M. le ducel M · la duchesse de Brabant, arrivés à Paris à la fin de la semaine dernière, ont visité toutes les curio
sités de la capitale, dont S. M. l’Empereur leur a fait les honneurs. Paulin.
Rapport du maréchal Pélissier
Sur le combat de Koughil, livré par le général d’Allonville.
Grand quartier général, à Sébastopol,
le Ie1 octobre 1855.
Monsieur le maréchal,
En rendant compte à Votre Excellence, dans ma dépêche du 29 septembre, de l’envoi du général d’Allonville.à Eupatoria avec trois régiments de sa division de cavalerie (4e hussards, 0 et 7f dragons et une batterie à cheval), j’exprimais l’espoir que l’habile activité de ce général, secondé avec empressement par le muchir Ahmct- Paeha, parviendrait à rejeter au loin les troupes que les Russes en
tretiennent autour d’Eupatoria et à menacer ensuite la grande ligne de communication de l’ennemi de Simphéropol à Pérécop.
Un brillant combat de cavalerie livré le 29 septembre à Koughil (5 lieues nord-est d’Eupatoria), et dans lequel la cavalerie russe du général Korf a été complètement défaite parla nôtre, vient d’inau
gurer très-heureusement celte série d’opérations dont Eupatoria doit être le pivot.
D’après ce qui avait été convenu entre Ahmet-Muchir-Pacha et le général d’Allonville, trois colonnes quittèrent Eupatoria le 29, à trois heures du matin, pour marcher à l’ennemi.
La première, dirigée au sud-est, alla prendre position à l’extrémité de l’isthme, vers Sald. Elle n’avait devant elle que quelques escadrons, qu’elle a facilement contenus, avec l’aide de deux canonnières qui l’ont appuyée de leur feu.
La seconde, commandée par le muchir en personne, et passant par Oraz, Atchiu et Teiech, s’est avancée sur Djollehak, eu ruinant sur son passage tous les approvisionnements de l’ennemi.
La troisième, à la tête de laquelle s’était mis le général d’Allon\ ille, se composait de 12 escadrons de sa division, de la batterie Armand (artillerie à cheval), avec 200 cavaliers irréguliers et 6 ba
taillons égyptiens, tille traversa l’un des bras du lac Sasik et marcha par Chibân sur Djollehak, rendez-vous commun où les deux dernières colonnes furent réunies vers dix heures du matin.
(les deux dernières colonnes avaient poussé devant elles des escadrons russes qui s’étaient successivement repliés sur leurs réserves. Pendant que le général d’Allonville faisait rafraîchir ses chevaux, il observait les mouvements de l’ennemi, qui, avec 18 esca
drons, plusieurs sotnias de Cosaques et de l’artillerie, cherchait à tourner sa droite en s’avançant entre le lac et lui.
Le général d’Allonville, que le muchir fit soutenir en arrière par deux régiments de cavalerie turque et les six bataillons égyptiens, se dirigea aussitôt sur la pointe du lac pour envelopper l’ennemi lui-même. La promptitude de ce mouvement permit au 4e de hus


sards, conduit en première ligne par le général Walsin-Esterhazy,


d’aborder l’ennemi à l’arme blanche, pendant que le générai Champéron, avec les 6e et 7e de dragons, en deuxième et troisième lignes, débordait les uhlans russes et les forçait à une retraite préci
pitée, durant laquelle ils furent harcelés pendant plus de deux lieues.
L’ennemi ne tenant plus sur aucun point et s’enfuyant dans toutes les directions, ie général d’Allonville arrêta ses escadrons et recueillit, avant de se retirer, tout ce qui restait sur le champ de bataille.
Cette journée nous a valu 6 bouches à feu (dont 3 canons et 3 ohusiers), 12 caissons et une forge de campagne, avec leurs attela
ges, 169 prisonniers, dont un oflicier, le lieutenant Procopwitch, du 18e uhlans, et 250 chevaux.
L’ennemi a laissé sur le terrain une cinquantaine de tués, parmi lesquels a été reconnu le colonel Andreouski, du 18e uhlans, de la
division du général Korf, qui commandait devant nous ce jour-là,, et qui passe dans l’armée russe pour un oflicier de cavalerie de grand mérite.
Nos pertes sont en comparaison très-minimes. Nous avons eu 6 tués et 29 blessés. M. Pujade, aide de camp du général Walsin, et
de Sibert de Cornillon, oflicier d’ordonnance du même général, sont au nombre de ces derniers.
Cette belle affaire fait grand honneur aux régiments qui ont donné, ainsi qu’aux généraux Walsin et de Champéron, et au général d’Al
lonville, qui a eu beaucoup à se louer du concours d’Ahmet-Muciur- Paclia et du corps ottoman qu’il commande.
Veuillez agréer, monsieur le maréchal, etc.
Le maréchal commandant, en chef, Pélissier,
Courrier de Paris.
A l’exemple du bon Homerus, cet infatigable Paris dort quelquefois; cette semaine en est la preuve. C’est au point que la petite chronique n’eut jamais meilleure occasion pour se taire, et pourtant cette belle occasion, la voilà manquée. « Ab ! je n’ai rien à dire, » s’écriait en pareille occurrence quelqu’un de nos anciens, « elibien ! je puis tout dire. » Sur quoi, noire homme qui est une dame, se mettait à parler à bâtons rompus, n’ayant pour toute monture dans ce périlleux sleepie-chase que sa fantaisie, une charmante fan
taisie d’ailleurs, trop habile et trop bien inspirée pour ne pas savoir que la meilleure manière de franchir les obsta
cles, c’est de les supprimer. Elle supprimait surtout les transitions, comme un bagage inutile. A quoi bon une tran
sition bien faite, et qu’importe au lecteur la façon dont on le fait passer d’un rien à un autre rien ? Usons donc aujourd’hui de ce procédé qui consiste à n’en pas avoir, et, jetant la plume au vent, allons où le zéphyr la pousse.
Ah ! la capricieuse ou plutôt la routinière, nous voici de rechef aux Champs-Elysées, le quartier général de toutes les expositions. Il parait qu’à la veille de leur clôture, nos expo


sants de l’industrie viennent de s’apercevoir qu’il manquait


à leur commerce un o^et de première nécessité, c’est-à- dire un public achetant e1 payant rubis sur l’ongle, il s’a­ girait donc de metlre en loterie tous les produits de la ga
lerie dile de l’économie domestique, puisqu’on ne trouve pas un nombre suffisant de consommateurs pour en débarrasser la fabrique. Ces marchandises économiques se ven
dent peu ou point, malgré leur extrême bon marché; mais qui ne voudrait échanger sa monnaie contre l’espoir de les gagner ? Quelle que soit la force de l’argument, il faut bien qu’il n’ait pas convaincu tout le monde, puisqu’on hésite encore à prendre c(tte mesure de salut. Comprendra-t-on enfin que la grande affaire n’est pas de fabriquer une foule
d’objets à vil prix, mais de procurer à tous et chacun l’argent nécessaire à leur acquisition? Vous annoncez, par exemple, des souliers à la mécanique au prix de 5 francs, lorsque, faute de ces 5 francs, la moitié des citoyens fran
çais en est encore réduite à chausser des sabots ou même à ne pas se chausser du tout. Mettez d’abord cet écu dans la poche de tout le monde; si vous voulez l’en voir sortir, voilà la véritable mécanique, à inventer, et malheureusement on ne la trouvera pas de silôt, j’en ai bien peur.
A propos de l’industrie et de ses merveilles, on conte qu’au grand banquet donné lundi en son honneur, un de nos honorables enrichis de bourse, plus ou moins baron, mais décoré de plusieurs ordres, aurait dit à son voisin de table, très-justement renommé par l’éclat de son indus
trie : « Eh bien ! mon cher confrère, vous ne pouvez plus tarder à devenir comme moi l’un des hauts barons de l’in
dustrie. — Pardon, Monsieur, répliqua l’inleiprilé aussi modeste que spirituel, mon ambition n’est pas de celles qui rêvent les honneurs, sachant fort bien que clans notre métier il est difficile d’être quelque chose de plus qu’un che


valier. » L’anecijole suivante est peut-être plus authenti


que. Un oncle, — financier toujours, on ne prête plus ces historiettes qu’aux riches, — a le malheur de perdre son neveu; il n’en faut pas moins s’occuper des obsèques. Un menuisier se présente, et, après avoir pris la mesure du mort : « Monsieur veut sans doute un cercueil en chêne, première qualité ? — Pourquoi du chêne, répond l’oncle que sa douleur n’empêche pas de calculer : un simple sapin suffira; le pauvre enfant était si jeune !» Voulez-vous, pen
dant que nous y sommes, d’autres méchants mots qui sont des mots méchants? Devant une dame du demi-monde qui a ses entrées dans le grand, on parlait des pérégrinations transatlantiques d’une célébrité théâtrale, et, faute de nouvelles précises, les bonnes âmes s’inquiétaient d’une traversée qui donne lieu parfois à des situations tragiques : « Ne craignez rien, s’écria la dame, je réponds de la trans
fuge et de son salut sur mer, c’est une planche. » Mais ici la plume se hérisse, et, après un léger frémissement, elle cède au soufle du zéphyr ou plutôt de la rafale, el nous voici en plein Champ de Mars.
Hélas! le sport y barbote plus que jamais ; ces grandes courses d’octobre, l’événement équestre de la semaine et même de la saison, promettent un beau spectacle invariablement interrompu par la pluie, ce qui n’empêchera ja
mais la foule d’abonder comme l’eau et même de déborder dans l’enceinte où tant de nobles coursiers se donnent une peine de cheval. De cette dernière journée des éperons, il résulte une fois de plus que nos coureurs font toujours leur chemin dans les domaines de la mode. La curiosité fémi
nine surtout monte volontiers en croupe et galope avec eux, sans compter les paris engagés à tort et à travers par quel
ques belles joueuses qui ont toujours du bonheur à ce jeulà, et dont le gain ostensible sert à subventionner la toi
lette... Bon ! voilà la plume qui s’arrête , comme si nous n’avions plus rien à lui dicter; elle se dérobe comme un vaincu du Champs-de-Mars, et comme elle a perdu la corde, c’est-à-dire le fil, et que décidément elle n’arriverait pas au but, il faut bien recourir à la plume de fer pour transcrire ce qui suit, d’après un journal de musique.
Il se passe en ce moment à Pékin, dans la capitale de la Chine, un fait qu’il est nécessaire de mentionner pour l’édi
fication des critiques français. Une troupe italienne y charme en ce moment les oreilles chinoises ; mais il s’agil de les entretenir dans ces bonnes dispositions, et c’est pourquoi l’imprésario ayant,entendu parler d’un journaliste qui ven
dait les éloges (oli ! le vilain Chinois !), lui a dépêché son premier commis pour traiter à l’amiable, et il a été convenu que, moyennant deux mille francs par mois, et à partir du
premier payement, les artistes, chœurs, orchestre, toute la musique enfin aurait des éloges pour son argent. Et de fait, chacun aurait immédiatement reçu son coup d’encensoir ; mais il arriva qu’un soir l’imprésario s’aperçut que ce jour
naliste si influent était évité par ses confrères, et qu’au foyer la solitude se faisait subito autour de son importante personne ; si bien qu’après une explication qui dut être fort étrange assurément, le marché se trouva rompu. Telle est l’aventure dont .Pékin a été trop ému, pour que Paris ne s’en occupe pas à son tour l’espace d’un mutin. Les mê
mes journaux chinois n’ont pas cru devoir imprimer toul vif le nom du spéculateur, sous prétexte que l’anonyme a la transparence d’un signalement ; mais alors que peuvent penser les abonnés chinois du journal qui s’ouvre à ce trafic en couvrant de son pavillon toute cette marchandise ?
Une nouvelle plus souriante, c’est que Iiossini est de retour à Paris, où il se propose de passer l’hiver. Il a recou
vré la santé et l’énergie d’un jeune homme, et son esprit ne fut jamais mieux portant. Seulement il ne veut pas en
tendre parler de musique, malgré les prescriptions de son médecin, auquel il disait dernièrement : Docteur, je souffre encore un peu : que m’ordonnez-vous pour être guéri radi
calement? — De faire un opéra. — Le fera-t-il? Ses amis l’espèrent; ses ennemis, qui sont ses envieux, l’espèrent aussi : arrangez cela. On va même jusqu’à prétendre que l’illustre maestro ne ferme sa porte si obstinément que pour achever cette partition par ordonnance de médecin.
Et les connaisseurs de se dire : Est ce un nouvel air ou un nouveau tour qu’il va nous jouer?
O vous qui êtes impatients de voir venir l’hiver pour l’a­ grément qu’offrent ses soirées à l’eau chaude, prenez garde :
une tempête vient d’éclater dans votre lasse de thé. Il est question d’apprivoiser la plante chinoise dans notre climat, et un industriel s’apprête à vous régaler de son thé indigène. Il n’allend plus, pour prendre son brevet d’invention, que l’approbation el le laisser-passer de la science. Or les con
sommateurs font des vœux unanimes pour que la science nous préserve de celte affreuse culture. Sait-on bien, ·— la spéculation s en mêlant, el elle s’en mêlera, quelle boisson diabolique peut se commettre sous prétexte de thé du cru :
décoction de plantes potagères, foin gâté et autre fourrage au rebut, tels seraient probablement les ingrédients du breuvage. Que ne nous sert-on tout de suite le thé de M*“ Gibou? Ne nous échauffons pas, diront les sages, personne n’en voudra goûler, comme s’il était permis d’ou


blier que l’annonce et son tambourinage en a fait avaler bien d’autres.


Ce Paris, le paradis des diables et enfer des anges, ainsi que l’appelle la calomnie, offre depuis l’autre jour un spec
tacle consolant rie crimey devientde la plus grande rareté, et, puisque la justice prend ses vacances, libre à elle de les pro
longer. L’innocence n’a pas besoin de cette égide, toutes les femmes sont fidèles, ou du moins ions les portiers sont dis
crets ; il y a longtemps heureusement que la société n’est plus épouvantée par quelqu’un de ces grands crimes dont les détails et surtout la procédure lui procuraient ensuite quelque agréable distraction. Les badauds, les bavards, les oisifs et les chroniqueurs le regrettent peut-être, mais l’hu
manité s’en réjouit. S’il y a encore des filons, ce sont des filous vulgaires, et la preuve, c’est qu’ils se laissent prendre la main dans le sac et avec la plus grande facilité. Si par hasard les journaux parlent de quelque forfait excentrique,
c’est pour nous apprendre que l’autéur élait probablement en démence, puisqu’il a tourné sa fureur contre soi-même. Le malheureux suicidé n’en est pas moins flétri de sa déplorable action comme d’une lâcheté. En qualifiant cette vio
lence, nos moralistes de faits-divers pensent sans doute que c’est le meilleur moyen de dégoûter les vivants d’y avoir re
cours. On remarque aussi la direction de plus en plus prononcée du jury dans la voie miséricordieuse des circonstances atténuantes. Les esclandres du sexe faible lui sem
blent particulièrement dignes d’indulgence, pourvu que le fait n’incrimine pas l’inlention d’une manière trop san
glante. C’est ainsi qu’il vient d’absoudre, ou peu s’en faut, cette jeune dame qui, dans l’égarement de sa jalousie, avait jeté du vitriol au visage d’une rivale imaginaire peuf-ètre : « Je ne voulais, a-t-elle dit, que la défigurer un peu. »
On commence à s’émouvoir beaucoup des brutalités de la locomotive : vous verrez qu’elle finira par faire regretter les coucous, fl y a des lignes où elle n’est pas toujours le
plus court chemin d’un pointa un autre; etpuis, si l’on part toujours et ponctuellement, on n’arrive presque plus. 11 résulterait de l’enquête entamée à la suite des derniers acci
dents, que la faute en est aux dieux de la machine. Là c’est la locomotive qui tombe en défaillance, parce qu’on lui a trop ménagé le combustible; et ailleurs la vie de plusieurs centaines de personnes s’est trouvée à la merci d’un aiguil
leur trop fatigué. Ce brave homme était en faction depuis dix-huit heures; pourquoi ne l’a-t-on pas relevé? Le motif est facile à deviner ; la question financière serait alors la cause de tout le mal, et c’est en vain qu’on tenterait de le rejeter sur l’insuffisance de la science, dont on attend encore le dernier mot.
Au moment où les bibliothèques vont être rendues à la nation studieuse, il peut être utile aux savants indigènes ou étrangers, de même qu’aux simples lecteurs, d’apprendre qu’il existe à Paris une bibliothèque qui ne ferme jamais : c’est celle du salon littéraire de la rue Saint-Anne (ancien cercle Yalois du Palais-Royal). Entre autres matériaux né
cessaires aux études sérieuses, on y trouve la collection complète de tous les journaux publiés à Paris depuis 1789 jusqu’à nos jours, y compris les feuilles fugitives écloses au souffle orageux de 18â8. Le propriétaire y ménage aux cu
rieux une autre surprise : c’est ou ce serait une collection d’autographes,— lettresou fragments inédits,—desécrivains contemporains les plus renommés. Citons un de ces mor
ceaux dont Fa-propos rehausse le prix ; si c’est une indiscrétion, l’auteur, M. Léon Gozlan, voudra bien nous la pardonner :
« Toutes les poudres inventées par l’homme oui un nom qui les distingue. Ainsi l’on a la poudre d’or, qui n’est pas la plus méprisée ; la poudre à poudrer, dont on se sert un peu moins aujourd’hui que de la poudre d’or ; enfin toutes les poudres ont reçu une dénomination précise. Une seule n’a pas obtenu de nom, c’est la poudre avec laquelle l’homme lue l’homme. Celui qui l’a inventée en a eu tellement peur qu’il ne l’a pas nommée ; il l’a appelée la poudre tout simplement, et il est mort. »
Encore une semaine blanche pour la critique théâtrale. Absence de nouveautés, abondance de recettes pour les
théâtres, car ils ne prospèrent jamais mieux que quand il n’y a rien à en dire, ils vous représentent alors ces peuples heureux que l’histoire oublie. Quoi ! pas un soupçon de pièce, pas l’ombre d’un vaudeville, el Paris en huit jours n’aurait pas donné lieu à la moindre ritournelle ! C’est in
vraisemblable, ou plutôt ce n’est pas vrai. Un petit théâtre qui a grandi vite, les Folies-Nouvelles, adonné, dansiamême soirée, une pantomime, un vaudeville, un opéra-comique, car il est capable de jouer tous les genres, excepté la tragé
die, et encore ne faut-il jurer de rien. Le fait est que la tragédie pourrait devenir bien amusante dans ces parages-là ;
pour la réhabiliter complètement, il ne faudrait peut-être que la traveslir. On en rirait du moins jusqu’aux larmes, un
beau commencement de pathétique. La pantomime, c’est En vendange, et Paul Legrand est le vendangeur. En voilà un quia de l’éloquence sous son masque enfariné, quoiqu’il n’ouvre jamais la bouche, et dont le coup de pied ira loin.
On goûtera beaucoup aussi le comique franc et inattendu d’un nommé Dupuis qui vient de se révéler dans l’opérette,
c’est un Jean Janot des plus réjouissants. L’opérette a d’ailleurs tout ce qu’il faut pour faire valoir son interprète,
et c’est dommage que nous n’ayons jamais su rendre compte d’un opéra-comique, vous vous en seriez régalés. Quant à Mezzetin, autre pièce à musique, c’est une fantaisie très-gentille et qui a beaucoup plu; seulement la fan
taisie du poète y voyage un peu trop dans le bleu : n’allons pas jeter des taches d’encre sur cet azur.
Philippe Busoni.