Inauguration du règne de don Pedro V, comme roi de Portugal.
Le 16 septembre, dix-huitième anniversaire de la naissance de S. iVi. T. F. le roi Dom Pedro V,
jour destiné à l’inauguration de son règne, a été salué à Lisbonne, dès l’aurore, par des salves d’ar
tillerie dans toutes les forteresses de terre et de mer et parles navires de guerre qui se trouvaient dans le Tage. La population de Lisbonne et une partie de celle de tout le royaume, qui depuis longtemps affluait dans la capitale, avide de con
templer les fêtes extraordinaires de l’acclamation, si répandit bientôt dans les rues, toutes couvertes
du sable fin et doré du Tage. Les maisons étaient tendues du haut en bas de ces riches couvertures de soie et or aux mille couleurs, reste de l’an
cienne opulence portugaise, lorsque les Indes- Orientales faisaient partie du vaste empire lusitanien.
Après un discours du régent, prononcé et entendu avec les signes de la plus grande émotion,
le cardinal-patriarche de Lisbonne, présidant les deux chambres réunies, se lève de son siège, et aidé par deux gentilshommes de la chambre royale, présente à Sa Majesté le roi Dom Pedro le livre des Evangiles, ayant une croix d’or dessus, et sur lequel le jeune roi, mettant sa main droite, a prêté à haute voix le serment suivant :
« Je jure de maintenir la religion catholique, apostolique et romaine, l’intégrité du royaume,
d’observer et de faire observer la Constitution politique de la nation portugaise et les autres lois du royaume, ainsi que de pourvoir au bien général de la nation par Ions les moyens en mon pouvoir. »
Le soir, un magnifique feu d’artifice a été tiré sur le Tage, représentant la prise de la place d’Arzilla par les Portugais en 1M1. Les deux rives du Tage, éclairées par des illuminations électriques, présentaient un spéc
iale véritablement féerique. Les fêtes et les illuminations ont continué pendant trois jours.
Le second jour a eu lieu au palais la réception du corps diplomatique Réception du roi par le patriarche à la cathédrale.
Don Fernando, régent du royaume.
et le grand baise-main, à la suite duquel le roi se rendit au Campo-Grande, où il passa en revue toutes les troupes de l ° et 2 de ligne, composant
la garnison de Lisbonne, au nombre de plus de 10,000 hommes, tant infanterie que cavalerie.
Partout, dans toutes les villes du royaume, il y a eu des fêtes brillantes pour célébrer ce nouveau règne si plein d’espérances.
Nous recevons, avec les dessins qui représentent deux épisodes de cette solennité, la lettre suivante :


« Lisbonne, le 19 septembre 1855.


« Mon cher monsieur,
« Nous avons eu ici une solennité qui se répète rarement dans l’histoire. Le roi Ferdinand, régent de ce royaume, vient d’abdiquer le pouvoir et de le transmet
tre à son fils, le jeune dom Pedro v, que vous avez vu dernièrement à Paris. La proclamation du nouveau roi se fait devant le palais des Cortès. — Un des dessins que je vous envoie est une vue de la cathédrale; connue vous avez publié, en 1845, des dessins des fameuses voi
tures de gala de cette cour, il vous suffira, pour compli - ter, de mettre sur le perron le patriarche, quelques prê
tres, et des suisses à hallebardes recevant les deux rois venant dans la même voiture. — L’autre dessin donne la place du Commerce, au milieu de laquelle est la statue du roi Jean v et le portrait du marquis de Pombal ; on
les avait ornés de trophées pour la circonstance, vers la mer on a érigé une espèce de temple où les rois, entourésjde la cour, reçoivent les clefs de la ville. Grâce aux
Reconnaissance du nouveau souverain sur la place du Commerce, à Lisbonne. D’après les croquis de M. du Minguy.
Don Pedro V, roi de Portugal.