiens, c’est-à-dire retranchez-vous, non pas seulement le superflu, mais aussi
des nouvelles importantes viendront donner un aliment nouveau à l’opinion publique ; jusque-là nous nous borne
rons à constater les différents bruits qui nous paraîtront mériter une attention sérieuse, et qui, à un jour donné, pourront devenir des faits.
De Sébastopol, le 1er octobre, le maréchal Pélissier écrit au ministre de la guerre.
« Le maréchal Pélissier au ministre de la guerre.
«Sébastopol, 1er octobre 1855.
« Un brillant combat de cavalerie a élé livré le 29 septembre à Kouglil, cinq lieues nord-est d’Eupatoria, dans lequel la cavalerie russe du général Korf a été défaite par celle du général d’Allonville.
« 6 pièces de canon, 12 caissons, une forge de campagne avec leurs attelages, 160 prisonniers, dont un officier et 250 chevaux de huhlans, sont restés entre nos mains.
«L’ennemi a laissé 50 morts sur le champ de bataille, parmi lesquels le général Androwski.
«Nos pertes sont minimes : 6 tués et 27 blessés. »
Un rapport du général Gortschakoff, parvenu cette semaine à Paris, confirme ce premier succès de notre cavalerie.
Le génie creuse dans Sébastopol de longues tranchées et des mines que l’on suppose destinées à achever la destruc
tion des remparts. D’après la quantité de canons retirés de l’eau, ce serait 6,000 bouches à feu russes que les alliés au
raient en leur possession. L’Indépendance belge annonce qu’à chaque instant partent de France et d’Angleterre des ouvriers de tous les états, des maçons, des serruriers, des charpentiers, des menuisiers, des peintres, que l’on transporte à Sébastopol. Us sont chargés de réédifier et de re
construire cette ville, et de la rendre telle que nos troupes puissent y trouver un abri sûr et commode après les fati
gues qu’elles sont encore appelées à éprouver. Le Globe annonce qu’il va être embarqué pour la Crimée, 6,000 hommes de troupes ; ils n’attendent que les transports qui doi
vent les conduire à destination. Dans ce chiffre figurent 800 hommes de l’artillerie royale; de plus 4,000 hommes d’infanterie doivent partir de Gibraltar, de Malte et des îles Ioniennes pour renforcer l’armée de Crimée.
Du côté de la Tchernaïa, nos troupes se disposent à hiverner; elles préparent leurs logements. Le nombre des malades diminue, dit une correspondance, mais il faudra ren
voyer un certain nombre de soldats incapables de supporter les rigueurs d’un nouvel hiver.
La Gazette de la Bourse de Berlin, du 6 octobre, annonce, d après une dépêche télégraphique de Saint-Péters
bourg, que l’empereur Alexandre a quitté Nikolaïeif le 27
septembre avec le grand-duc Constantin, pour se rendre en Crimée.
Les journaux allemands ne parlent que de la mission de M. de Prokescli à Paris, et de celle qu’il est allé remplir à Constantinople. En ce dernier pays, le point sur lequel il
doit discuter, et sur lequel on avait presque élé d’accord avec le gouvernement français, est relatif aux principautés , lequel entraîne la nécessité d’établir un certain nom
élevées jusqu’ici enlre les autorités turques et les autorités, autrichiennes ; mais ce sera surtout quand on abordera la question de la paix que la mission de M. Prokesch acquerra une grande importance.
Le cabinet français, dit le Nouvelliste de Hambourg, a accueilli avec faveur les ouvertures faites par M. Prokesch sur le quatrième point ; mais quand au troisième point, qui a élé encore modifié par les derniers événements, il paraît qu’on n’a encore pu s’entendre sur les propositions faites par l’Autriche. Le cabinet français a déclaré qu’il ne dési
rait pas moins que l’Autriche le rétablissement de la paix,
lequel était dans l’intérêt général du monde civilisé; mais, a-l-il ajouté, cet intérêt serait mal garanti si, pour base de la paix, on prenait les conditions ressemblant à celles qui, d’après la dernière circulaire du comte de Ncsselrode, paraissent répondre aux intentions de la Russie. Les alliés se voient donc obligés de continuer la guerre avec énergie, jusqu’à ce que la Russie se déclare prête à accepter des conditions qui garantissent une paix solide et durable.
Les journaux anglaisnous apportent trois discours qui ont élé prononcés en Angleterre dans des fêles de comtés, par lord Palmerston, sir John Paxlon et sir E. Bulwer-Lytton. Ces discours expriment les trois nuances de l’opinion : celle du cabinet, celle des radicaux et celle des tories; tous les
trois sont belliqueux. Les deux derniers orateurs ont parlé de réformes, mais tous sont d’avis que l’on poursuive la guerre avec vigueur, jusqu’à ce que l’on soit arrivé à un résultat certain. L’enthousiasme qui a accueilli ces discours fait désirer que toutes les opinions se produisent, et que celle de la paix soit aussi représentée, afin qu’on puisse bien connaître l’opinion générale. Nous donnons in extenso le discours de lord Palmerston, le plus important des trois orateurs.
Au sujet du rognage entamé entre la princesse royale d’Angleterre et le prince royal de Prusse, le Times se livre à des attaques extrêmement violentes contre la Prusse, et en général contre toutes les principautés allemandes. Cette
alliance, dit-il, serait considérée comme un premier pas fait vers l’alliance russe, et le moment serait mal choisi pour se rapprocher de la cour de Saint-Pétersbourg.
Le Times était du reste en voie de mauvaise humeur, car le lendemain il malmenait lord Redcliffe d’une singulière façon. Une lettre datée de Constantinople apprend qu’à l’occasion du Te Dcum que l’ambassadeur français fit chanter en l’honneur de la prise de Sébastopol, lord Redcliffe se dispensa d’y assister pour cause de mauvaise santé.
Toute l’ambassade paraissait du reste être dans ce cas, car l’Angleterre n’était représentée à cette cérémonie que par un simple attaché et deux drogmans. Le Times, à propos de la protestation presque grossière de lord Redcliffe à la nomination de Méhemet-Ali-Pacha, fait des reproches violents
nouveau ministère a été formé et composé de la manière suivante : MAI. Bulgarie, président au conseil et ministre de l’intérieur; Tricoupis, ministre des affaires étrangères; Smolenitz, ministre de la guerre; Aliaulis, ministre de la marine; Syllivergos, ministre des finances.
Au Danemark, les deux assemblées législatives ayant adopté la charte constitutionnelle pour les diverses parties de la monarchie, cet acte important a reçu la sanction royale, le 2 de ce mois, dans un conseil de cabinet présidé par le ro:. Le prince Ferdinand, oncle du roi et héritier présomptif et direct de la couronne, a déclaré que sa réso
lution invariable était de ne pas donner son approbation à fade fondamental du gouvernement. Le Zi, un arrêté royal, regardé par beaucoup de monde comme un coup d’Etat, cite au prince Ferdinand le commandement général de l’armée,
qu’il exerçait depuis longtemps. Le prince, démis de ses hautes fonctions, est mis désormais à la suite de l ar
mée. Le prince Ferdinand, qui n’a jamais voulu reconnaître les faits accomplis en 18A8 dans le Danemark, y est re
gardé comme le chef du parti conservateur, il s’est rendu fort populaire par ses mœurs simples et sa manière de voir; l’armée, qui lui est très-dévouée, obéit avec plaisir à son commandement. On est encore sans désignation sur l’état des troupes que suivra cette décision.
En Espagne, quelques journaux nient que l’arrangement entre les puissances alliées et l’Espagne, pour l’envoi d’un coi ps d’armée en Crimée, soit aussi avancé qu on veut bien le dire, et cela à cause de la pénurie générale, du manque de ressources.
L’Empereur a donné la grand’eroix de la Légion d’honneur au général Simpson ; le maréchal Pélissier a été décoré de la grand’eroix de l’ordre du Bain.
La Banque de France vient d’élever 1e taux de son escompte à 5 1/2 p. 100, et de réduire l’échéance des effets à 75 jours au lieu de 90.
Paulin.
Voici des renseignements topographiques sur la position des armées russes et alliées du côté de la Tchernaïa, tels qu’ils ont été produits par l’indépendance belge :
« Les eaux (le la Tchernaïa et du Beibeek sont séparées dans leur cours supérieur par une ramification des monts Jaila, qui courent le long de la côte sud-ι st de la Crimée. Cette ramification, qui porte sur les meilleures cartes le nom de Siourioukaia, encaisse en demicercle la vallée de Baïdar, et, formant les vallées des affluents de droite de la Tchernaïa, notamment du Tchouliou, va se rattacher par les passes d’Aïtodor et d’Ouzenbasch aux hauteurs abruptes qui terminent brusquement le plateau du Beibeek, depuis la ferme de Mackensie jusqu’au village de Mangoup-Kalé. Le plateau du Beibeek, qui s’étend entre la mer, la rivière du même nom, la rade de Sébas
topol et le cours inférieur de la Tchernaïa, complète la séparation des eaux des deux courants et de leurs tributaires.
« Toute cette ligne de faîte, saufles défilés mêmes des monts Siourioukaia, est occupée par l’armée russe ; l armée alliée, au contraire, indépendamment de la position sur le plateau de la (ihersonèse, s’é
tend dans la vallée delà Tchernaïa, et a poussé des détachements considérables de ses forces jusqu’aux points extrêmes de la (allée de Baïdar. Mous savons en effet, par le journal des opérations du prince de Gortschakolf, que, les 12 et 13 septembre, les alliés ont établi dans celte vallée, sur la route d’Ouzenbaschi à Ourkussa, deux camps dans lesquels se trouvaient six escadrons de car alerte et cinq bâterions d’infanterie avec de l’artillerie, et que le 23 septembre une partie de ces forces avait pris possession des hauteurs d’üurkussa.
.i C’est donc là qu’il nous faut chercher les troupes dont parle la dernière dépêche du prince Gortschakoff. Ainsi que nous l’avons déjà expliqué, d’Ourkussa, les alliés peuvent se sorter soit vers Ouzenbasch, soit vers Markour, situé sur te versant des monts Siou
rioukaia qui fait face au Beibeek. Quelle direction comptent-ils prendre ? Voilà ce que nous ignorons;, mais il nous semble résulter, tant des termes de la dépêche que de la position topographique des lieux, que la route en construction doit se diriger vers le Beibeek.
« II existe déjà là d ailleurs une voie de communication, mais qui, traversant un pays très-accidenté et presque inaccessible, se trouve sans doute en très-mauvais état, si même elle n’a pas été en partie détruite par les Russes. Du côté d’Ouzenbascb, les alliés ne pourraient que redescendre dans la vallée du Tchouliou, et il leur resterait encore toujours à escalader les hauteurs de la ferme de Mackensie, très-fortiiiée et formant le centre des positions russes.
Il est plus vraisemblable qu’ils cherchent à éviter ces difficultés en tournant l’extrême gauche de leurs adversaires.
« Une circonstance qu’il importe de ne pas perdre de vue, c’est que la route de Woronzoff, excellente chaussée, court parallèlement aux positions des alliés, tandis que l’armée russe est à cher al sur la grande route de Baktschi-Seraï. Les premiers peuvent donc, avec une très-grande rapidité, porter îles forces d’un point extrême de leurs lignes à l’autre, facilité qui manque dans les mêmes conditions au prince Gortschakolf. »
Le Moniteur a donné à ces renseignements un caractère semi-officiel :
« Dans la plaine près de Sack, à quelques milles d’Eupatoria, sur la route de Simphéropol, se trouve une brigade d’infanterie russe et deux divisions de cavalerie, sous les ordres du général Sciabelski (du corps des dragons) et du général Pawloff. Mais ce corps est inférieur aux alliés, qui, dans la reconnaissance du 25, se sont avancés jusqu’au village de Sack, d’une part, et, de l’autre côté, sur la route de Pérékop, ont occupé les villages de Sciabock, Orlomatnaï et Tip-Mamaï (mamelon Marnai), sans rencontrer d’ob
stacles de la part de l ennemi. Du côté de la Tchernaïa, le général Liprandi occupe les hauteurs de Ai-Todor ou San- Teodoro. Les avant-postes font face à ceux des Piémontais;
ils dominent une route qui, passant par la montagne, va déboucher par le Beibeek, sur la principale route qui, de Balaklava par Mackensie, va à Bagtché-Seraï. »
L’Invalide russe du 30 septembre publie un rapport du général Mouravieff, d’après lequel ce général aurait battu, le 11 septembre, 3,000 Turcs, et fait prisonnier le vaillant Ali-Pacha. Il aurait pris, en outre, quatre canons et trois enseignes. Les Turcs auraient perdu 400 hommes dans cette affaire.
Dans une lettre adressée au Times, signée. Lucien Alurat, et reproduite par presque toutes les feuilles françaises, on remarque cette phrase : « Que le Piémont déclare qu’il lève l’étendard de funion, de l’indépendance et de la liberté de toute l’ilalie, et je m’engage ici non-seulement à ne pas lui faire obstacle, mais encore à lui apporter tout mon concours, et celui de tous les hommes que des souvenirs pas
sés attachent à ma famille. » Λ peine celte lettre eut-elle pai u, que le gouvernement fit insérer dans te Moniteur la note suivante. :
« Le gouvernement de l’Empereur a vu avec un profond regret la publication d’une lettre au sujet des affaires de Naples, qui tendrait à faire croire que la politique de l’Empereur, au lieu d’être franche et loyale comme elle l’a tou
jours été vis-à-vis des gouvernements étrangers, pourrait favoriser sous main certaines prétentions. Le gouvernement les désavoue hautement, sous quelque forme qu’elles se produisent. »
Dans un long article donné par le Journal des Débats sur les différends existant en Grèce entre le roi et le conseil des ministres, au sujet de M. Kalergi, nous exlrayons le résumé qui suit : « On sait que M. Kalergi, ayant à se plaindre, de la reine, a écrit à ce sujet à un des grands di
gnitaires du palais une lettre qui n’était pas destinée à être, publiée; elle le. fut cependant, et le roi, se trouvant attaqué dans sa dignité, refusa de recevoir M. Kalergi dans son palais et lui fit demander sa démission. Mais aussitôt le conseil des ministres s’assembla, sous la présidence de M. Maurocordalo, et prétendu que le roi n’avail aucun droit à s’immiscer dans les affaires des particuliers, concluant à son retrait en masse si l’exclusion de M. Kalergi était maintenue. Le roi alors demanda l’appui des ministres d’Autriche, de la Bavière et de la Prusse, sans que ces repré
sentants pussent rien obtenir de la volonté du roi et de la décision du conseil. »
Aujourd’hui nous apprenons, en date du 9 octobre, qu’un
Courrier de Paris.
Toujours la même situation et le même spectacle, qui est une reprise connue : le spectacle de la rentrée. Moi, j’es
père et j’attends ! s’écrie cette jeune ou vieille captive la Chronique, car, à parler franc, elle ne voit rien venir pour elle parmi tant de choses et de gens qui reviennent. Ces revenants des eaux et des châteaux feraient-ils peur à voir? le fait est qu’ils ne veulent pas se montrer. Est-ce que les eaux minérales auraient porté malheur à tant de précieuses santés ; aucuns disent que l’air de la campagne ne vaut rien pour la vraie Parisienne, et que le repos aux champs devient aisément pour elle la plus insupportable des fatigues. L’ex
cursion à la ferme, la fête du village voisin, les eonversations de M. le maire, les visites de M. le curé, et puis les exercices de solfège de nos voisines, tels étaient nos plai
sirs, sans parler des cancans de la localité, car c’est le pro
pre de ces endroits pastoraux, on finit par y connaître, tout le monde, et même la cuisine de tout le monde. On revient donc parce qu’on s’ennuie. Madame rapporte ses vapeurs et monsieur ses petites infirmités, aigries par un calme trop profond et une nourriture trop substantielle ; le jeune pre
mier de salon, là-bas le coq du village, revient avec trois ou quatre affaires sur le cœur ; le chanteur de romances revient avec une extinction de voix, et ainsi de suite.
Chantilly vient de relever sa bannière, mais ses courses sont bien déchues, puisqu’elles ne ruinent plus personne.
Celte fois encore l’affaire se sera passée entre sportmen, la pluie ayant découragé les simples curieux. M. Genuaro, l’andarin espagnol, éclipse d’ailleurs noscoureurs à quatre flat
tes. Cet homme, d’une force de plusieurs chevaux, a vengé sa mésaventure première par une victoire éclatante, que l’envie lui dispute déjà. Elle reproche à l’andarin de s’être fait Iji partie vraiment trop belle aux dépens de ses concurrents! On ne comprend pas bien, par exemple, — c’est tou
jours l’envie qui parle, — comment le noble quadrupède qui a fait sans broncher trente-quatre fois le tour de l’arène, s’est trouvé finalement vaincu parl’andarin, dont la prome
nade, — car c’en était une, ·— s’est arrêtée après le vingtcinquième tour. L’envie réclame donc du vaillant coureur qu’il prenne sa revanche de ce succès, et l’administration ne demande pas mieux. Je me persuade même qu’elle aura lieu de bénir de tout son cœur ces malintentionnés qui lui four
nissent ce nouveau truc de la suspension d’intérêt. Gennaro vainqueur à la première manche, qu’arrivait-il? Ses adver
saires n’avaient plus qu’à rentrer à l’écurie, l’œil morne et la tête baissée; mais, la victoire étant disputée et la question toujours pendante, il n’y a plus de raison pour que le spectacle finisse.
Chantilly, Gennaro, les grandes courses d’octobre, quelle vive émotion autrefois et très-suffisante pour défrayer un
Courrier de Paris! mais la chronique ne saurait plus se dire : Tout mon royaume pour un cheval. Il faut qu’elle suive son monde et donne une idée de sa physionomie, alors .même que son monde est sans physionomie. Il-n’en est encore qu’aux préparatifs, à l’effet d’égayer le plus possible cet hiver qui s’annonce sous de sombres auspices, du moins c’est le Constitutionnel qui l’affirme. «Le prix du pain res
tera élevé pendant la saison rigoureuse, dit cet oiseau de mauvais augure, et la situation matérielle des classes ou
vrières sera très-difficile, vu la cherté exceptionnelle du vin, dont la récolle est insuffisante, et la cherté progressive de la viande, dont le prix, ainsi que celui des loyers, augmente dans toute la France, par le fait même de l’accrois
sement de l’aisance générale. En effet, le progrès de la ri
chesse publique habitue d’innombrables familles à un bienêtre qui naguère leur était inconnu. » Ainsi, mes frères les richards, continue le grand économisle en prenant le ton de l’homélie, pratiquez la charité eu chrétiens, c’est-à-dire retranchez-vous, non pas seulement le superflu, mais aussi
des nouvelles importantes viendront donner un aliment nouveau à l’opinion publique ; jusque-là nous nous borne
rons à constater les différents bruits qui nous paraîtront mériter une attention sérieuse, et qui, à un jour donné, pourront devenir des faits.
De Sébastopol, le 1er octobre, le maréchal Pélissier écrit au ministre de la guerre.
« Le maréchal Pélissier au ministre de la guerre.
«Sébastopol, 1er octobre 1855.
« Un brillant combat de cavalerie a élé livré le 29 septembre à Kouglil, cinq lieues nord-est d’Eupatoria, dans lequel la cavalerie russe du général Korf a été défaite par celle du général d’Allonville.
« 6 pièces de canon, 12 caissons, une forge de campagne avec leurs attelages, 160 prisonniers, dont un officier et 250 chevaux de huhlans, sont restés entre nos mains.
«L’ennemi a laissé 50 morts sur le champ de bataille, parmi lesquels le général Androwski.
«Nos pertes sont minimes : 6 tués et 27 blessés. »
Un rapport du général Gortschakoff, parvenu cette semaine à Paris, confirme ce premier succès de notre cavalerie.
Le génie creuse dans Sébastopol de longues tranchées et des mines que l’on suppose destinées à achever la destruc
tion des remparts. D’après la quantité de canons retirés de l’eau, ce serait 6,000 bouches à feu russes que les alliés au
raient en leur possession. L’Indépendance belge annonce qu’à chaque instant partent de France et d’Angleterre des ouvriers de tous les états, des maçons, des serruriers, des charpentiers, des menuisiers, des peintres, que l’on transporte à Sébastopol. Us sont chargés de réédifier et de re
construire cette ville, et de la rendre telle que nos troupes puissent y trouver un abri sûr et commode après les fati
gues qu’elles sont encore appelées à éprouver. Le Globe annonce qu’il va être embarqué pour la Crimée, 6,000 hommes de troupes ; ils n’attendent que les transports qui doi
vent les conduire à destination. Dans ce chiffre figurent 800 hommes de l’artillerie royale; de plus 4,000 hommes d’infanterie doivent partir de Gibraltar, de Malte et des îles Ioniennes pour renforcer l’armée de Crimée.
Du côté de la Tchernaïa, nos troupes se disposent à hiverner; elles préparent leurs logements. Le nombre des malades diminue, dit une correspondance, mais il faudra ren
voyer un certain nombre de soldats incapables de supporter les rigueurs d’un nouvel hiver.
La Gazette de la Bourse de Berlin, du 6 octobre, annonce, d après une dépêche télégraphique de Saint-Péters
bourg, que l’empereur Alexandre a quitté Nikolaïeif le 27
septembre avec le grand-duc Constantin, pour se rendre en Crimée.
Les journaux allemands ne parlent que de la mission de M. de Prokescli à Paris, et de celle qu’il est allé remplir à Constantinople. En ce dernier pays, le point sur lequel il
doit discuter, et sur lequel on avait presque élé d’accord avec le gouvernement français, est relatif aux principautés , lequel entraîne la nécessité d’établir un certain nom
bre de règlements pour prévenir les difficultés qui se sont
élevées jusqu’ici enlre les autorités turques et les autorités, autrichiennes ; mais ce sera surtout quand on abordera la question de la paix que la mission de M. Prokesch acquerra une grande importance.
Le cabinet français, dit le Nouvelliste de Hambourg, a accueilli avec faveur les ouvertures faites par M. Prokesch sur le quatrième point ; mais quand au troisième point, qui a élé encore modifié par les derniers événements, il paraît qu’on n’a encore pu s’entendre sur les propositions faites par l’Autriche. Le cabinet français a déclaré qu’il ne dési
rait pas moins que l’Autriche le rétablissement de la paix,
lequel était dans l’intérêt général du monde civilisé; mais, a-l-il ajouté, cet intérêt serait mal garanti si, pour base de la paix, on prenait les conditions ressemblant à celles qui, d’après la dernière circulaire du comte de Ncsselrode, paraissent répondre aux intentions de la Russie. Les alliés se voient donc obligés de continuer la guerre avec énergie, jusqu’à ce que la Russie se déclare prête à accepter des conditions qui garantissent une paix solide et durable.
Les journaux anglaisnous apportent trois discours qui ont élé prononcés en Angleterre dans des fêles de comtés, par lord Palmerston, sir John Paxlon et sir E. Bulwer-Lytton. Ces discours expriment les trois nuances de l’opinion : celle du cabinet, celle des radicaux et celle des tories; tous les
trois sont belliqueux. Les deux derniers orateurs ont parlé de réformes, mais tous sont d’avis que l’on poursuive la guerre avec vigueur, jusqu’à ce que l’on soit arrivé à un résultat certain. L’enthousiasme qui a accueilli ces discours fait désirer que toutes les opinions se produisent, et que celle de la paix soit aussi représentée, afin qu’on puisse bien connaître l’opinion générale. Nous donnons in extenso le discours de lord Palmerston, le plus important des trois orateurs.
Au sujet du rognage entamé entre la princesse royale d’Angleterre et le prince royal de Prusse, le Times se livre à des attaques extrêmement violentes contre la Prusse, et en général contre toutes les principautés allemandes. Cette
alliance, dit-il, serait considérée comme un premier pas fait vers l’alliance russe, et le moment serait mal choisi pour se rapprocher de la cour de Saint-Pétersbourg.
Le Times était du reste en voie de mauvaise humeur, car le lendemain il malmenait lord Redcliffe d’une singulière façon. Une lettre datée de Constantinople apprend qu’à l’occasion du Te Dcum que l’ambassadeur français fit chanter en l’honneur de la prise de Sébastopol, lord Redcliffe se dispensa d’y assister pour cause de mauvaise santé.
Toute l’ambassade paraissait du reste être dans ce cas, car l’Angleterre n’était représentée à cette cérémonie que par un simple attaché et deux drogmans. Le Times, à propos de la protestation presque grossière de lord Redcliffe à la nomination de Méhemet-Ali-Pacha, fait des reproches violents
nouveau ministère a été formé et composé de la manière suivante : MAI. Bulgarie, président au conseil et ministre de l’intérieur; Tricoupis, ministre des affaires étrangères; Smolenitz, ministre de la guerre; Aliaulis, ministre de la marine; Syllivergos, ministre des finances.
Au Danemark, les deux assemblées législatives ayant adopté la charte constitutionnelle pour les diverses parties de la monarchie, cet acte important a reçu la sanction royale, le 2 de ce mois, dans un conseil de cabinet présidé par le ro:. Le prince Ferdinand, oncle du roi et héritier présomptif et direct de la couronne, a déclaré que sa réso
lution invariable était de ne pas donner son approbation à fade fondamental du gouvernement. Le Zi, un arrêté royal, regardé par beaucoup de monde comme un coup d’Etat, cite au prince Ferdinand le commandement général de l’armée,
qu’il exerçait depuis longtemps. Le prince, démis de ses hautes fonctions, est mis désormais à la suite de l ar
mée. Le prince Ferdinand, qui n’a jamais voulu reconnaître les faits accomplis en 18A8 dans le Danemark, y est re
gardé comme le chef du parti conservateur, il s’est rendu fort populaire par ses mœurs simples et sa manière de voir; l’armée, qui lui est très-dévouée, obéit avec plaisir à son commandement. On est encore sans désignation sur l’état des troupes que suivra cette décision.
En Espagne, quelques journaux nient que l’arrangement entre les puissances alliées et l’Espagne, pour l’envoi d’un coi ps d’armée en Crimée, soit aussi avancé qu on veut bien le dire, et cela à cause de la pénurie générale, du manque de ressources.
L’Empereur a donné la grand’eroix de la Légion d’honneur au général Simpson ; le maréchal Pélissier a été décoré de la grand’eroix de l’ordre du Bain.
La Banque de France vient d’élever 1e taux de son escompte à 5 1/2 p. 100, et de réduire l’échéance des effets à 75 jours au lieu de 90.
Paulin.